Année A – 21ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

I. Ce passage clé de l’Evangile explique pourquoi Jésus, dès sa première avec lui, a donné à Simon le surnom de Pierre : ce surnom indique la fonction qu’il lui réservait...

Il portait le poids, la responsabilité de toute l'Eglise dont il assurerait la solidité et la pérennité… Grâce à lui, il y aurait toujours des suiveurs authentiques de Jésus-Christ.

Cette solidité lui viendra d'une grâce du Père que Jésus a demandé pour lui

D'où le cas que l'on fait de Pierre dans le Nouveau Testament... nommé 152 fois… son rôle dans les débuts de l’Eglise.

Saint Paul lui-même a le souci de montrer qu'il est en accord avec lui... ce fut toujours le souci de l’Eglise (cf. St Irénée)

II. Les novateurs n 'osant nier directement cette autorité du Pape et son infaillibilité, en donnent une interprétation qui leur permet de lancer toutes leurs " nouveautés " :

1°) Le Pape n’est infaillible que lorsqu’il exprime l’opinion de l’ensemble (de la majorité) des chrétiens…

- C’est on ne peut plus opposé à ce que le Christ a voulu.
- Cela nous met à la merci de toutes les pressions pour influencer l’opinion…

2°) Le Pape. ne peut exprimer que l’opinion (la foi  ?) des chrétiens de son époque mais celle-ci peut, avec le progrès, changer complètement…

résultat : insécurité du chrétien, prônée par eux comme une qualité…

- elle paralyse toute action..
- elle met le chrétien à la merci de " ceux d’en face " qui, eux, sont sûrs de leur affaire…

Conclusion : Notre attitude envers le Pape...


HOMELIE

 

QUEL SOBRIQUET ! QUEL SURNOM !...

Jésus l’avait regardé bien en face : "Tu es bien Simon, fils de Jonas ?… Désormais tu t’appelleras Képhas…" En araméen (la langue de Jésus) cela signifie "pierre", "roc". (Saint Jean, ch. I,V.42)

Le brave Pierre dut être ahuri... Pourquoi ce surnom, ce sobriquet ? Aujourd’hui, dans ce passage de l'Evangile, à Césarée de Philippe, tout s’explique. Pierre, avec sa spontanéité coutumière, vient de faire sa profession de Foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » et Jésus lui répond : « Toi, tu es Pierre et c’est sur ce Roc, sur cette pierre que je bâtirai mon Eglise. »

Ce surnom donné par Jésus à Simon, fils de Jonas, exprimait la fonction que, dès sa première rencontre avec lui, Jésus réservait à cet Apôtre. Il serait le "roc" sur lequel Jésus pourrait construire quelque chose de solide. « Sur ce roc, je bâtirai mon Eglise et les puissances de la Mort et de l'Enfer ne l'emporteront jamais sur elle ! »… voilà qui est clair. C'est bien Pierre qui donnera à l’Eglise sa solidité.

Ces derniers mots nous garantissent donc que l'Eglise du Christ sera éternelle. C'est-à-dire qu'il y aura toujours un groupe, une communauté de disciples authentiques de Jésus-Christ, de gens qui suivront son enseignement authentique. Des gens, en effet, qui dévieraient de cet enseignement, ne pourraient plus être considérés comme des disciples, des suiveurs authentiques du Seigneur ; leur groupe ne serait plus "sa" communauté, "son" Eglise à lui.

Or, Jésus vient de nous dire que si son Eglise était ainsi solide, si elle bravait la Mort et l'Enfer, c'est parce qu'elle était bâtie sur ce roc qu'était Pierre. C'est donc que celui-ci maintiendrait solidement et indéfectiblement l'enseignement du Christ. Et cela du reste, non pas en raison de sa nature, mais par une grâce particulière, une assistance particulière de Dieu. « Ce n'est pas toi qui as trouvé cela tout seul, disait Jésus à Pierre après sa magnifique profession de Foi, c'est mon Père qui te l’a révélé ! » Cette grâce, Jésus nous dit qu'il l'a demandée pour Pierre dans sa prière. Saint Luc nous a conservé, en effet, cette parole du Seigneur à l'adresse de Pierre le soir du jeudi saint : après avoir annoncé qu’ils allaient tous être passés au crible par Satan, Jésus a ajouté : « Mais j'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas. Toi à ton tour, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » (Saint Luc, ch.22, v.31-32).

C'est donc bien Pierre qui, au dire de Jésus, assurera la fermeté, la solidité de l'Eglise, c’est lui qui en portera tout le poids, toute la responsabilité. C'est pour cela que nous voyons à travers tout le Nouveau Testament le cas que l'on fait de Saint Pierre. Nous retrouvons ce nom mentionné 152 fois et, chaque fois, cela nous rappelle que Jésus l'a mis comme fondement de son Eglise.

Nous voyons également dans l'Ecriture que, dès le début, c'est Saint Pierre qui prend toutes les initiatives  :

 - C’est lui qui, déjà avant la Pentecôte, déclare à l'assemblée des Apôtres qu'il faut élire un remplaçant de Judas dans le collège apostolique.
 - C'est lui qui prend la parole le jour de la Pentecôte pour haranguer toute cette foule rassemblée.
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C'est lui qui s'adresse au peuple après la guérison du paralysé qui mendiait à l'entrée de la Belle Porte du temple (Actes, ch.3).
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C'est lui qui, "rempli de l'Esprit Saint", prend encore la parole devant le Sanhédrin (Actes, ch.4).
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C'est lui qui, reprend Ananie et Saphire qui ont menti en prétendant que la somme déposée aux pieds des Apôtres représentait tout leur avoir (Actes, ch.5).
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C'est lui qui, profitant d'une accalmie de la persécution, fait la tournée des églises, des communautés chrétiennes qui surgissaient de toutes parts (Actes, ch. 49,v. 32).
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C'est Pierre qui, sous une inspiration de Dieu, ouvre le premier (on l'oublie trop souvent) la porte de l'Eglise aux païens en baptisant le Centurion Corneille et toute sa famille (Actes, ch.10).
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C’est lui que fait arrêter le roi Hérode, sans doute parce qu'il apparaissait comme le chef de toute la secte qu'il voulait étouffer (Actes, ch.12).

Aussi nous voyons que Saint Paul lui-même a le souci de souligner son accord doctrinal avec Pierre :  il « monte à Jérusalem pour voir Pierre et reste auprès de lui durant 15 jours. » (Galates, ch. l, v.18).

Dans la même ligne, Saint Irénée, au 2ème siècle, écrira : « C'est avec cette Eglise (de Rome) à cause de son autorité particulière, que doit être d'accord toute Eglise, c'est-à-dire tous les fidèles qui sont dans l'univers. C'est de fait en elle que les fidèles de tous les pays ont conservé la tradition apostolique. » (Contre les Hérésies, livre III, ch.3, n°2) Et Saint Irénée montre comment cette église remonte jusqu'à Saint Pierre par une succession ininterrompue.

Cette nécessité, que les catholiques ont toujours affirmée, d'être en accord avec l'enseignement traditionnel et officiel conservé par le Pape, gêne beaucoup les "novateurs" d'aujourd'hui. Ces novateurs qui sont parfois même des prêtres, suivent et cherchent à imposer un enseignement tout différent de l'enseignement traditionnel.

L'argument massue que l’on peut leur opposer, en effet, c'est qu’ils sont en contradiction flagrante avec ce que l'Eglise a toujours enseigné, en contradiction flagrante avec les définitions dogmatiques et l'enseignement du Pape.

Alors, c'est là leur pernicieuse astuce, ils n'osent pas nier tout crûment l'infaillibilité du Pape ou de l'Eglise : cela les classerait tout de suite aux yeux des fidèles, à leur vraie place, c'est-à-dire en dehors de l'Eglise catholique et, de ce fait, cela leur enlèverait tout crédit et toute influence sur le troupeau des fidèles qu'ils veulent "avoir". Alors, ils vont nous donner une interprétation de cette infaillibilité qui leur permettra de justifier toutes leurs nouveautés, et de faire croire à certains qu'elles sont même peut-être bien en harmonie, avec l'Evangile authentique.

Pour eux, le Pape n'est que la voix de l'Eglise, disons dans leur optique à eux, la voix de la collectivité. Il n'est infaillible que dans la mesure où son enseignement est en harmonie avec ce que pensent l'ensemble des chrétiens : "l'ensemble des consciences chrétiennes."

Bien sûr, on l’a toujours enseigné du reste : s'il arrivait que tel ou tel point de doctrine soit cru par toute l'Eglise, par tous les suiveurs de Jésus-Christ - puisque Jésus a garanti que le groupe de ses suiveurs authentiques (son Eglise) ne disparaîtrait jamais - on pourrait être certain que cette doctrine-là est vraiment celle du Christ lui-même et exprime vraiment sa pensée à Lui...

Mais, c'est le cas le plus fréquent, que faire quand cette unanimité n'est pas réalisée, quand il y aura diversité de croyances ou d'opinions ? Qui pourra trancher  ? Nous dirions, nous, spontanément : le Pape. Nos "modernes", eux, diraient volontiers, dans la logique de leur système : la majorité ! C'est la croyance de la majorité que le Pape doit exprimer ! Et gare si le Pape ou les Evêques ne se conforment pas à l'opinion de la majorité : alors, on s'indignera, on parlera d’autocratie !... On l'a vu d'une façon frappante lors de la publication de l'encyclique "Humanæ-Vitæ" sur la contraception...

Nous y voilà ! L'Eglise, comme toutes les sociétés purement humaines, est régie par la loi de la démocratie ! C'est la majorité qui fait la loi, même pour nous traduire ce que le Christ a vraiment voulu dire !

Nous y voilà ! Les vérités de foi mises aux voix ! L'opinion de la majorité substituée à l'enseignement du Magistère ! Est-ce vraiment ce que Jésus a voulu ?...

Ce n'est plus le Pape qui enseigne l'Eglise, ce n’est plus Pierre qui paît le troupeau du Seigneur, c’est l'Eglise, entendez les fidèles, la majorité qui enseigne le Pape !

Le Pasteur, pour être le "bon", ne doit pas marcher en tête de son troupeau, comme Jésus l'avait dit (Jean, ch.10, v.4), il doit le suivre !...

Ce n'est plus Pierre, fondement de l'Eglise, qui lui donne sa fermeté selon la parole du Seigneur, c’est l'Eglise qui donne la fermeté à son fondement !

Ce n'est plus Pierre qui confirme ses frères dans la foi, comme Jésus le lui avait demandé (Luc, ch.22, v.32), ce sont ses frères qui lui dictent ce qu'il doit définir !...

ATTENTION ! Quand c'est la voiture qui entraîne le moteur, c’est ordinairement que l’on est en descente ! Et de fait, dès qu'il s'agira d’un enseignement difficile à admettre ou à mettre en pratique, on peut gager, dès l’abord, que la majorité sera contre... Jésus nous en avait averti à l’issue de son sermon sur la montagne dans lequel il avait exposé les exigences du royaume : « Large et spacieux est le chemin qui conduit à la perdition et il en est beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. » (Matthieu, ch.7,v.13-14).

Nous voyons également dans l'Evangile que, lorsque Jésus parle pour la première fois du mystère de l'Eucharistie, la "majorité" l'a abandonné en disant : c'est inadmissible ! Mais Jésus n'a pas cédé devant cette désertion, il n'a fait qu'affirmer plus fortement ce mystère (Jean, ch.6, v. 52-67).

Puisque pour eux, contrairement à tout ce qu'a affirmé le Christ, c'est la majorité qui doit faire loi dans l'Eglise, ces novateurs intrigueront de toutes manières pour faire passer leurs idées ; ils n'hésiteront pas à "conditionner" les fidèles.

Misant sur l'esprit grégaire de la plupart des gens, ils feront des statistiques, des sondages d'opinion astucieusement orientés par la façon dont ils poseront leurs questions. Le fait du reste qu'ils semblent ainsi mettre aux voix des points sur lesquels le Magistère de l'Eglise s'est déjà maintes fois prononcé (fidélité dans le mariage, divorce, nécessité pour les catholiques du mariage à l'église, avortement, emploi des moyens contraceptifs, obligation de la messe dominicale...) semble bien indiquer que, pour eux, l'opinion de la Majorité doit primer sur les décisions du Magistère... Dites-moi donc quelle phrase de l'Evangile peut donner le moindre soupçon d'appui à une telle théorie ?

Ces soi-disant théologiens modernes vont encore plus loin : non seulement le pape n'est infaillible que lorsqu'il définit ce qui est dans la conscience de l'ensemble des chrétiens - entendez de la majorité - mais son enseignement ne détermine pas de façon définitive et irréformable la foi des chrétiens. Il ne la détermine que de façon historique pour telle époque déterminée. Il nous dit seulement où en est, à son époque, la recherche de l'Eglise concernant la vérité évangélique. Car, cette vérité évangélique, nul ne peut prétendre la posséder, même s'il se réfère aux définitions de l'Eglise ou de papes ; le prétendre serait, à leurs yeux, faire preuve d'une outrecuidance et d'un orgueil monumental ! Cette vérité, on essaie de s'en approcher, et cette approche se fait à travers bien des erreurs et des corrections. Il peut très bien se faire qu'avec le progrès de cette recherche on en arrive à découvrir que l'Eglise et le Pape se sont lourdement trompés et qu'il faut interpréter l'Evangile d'une toute autre manière ; si bien qu'un Pape pourra être amena à définir, en exprimant fidèlement le progrès de la recherche, le contraire de ce qu'à défini l'un de ses prédécesseurs !

Vous voyez comment une telle théorie donne blanc seing à toutes les nouveautés : pas besoin de continuité dans l'Eglise, le contenu de la foi de nos enfants pourra être légitimement tout différent du contenu de la nôtre...

Ainsi donc, la pérennité promise par Jésus à son Eglise, la pérennité du groupe de ses "suiveurs" authentiques, subira des éclipses puisqu'il pourra se faire, qu'à un moment donné, la foi de l'ensemble des chrétiens, que le Pape avait exprimée et ratifiée, ne soit pas conforme, on s’en apercevra plus tard, à l'enseignement authentique de Jésus. A cette époque-là, Jésus n'avait donc plus de "suiveurs authentiques", son Eglise avait subi une éclipse... !

Nous voyons tout de suite dans quelle insécurité une telle attitude nous jette, car jamais nous ne pourrons être sûrs que telle chose est vraie, puisque nous pourrons toujours penser que peut-être, plus tard, un autre Pape ou un autre Concile dira tout le contraire...

Il est vrai que, pour ces théologiens modernes, l'insécurité du chrétien est une qualité : nous chercher à nous insécuriser... !

Combien nous voilà loin de l'attitude des Apôtres qui, les Actes des Apôtres le soulignent à plusieurs reprises, prêchaient avec assurance (Actes, ch.4,v.12 et 33 - ch.5, v.20 - ch.9, v.22 - ch.13, v.46, etc. )

Nous voilà loin de ce que Dieu, au dire de Saint Paul, a voulu en donnant des dons et des fonctions différentes dans l'Eglise, de façon que nous « ne soyons pas ballottés à tous vents de doctrine ». (Ephésiens, ch.4,v.14).

Nous voici bien loin de ce qu'a voulu Jésus qui entendait bien nous donner par son enseignement des bases solides, inébranlables  : « Celui qui écoute mon enseignement et le met en pratique peut se comparer à l'homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n’a pas croulé car elle était fondée sur le roc. » (Matthieu, ch.7, v.24-25).

Comment ce chrétien insécurisé ne serait-il pas paralysé pour agir ? Comment se donner, "se décarcasser" pour une chose dont on n'est pas sûr ? Ce chrétien insécurisé, ébranlé, pas très sûr de son affaire, devient, on le comprend, une proie facile à croquer d'une seule bouchée quand il se trouvera aux prises avec ceux d'en face qui eux, n'ayez crainte, auront au contraire été "sécurisés", endoctrinés au cours de leurs réunions... Qui donc peut inspirer cette stratégie ?... Qui tire les ficelles ?...  Du moins, elles sont assez grosses, j'espère, pour qu'on les voie !

Nous voyons comment s'exprime, en ces théories, toute la tendance actuelle : c'est la Communauté qui décide, plus de hiérarchie ! C’est la structure de l'Eglise établie par le Christ Lui-même que l'on veut ainsi changer. La voilà l'Eglise que l'on nous promet pour l'an 2000... Serait-elle encore Eglise de Jésus-Christ ?...

Pour nous, mes frères, remercions Jésus d’avoir donné à notre foi un fondement solide, inébranlable, dans la personne de Pierre et de ses successeurs dont Lui-même nous a garanti la solidité.

Plus que jamais, prions pour celui qui porte toute l'Eglise. Quelle responsabilité écrasante, surtout à une époque où règne une telle anarchie morale et doctrinale... !

Plus que jamais, restons bien soudés à l'enseignement et à la personne du Souverain Pontife. Ne permettons pas que, devant nous, on le bafoue, que comme le font certains qui se prétendent malgré tout catholiques, on le traite de vieillard sénile, d'autocrate et même d'hérétique...

Au nom de notre foi, au nom des paroles mêmes de Jésus-Christ, renouvelons lui notre confiance totale et notre filiale affection.

 

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