Année A – 23ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

 

L’excommunication est une institution du Christ, non une invention de son Eglise…

Pour le Christ, son Eglise :

- c’est le groupe de ceux qui en veulent tellement, de son idéal, qu’ils sont prêts à se ressaisir dès qu’on leur montre qu’ils s’en sont écartés…
- c’est un groupe où l’on s’entraide dans la poursuite de cet idéal.
- c'est un groupe qui a tellement " son " esprit qu’il ne peut décider que ce que lui-même aurait décidé.

Donc, ne pas nous en vouloir quand nous, vos prêtres, nous nous montrons exigeants… c’est notre rôle…

Exemple de Saint Paul : il applique l’excommunication :

- au point de vue pureté : l’incestueux de de Corinthe...
- au point de vue justice, contre ceux qui vivent " aux crochets " des autres
- au point de vue foi...

AUJOURD’HUI..

- Ceux qui dévient dans la foi s’incrustent dans l’Eglise…
- Ceux qui se conduisent mal prétendent lui faire entériner leur conduite…

ET NOUS...?

Cet idéal du Christ nous possède-t-il ?

Au point d’accepter avec reconnaissance les remontrances...

- au point d'essayer d’entraîner les autres…
- au point de nous dénoncer nous-mêmes par la confession à celui qui a charge de promouvoir cet idéal quand nous y avons manqué.

 


HOMELIE

 

EH BIEN ! L'AURIEZ-VOUS CRU...?

C’est pourtant comme ça. Vous venez de l'entendre de vos oreilles : l’excommunication, ce n’est pas une invention de l'Eglise ou des curés, c’est une invention de Jésus-Christ Lui-même… !

« Si ton frère a dévié, essaie de le remettre sur le bon chemin ; si tu n'y arrive pas, mettez-vous à deux ou trois ; s'il ne veut pas vous écouter, parlez-en à l’Eglise et, s'il ne veut pas écouter l'Eglise, alors qu'il soit pour toi le païen et le publicain. C'est-à-dire ; ne fraye plus avec lui ! »

Voilà qui est clair !

Voilà même qui va plus loin : Jésus suppose que son Eglise, sa communauté aura tellement sa mentalité, son Esprit, qu’elle ne pourra pas juger autrement que lui-même, si bien qu'il promet de ratifier ses sentences : « En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu pour lié au ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu pour délié au ciel. »

Cela en dit long sur l’idée que Jésus se faisait de sa Communauté, de son Eglise. Pour lui, c’est le groupe de ceux qui veulent vraiment le suivre, à tel point que celui qui ne veut pas s’amender, malgré toutes les remontrances de ses frères, doit être considéré comme n'en faisant plus partie…

Pour lui, c'est un groupe où tout le monde s'entraide spirituellement et où chacun est disposé à accepter cette aide de ses frères, dut-elle consister dans des remontrances... On voit à quel point cela suppose que les membres de ce groupe, de cette communauté, sont travaillés par le souci de réaliser l'idéal du Christ...

Cette communauté est tellement pénétrée de l'Esprit du Seigneur que ce qu'elle décide, Il l'aurait décidé Lui-même…

Que penser alors de nos communautés paroissiales ?... Est-ce que tous leurs membres sont vraiment obsédés par ce souci de réaliser l'idéal chrétien... ? Sommes-nous tous tellement emballés par cet idéal que notre préoccupation majeure est de le réaliser ?...

Est-ce que nous, prêtres, nous comprenons que le premier de tous nos devoirs, c'est de stimuler la communauté dans la poursuite de cet idéal, c'est de secouer ceux qui risqueraient de s'endormir, c'est de mettre sur la bonne voie ceux qui s'en écartent ?... C'est le but, me semble-t-il de nos sermons... ce doit être le but de nos exhortations au sacrement de pénitence… Lors de l'envoi en mission des Apôtres, l'Evangéliste souligne que Jésus s'était apitoyé sur la foule qui était « amorphe, avachie, comme des brebis sans pasteurs... » C'est ce qui détermine Jésus à envoyer ses Apôtres en mission. C'est donc bien que ce qu'il attendait de leur part, c’est qu'ils secouent cette foule, qu'ils la stimulent... Ne nous en voulez donc pas, mes frères, si nous prenons au sérieux cette mission que le Seigneur nous confie, et si, parfois, nous vous paraissons peut-être bien exigeants. Le Seigneur ne l'était-il pas Lui-même ? Notre ambition doit être la même, je pense, que celle de Saint Paul qui, pour s'excuser auprès de ses ouailles lorsqu'il les secouait ouvertement, leur écrivait : « Oh ! si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Mais bien sûr que vous me supporterez. J'éprouve pour vous une jalousie divine car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ. » (2ème aux Corinthiens, ch.1l, v.1-2).

Aussi ce Saint Paul, il n'hésitait pas, lui, à appliquer cette institution du Christ.

Dans la communauté de Corinthe, il y avait eu un scandale : un chrétien avait couché avec sa belle-mère. Saint Paul s'indigne de ce que les Corinthiens, n'aient pas « enlevé du milieu d'eux, l'auteur d'un tel forfait. » (1ère aux Corinthiens, ch.5,v.2). " Il faut qu'au nom du Seigneur ils soient d'accord avec lui, pour que cet individu soit livré à Satan pour la mort de sa chair, afin que son âme soit sauvée au jour du Seigneur. C'est-à-dire : s'il s’entête à écouter le démon de la chair, eh bien ! qu'il le suive jusqu’à en "crever", jusqu'à en être dégoûté pour qu’une fois écœuré, il puisse se ressaisit et revenir.. Et l’Apôtre commande : « Enlevez le pervers du milieu de vous » (v.13).. La raison qu'il en donne, c'est qu'un fruit gâté risque de gâter tout le tas. Saint Paul énonce ce principe d'une façon plus biblique. Faisant allusion à l'usage de faire le repas pascal, et donc de célébrer l'Eucharistie, avec du pain azyme (= sans levain), il leur dit : « Ne savez-vous pas qu'un peu de levain (de pâte fermentée) fait lever toute la pâte ? Purifiez-vous donc du vieux levain pour être des azymes, car notre pâque, le Christ, a été immolée. » (1ère aux Corinthiens, ch.5,.v.1-13).

Et l’apôtre fait allusion à une lettre qu'il avait écrite auparavant aux Corinthiens mais qui ne nous a pas été conservée : « En vous écrivant dans ma lettre de n'avoir pas de relations avec les impudiques, je n’entendais pas tous les impudiques de ce monde, ou bien les cupides, les rapaces ou les idolâtres, car il vous faudrait alors sortir du monde. Non, je vous ai écrit de ne pas avoir de relations avec celui qui, tout en portant le nom de frère (le nom de chrétien) serait impudique, cupide, idolâtré, insulteur, ivrogne ou rapace, même de ne point prendre de repas avec un tel homme. je n’ai pas à juger ceux du dehors (ceux qui ne sont pas chrétiens, qui ne font pas partie de la communauté), mais ceux du dedans. »

On voit par là quel souci l'Apôtre avait de la pureté de la Communauté chrétienne, de la dignité du nom de chrétien et de frère.

Même souci de sa part pour ce qui touche à la justice. Saint Paul ne veut pas qu'il y ait des chrétiens oisifs qui vivent "aux crochets" des autres. C'est ce qui se passait un peu dans la Communauté de Salonique où certains, pensant que le Christ allait revenir incessamment, ne travaillaient pas, se disant : « On en aura toujours assez pour vivre jusque là... ». « Nous entendons dire, écrit Saint Paul, qu'il en est parmi vous qui vivent dans l’oisiveté, ne travaillant pas du tout et se mêlant de tout. Nous les invitons et engageons, dans le Seigneur Jésus-Christ, à travailler tranquilles et à manger le pain qu'ils auront eux-mêmes gagné. » (2ème aux Thessaloniciens, ch-3, v.12). Il leur rappelle en effet le principe qu'il leur avait déjà dit de vive voix : « Celui qui ne veut pas travailler ne doit pas manger non plus... » Aux autres, là encore Saint Paul prescrit « au nom du Seigneur Jésus-Christ, de se tenir à distance de tout frère qui vit dans l'oisiveté... » (v.6) et il conclut : « Si quelqu’un n'obéit pas aux indications de cette lettre, notez-le et, pour sa confusion, cessez de frayer avec lui ; cependant, ne le traitez pas en ennemi, mais reprenez-le comme un frère. »(v.14-15).

Même souci encore d'écarter de la communauté ceux qui ont dévié dans la foi. A son disciple et collaborateur Timothée, Paul déclare « qu'il a livré à Satan Hyménée et Alexandre qui ont fait naufrage dans la foi, afin de leur apprendre à ne plus blasphémer. » (1ère à Timothée, ch. 1, v.19-20) et à Tite, un autre de ses collaborateurs, il prescrit après un premier et second avertissement « de rompre avec l'homme hérétique » qui choisit parmi les vérités de la foi celles qui lui conviennent » (Tite, ch.3,v.10-11).

Quand, à là lumière de ces textes nous considérons l'Eglise d’aujourd’hui, pouvons-nous dire que nous avons la même religion ?... Celle voulue par Jésus-Christ ?

Aujourd'hui, ceux qui dévient de la foi, s'incrustent dans l'Eglise pour la réformer (entendez : pour la contaminer) de l'intérieur. Certains faits récents prouvent surabondamment que je n'exagère pas.

Aujourd’hui ceux qui se conduisent mal, qui s’écartent visiblement de l'idéal que l'Eglise a toujours présenté dans le prolongement du Christ et des Apôtres, voudraient que l’Eglise entérine leurs déviations. C'est ainsi que l'on voudrait aujourd'hui que l'Eglise bénisse toutes les déviations sexuelles... qu'elle accepte donc que l'on galvaude l'amour en lui enlevant son caractère humain et sacré...

Le seul point sur lequel on serait peut-être d’accord avec Saint Paul, ce serait d’excommunier celui qui exploite les autres, qui vit « à leurs crochets ».

Pour notre humble part, nous essayons dans nos camps et colonies de vacances d’appliquer cette loi que Jésus a donnée à sa communauté chrétienne. C’est ainsi que chaque soir en fin de veillée il y a ce que nous appelons le tour d'horloge ou "le chapitre". Chacun, à commencer par le Directeur, à continuer par les chefs et cheftaines, moniteurs et monitrices, à terminer par les enfants petits et grands, se dénonce spontanément devant ses frères s'il lui est arrivé de manquer assez sérieusement devant les autres à un article de notre loi, qui n'est que la traduction adaptée de l'Evangile sur la montagne... ou s'il a manqué au point d'effort commun donné le matin dans ce que nous appelons "le mot d'ordre". C'est à ce moment aussi que ceux qui se sont disputés se donnent une bonne poignée de main, en signe de réconciliation, avant d'aller dormir.

Dans le même esprit, les membres de nos groupements scouts, lorsqu'il leur arrive de manquer sérieusement à un article de leur Loi, acceptent de remettre leurs insignes. On ne les leur rendra que lorsqu'ils se seront rachetés.

C'est ainsi que nous voudrions essayer de créer chez ces chrétiens en herbe des réflexes qui correspondent à ceux que le Christ a demandé à la communauté de ses disciples.

Aujourd'hui, posons-nous la question sincèrement : dans nos paroisses, dans nos communautés paroissiales, qui sont des cellules de la grande Eglise du Christ, est-ce vraiment l'amour et l'idéal du Christ qui nous rassemblent, comme l'a voulu le Seigneur pour son Eglise ?

Sommes-nous tellement emballés par cet idéal, tellement soucieux de le réaliser que nous acceptons avec reconnaissance les remontrances que peuvent être amenés à nous faire nos prêtres ou même nos frères, quand il nous arrive de nous écarter de cet idéal ?

Avons-nous le souci d'aider les autres dans la poursuite de cet idéal ?

Nous avons parlé de l'entraide matérielle, mais l'entraide spirituelle existe-t-elle ?

Lorsqu'il nous arrive de dévier (cela peut arriver à tout le monde, vu notre faiblesse), sommes-nous tellement gênée de nous trouver au milieu de frères qui font l’effort pour vivre cet idéal du Christ, que nous nous empressons de nous dénoncer nous-mêmes, spontanément, auprès de celui qui est chargé de promouvoir cet idéal dans la communauté, auprès du prêtre qui à reçu pouvoir et mandat du Seigneur pour nous donner la grâce du pardon et de la résurrection ? « Tout ce que vous aurez lié sur terre sera lié dans le ciel, tout ce que vous aurez délié sur la terre, le sera également dans le Ciel ! » Jésus vient de nous le dire. Le croyons-nous vraiment et pratiquement ?

 

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