Année A - 6ème dimanche de Pâques


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HOMELIE

ELLE EN A DES IDEES CETTE MAMAN !.. Elle s'est mis dans la tête de faire écrire une lettre au papa absent par son petit bambin de 4 ans !... Vous ne pensez pas ... un enfant de 4 ans ne sait pas écrire, chère maman !...Chut ! Regardez plutôt comment elle s'y prend.

Sur le bureau, elle a mis une belle feuille de papier blanc, un crayon. Elle prend le bambin sur ses genoux, dans la menotte de l'enfant elle met le crayon, puis elle prend avec sa main à elle cette menotte du petit, elle va la diriger pour lui faire tracer les caractères. En même temps, elle prononce à son oreille les mots qu'elle lui fait tracer, elle dit ce qu'elle lui fait écrire. Les idées de la maman passent dans la tête, dans l'esprit du petit bonhomme...Les sentiments de la maman, sa tendresse pour le papa passent dans le cœur de l'enfant, si bien que, lorsque le papa recevra la lettre, lorsqu'il la lira, elle lui apportera à la fois la tendresse, l'amour de sa femme, de son épouse et l'affection de son enfant. Encore aura-t-il fallu que celui-ci accepte de collaborer avec sa maman.

Chers amis, chers frères, il est une chose essentielle dans la vie chrétienne, dont on ne nous parle plus du tout. C'est surprenant. Cette chose essentielle dont on ne nous parle plus jamais c'est l'état de grâce. La vie de la grâce. C'est peut-être normal qu'à notre époque, on en parle fort peu., parce que on cherche aujourd'hui, à ramener le christianisme au niveau de ce que peut faire notre faiblesse humaine, au niveau de ce que peut admettre notre petite jugeote. On essaie de faire de cette religion une religion humaine, et là c'est trahir Jésus-Christ. Il n'est pas venu instaurer sur cette terre une religion humaine, il est venu apporter une religion SURhumaine, SURnaturelle, au dessus de nos forces, au dessus de nos capacités, puisqu'il s'agit de vivre de la vie même de Dieu, de l'Infini ! Et Jésus ne nous l'avait pas caché, Il ne nous avait pas " doré la pilule "… Il avait dit un jour : " le royaume du ciel s'emporte d'assaut, et ce sont les violents, les casse-cou, qui l'emportent. " (Saint Matthieu, ch. 11, v.12), ça n'a rien de mollasson !

Il avait dit un autre jour, c'était le jour où, vous le savez, un jeune-homme qui était un sportif assoiffé de vivre par tous ses pores, qui voulait vivre à bloc, était venu le trouver. Il avait entendu dire que Jésus avait le secret d'une vie qui ne finirait jamais et " ça ", ça lui bottait ! Il vient poser sa question au Seigneur : " que faut-il faire pour vivre de cette vie ? " Et quand le SEIGNEUR lui répond : " Non seulement tu dois pratiquer les commandements, mais si tu veux encore vivre plus intensément, va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et puis viens avec moi ! " (Saint Luc, ch.18, v.18-28). C'était trop ! Et le pauvre garçon est reparti, il a tourné les talons, triste, tout triste. Les Apôtres eux, aussi, sont décontenancés, ils avaient tellement espéré que ce gars qui était, généreux, qui voulait vivre à fond, allait venir avec eux prêcher l'Evangile. Et, patatras ! tout est à l'eau !… Il s'en va et ils sont tout étonnés. Et Jésus leur dit : " Mon Dieu ! qu'il est difficile de faire entrer un riche dans mon royaume ! Tenez ! il est plus facile de faire passer un de ces gros câbles avec lesquels les marins amarrent leurs barques sur le port par le trou d'une aiguille, que faire entrer un riche dans mon œil ! " (parce que ce dépouillement, c'est drôlement dur). Alors les Apôtres lui ont dit : "c'est donc impossible Seigneur ?" Et Il leur dit : "Oui, c'est impossible aux hommes, mais c'est possible à Dieu. " SURnaturel !

Et cet autre jour où Jésus avait parlé des exigences d'un amour fidèle, où Jésus avait parlé de la pureté dans l'amour, ses Apôtres là encore se sont récriés : " Seigneur, si nos relations avec nos épouses vont jusque-là, jusqu'à cette fidélité malgré tout oh ! il vaut mieux ne pas se marier ! " Jésus a riposté : " cette doctrine-là, tout le monde ne l'admettra pas, mais seulement ceux qui auront reçu une grâce d'en haut ! (Saint Matthieu, ch.19, v. 11) C'est la deuxième fois que Jésus dit que sa religion est SURnaturelle ".

Et voici la troisième. C'était après la première de toutes les messes, après les toutes premières communions, au soir du Jeudi Saint, Jésus quittait le Cénacle, il allait vers l'agonie. Avec sa petite escorte de disciples Il traversait les vignobles, et, en traversant ces vignobles, Jésus fait la comparaison : " il faut que vous restiez unis à moi, comme ces sarments, ces branches de vigne sont unis au cep de vigne, à la souche, sinon elles ne peuvent rien porter comme fruits, on les jettera au feu et on les brûlera ! vous aussi, sans Moi, vous ne pouvez rien faire. Mais celui qui demeure en Moi et dans lequel Je demeurai, celui-là porte beaucoup de fruits. " (Saint Jean, ch.15, v.1-9) C'est clair : vouloir pratiquer tout seul le christianisme, c'est impossible. Il faut que Dieu nous aide.

De mon temps et je pense que cela est toujours, vrai, même aujourd'hui , on nous disait qu'il y a deux sortes d'aide du Seigneur, deux sortes de grâce, d'aide gratuite de Dieu. L'aide passagère que l'on appellera grâce actuelle. Il nous vient une bonne idée, il nous vient un bon désir, je suis plein de courage aujourd'hui, j'ai vu un bon exemple qui m'a emballé reçu un bon conseil, j'ai entendu une bonne exhortation et me voilà " regonflé ! ". On appelle tout cela une grâce actuelle, passagère. Il ne faut pas la laisser passer sans en profiter.

Mais quand Dieu nous aide, ce n'est pas de loin qu'Il nous aide. Dieu nous aide par une présence active en nous. Jésus nous l'explique justement dans ce chapitre 14ème de Saint Jean dont nous venons de lire un extrait. " Si quelqu'un M'aime, il sera fidèle à mes commandements, nous viendrons le Père et Moi et l'Esprit, nous viendrons en lui et nous établirons chez lui notre demeure, nous y resterons, nous nous y installerons. (Saint Jean, ch.14, v.15-18 et 21-24). Voici comment Dieu nous aide, Il nous aide de l'intérieur, en venant nous "posséder ", en venant nous " habiter ".

Alors attention, n'allons pas chers enfants, et même vous chers adultes, nous faire une idée fausse de cette présence de Dieu dans notre âme : un Dieu qui se recroquevillerait pour se trouver en nous ! Dieu n'est pas un corps, nous vous l'apprenions assez au catéchisme, Dieu, c'est " l'Esprit " et notre âme aussi est un esprit. Dieu est donc présent chez nous comme un esprit est présent dans un esprit. Mais qu'est-ce que cela veut dire, nous ne sommes pas plus avancés ! Eh bien, voyez ce qui se passe quand deux amis s'aiment bien et qu'ils causent ensemble, tout près, l'un de l'autre. Ils échangent leurs idées, leurs sentiments, et voici que les idées de l'un vont dans la tête de l'autre et les idées de l'autre vont dans la tête de 1'un, que leurs sentiments passent d'un cœur à l'autre, si bien que ces deux cœurs, ces deux esprits ont la même vie, les mêmes sentiments, ont les mêmes pensées ; Il y a compénétration. Jésus vient de nous le dire : " Vous reconnaîtrez que vous êtes en Moi et Moi en vous. " (v.20) Il dira de même en parlant de la Sainte Eucharistie : " celui qui mange ma chair demeure en Moi et Moi en lui. " (Saint Jean ch.6, v.56) C'est quelque chose d'extraordinaire !

Tous les sacrements sont faits pour intensifier cette intimité de Dieu avec nous, mais surtout, surtout l'Eucharistie. Jésus vient de le dire : " celui qui mange ma chair, il demeure en Moi et Moi en lui. " Nous voilà compénétrés, l'un dans l'autre. Alors à ce moment là, nous pouvons vivre de la vraie vie SURnaturelle, et c'est pour cela que Jésus dit : " Si vous ne mangez pas mon corps et ne buvez pas mon sang, , vous ne pourrez pas vivre la vie que je viens prêcher et à laquelle je voudrais vous faire participer.

Cette Eucharistie, aujourd'hui, beaucoup s'en approchent sans avoir le souci d'être en état de grâce. C'est grave ! Déjà parmi nous, quand il y a eu une brouille, eh bien, il ne peut plus y avoir d'intimité avec quelqu'un avec lequel on s'est brouillé, auquel on a manqué gravement. On peut faire peut-être des efforts pour lui pardonner, on peut essayer de faire un effort pour être chic avec lui, mais il ne peut prétendre à l'intimité avec vous, avant de s'être excusé, avant de vous avoir exprimé tout son regret. Et alors ! avec Dieu ce serait différent !!! Nous le traiterions moins bien qu'un ami, et nous nous permettrions après une brouille assez sérieuse avec le Seigneur, d'approcher de Lui d'une façon très dégagée ! ce serait tout de même un sans-gêne formidable ! Si autrefois on est tombé dans l'exagération d'un certain Jansénisme qui faisait vivre dans le scrupule aujourd'hui c'est l'exagération opposée, c'est le laxisme ! tout est bien avec Dieu ! Ah ! avec un ami ?…. oui, d'accord, s'il y a eu une dispute s'il, y a eu un froid, il faut d'abord aller s'excuser pour retrouver une certaine intimité, une certaine chaleur. Mais avec Dieu ?!... Voilà.

Il est bien vrai frères, que si nous prenons bien conscience de cette Présence Divine, eh bien ! il en découlera deux choses.

La première c'est une audace formidable. On a trop souvent présenté la grâce, la grâce sanctifiante comme un trésor qu'il fallait défendre, et on avait la " frousse " parce que ce trésor il est menacé de tous côtés. Il est menacé par le monde qui nous entoure. Il est menacé par les camarades qui pourraient nous entraîner dans le mal. Il est menacé par notre mauvaise nature. Il est menacé par le démon. Alors, les chrétiens risquaient, de vivre dans l'angoisse, dans l'anxiété, dans le scrupule. Çà, ce n'est pas chrétien ! Ce n'est pas un trésor, la vie de la grâce, c'est bien plus que cela, c'est la Présence de Dieu, c'est la Force, la Toute-Puissance de Dieu mise à notre disposition si nous voulons bien collaborer comme le petit enfant avec sa maman. Il peut écrire aussi bien que sa maman quand elle lui tient la main, à condition qu'il l'accepte. Il peut dire à son papa des choses aussi belles que celles que lui dirait sa maman. Il peut lui exprimer des sentiments aussi chaleureux, aussi fervents, aussi tendres que ceux qu'exprimerait sa maman s'il laisse passer la vie du cœur, la vie de l'esprit de la maman dans son propre esprit, dans son propre cœur. De même cette présence divine en nous, nous donne une force, une audace inouïe. Regardez les Martyrs ! Ah ! ils n'ont pas capitulé ceux-là !... Regardez les Apôtres... c'étaient pourtant des peureux ! au naturel. Mais quand ils ont été saisis par cette présence de Dieu, par cette présence de l'Esprit-Saint, les Actes des Apôtres le soulignent je ne sais combien de fois, ils parlaient avec une audace qui faisait que tous les gens en étaient " baba !" estomaqué que de pauvres gens incultes aient tellement d'ardeur, tellement d'assurance ! C'est la première chose : " Pas de trouillards chez nous ! "...

Et la deuxième chose quand nous prenons conscience de cette habitation divine en nous, c'est la paix qui s'installe. Je vous donne ma paix, dit Jésus, dans ce discours après la Cène. Je vous la donne, oh ! non pas pas comme le monde ! mais que votre cœur ne soit pas troublé. " (Saint Jean, ch.14, v.27), Vous pouvez vous trouver dans la tempête extérieurement, vous pouvez avoir toutes sortes de difficultés même intérieurement, mais s'Il est là le Seigneur, s'Il est dans la barque, s'Il est embarqué avec nous, pourquoi avoir peur ? Alors c'est le calme, c'est la sérénité, et vous avez peut-être rencontré. autour de vous de ces chrétiens qui rayonnent cette paix, cette joie, cette sérénité. Comme ils sont beaux !

Alors voilà, mes frères, ces quelques mots aujourd'hui sur la grâce. Pensez que, dans l'Evangile de Saint Jean, il y a 4 chapitres sur 21 qui sont consacrés à cette vie intérieure, à cette Présence de Dieu en nous. Le chapitre 14, le chapitre 15, le chapitre 16, le chapitre 17, 4 sur 21. C'est donc que c'est essentiel. Il faudra donc peut-être que nous revenions à cette profondeur pour que nous puissions faire des Communautés qui apportent quelque chose de tout neuf, et qui aient une audace colossale et qui rayonnent aussi une joie, une sérénité introuvables partout ailleurs...

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