Année A – Baptême du Christ


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

C’est le monde à l’envers !

Jésus se fait baptiser par Jean-Baptiste..

Pourquoi ?… puisqu’il était sans péché…

Il est venu pour nous tracer ta voie vers Dieu...

Le premier sentiment quand nous voulons nous approcher de Dieu : nous sentir indignes et pécheurs…

Aujourd’hui : il n’y a plus de péché ! On s’approche du Christ dans la communion sans confession, même si on est en état de péché.

Jésus est logique : il se conforme à la nature qu’Il nous a donnée d’esprits incarnés…

Pour apporter de façon authentique le Message de Dieu il faut être pénétré de " son " Esprit…

Jésus était possédé par cet Esprit dès sa conception... mais c'était de façon cachée…

Mais au moment où Il va commencer sa Mission, Il a voulu que cette "possession" soit manifestée visiblement…

Avec ça on nous prône " la foi nue ", sans manifestations visibles, extérieures.

Jésus se conforme aux rites inventés par les hommes...

Nous ne voulons pas nous conformer aux rites inventés par le Christ pour nous transmettre la grâce

On fait fi des sacrements…notamment du sacrement de Pénitence.

On voudrait " dicter " au Christ les conditions dans lesquelles Il doit nous donner son pardon !

Au baptême, Dieu nous dit par un geste, par un signe sensible (un sacrement) : " Tu es mon fils bien-aimé ! " (mon fils adoptif).

On prétend avoir droit à cette promotion sans le baptême de fait où tout au moins de désir... Tout le monde est enfant de Dieu !

On fait peu de cas de cette promotion inouïe... alors qu’on vante la dignité de la nature humaine, " fleuron de l’animalité " !

Conclusion

Que Dieu nous donne la lumière de son Esprit :

  • Pour que nous nous reconnaissions pécheurs…
  • Pour que nous prenions mieux conscience comme Dieu s’est mis à notre portée d’esprits incarnés par ses sacrements.
  • Pour mieux apprécier cette promotion inouïe de fils de Dieu et ne pas oublier que " noblesse oblige "

 


HOMELIE

 

C’EST LE MONDE A L’ENVERS

…et Jean-Baptiste a pris soin de le souligner !

Il baptisait à l’endroit que l'on appelle : le gué du Jourdain. C'est une dépression très profonde puisque cet endroit est à 350 mètres au-dessous du niveau de la mer. C'est le seul endroit sur la terre qui soit si bas. Cet endroit se prêtait bien au recueillement parce qu'il forme comme un cirque dans lequel on peut se trouver regroupés et dans lequel règne aussi le silence. Et la foule venait, la foule des gens qui était en attente du Messie. Elle venait trouver ce prophète qui parlait dans le désert, qui se nourrissait de sauterelles, de miel sauvage, qui était habillé avec un habit en poils de chameau. Cette austérité attirait cette foule qui attendait le Messie. Et Jean, pour souligner que, pour recevoir le message qu’allait apporter ce Messie, il fallait être décidé à changer de vie, donnait ce baptême qui était le symbole, le signe que l'on voulait se convertir, " retourner sa veste ", que l'on voulait se purifier de tout péché...

Et voici qu’un beau jour, dans cette foule qui se pressait là, Jean aperçoit Jésus qui vient se faire baptiser comme tout le monde... Et Jean est surpris : " Mais Seigneur, ce serait à moi à te demander le baptême et c’est toi qui viens me le demander ! "

Nous sommes surpris nous aussi ! Pourquoi Jésus-Christ qui, est le propre Fils de Dieu qui n'a commis et ne peut commettre aucun péché, ni n'a fait aucune faute à effacer, pourquoi Jésus-Christ vient-il se faire baptiser, pourquoi vient-il recevoir ce baptême de repentance puisqu'il n'a à se reprocher aucun péché ?

Pour comprendre ce mystère, mes frères, il faut bien se rappeler que Jésus n’aime pas jouer la comédie… Il s'est fait homme, le Seigneur, et il a vraiment voulu vivre comme un homme. Il a voulu surtout en se faisant homme nous montrer ce que nous devons faire, nous, pour aller vers Dieu. Or la première démarche pour nous, les hommes lorsque nous approchons du Seigneur, c'est de reconnaître notre indignité, c’est de reconnaître notre culpabilité, savoir que nous sommes des pécheurs. Certes, Jésus n’avait pas besoin de ce baptême pour Lui mais il fallait qu’il nous donne l’exemple et puisque même maintenant après cet exemple donné par le Seigneur, il y a encore des gens - et de nos jours ils sont très nombreux - qui sont tellement orgueilleux, tellement infatuée d’eux-mêmes qu’ils pensent ne pas avoir besoin de repentance, qui pensent qu’ils n’ont aucun péché à expier, il fallait que Jésus, par son exemple, nous souligne, nous montre nous crie cette importance de nous reconnaître de pauvres pécheurs.

N’allons pas mes frères, tomber dans cette erreur moderne. Je la lisais encore ces jours-ci dans un article de journal qui voulait parler de religion et dont l'auteur n'avait pas l'air d'y connaître grand chose puisqu'il disait que maintenant, depuis que Freud est venu, il est clair que toutes nos défaillances proviennent de déterminisme, de traumatismes : on ne peut pas faire autrement et notre liberté n’est pas engagée là-dedans !

Ce n’est pas du tout le son de cloche que nous donne Dieu dans son Ecriture. Jean, le disciple bien aimé, celui qui nous prêche l’amour de Dieu, a dit à plusieurs reprises dans ses lettres que celui qui se croyait sans péché faisait de Dieu un menteur ! Ce qui suppose que Dieu nous dit que nous sommes des pécheurs. Et Jésus lui-même, à la veille de nous quitter, à la veille d'être pendu à sa croix lorsqu’il institue l’Eucharistie, prononcera ces mots sur le calice : " Ceci est mon sang qui sera répandu pour vous et pour beaucoup pour le pardon des péchés ! ". Celui qui ne se sent pas pécheur, qui se croit parfait, qui est " parvenu ", celui-là se met carrément en dehors de la Rédemption de Jésus-Christ ; il pense qu’il n’a pas besoin du sang rédempteur : c’est une drôle d’audace.

Et aujourd’hui il faudrait dire et redire que, lorsque nous nous présentons devant le Seigneur, notre première démarche doit être d’être confus que le Seigneur veuille bien nous admettre en sa présence. L'Eglise nous le fait faire au début de chaque messe avant d'approcher de l'autel et d'entendre la parole de Dieu... Mais le faisons-nous consciemment ? En tout cas, combien sont nombreux aujourd'hui ceux qui s'approchent de la sainte communion sans songer malgré la recommandation de St Paul lui-même (1ère aux Corinthiens, ch. 11, v. 28), à se purifier de leurs fautes, et au besoin, à se confesser.

Voilà la première raison, je pense, de ce baptême du Seigneur. Jésus a voulu nous entraîner en nous disant par son exemple : si vous voulez approcher de Dieu, si vous voulez écouter l’enseignement de son Messie, de son Fils, reconnaissez d'abord que vous êtes indigne, que vous êtes pécheurs !

 

La deuxième réflexion que me suggère ce baptême de Jésus, c’est que Dieu nous prend tels que nous sommes, tels qu'il nous a faits.

Figurez-vous en effet - il faut le rappeler parce qu’aujourd'hui on semble le méconnaître - que Dieu nous a fait matière et esprit, corps et âme ! Jésus, le Fils de Dieu Lui-même, a tenu compte de notre nature corporelle. Pour venir jusqu’à nous, Il s'est incarné. Il a incarné son enseignement divin dans des paraboles très concrètes et très simples, comme Il a voulu incarner sa grâce dans les sacrements.

Lui-même, tout Fils de Dieu qu'Il était, Il a voulu se soumettre à des rites extérieurs. C'est ainsi que, possédé dès la naissance par l'Esprit de Dieu qui avait façonné sa nature humaine elle-même dans le sein de la Vierge Marie, il a voulu qu'il y ait une manifestation extérieure, visible de cette possession par l'Esprit Saint, nécessaire pour entreprendre sa mission de la part de Dieu. Quand on remplit une mission de la part de quelqu'un, en effet, celui-ci peut toujours craindre qu'elle ne soit pas réalisée exactement comme il l'aurait voulue si son mandaté n'a pas le même esprit que lui, s'il ne comprend pas les choses de la même manière, s'il n'a pas les mêmes soucis, les mêmes façons de voir que son mandataire. Pour pouvoir parler de la part de Dieu, il faut être investi de l'Esprit de Dieu, possédé par l'Esprit de Dieu Lui-même. Il est bien évident que Jésus étant le Fils de Dieu, avait, de ce simple fait, reçu l'investiture de son Père pour pouvoir nous porter sa Parole et son message. Il avait, dès sa conception, le même Esprit que son Père puisque le Saint Esprit est leur Esprit. Commun. Mais Il l'avait, si je puis dire, de façon cachée. Il a voulu que cette investiture, que cette possession de l'Esprit Saint soit proclamée de façon ostensible, visible, officielle aux yeux des hommes, par un signe qui a eu lieu lors de son Baptême par Jean Baptiste dans le Jourdain…

Là, encore les novateurs, aujourd'hui, s'inscrivent contre cette nature corporelle et sensible que Dieu nous a donnée, contre cette pédagogie divine, contre ce comportement du Fils de Dieu. Ils prônent, en effet, ce qu’ils appellent " la foi nue ", c’est-à-dire sans aucune expression ni manifestation sensible, et font bien peu de cas des sacrements, ces inventions de la Sagesse et de la Tendresse divines pour nous transmettre la grâce de façon conforme à notre nature humaine ! Remarquons en passant, combien cette contestation des sacrements est mal venue à une époque où, au nom même de la psychologie, les moyens audiovisuels sont si employés par tout le mondes y compris par nos contestataires, pour faire passer des idées !

Là encore, on est allé d'un extrême a l'autre : trop longtemps on avait traité les sacrements comme des rites magiques que l’on administrait et recevait à tort et à travers, sans tenir compte des dispositions requises à leur efficacité ; et comme, en effet, reçus de la sorte, ils étaient inefficaces, on en a conclu qu'ils étaient inutiles... Du reste, combien, aujourd'hui, pensent encore avoir besoin de la grâce de Dieu ?... En tout cas, beaucoup fixeraient volontiers à Dieu les conditions auxquelles il doit nous l'octroyer et la façon dont Il doit nous la donner !

Encore une fois c'est le monde à l'envers !

Alors que le Christ, tout Fils de Dieu et tout Saint qu'Il était, a bien voulu se soumettre à des rites extérieurs inventés par les hommes, alors qu'il a voulu recevoir le baptême de Jean-Baptiste qui pourtant n'était pas digne de dénouer la courroie de ses sandales, les hommes, eux, tout en se disant ses disciples, croiraient déchoir en allant demander au ministre de Dieu - qui, en effet, leur est peut être inférieur à bien des points de vue - les signes inventés par le Christ Lui-même pour nous communiquer la grâce !

-000-

Enfin troisième réflexion que me suggère cet Evangile : nous avons entendu cette voix du Père proclamant : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en Lui j’ai mis tout mon amour ! "

Figurez-vous, mes frères, que cette parole de Dieu, nous pouvons, l’entendre, si nous avons les oreilles de la fois, si je puis ainsi parler, à chaque baptême, dans un sens différent sans doute mais réel tout de même. Ce bambin que l’on apporte au Seigneur, ou cet adulte qui se présente devant Lui, au moment même où, comme au baptême de Jésus dans le Jourdain, l'eau coule sur son front, Dieu le rend comme son enfant, Dieu l'adopte ! Etre adoptés ainsi par Dieu, quelle promotion pour nous ! Quelle condescendance de sa part !

Là encore aujourd'hui c'est le monde à l'envers !

Il ne manque pas de gens aujourd'hui, en effet, qui considèrent cette promotion comme quelque chose qui serait dû à l'homme. On entend dire et répéter : tous les hommes sont enfants de Dieu. Entendons-nous : dans le sens de créatures de Dieu, d’accord ! Mais dans le sens d'une adoption divine qui transforme notre être profond ? Dans ce sens-là, la foi traditionnelle qui s'appuie sur de nombreux textes de St Paul, nous dit que c'est le baptême qui nous faits enfants, fils adoptifs de Dieu ! C'est le baptême qui met en nous cette grâce divine nous travaillera, qui nous transformera à l'image de Jésus-Christ, qui nous fera " revêtir " le Christ ou, si vous préférez, qui fera de nous les sosies de Jésus-Christ, si bien que le Père nous entourera de la même tendresse, de la même dilection que celle dont Il entoure son propre Fils comme Jésus Lui le lui a demandé explicitement avant sa mort (St Jean, ch.17,v. 23 et 26).

Que l'on dise que tous les hommes sans exception sont " appelés "à cette promotion divine, que l'on dise même que ceux qui sont dans des dispositions d’âme telles qu'ils auraient assurément demandé le baptême s'ils l'avaient mieux connu, reçoivent aussi cette grâce : d'accord ! Mais elle dépend - ainsi l'a fixé la Sagesse de Dieu - de la réception en fait ou tout au moins en désir de ce sacrement. Ceci est incontestable pour quelqu'un qui croit à la révélation divine.

Quant à la dignité que nous confère cette promotion, en avons-nous bien conscience ?… Une fois de plus, c’est encore bien souvent sur ce point aujourd’hui, le monde à l’envers !

Je suis tombé, il y a quelque temps, sur un article de journal écrit par un chrétien s'il vous plaît, qui faisait l'apologie de l’athéisme. Au dire de l'auteur l'athéisme donnait ou supposait donné un sens de la dignité humaine - on n’osait pas le dire tout crûment, mais on le laissait entendre – bien supérieur à celui que pouvait avoir un chrétien ! Comment peut-on sortir consciemment de telles énormités ? Car enfin, pour quelqu’un qui n’a pas la foi, pour un athée, en quoi peut bien consister la dignité de l'homme sinon dans le fait qu’il est le " fleuron " qui vient couronner le monde animal ? C'est quelque chose, peut-être, mais qu’est cette petite dignité de rien du tout à côté de la dignité de fils de Dieu ? Nous qui savons qu’il y a un Créateur qui est l'Etre Infini, vous comprenez que le fait de savoir que nous sommes créés à son image et que cet Etre Infini veut bien nous prendre comme ses enfants, nous donne tout de même une promotion autrement plus élevée que de savoir que nous sommes " fleuron " parmi les animaux !

Nous voilà rentrée, nous, dans le domaine divin. D'autant que, lorsque Dieu adopte un enfant, ce n’est pas une simple démarche juridique, comme c’est le cas ici-bas quand des parents font une adoption ; Dieu nous donne vraiment "son Esprit" par le Baptême. Tout notre travail sur nous-mêmes, comme sur les âmes qui nous sont confiées, à vous parents, comme à nous prêtres, ce sera de tout faire pour nous mettre de plus en plus les uns et les autres sous l'emprise de cet Esprit. Il nous transformera de plus en plus " à l'image de Jésus-Christ " qui devient ainsi le " premier-né d’une multitude de frères ", selon l’expression de St Paul (Romains, ch. 8,v. 29). Alors, dans la mesure où nous serons habités, possédés par cet Esprit de Dieu nous pourrons, nous aussi, à la suite de Jésus porter au monde et par notre vie et par nos paroles, son message authentique. Et croyez-moi, " ça emporte le morceau " !

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Demandons donc au Seigneur au cours de cette messe, cet Esprit de vérité et de justice qui nous fasse reconnaître que nous sommes de " pauvres types " devant Lui et qui nous rende confus de gratitude envers ce Dieu qui a bien voulu faire de nous ses enfants promus à cette dignité surhumaine et appelés à partager sa propre gloire durant l'éternité !

Comment un chrétien conscient de tout cela pourrait-il faire triste mine devant les autres, être un peu honteux devant ceux qui refusent cette adoption, divine ? Ah non ! quelle injure à Dieu si nous n'étions pas fiers d’être ses fils, et d'avoir son Esprit !

 

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