Année A – Epiphanie


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Caricature de Viviani voulant éteindre " les étoiles " dans notre ciel.

La découverte des manuscrits de Qumrân

L’horoscope du Messie qui se trouve dans l’un de ses manuscrits montre qu’à cette époque (1er siècle avant le Christ), on attendait un signe dans le ciel annonçant le Messie

Donc l'histoire de l’étoile des Mages n’est pas un simple symbole..

La vie humaine sous un ciel sans étoiles, sans foi, sans un idéal qui servent de boussole à cette vie est invivable…

On avait pensé que la Science pourrait remplacer cette étoile… On constate l’échec : elle donne le confort, mais elle ne donne pas de sens à notre vie…

On se tourne instinctivement vers l'Eglise... elle déçoit.

Pourquoi l’Eglise, notre Eglise locale risque de décevoir ?

Parce que notre foi n'est pas suffisamment l’étoile qui guide toute notre vie : notre communauté n’apparaît pas assez comme vivant d’un idéal qui donne un sens à notre vie… et cela :

Parce que notre foi est fragile… elle manque de bases…

Parce que nous n’avons pas fait suffisamment l’expérience de Dieu = du face à face avec Dieu…

Parce que nous n’apprécions pas suffisamment les chances que nous avons du fait de notre foi… (énumération) et que nous n’en sommes pas suffisamment fiers…

Parce que nous ne vivons pas assez notre foi collectivement, " en communauté "...

Conclusions :

Que notre foi soit chevillée de façon intelligente dans notre cœur…

Que nous sachions l’apprécier…

Alors nous en vivrons et nous la communiquerons…

 


HOMELIE

 

OUI L’AI-JE VUE CETTE CARICATURE ? : sur le toit de la Chambre des Députés, un petit homme en jaquette avec un chapeau haut de forme et des lunettes sur le nez ! Avec un éteignoir à très long manche il essaie d’atteindre l’étoile la plus proche !

Cette caricature, elle voulait parodier cette phrase de Viviani au début de siècle, alors que l'on voulait créer une société complètement laïcisée, cette phrase avait été dite triomphalement à la Chambre des Députés : " Nous avons éteint les étoile au ciel qui ne se rallumeront jamais plus ! "

Il avait une quinzaine d’années, Mohamed Abdid (ce qui veut dire Mohamed le chacal), lorsque, à la recherche d'une de ses brebis qui s'était égarée - c'était en 1947 - il entra dans une de ces grottes qui sont tout près de la Mer Morte, exactement à Qumrân, à la recherche de sa brebis. Et là dans cette grotte, il fut surpris : une immense salle où se trouvaient des jarres et, dans ces jarres, des vieux écrits, des parchemins dont il ne pouvait déchiffrer l’écriture. N'importe, il emporte son butin et essaie de faire quelque argent sur le marché le plus proche à Bethléem. Un savetier qui était chrétien acheta son butin. Celui-ci, avec un de ses compères, parla de son acquisition avec l'évêque jacobite de Jérusalem qui se déclara acheteur. Pour déchiffrer ces manuscrits qui étaient écrits en hébreu, l’évêque fit appel à des compétences. On se mit à les étudier à les photographier, à les analyser ainsi que ceux qui avaient été vendus par d'autres bédouins à l'Université Hébraïque. On se mit à fouiller toutes les grottes des alentours et l'on fit une ample moisson de manuscrits très précieux puisque certains, d’entre eux. au dire des savants, remonteraient au premier siècle avant notre ère, en particulier un manuscrit d’Isaïe qui nous donne, à peu de chose près, le même texte que celui que nous avons aujourd’hui et un manuscrit du prophète Daniel qui n’est éloigné que d’un demi-siècle de la composition de l'ouvrage.

Parmi les manuscrits trouvés dans la grotte n° 4, il en est un que les savants datent des environs de la naissance du Christ, au premier siècle avant notre ère et qui contient un horoscope du Messie. Nous avons donc là une preuve irrécusable qu'à cette époque il existait chez les Juifs une secte tout au moins, la secte des Esséniens sans doute qui attendait un signe dans le ciel pour annoncer la venue du Messie. On comprend dès lors facilement que ces "astrologues" aient pu prendre comme signe de la naissance du Messie attendu, un quelconque phénomène astral inhabituel, que ce soit cette conjonction de Jupiter et de Saturne que nous avons pu revoir au début de cette année et que le savant Kepler, lui-même, au XVIIème siècle, après bien des calculs, n'hésitait pas à identifier avec l'étoile des Mages, ou que ce soit une comète comme celle découverte par le savant Halley en 1910 et qui a fait le même parcours que celle des Mages ou encore une comète comme celle que nous avons pu voir cette année.

Voilà donc que ces découvertes viennent confirmer cette histoire de Mages que Saint Matthieu a mis en exorde de son Evangile et dans laquelle certains ne voulaient voir qu’un simple symbole d'universalité du salut apporté par Jésus-Christ. Ces découvertes nous montrent que cette interprétation purement symbolique ne s’impose sûrement pas que qu’au point de vue historique, cet événement n’a rien que de très vraisemblable.

 

Eteindre les étoiles dans le ciel, enlever aux hommes toute foi, leur enlevé tout idéal… c’est fort réussi ! On avait voulu faire croire que c’était la Science qui désormais serait l’étoile. Or, voici qu’aujourd'hui, après bien des années d’essai pour vivre ainsi sous un ciel sans étoile, les gens sont perdus ! Et vous avez pu lire dans les journaux de longs articles qui reconnaissent – ce ne sont pourtant pas des chrétiens qui parlent – que la Science qui nous donne de plus en plus de confort est incapable par ailleurs de donner un sens, un but à notre vie ! Et pourtant, l’homme qui est tout de même un être intelligent, n’entend pas marcher à quatre pattes sur cette terre : il entend donner un sens, un but à ta vie. Il cherche. Il est dans l’attitude des Juifs à l'époque du Seigneur qui cherchaient dans le ciel un signe, un signe de salut, le signe du Messie. Les gens cherchent... et ils regardent : pour eux, à notre époque, qu’est-ce qui va représenter cette étoile ? Vers quoi vont se tourner instinctivement leurs yeux pour retrouver un signe d’espoir, pour retrouver le sens de leur destinée ? C'est vers l’Eglise ! vers l'Eglise du Christ ! S'il existe quelque part un signe, il semble bien, en effet, que c'est là qu’on devrait le chercher…

Et trop souvent, ils sont déçus ! Là encore, il suffit de parcourir les journaux un peu sérieux pour mesurer aujourd'hui cette déception. Il suffit de voir cette foule d'âmes équilibrées, pas bêtes, qui viennent nous consulter pour retrouver un peu le chemin !

Pourquoi cette déception, mes frères ?

Au lieu voir la chose à l’échelon de l'Eglise tout entière, regardons-la à notre échelon à nous, à l’échelon de notre communauté chrétienne. Est-ce que les gens qui nous entourent, qui ne partagent pas notre foi mais qui voudraient bien trouver un sens à leur vie, peuvent voir en nous qui sommes rassemblée ici tous les dimanches, une étoile qui brille dans leur ciel, un signe d’espoir ? Les chrétiens qui se rassemblent ici le dimanche sont-ils différents, ont-ils une vie différente de celle des autres personnes ? Cette communauté qui se rassemble là peut-elle donner un espoir ? Encore faudrait-il qu'il y ait une vraie communauté. Nous n'en sommes peut-être pas là : des individus rassemblés, oui, mais un groupe qui a un idéal auquel il tient "mordicus" et qui est animé par une foi " du tonnerre ", est-ce que c'est nous mes frères ? Il faut nous le demander !…

Je vous ai dit souvent combien j'étais parfois crucifié de voir comment notre foi était ici peu solide : il suffit que l’on ait dépassé l’âge des loisirs, l’âge du jeu où, à cette époque-là, pour pouvoir bénéficier de telle ou telle sortie, pour pouvoir participer à une colonie de vacances, on accepte "d'encaisser " une messe ! Mais quand cet âge est dépassé, quand on rentre dans la vie réelle, l’étoile a disparu et on patauge comme les autres, on ne donne plus signe de vie à Dieu : c’est le Grand Inconnu, il disparaît de notre champ de vision de notre ciel !

Pourquoi ?

Eh bien ! il me semble chers amis, que c'est d'abord parce que notre foi n'est pas entrée assez profondément dans notre cœur, parce qu’elle ne nous prend pas " jusqu’aux tripes " et que, par conséquent, elle ne peut pas se traduire dans notre vie. Et si cette foi n'est pas assez solide, si nous n’y tenons pas assez, c’est – je pense - d’abord à cause d'un manque de bases rationnelles, intellectuelles. Il suffit de voir : la moindre petite objection contre notre religion est prise tout de suite pour argent comptant et nous voilà perdus ! La première ânerie qui va sortir dans un journal, on la gobera les yeux fermés, c’est pire que " parole d’Evangile " : Je vous en prie, un peu d’esprit critique – dans le bon sens du mot ! Nous ne devons pas aujourd’hui avoir la foi du charbonnier ! une foi qui serait bébête ! Est-ce que Dieu nous qui nous a donné l’intelligence, va venir maintenant nous abêtir ?... Qu'est-ce que ce serait que ce Dieu-là ? Moi, je n’en veux pas ! Et si notre foi, notre religion nous paraît parfois idiote, ou tout au moins pas assez rationnelle, c’est peut-être – et c’est j’en suis sûr – parce que nous n’avons pas assez réfléchi. Aussi je voudrais aider toutes les âmes de bonne volonté, toute la population, à réfléchir un peu là-dessus…

Parce que dans les réunions nous ne sommes jamais très nombreux - c’est difficile de se rassembler le soir après le travail - je voudrais pour atteindre tout le monde que notre bulletin paroissial apporte chaque mois, au moins un petit rayon de lumière pour notre foi. Cela me paraît capital ! C'est un premier point pour que notre foi soit solide.

Un deuxième point, mes frères : cette foi restera à l’échelon purement théorique tant que nous n'aurons pas fait l'expérience de Dieu. Cette expérience de Dieu, elle et produit quand, pris dans une ambiance de recueillement, nous nous trouvons subitement face à face avec l'Infini et que nous tombons en adoration, que nous entrons dans un recueillement, dans un silence profond. Notre hantise à tous doit être de chercher comment créer ce conditionnement - car nous sommes conditionnés même pour nos études : on ne va pas étudier une page de philosophie sur la place de la Concorde ! - rechercher, dis-je, ce conditionnement qui nous permettra justement de plonger ainsi dans le Seigneur. Tant que l'on n'a pas fait cela, la foi est comme un badigeon, et la première pluie l'enlève... Ceci, il faut le faire dès l’âge du catéchisme. Il ne s'agit pas d'endoctriner nos gosses, il ne s’agit pas seulement d'exiger qu’ils réfléchissent, comme nous le faisons, il s’agit de leur faire expérimenter ce que c'est que le contact de l'Etre Infini ! C’est important, ceci, mes frères !

J'ajouterai une troisième condition pour que nous tenions à cette foi de toute notre âme, de toutes nos forces : c’est de soupeser souvent la veine que nous avons eue, nous, que cette foi allumée en nous par notre baptême nous accompagne tout au long de notre vie, comme nous le disions tout à l'heure dans l'oraison : jusqu'à la pleine révélation de la splendeur de Dieu dans l’éternité.

Quelle chance nous avons de connaître l'Artisan de toutes ces merveilles que la science nous découvre.

Quelle chance nous avons de savoir que notre destinée, que notre destin n'est pas une force aveugle, mais que ce destin, il a été tracé par un cœur de Père qui nous conduit d'une façon parfois, il est bien vrai, déroutante, mais qui - cette foi nous en assure - est toujours en définitive pour notre plus grand bien !

Quelle chance que nous ayons pris comme chef ce Christ Jésus que tout le monde s'accorde aujourd'hui il reconnaître comme un surhomme ! C'est Lui notre Chef !

Quelle chance que dans notre monde où l'on parle tellement de fraternité ; nous voulions être les suiveurs de celui qui a été le premier à la prêcher ! et ce sont bien les chrétiens qui ont été les premiers à chercher à la réaliser, cette charité, cette ; fraternité, ce qui n'est pas facile…

Quelle chance que notre monde où il y a tant de gens qui marchent à quatre pattes et qui souvent ne sont conduits que par leurs instincts leurs instincts les plus bas, quelle chance d'avoir la tête haute, grâce à Jésus-Christ !

Quelle chance de garder à l’amour – j’y reviens souvent parce que c’est le nerf même de la vie humaine – quelle chance de garder à l’amour toute sa beauté, toute sa dimension humaine et divine, et de ne pas le réduire à un simple accouplement bestial !

Quelle chance, à la suite de Jésus-Christ, d’avoir à lutter contre l’injustice, contre le mensonge, contre la rouerie, contre le manque de conscience…

Quelle chance de pouvoir poursuivre, en un mot, ce travail du Seigneur ! de chercher avec Lui à sauver tout ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain, tout ce qu’il y a de plus noble, tout ce qu’il y a de plus grand dans l’être humain, car nous, chrétiens, nous avons un autre sens de la dignité de l’homme que ce que l’on voudrait nous laisser croire : simple fleuron de l’humanité… et puis, stop ! ça ne va pas plus loin ! Nous, nous ne nous arrêtons pas à ce " stop " ; pour nous, l’homme n’est pas seulement cela : il est l’image du Dieu Infini, il est appelé, il est promu à être enfant de Dieu ! Quelle noblesse peut égaler celle-là ? Et alors, quand à côté de nous on rigole, on se fiche de nous parce que nous voulons poursuivre cet idéal-là, et que ces gens qui marchent à quatre pattes veulent nous intimider, eh bien ! non, nous n'avons pas le droit de nous laisser marcher sur les pieds, ni de nous laisser mordre par ces gens-là, nous n’en avons pas le droit au nom de la fierté de Jésus-Christ.

Enfin, mes frères, ce que nous voudrions pour approfondir cette foi, c'est vivre en collectivité : former vraiment une communauté, c’est notre obsession. Déjà nous cherchons à organiser des rencontres pour que tous ceux qui se dévouent, tous ceux qui militent, se connaissent, s'apprécient, aiment à se détendre ensemble, réfléchir, prier ensemble. Et dans les quartiers, au fur et à mesure que l’on pourra détecter des personnes qui s'intéressant au travail que nous voudrions faire, si elles n'en sont pas encore à rencontrer le Seigneur tous les dimanches, ici, eh bien ! nous voudrions les regrouper aussi pour que, de temps en temps elles se retrouvent pour se détendre comme pour réfléchir et, lorsqu’il y a une réunion qu’on aille se chercher les uns les autres, qu'il y ait un courant d'amitié qui passe, au nom justement de notre idéal, au nom de notre amour de Jésus et de ce message que nous avons à apporter au monde qui attend…

Je le redis encore, au risque de paraître bien long il est indispensable que notre foi soit chevillée dans notre cœur de façon intelligente que nous l’appréciions comme le plus beau des dons du Seigneur, et alors, si nous ne sommes pas d'horribles égoïstes, nous serons contagieux parce que nous voudrons, en la vivant, la transmettre aux autres. Nous avons cette chance, de par la grâce de Dieu de connaître la lumière ! Les autres la cherchent… Quelle avarice si nous la gardions pour nous !

 

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