Année A - Jeudi Saint


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HOMELIE

LORSQU'UN ETRE CHER VIENT DE NOUS QUITTER, l'un des moments les plus solennels, les plus émouvants c'est celui, je pense, où on ouvre son testament. Quelles ont été ses dernières volontés ? Quelles recommandations nous a-t-il laissées avant de nous quitter ? Quels objets nous a-t-il légués comme souvenirs ? Quels cadeaux m'a-t-il fait à moi personnellement en signe de son amitié ?...

Nous sommes rassemblés, ce soir, mes frères, en famille, à la veille de l'anniversaire de la mort de notre Maître, de notre Frère, de notre Seigneur Jésus-Christ pour ouvrir, une fois encore, son testament ...

Ses dernières volontés, les recommandations qu'Il nous a faites avant de nous quitt&er, nous pouvons les relire dans les chapitres 14, 15, 16 et 17 de l'Evangile de St Jean, dans lesquels l'apôtre "que Jésus aimait " a consigné les derniers entretiens de Jésus avec ses apôtres alors qu'ils se rendaient du Cénacle au jardin d'agonie. Ce sont les dernières effusions de tendresse du Cœur de Jésus à l'adresse de ses disciples.

Ses recommandations, elles se ramènent à deux : "Restez-moi intimement unis, comme le sarment au cep de vigne, en obéissant à mes commandements " et "Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. " Cet amour mutuel, la cérémonie du lavement des pieds nous le dira tout à l'heure, se traduira principalement dans le service, dans l'entraide mutuelle. Le dernier geste d'amitié, en effet, de Jésus pour ses disciples sera de se faire leur domestique, puisque, aussi bien, c'est le rôle de celui-ci qu'Il a voulu remplir à la dernière Cène pour nous donner l'exemple. " Si Moi le Maître et le Seigneur je vous ai lavé les pieds, vous devez, vous aussi, vous les laver c'est-à-dire vous servir entre vous ; je vous ai donné l'exemple pour que vous agissiez entre vous comme j'ai agi envers vous. "

Quant aux cadeaux que Jésus nous a légués comme souvenirs et comme signes de son amitié, il y en a également deux : la sainte Messe, l'eucharistie, et le sacerdoce. Ce ne sont pas là de simples objets-souvenirs, c'est la continuation et l'extension à toute la terre d'une part de sa divine présence et de son sacrifice par la consécration du pain et du vin, d'autre part la continuation à toute la terre de ses pouvoirs divins grâce à la consécration sacerdotale.

L'Eucharistie nous permettra de nous unir à son Sacrifice et de nous unir à Lui, si intimement que ce sera encore Lui qui en nous et à travers nous continuera sa vie, ici-bas, parmi les hommes.

D'autre part, Il a donné à ses Apôtres et à leurs successeurs les pouvoirs nécessaires pour poursuivre son œuvre et sa mission, pour nous éclairer, nous diriger, nous purifier, nous sanctifier, nous nourrir spirituellement et même nous guérir.

Aujourd'hui nous célébrons, nous fêtons ces deux inventions suprêmes de la tendresse du Christ : l'Eucharistie et le Sacerdoce.

Pour estimer ce legs à sa juste valeur, essayons d'imaginer, mes frères, ce que seraient nos vies si nous étions privés subitement de la Sainte Eucharistie, de la Messe, de la Communion, de la divine Présence du Christ au Tabernacle. Essayons d'imaginer ce que seraient nos vies, si subitement, nous n'avions plus de prêtres pour nous enseigner nous éclairer de la lumière du Christ, pour nous encourager nous soutenir, nous consoler comme l'a fait Jésus tout au long de se vie pour nous donner son pardon et nous aider à nous relever de nos fautes, pour nous remettre sans cesse sous les yeux l'Acte Suprême de son Amour pour nous dans le saint Sacrifice de la Messe, pour nous assurer sa présence sacramentelle, pour apporter enfin à nos malades le réconfort du Sacrement.

Est-ce que le peu de cas que nous faisons parfois de la Messe, de la Communion, de la présence du Christ au tabernacle ne semblerait pas montrer que nous n'apprécions guère ce legs suprême, de sa Tendresse à notre égard et Lui dire presque : " Tu ne nous as donné, Tu ne nous a laissé que " ça " !!! alors qu'Il a épuisé dans ce don sa tendresse et sa toute-puissance. Quelle horrible blessure pour le cœur d'un ami qui " s'est mis en quatre " pour nous faire un cadeau afin de nous témoigner toute son affection quand nous semblons lui dire, par toute notre attitude : " ce n'est que ça que tu me donnes ! ".

De grâce n'outrageons pas ainsi le Seigneur-Jésus qui a fait pour nous " des folies " en nous faisant ce don ... Traitons-Le au contraire, dans ce sacrement de son Amour avec tout le souverain respect qui Lui est dû. Que plus Il s'humilie, plus Il prend d'humbles apparences pour venir jusqu'à nous, plus notre amour nous fasse prendre la revanche en L'exaltant en Le vénérant, en L'adorant davantage.

Revalorisons aussi aux yeux de notre foi, le Sacerdoce de Jésus continué, comme son sacrifice et sa divine présence, sous des apparences parfois bien modestes, bien pauvres, bien décevantes qui risquent de le déprécier à nos yeux. Par delà le pauvre homme bien limité et si pêcheur, voyons la divine puissance du Christ encore en pleine action comme par delà les bien modestes et, bien pauvres apparences du pain et du vin consacrés nous savons déceler la présence réelle, du Corps et du Sang du Seigneur.

Enfin demandons-nous durant cette messe. quel cas nous faisons des dernière volontés et des dernières recommandations de Jésus ? Avons-nous le souci de vivre de plus en plus intimement soudés à Lui, le souci de faire sa divine volonté, le souci de Lui faire plaisir ?.. et pour ce faire, avons-nous le souci de vivre intensément entre nous cet amour fraternel tel qu'Il l'a vécu Lui-même ?…"Aimez-vous comme Je vous ai aimés ! "

Surtout que de tous nos cœurs ce soir, monte vers Lui une immense action de grâces.

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