Année A – NOËL : Messe de minuit


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Dieu nous invite en ce jour à célébrer les noces de son Fils…


Quelle sera l’épousée ?…

Notre humanité…

Non pas dans sa splendeur primitive…

Mais notre humanité tombée, déchue, pécheresse… car, tel l’enfant prodigue, elle a voulu folâtrer loin de Dieu…

Et c’est au moment où elle est tombée et déchue que le Fils de Dieu vient s’unir à elle pour la relever..

L’amour de Dieu lui a fait " enjamber " non seulement le fossé qui sépare la créature du Créateur, mais même celui qui sépare la Sainteté infinie de l’humanité pécheresse…

Comment après cela pourrions-nous avoir l’audace de nous prétendre les disciples du Christ si notre amour n’est pas assez fort pour passer par-dessus toutes nos divisions raciales, sociales, politiques… ?

Si nous voulons maintenir ces séparations, si nous voulons faire encore acception de personnes… ne célébrons pas ce Noël… surtout n’approchons pas de la table de famille par la sainte communion : nous ferions un péché contre l’Incarnation que nous prétendons célébrer en ce jour !

 


HOMELIE

 

QUELLE MESALLIANCE !… QUELLE MESALLIANCE DE TAILLE !…

En ce jour de Noël, nous sommes invités à une noce, à la noce la plus prestigieuse qui fut jamais !… Dieu nous invite à célébrer les noces de son Fils !…. " Le royaume des cieux ", dit le Seigneur Jésus, " est semblable à un roi qui voulut célébrer les noces de son fils. " (St Matthieu, ch. 22, v.2).

Quelle sera donc l'élue, la choisie ? Quelle sera la fiancée ? Belle entre les belles, noble entre les nobles, riche entre les riches ! Et quelle ne sera pas sa parure !

Détrompez-vous, détrompez-vous !

Riche, oui, elle le fut. Noble et grande princesse, elle le fut. Son père l’avait richement parée et dotée. Mais un jour elle lui dit : " Père, donne-moi ma dot, je veux quitter la maison, je veux courir l’aventure ! " - " Quoi ! ma fille, tu veux me quitter ? " - " Je veux courir ma chance, je veux ma liberté ! " - " Tu n’es plus une enfant, je ne saurais te retenir malgré toi ! ". Et l’étourdie a voulu folâtrer et faire sa vie loin des regards et des reproches paternels. Elle a " fait la noce ", elle a tout perdu, on lui a tout volé : ses bijoux, sa richesse, sa beauté, sa jeunesse, sa dignité ! Elle est devenue la pauvresse, celle qui va traînant à travers les rues, la mendigote, celle qui sollicite les passants ; elle est devenue la pécheresse ; on l’appelle peut-être " Marie de Magdala " !

C’est donc fini, amis et invités, retournez donc chez vous. La noce n’aura pas lieu, les fiançailles sont rompues !

Mais non : regardez donc, le fils de ce grand roi s’avance.

Oui, c’est alors qu’elle était abandonnée de tous, méprisée de tous, alors qu’elle était devenue la pauvresse, la pécheresse, la lépreuse, que le fils du roi s’est épris d’elle…

" Non ! tu n’épouseras pas cette malheureuse, ta dignité s'y oppose, ta sainteté s’en offusque, ce serait une mésalliance ! " Entendez : " Plus elle est pauvre et plus je veux l’enrichir ; plus elle est salie et défigurée et plus je veux l’ennoblir ; plus elle est ingrate et infidèle et plus mon amour la poursuivra ! " Et les anges orgueilleux se sont révoltés - c'est trop fort - ils ont déserté la salle festin et ils s'en sont allés...

Serviteurs, majordomes, allez, allez donc, il y a de la place au banquet, allez par les rues et les sentiers, battez les buissons et les haies de la campagne, rassemblez tous les gens que vous rencontrerez, riches et pauvres, le mage et le berger, que chacun vienne lui aussi avec le plus pauvre, le plus méprisé, le plus délaissé, le plus abandonné, le plus meurtri, le plus oublié, le plus petit…

-oOo-

Chrétiens, comprendrez-vous, en cette nuit, cette parabole de Jésus-Christ !

Noël ! Un grand roi fit les noces de son fils ! Noël, c’est la fête des épousailles du Fils de Dieu avec notre pauvre humanité pécheresse... Oui, l’amour de Dieu a fait ce tour de force, ce miracle : unir ces deux extrêmes : la Majesté souveraine, la Sainteté infinie d'un Dieu, avec notre pauvre humanité réduite à l’état le plus faible, le plus pauvre, le plus humble, réduite à la forme un petit enfant bien pauvre, d'un petit enfant couché sur la paille de la crèche !

" Mes frères ", s’écriait St Paul, " ayez en vous-même les mêmes sentiments que ceux qui furent dans le Christ Jésus ; lui, bien qu'il fût de condition divine, ne garda pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s'est anéanti lui-même, prenant la condition d'esclave, en. tout semblable aux hommes, il s’est comporté en homme ! "

Si l’amour a su combler le fossé qui séparait la Divinité de l'humanité pécheresse, quel fossé ne pourra-t-il combler désormais ? Aussi bien pour un chrétien il ne peut plus y avoir de fossé que la charité ne puisse combler. Pour le chrétien il ne peut plus y avoir de distinction de classe, ni de race, ni de caste. " Dans le Christ Jésus ", dit St Paul, " il n'y a plus de distinction d'homme libre et d'esclave juif et de non juif, de civilisé ou de barbare ! mais vous êtes tous unis dans le Christ. " (Colossiens, ch. 3, v. 11 – Galates, ch. 3, v. 28).

Aussi bien dans son berceau, dans la personne des bergers et des Mages, Jésus convoque les savants et les ignorants, les riches et les pauvres, les juifs et les non juifs.

Chrétiens, fêtez Noël, c'est-à-dire les épousailles de Dieu avec notre humanité, que si vous acceptez de ne faire entre vous aucune distinction de personne, que si vous vous sentez en communion avec vos frères, avec tous vos frères, sans exception, en communion d’estime et de charité, par-dessus toutes les différences sociales, politiques, raciales. C’est la loi même depuis l’Incarnation du Fils de Dieu. Ne pas l’accepter, ce serait vous mettre au rang de ces anges déchus que l’on appelle les démons et qui, aux dires des Pères de l’Eglise, n’ont pas voulu accepter cette mésalliance du Fils de Dieu et on été exclus du festin éternel.

S’il y a dans notre cœur quelques mépris, quelque rancœur, quelque exclusive, refusons-nous à nous-mêmes de célébrer Noël, notre attitude jurerait trop avec le style de ces divines épousailles.

 

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