Année A – Dimanche de la Pentecôte


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

1°) Importance de " l'esprit de famille", déjà dans une famille humaine - a fortiori dans la famille de Dieu.

2°) L'Esprit de la famille de Dieu, l’esprit chrétien, est à l’antipode de l'esprit du monde...

3°) Nous ne pouvons acquérir cet Esprit, cette mentalité surnaturelle, qu'avec L'aide de l'Esprit Saint.

Conclusion : donner ce sacrement aux enfants dès qu'ils peuvent désirer copier Jésus.
Ravivons en nous la grâce de ce sacrement.


HOMELIE

 

"NON ! CE N'EST PLUS NOTRE FILS ! ... CE N'EST PLUS NOTRE FILLE !…"

C'est la plainte douloureuse qui s'exhale parfois du cœur navré, démoli, catastrophé de pauvres parents au retour de leur enfant après une longue absence.

"CE N'EST PLUS NOTRE ENFANT !"

Et pourtant, leur sang coule toujours dans ses veines... mais il n'a plus du tout "l’esprit de famille" ! Il n'a plus du tout la même façon de voir les choses, il n'a plus les mêmes goûts, les mêmes idées, les mêmes façons de faire, les mêmes sentiments, il n'a plus la même mentalité que ses parents... "Non, non, ce n'est plus notre enfant !..."

Oui, mes frères, déjà dans une famille humaine, charnelle, on dirait que les liens du sang ne sont rien s'il n'y a pas les liens de l’esprit, s'il n'y a pas la même mentalité. Un enfant qui a perdu l'esprit de famille, ne fait pour ainsi dire plus partie de la famille. Ses parents eux-mêmes le renient...

Qu'en sera-t-il alors pour une famille essentiellement spirituelle comme est l’Eglise, ou la communauté paroissiale ? Qu'en sera-t-il pour la Famille de Dieu qui, Lui, est Esprit ? Si nous n'avons pas les mêmes idées que Lui, les mêmes goûts, les mêmes manières de faire que Lui, nous ne serons vraiment pas ses enfants, nous ne ferons pas vraiment partie de sa Famille. Pour être vraiment chrétien, pour être vraiment un enfant de Dieu, pour pouvoir faire partie de la famille de Dieu dès cette terre, pour pouvoir entrer plus tard au ciel, il ne suffit pas que Dieu nous ait pardonné nos péchés, il faut encore ressembler à Jésus : avoir la même façon de penser, les mêmes idées, les mêmes goûts, les mêmes façons de faire que Jésus Lui-même, en un mot avoir le même Esprit, la même mentalité que Jésus-Christ. Saint Paul le dit explicitement : "Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, ce n'est pas un chrétien." (Epître aux Romains, ch.8, v.9) Et encore : " Ce sont ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu qui sont enfants de Dieu." (Romains,.ch.8,v.14)

Cet Esprit, c'est le dénominateur commun qui unit les membres de la famille de Dieu si divers par leur âge, leur origine, leur condition sociale, leur travail. Enlevez cette communauté d'Esprit, aussitôt toute cette famille se désagrège. Les liens entre ces êtres si différents sont rompus et rompus aussi les liens qui les rattachaient tous à Dieu et les unifiaient tous en Lui.

CET ESPRIT DU CHRIST, CETTE MENTALITE DU CHRIST, ELLE EST TOUTE DIFFERENTE DE LA MENTALITE DU MONDE.

Je le dis souvent à nos enfants et je peux en dire autant pour vous les adultes : il nous arrive parfois, lorsque nous avons été dans un groupement ou à une réunion quelconque, de revenir écœurés en disant : "Vraiment, quel sale esprit il y a dans ce groupement ! Quel sale esprit a régné dans cette réunion. C'est un esprit vraiment "moche" écœurant." D'autres fois, au contraire, on revient emballés : "Ah ! quel chic esprit ! Comme on s'est plu à cette sortie, à cette réunion-là !" . Vous pensez alors si l'esprit chrétien, l'esprit des enfants de Dieu, l'esprit du Christ, ce doit être un "chic" esprit ! Un esprit " du tonnerre " ! C'est cet esprit-là qui doit régner dans la communauté chrétienne si nous voulons qu'il y fasse bon vivre, si nous voulons y goûter comme un avant-goût du ciel, si nous voulons aussi que les gens aient envie de venir avec nous.

Quelle différence entre cet esprit, cette mentalité chrétienne et l'esprit du monde, la mentalité du monde ?

Dans le monde, on se moque pas mal de Dieu, en tout cas on ne se préoccupe pas beaucoup de Lui, on le "plaque" facilement. Jésus, Lui, veut que nous aimions Dieu avec la tendresse d'un enfant, "de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces". Il veut que ce soit toujours Lui le plus aimé, le premier servi ! Que nous n'ayons qu'un souci : qu'Il soit vraiment "le Roi" en nous et autour de nous. "Cherchez d'abord et avant tout le royaume de Dieu." (Matthieu, ch.6, v.33) Et il nous fait demander chaque jour à Dieu dans notre prière : "Que ton règne arrive !"

Dans le monde, les gens cherchent à se rouler les uns les autres. Jésus, Lui, demande que la parole d'un chrétien vaille un serment : "Dites toujours oui quand c'est oui et non quand c'est non !" (Matthieu, ch.5, v.37).

Dans le monde, on essaie de "se pousser", de se faire servir par les autres, de les exploiter ; c'est le système "débrouille", le "système D". Jésus, Lui, veut que l'on mette ses dons et ses talents au service de ses frères. Il veut que le riche partage avec le pauvre tout ce qu'il a.

Dans le monde, on aime ses amis, on fait du bien à ceux qui vous en font. Jésus, Lui, demande que nous ayons assez de grandeur d'âme, assez de noblesse de cœur, pour aimer même ceux qui nous ont fait du mal pour triompher du mal par le bien. Que nous ayons assez de grandeur d'âme pour pardonner non pas seulement 7 fois comme le proposait généreusement le brave Saint Pierre (et c'était déjà pas mal), mais 77 fois 7 fois, c'est à dire toujours ! (Matthieu, ch.5, v.44-48 et ch.18, v.21-22)

Dans le monde, on se dispute, on se chicane pour des riens. Jésus, Lui, nous demande de souffler, d'étonner notre adversaire, de le méduser, de l'estomaquer par notre générosité, en lui donnant plus qu'il nous demande : "A celui qui veut t'enlever ton manteau, donne aussi ta veste, à celui qui te frappe sur la joue droite, tends aussi la joue gauche !" (Matthieu, ch.5, v. 38-42)

Dans le monde, on se traite de tous les noms, on s'injurie facilement. Jésus, Lui, nous demande d'avoir assez de respect pour notre frère, cette image de Dieu, pour ne jamais le traiter de "crétin" ou de "fou". (Matthieu, ch.5, v.22-23).

Dans le monde, quand on fait le bien, on cherche à se mettre en avant, à se montrer, à se vanter. On est "bêcheux" ! Le chrétien, lui, doit être simple, naturel ; Jésus nous dit de nous moquer du "qu'en dira-t-on ?" pour ne nous préoccuper que du "qu'en dira Dieu ?" (Matthieu ch.6, v.1-7).

Dans le monde, on se moque de l'amour et de tout ce qui sert à donner la vie. Le chrétien, lui, doit respecter tous les organes, tous les appareils merveilleux que Dieu a mis en nous pour transmettre la vie. Les époux chrétiens doivent s'aimer comme jamais ils n'ont aimé, comme jamais ils n'aimeront personne au monde, et çà, pour toute leur vie. Jésus veut que l'on soit fidèle jusqu'au fond du cœur à ce serment que l’on s'est fait : "Je t'aime, je t'aimerai comme nul autre au monde ! " (Matthieu, ch.5, v.27).

Vous voyez, c'est tout autre chose, c’est un tout autre esprit, c'est une toute autre mentalité ! C'est emballant, certes, parce que c'est beau et que c’est le vrai secret du bonheur, le secret d'un chic esprit qui fait que tout le monde est joyeux.

Mais ce n’est pas facile, vous vous en doutez bien, vous le savez bien.

CETTE MENTALITE DU CHRIST, CET ESPRIT DE LA FAMILLE DE DIEU. CET ESPRIT SURNATUREL, SURHUMAIN, NOUS NE POURRONS L'ACQUERIR QUE SI L'ESPRIT DE DIEU, LUI-MEME, LE SAINT ESPRIT. VIENT NOUS AIDER.

Comment voulez-vous, en effet, que nous arrivions à avoir les même idées, les mêmes goûts, les mêmes façons de faire que Jésus, que Dieu Lui-même ? Naturellement, c'est impossible, jamais nous ne pourrons y arriver tout seuls, c’est au-dessus de nos forces. Pour y réussir, il faudra que Dieu nous donne son Esprit, l'Esprit Saint, qui viendra nous aider à acquérir de plus en plus la mentalité de Dieu Lui-même, les mœurs, si je puis dire, de Dieu. "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Soyez miséricordieux comme votre Père du ciel !" (Matthieu, ch.5, v.48 - Luc, ch.6, v.35-36 ).

Les Apôtres eux-mêmes, avant la venue du Saint Esprit, n’arrivaient pas à penser comme Jésus. Un jour, Jacques et Jean arrivent furieux. Le Seigneur les avaient envoyés chercher un abri dans un bourg de Samarie où il devait passer et les gens ne les avaient pas très bien reçus ! Alors ils auraient voulu que Jésus fasse tomber la foudre sur ce village pour les punir. Vous voyez ça : obliger les gens à recevoir de force Jésus, sinon, gare a eux, ils vont être foudroyés ! Et Jésus les attrape durement : "Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes." (Luc, ch.9, v. 51-57)

Une autre fois, Jésus vient de parler de sa Passion et Saint Pierre, le brave Saint Pierre, veut l'empêcher d'y aller : "Vous n'y pensez pas, Seigneur, non, ça, ça ne vous arrivera pas", et Jésus est obligé de le rabrouer vertement : "Arrière, Pierre, tu es pour moi un tentateur, un Satan ! Ta façon de penser n’est pas celle de Dieu, mais celle des hommes." (Matthieu, ch. 16, v. 21 24)

Un autre jour, c’est encore Jacques et Jean qui se figurent que Jésus va prendre le pouvoir et devenir roi, un roi comme les autres. Alors ils poussent leur maman à aller demander, pour eux, les bonnes places dans ce royaume. Jésus, encore une fois, est obligé de leur faire comprendre : "Vous n y êtes pas ! Oui, chez les païens on cherche à se pousser pour être chefs, parce que le chef, c'est celui qui commande, qui se fait servir par les autres, mais chez vous, dans votre groupe, ce devra être tout autre chose, ce ne sera pas le même esprit. Celui qui sera le chef devra se faire le serviteur des autres, comme MOI qui ne suis pas venu pour me faire servir mais pour servir et donner ma vie en rançon pour les autres ." Ah oui ! c'est tout autre chose ! (Matthieu, ch.20,v. 20-28 ) (Marc, ch.10,v. 35-46 et Luc, ch.22,v.24)

Cette idée que Jésus va prendre le pouvoir, délivrer le pays des occupants, des Romains, et lui rendre son indépendance politique, les Apôtres l'ont eue jusqu'au dernier jour, nous l'avons vu. Le jour même du départ du Seigneur, le jour même de l'Ascension, Jésus vient d'expliquer à ses Apôtres d'avoir à attendre quelques jours à Jérusalem jusqu'à ce qu'Il ait envoyé son Esprit qui leur permettra d'étendre son royaume. Mais eux, ne pensent qu'à l'indépendance et à l'hégémonie politique de leur petit pays. "Ah ! c'est maintenant que tu vas restaurer le royaume d'Israël !" Pauvre Jésus ! Le voilà arrivé à la fin de son séjour visible ici-bas et ses Apôtres, ses intimes, n'ont pas encore compris, ils n'ont pas les mêmes idées que Lui. Oui, il faudra qu'il leur envoie "son" Esprit, le Saint Esprit, pour que, comme Il le leur avait prédit, Il leur rappelle et leur fasse comprendre tout ce qu'Il leur avait dit (Saint Jean, ch.14,v.25-26).

Répétons-le avec Saint Paul, "on ne peut pas être chrétien si on n'a pas reçu l'Esprit du Christ." (Romains, ch.8, v.9) "Ceux-là seuls qui sont conduits, possédés par l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu." (Romains, ch.8,v.14)

Si le Baptême souligne que pour être disciple du Christ il faut renoncer au mal et être purifié du péché, C'EST LA CONFIRMATION QUI VIENT SOULIGNER QUE, POUR ETRE CHRETIEN COMPLET, IL FAUT ETRE POSSEDE PAR L'ESPRIT DE JESUS-CHRIST.

Le fait de demander ce sacrement montre que nous sommes bien conscients que c'est L'Esprit Saint seul qui peut, avec notre collaboration certes, nous inspirer les mêmes idées, les mêmes sentiments, les mêmes goûts, les mêmes attitudes que Jésus-Christ. Au fur et à mesure qu'avec cette aide de l'Esprit Saint nous acquerrons l'esprit chrétien, au fur et à mesure que nous aurons les mêmes goûts, les mêmes façons de voir que Jésus, sa Loi, au lieu d'être pour nous une Loi à laquelle on obéit un peu par peur, deviendra pour nous quelque chose d'emballant, un idéal. Nous l'observerons, non pas comme une corvée et par peur, mais parce que nous serons complètement d'accord avec Jésus, parce que nous penserons et nous voudrons comme Lui. C'est ainsi que des enfants en devenant grands n'obéissent plus aux parents par peur mais parce qu'ils pensent et veulent à l'unisson avec eux, parce qu'ils ont leur esprit.

Tout pénétré de cet Esprit du Christ, le chrétien pourra alors être son témoin . "Vous recevrez l'Esprit Saint, avait dit Jésus à ses Apôtres le jour de l'Ascension, et vous serez mes témoins jusqu'aux confins de la terre." Témoins en témoignant du Christ par nos paroles, oui ; mais témoins surtout dans le sens où aujourd'hui encore on parle d'un "appartement-témoin", c'est-à-dire qui montre ce que seront les appartements que l'on veut construire. Animé par cet Esprit du Christ, le chrétien, lui aussi, montrera un peu au monde, de façon visible, ce qu'est Jésus-Christ, encore une fois ses pensées, ses façons de voir, ses façons d'agir et dès lors, comment ce chrétien ne serait-il pas attrayant ? Le voilà le véritable apostolat !

Un mot encore. Puisque nous ne pouvons acquérir cette mentalité, cet esprit chrétien, puisque nous ne pouvons devenir semblables au Christ que si nous sommes possédés par l'Esprit Saint, vous voyez combien il est avantageux de recevoir cet Esprit le plus tôt possible. Dès que l'enfant est capable de désirer imiter Jésus-Christ, de ressembler à Jésus. Alors, quel scandale aujourd'hui quand les responsables de l'aumônerie catéchuménale exhortent leurs membres "à faire la grève de la confirmation" !... "à ne pas encourager les enfants à la recevoir alors qu'ils ne peuvent pas la comprendre." Un enfant ne peut-il pas désirer imiter Jésus et se rendre compte qu'il ne peut y arriver tout seul ? Et comment ces responsables peuvent-ils demander de repousser la confirmation à l'entrée dans l’âge adulte, à "l'entrée dans les responsabilités de la vie politique" (sic) alors que justement Jésus, au jour de l'Ascension, a opposé l'extension de son règne par la vertu de l'Esprit Saint à son extension par la politique ! par la reprise en mains par sa nation du pouvoir politique ?

Mes frères, demandons plus que jamais à l'Esprit-Saint de nous posséder de plus en plus. Ravivons en nous la grâce de notre confirmation. Mettons-nous de plus en plus sous la mouvance de cet Esprit pour nous conformer de plus en plus au Seigneur Jésus-Christ

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