Année A – Solennité de la Toussaint


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

I. Beaucoup applaudissent les saints

La gloire du ciel = le bravo de Dieu à l'adresse de ceux qui ont fait "but"…
L'Eglise nous invite aujourd'hui à nous y associer…
L'humanité saine, toute entière, s'y associe en reconnaissant que les saints sont pour elle porteurs de bonheur.
Cet applaudissement remonte au Christ, leur entraîneur, et aussi à son Eglise…

On l'attaque assez pour qu'aujourd'hui, au moins, on reconnaisse ce qu'elle a donné au monde dans la personne des saints…
Elle est la seule institution qui a l'audace de présenter au monde certains de ses membres comme étant des saints…


II. Certains enragent… et montrent le poing

parce que le saint est la condamnation vivante de leur façon de se comporter…

D'autres "rigolent", se moquent…
peut-il y avoir des "petits saints" ?
ce qu'est un saint.

III. Nous ambitionnons de les copier…

L'Epître aux Hébreux présente la vie chrétienne comme une compétition. Les saints sont les supporters…

Jésus, dans les béatitudes, nous indique le chemin qui conduit au bonheur du ciel… mais aussi au bonheur sur cette terre, tant pour celui qui pratique ces vertus que pour son entourage.

IV. Conclusion

Féliciter les saints, spécialement les "nôtres"…
Les imiter en nous lançant avec plus d'ardeur dans l'arène.


HOMELIE

 

BEAUCOUP APPLAUDISSENT… CERTAINS ENRAGENT ET MONTRENT LE POING… D'AUTRES "RIGOLENT" ET SE MOQUENT… NOUS VOULONS COPIER…

ET VAS-Y BEBERT... et ça y est… "but" !… Bravo ! bravo !
Et vas-y Jacquot... et ça y est… "but" !… Bravo ! bravo !
Et vas-y Victor... ! bravo ! le but est rentré !

Ce bravo, il est répété des milliers et des milliards de fois, toutes les fois qu'un élu de Dieu entre dans le ciel ! C'est Jésus lui-même qui l'a dit dans l'Evangile : « Bravo ! bon et fidèle serviteur ! Entre dans la joie de ton Maître ! » (St Matthieu, ch.25, v21).

Qu'est-ce, en effet, que la gloire du ciel ?

C'est le bravo que Dieu adresse à ses élus, c'est l'applaudissement de Dieu, les félicitations de Dieu, et aussi celle de tous les saints à l'adresse de tous ceux qui ont mené le bon combat et qui ont fait "but" !

Aujourd'hui, l'Eglise nous invite à nous unir à cet applaudissement divin pour chanter cette victoire de ses héros et de ses saints, de tous nos aînés qui sont parvenus au but !

Oui, ce bravo divin à l'adresse des saints trouve un écho jusque sur cette terre. L'humanité toute entière, l'humanité qui est sincère, cette humanité-là applaudit les saints et donc, par ricochet, le Christ qui leur a donné le mot d'ordre, qui leur a donné la formule, qui leur a donné la force, qui leur a donné l'exemple.

Si l'on veut réfléchir, en effet, quelque peu, on est bien obligé de reconnaître que les saints ont été de vrais bienfaiteurs pour l'humanité et qu'ils ont semé la joie sur la terre. Ah ! s'ils se sont dépouillés, s'ils se sont donné aux autres, est-ce qu'ils n'ont pas semé après eux une traînée, un sillage de bonheur ? S'ils ont gardé leur pureté, leur clarté, est-ce qu'ils n'ont pas donné à des cœurs généreux, des cœurs jeunes, un grand espoir et de grands rêves, bien plus que ceux qui ont roulé dans la fange et les pourris ? S'ils ont lutté pour la justice, s'ils ont été persécutés, s'ils ont été mis à mort, s'ils ont été bafoués, est-ce qu'ils n'ont pas apporté au monde la plus belle des révélations, à savoir que, justement, au dessus de toutes les banalités de la terre, au dessus de cet horizon terrestre, il y avait quelque chose d'immensément plus grand : la vérité, la justice… Dieu ! Ce n'est pas rien, ça ! Supprimez cela de la terre : qu'est-ce qu'elle va devenir ? L'enfer, je vous dis, l'enfer, je vous répète… Les hommes vont se dévorer : à moi la couverture, à moi le bon morceau, tant pis pour les autres, qu'ils crèvent si moi, je puis vivre plus longtemps ! C'est vrai ça ou ce n'est pas vrai ?

Oui, toutes les fois qu'un saint, qu'une ébauche de saint passe quelque part, tout le monde court après lui, tout le monde veut le voir, l'admirer ; il sème la joie sur son passage… On dirait que c'est Dieu lui-même qui passe, un pâle reflet de Dieu, de la beauté de Dieu : tout le monde veut le saisir, pour le garder pour soi… « Reste avec nous. Quel vide, quelle catastrophe si tu partais !... »

Et ainsi, chacun témoigne, à sa façon, que la seule, l'unique chance de vrai bonheur apporté à la terre, c'est la sainteté, et chacun témoigne à sa manière, qu'une fois de plus Jésus a raison !

Et chacun, à son corps défendant peut-être, rend hommage à l'Eglise, à l'Eglise de Jésus-Christ, car elle y est tout de même peut être bien pour quelque chose dans la "fabrication des saints" ! Non ??! Elle est même la seule association, la seule institution qui ait l'audace de présenter au monde tel ou tel des siens, de le mettre sur le pavois, en défiant qui que ce soit de trouver en ce personnage quelque chose à redire… Oui, nous la critiquons assez, cette pauvre Eglise, notre Mère l'Eglise, nous la chargeons assez de tous les défauts, pour que, aujourd'hui tout au moins, en saluant les saints, nous reconnaissons ses réussites !

ILS ENRAGENT… ILS MONTRENT LE POING…

Si l'humanité saine applaudit et approuve les saints, il en est cependant qui ne peuvent les supporter.

Entendez exprimée dans ce livre de la Bible qu'on appelle la Sagesse, la rage des impies et des dévoyés lorsqu'il leur arrive d'aventure de rencontrer un saint ! un vrai ! : « Il condamne ce que nous faisons... son genre de vie jure avec celui des autres... sa conduite est excentrique ! Il nous est un reproche vivant ! Supprimons-le ! » (Livre de la Sagesse, ch.2, v.10 à 21).

Que deviendrait la terre si les saints disparaissaient ? Ce serait l'enfer, l'enfer vous dis-je, car le peu de vrai bonheur qu'il peut y avoir ici bas, le peu de joli, le peu d'enthousiasme, le peu d'idéal, le peu d'amour, en définitive ce sont les saints (entendez ceux qui vivent "à la mode de Jésus-Christ") qui l'apportent...

ON RIGOLE ! C'est le plus souvent la façon dont ces pauvres gens essaient de se débarrasser du saint… en le tournant en ridicule ! « Le ridicule tue ! » dit-on.

Ah ! Ah !… le petit saint ! la sainte-nitouche ! et ils sont fiers de se moquer…
Un petit saint ! Est-ce qu'il y a des saints petits ?... Est-ce qu'il y a des saints mesquins ?... Est-ce qu'il y a des saints ratatinés, rabougris, repliés sur eux-mêmes ? Ce ne sont plus des saints ! Un saint, c'est quelqu'un qui a ouvert son cœur aussi large que le monde, aussi large que le cœur de Dieu ! Un saint, c'est quelqu'un qui a ouvert son esprit à fond qui n'a pas voulu se borner à cet horizon terrestre, mais qui a voulu chercher plus loin... C'est un chercheur de vérité, un saint ! Et vous appelez cela un petit, un petit saint, un petit nigaud ?... Un saint, c'est quelqu'un qui a triomphé de ses passions et qui sait se commander. Y en a-t-il beaucoup parmi ceux qui rigolent ?... Ils ne sont pas nombreux !

Saint Paul comparait la vie chrétienne à une compétition sur le stade. Un de ses disciples, dans l'Epître aux Hébreux, parlant à ses compatriotes juifs de leurs glorieux ancêtres dans la foi, concluait en disant : « Entourés d'une si grande nuée de témoins - nous dirions, nous, de supporters - rejetons le péché et courons l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur notre entraîneur à tous, le Christ Jésus qui, lui, a préféré la croix à la joie et qui a lutté jusqu'au sang contre le péché. » (Epître aux Hébreux, ch.12 ,v.4).

C'est qu'en effet, nous aussi, nous devons courir cette épreuve, soutenus, encouragés par tous ces saints, comme nos supporters. Le Seigneur, dans cet Evangile, nous trace la voie pour parvenir à ce bonheur, au bonheur éternel, certes, mais aussi au bonheur pour nous-mêmes et pour les autres, dès cette terre.

« Heureux les pauvres de cœur ! » C'est-à-dire ceux dont le cœur n'est pas accroché à la richesse qu'ils garderaient égoïstement pour eux-mêmes, mais qui, au contraire, sont détachés de leur richesse et mettent leur joie à en faire profiter les autres, "à faire des heureux" en distribuant leurs richesses financières ou en faisant profiter les autres des dons dont le Seigneur les a enrichis… Ne croyez-vous pas que, dès ici-bas, ils sèment plus de joie et sont plus heureux que l'avare replié sur lui-même qui vit dans la peur que sa richesse ne lui échappe ?

« Heureux les doux car ils posséderont la terre ! » Les doux, cela veut dire ceux qui respirent la bonté ; ceux-là, ce sont "les rois" sur la terre, tout le monde les réclame, tout le monde veut aller avec eux parce qu'on sent cette bonté qu'ils respirent par tous leurs pores ! Ne croyez-vous pas que, eux aussi, ils sèment la joie et, qu'ainsi aimés et entourés, ils sont plus heureux que celui qui trouve un plaisir sadique à faire souffrir les autres, à chercher la petite bête ?

« Heureux les affligés », dit le Seigneur, car, oui, dans son royaume, celui du ciel certes, mais aussi celui de la terre, dans sa communauté, si elle est authentique, tous leurs frères seront là pour les aider et consoler…

« Heureux les miséricordieux ! », ceux qui sont assez grands, assez nobles pour ne pas rendre le mal pour le mal, mais qui répondent au mal par le bien. Ceux-là, ils rendent heureux puisqu'ils donnent aux autres plus que leur droit ! Ceux-là sont déjà heureux parce qu'ils dominent leurs réflexes, le réflexe de vengeance... Ils sont maîtres chez eux !

« Heureux les pacifiques ! » qui ne peuvent supporter la guerre, non seulement à l'échelon national ou international, mais à l'intérieur d'un foyer ou d'un groupe, et qui s'ingénieront pour pacifier, mettre la petite goutte d'huile pour que "ça tourne rond"... C'est si précieux, c'est un bonheur, la bonne entente et la paix !... Et, ne croyez-vous pas que ceux-là sont plus heureux, dès ici-bas, que ceux qui cherchent constamment à entretenir la dispute et la guerre ?

« Heureux les cœurs purs ! » Là, il n'y a qu'à ouvrir les yeux. Regardez la tête d'un vicieux et regardez la frimousse d'un cœur pur : de quel côté se trouve l'entrain et la joie ? Le vicieux a du plaisir, un plaisir qui le ravale au rang des bêtes, il n'a pas la joie ! Le vicieux salit un corps et éteint une âme, le cœur pur l'épanouit !

« Heureux les assoiffés de justice ! » Cela veut dire tout d'abord, au sens du mot justice dans l'Ecriture, ceux qui essaient constamment de se dépasser eux-mêmes parce qu'ils sont happés par la beauté de Dieu, par la beauté de l'idéal évangélique ! Mais cela veut dire aussi ceux qui ne peuvent pas supporter de voir sur notre terre tant et tant d'injustices, qui en sont révoltés et qui "y mettront le paquet" pour que ça change… Il est bien évident que, par cette lutte et par ce dépassement, ils apportent du bonheur. Mais il n'est pas moins évident qu'ils sont plus heureux plus dynamiques que ceux qui pratiquent l'injustice et se complaisent dans leur soi-disant perfection !

« Heureux, enfin dit le Seigneur, ceux qui seront persécutés pour la justice : grande sera leur récompense dans les cieux ! » Le Seigneur ne nous dore pas la pilule ! il nous avertit : tu veux faire le bien, tu veux vivre mon idéal, tu veux me ressembler ? Attention ! Ce sera sur toute la ligne, y compris la calomnie, y compris la persécution parce que, nous l'avons dit, celui qui fait le mal ne peut supporter à côté de lui quelqu'un qui est possédé par un élan, par un idéal par une foi... Pourquoi ? Sinon parce qu'au fond de lui, il l'envie, il en est jaloux... il le sent plus heureux !...

En cette fête de Toussaint, mes frères, associons-nous donc à l'applaudissement de Dieu et félicitons les saints.

Parmi eux il y en a assurément qui nous touchent de très près, que nous avons connus tout particulièrement : membres de notre paroisse, membres de nos familles ou du groupe de nos amis et connaissances.

Plus que jamais aujourd'hui évoquons leur souvenir, rappelons-nous leurs exemples, leurs vertus. Qu'ils soient pour nous des entraîneurs, des supporters dans la compétition que nous devons entreprendre à notre tour. Lançons nous dans l'arène avec plus d'ardeur que jamais, persuadés que Jésus, notre chef de file, nous a tracé la voie du vrai bonheur dès ici-bas et pour toujours.

 

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