Année B – 2ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Le TOTEM... "Agneau de Dieu"…
Ce que cela pouvait évoquer pour les disciples de Jean-Baptiste...
Jérémie… Isaïe… l’agneau pascal… l’agneau immolé au Temple…

Jésus est réaliste : « Venez et voyez »….
« Jugez sur pièces », c’est tout le contraire de l’endoctrinement.

Faire l’expérience du Christ : dès qu’on approche, on est conquis… Il est contagieux.
On devient soi-même contagieux, tant on est pénétré de Lui...

Exemple de St André...
Cette "contagion" se propage de proche en proche :
Saint André amène au Christ son "plus proche", son frère…
Pour cela, il a su par quel biais le prendre...

Application :

Faisons nous-mêmes l’expérience du Christ... Approchons-le...vivons-le...

Après cela nous deviendrons "contagieux".

Mais, attention ! La "contagion" se propage de proche en proche.
Danger de vouloir agir à un échelon qui nous dépasse...

Agir sur le plus proche = but de l'Action Catholique...
Si chacun agissait sur son "plus proche"... on doublerait !
Pour nous, prêtres : travailler à faire de notre paroisse une communauté chrétienne authentique...

Chaque paroissien pourra alors faire "voir" à son plus proche ce Christ prolongé = réalisme !
Exemple de nos groupements.

A l’exemple de Saint André savoir déceler dans notre "plus proche" ce qui est déjà appel vers le Christ-Messie, vers le Christ Sauveur…
A la Communion, nous aussi nous prenons contact avec « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » ! Nous recevons une "hostie"…


HOMELIE

REALISTE et CONTAGIEUX JESUS-CHRIST.. !

Un "TOTEM". Il lui avait donné un "totem" au Christ, son cousin Jean-Baptiste ! et ce, par deux fois, coup sur coup, à deux jours de distance ! : « Voyez celui qui passe là-bas, c' est l’AGNEAU de Dieu  ! » (St Jean ch. 1, v. 29 et v. 35-36)

"L'AGNEAU de DIEU" ! Quels souvenirs, quelles images cette expression pouvait évoquer dans l’esprit de ces disciples de Jean-Baptiste habitués à lire et à relire la Bible ?

« L’agneau de Dieu », cela évoquait pour eux le souvenir du prophète Jérémie persécuté parce qu'il prit la vérité, parce qu’il proclamait les droits de Dieu sur son Peuple et qu'il s’écriait : « Je suis comme un agneau familier que l'on conduit à l'abattoir ! » (Jérémie, ch. 11, v. 19).

« L’Agneau de Dieu », cela évoquait sans doute dans l'esprit de ces bons juifs ce passage du prophète Isaïe décrivant les souffrances du « Serviteur de Dieu » qui, a pris sur lui toutes nos iniquités et qui, affreusement traité, n'ouvrait pas la bouche « comme un agneau conduit à la boucherie, comme devant les tondeurs une brebis muette et n’ouvrant pas la bouche » (Isaïe, ch.53,v.7).

« L'agneau de Dieu » pour des juifs, cela évoquait l'agneau pascal dont le sang avait protégé les Hébreux contre l'Ange-Exterminateur !

L'agneau, c'était aussi la principale des victimes que ce peuple de pasteurs offrait à Dieu en son Temple pour se rappeler, de façon impressionnante pour eux, que Dieu était le Maître Souverain, que tout lui appartenait car tout venait de Lui, afin qu'imprégnés ainsi de cette conviction, ils la fassent passer dans leur vie en obéissant ensuite parfaitement à leur Seigneur et Maître.

En tout cas, quoi qu'il en soit, les deux disciples de Jean-Baptiste ont été frappés par cette parole de leur Maître désignant le Sauveur : « Voici l'Agneau de Dieu ».

Cette simple parole suscite dans le cœur d'André et de son compagnon une curiosité, un désir d'en savoir davantage, un désir de contact avec ce personnage mystérieux. Ils s’approchent de Jésus : « Qu'est-ce qu'il y a ? Que voulez-vous ? Que cherchez-vous ? » demande le Seigneur. – « Nous voudrions savoir où tu habites Seigneur, quelle est ton adresse ? ». Ils comptaient aller voir Jésus chez lui. Et lui leur répond : « Tout de suite, venez et voyez »

Le réalisme de Jésus-Christ ! Il ne va pas leur "bourrer le crâne", le Seigneur, « Venez et voyez » ! Faites l'expérience, et c'est à partir de là que vous déciderez de me suivre ou de ne pas me suivre. Venez passer quelques heures avec moi. Il était 4 heures de l'après-midi, ils sont restés là jusqu'au soir et c'était fini : ils étaient conquis, Jésus les avait empoignés et il suffira qu’un jour André avec son frère Pierre, affairés autour de leur barque entendant Jésus leur dire : « Venez avec moi, je ferai de vous des pécheurs d’hommes », pour qu'ils lâchent tout et foncent à la suite du Seigneur.

Réalisme de Jésus-Christ ! Que de fois je l’ai dit et répété : l’Evangile ne se démontre pas, il se montre... ! Faites l’expérience de cette vie avec le Christ, rapprochez-vous de lui, faites l’expérience de son idéal, essayez de vivre selon cet idéal évangélique et vous m’en donnerez des nouvelles !…

Si nous nous efforçons de vivre avec le Christ, de passer chaque jour quelques instants avec Lui, Il nous accrochera de plus en plus. Nous vivrons comme lui, et comme lui, alors, nous deviendrons contagieux.

Voyez ce qui se passe dans cette page d’Evangile : André a passé quelques heures en compagnie du Christ. Maintenant il sait par expérience qui Il est, il sait "de quoi il retourne"et, ça y est, son cœur est pris. Aussitôt il n'a de cesse que de lui amener tous les autres qu'il rencontre... il rencontre d'abord son frère : c'est Pierre, c’est Simon : « Viens donc j'ai trouvé le Messie, j'en suis sûr parce que je l'ai contacté, je l'ai vu… viens voir toi aussi ! » Et Pierre ira, tellement son frère a su se faire convaincant, d'une conviction qui partait du cœur. Lui aussi, il va "voir", faire l'expérience du Christ ! Et ça y est, lui aussi sera accroché...

Oui, celui qui a rencontré- le Christ, qui a fait « l’expérience » du Christ et de son idéal, celui-là, il devient, lui aussi, contagieux et cette contagion se propage de proche en proche.

Remarquons, en effet, deux choses dans ce passage d'Evangile, à propos de cet "accrochage" par contagion.

André accroche son plus proche, son frère, et il est accroché par le biais qui correspond à son attente. Car chez le brave Pierre, le fougueux Pierre, quelle impatience l'attente du Messie, si générale à cette époque, devait prendre en son cœur... Et son frère, son plus proche, vient de lui lancer l’hameçon : « Le Messie, le Messie que tu attends avec tant d'impatience, eh bien, tu sais, je l'ai trouvé ! Viens voir... » Comment aurait-il résisté à cette invite, le brave Pierre, d'autant plus qu'elle lui était fait avec une telle conviction !

Oui, c'est le propre de la contagion de se propager, de gagner de proche en proche. Cela, il ne faut pas l’oublier.

Nous voudrions parfois agir à l'échelle du monde, enlever le péché du monde, du monde entier... Ces désirs trop ambitieux risquent de se perdre dans l'immensité, de s'évaporer dans l’azur ! Ils ne sont pas assez réalistes. Nous ne sommes pas des soleils pour penser rayonner sur le monde entier. Parfois même ces ambitions qui semblent nobles et généreuses risquent de cacher un secret désir d'évasion, un secret désir de nous donner bonne conscience et nous dispenser de l'humble action quotidienne dans notre milieu de vie !

Agir sur le plus proche. C'était le mot d'ordre de l'Action Catholique à ses origines : action du semblable sur le semblable, sur son plus proche ! C’est là le meilleur moyen d'agir de façon efficace, je dis bien efficace, sur tout l'ensemble.

Voyez Saint André : en amenant au Christ son plus proche, son frère, que n'a-t-il pas fait pour l'Eglise de Dieu puisque Jésus fera de Pierre son fondement, et par là, que n’a-t-il par fait pour le monde entier ?...

Essayez de penser à ce qu'il adviendrait si chacun de nous essayait d’amener au Seigneur ne serait-ce seulement que son plus proche.. physiquement ou moralement. Vous voyez le résultat ? Tout simplement, le nombre des chrétiens, des chrétiens authentiques, j’entends, serait doublé !... Ce n'est pas rien ! Et vous pensez au contrecoup que cela pourrait avoir sur notre monde, sur la mentalité de notre monde !

Oui vraiment, n'est-ce pas une astuce du diable que de nous faire rêver d'agir à un échelon qui nous dépasse, si bien que notre action se perd dans l’immensité, alors que nous négligeons le bien que nous pouvons faire à celui qu’il a placé près de nous, « notre prochain proche » !

Et il en va de même pour nous, prêtres. Essayez de penser ce qu'il en serait, au point de vue changement du  monde si chacun de nous essayait d'agir tout simplement, tout bonnement; j’allais dire "tout bêtement" sur sa paroisse, si chacun de nous n’avait autre souci d'autre pensée, d'autre obsession que de faire de sa paroisse une communauté de chrétiens authentiques, vivant leur Evangile dans toutes les situations où ils peuvent être engagés, si tout notre travail apostolique allait dans ce sens-là... ! (Il est vrai que cela suppose que "ça nous passionne", l'idéal du Christ ; aussi bien, du reste, cela semble aller de soi pour un prêtre !). Mais rendez vous compte du changement que cela amènerait dans le monde ! D'autant que des paroisses ferventes ne pourraient pas ne pas se rapprocher. D'autant, surtout, que chacun de ces chrétiens pourrait conduire "son plus proche" à ce Jésus-Christ visiblement continuée et prolongée que serait cette communauté paroissiale !... « Viens, et vois ! » Viens voir comment nous vivons, comment nous sommes Unis, comment nous nous entraidons, viens voir quel souci de vérité, d'authenticité règne parmi nous... Viens voir, viens goûter la joie que l'on trouve à vivre ensemble avec le Christ. Ca c'est du réalisme ! Ca, je crois que c’est irrésistible !

Je n'en veux d'autre preuve que ce qui se passe à l'échelon de nos jeunes. Nous voyons parfois, des anciens de nos groupements qui ont pu faire cette expérience de la vie avec le Christ alors qu'ils y étaient et qui, après avoir lâché pendant quelque temps, après avoir voulu aller voir ce qui se passait de l'autre côté de la barrière, tournicotent, le plus souvent en bicyclette, autour du terrain les jours de réunion, où viennent assister à l'une ou l'autre de nos fêtes, à croire qu'ils gardent une certaine nostalgie de cette vie menée jadis. Combien de nos anciens qui viennent nous voir et passent des heures à évoquer ces années heureuses de leur jeunesse, comme les s’ils les considéraient comme "l’âge d’or" de leur vie !... Sans doute, il peut y avoir une certaine nostalgie des "bonnes parties" faites ensemble, mais il me semble qu’il y a bien plus et que l’on peut souvent détecter dans cette attitude le regret d'un esprit, d'une joie qu'ils n’ont retrouvé nulle part ailleurs... Du reste, combien qui, avant vécu dans d'autres groupes, dans d’autres bandes, et pouvant "voir" ou "expérimenter", à l’occasion d’une rencontre, l’esprit qui règne dans nos groupes, s'en rapprochent de plus en plus et finissent pas lâcher leur propre bande pour entrer dans nos groupements, alors que les distractions qu'ils peuvent y trouver sont loin de rivaliser avec celles qu’ils peuvent trouver ailleurs ! N'est ce pas là la preuve qu’ils trouvent qu’il y fait meilleur vivre ?

Essayons donc d'agir ainsi à notre échelon... Nous serons surpris, sans doute des répercussions que cela peut avoir.

Et voici la deuxième réflexion : Saint André a accroché son frère en partant du désir que celui-ci avait de la venue du Messie : « J’ai trouvé le Messie, ce Messie que tu attends ! »

Sachons nous aussi partir de ce qu'attendent, de ce que souhaitent, de ce que désirent dans le meilleur d'eux-mêmes, ceux qui nous entourent pour leur révéler le Seigneur, pour les lui conduire, afin qu’ils se rendent bien compte que ce qu’ils souhaitent ainsi - tous ces nobles désirs qui, nous le savons, nous, sont le fruit en eux de la grâce - le Christ veut les réaliser, les combler.

A notre époque d'apôtres technocrates, voilà bien la seule technique à apprendre : savoir découvrir dans tous ceux qui nous entourent, à quelque milieu qu’ils appartiennent, le travail de la grâce de Dieu, les aspirations qu’elle crée en eux, pour pouvoir calquer notre action apostolique sur ce travail divin, pour pouvoir agir en parfaite collaboration avec Dieu dans la façon dont nous présenterons son message… C’est la seule technique, je pense, que connaissaient les Apôtres formés par Jésus Lui-même.

Si nous avons, ce souci, au lieu de nous attarder à souligner les défauts de notre entourage comme nous sommes trop portés à le faire, nous aurons bien plutôt le souci de détecter les bons côtés de ceux qui sont auprès de nous, ces bons côtés qui sont comme les pierres de fondation sur lesquelles, avec l'aide du Seigneur, nous lui construirons "une église", une communauté de chrétiens vrais, authentiques.

Enfin, rappelons-nous qu'à chaque communion, nous faisons la démarche d'André et de son compagnon. « Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » leur avait dit Jean-Baptiste, et ils étaient partis prendre contact avec le Christ : ils en revinrent Apôtres !

« Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » nous répète le prêtre avant chaque Communion et nous nous approchons pour prendre contact, un contact tout intime avec le Christ, mais attention, avec le Christ immolé... c'est "l’Agneau de Dieu", c'est "une hostie" donc une victime que nous recevons.

 Une hostie, une victime, qu'est-ce à dire ?

Une victime, c'est ce qu’on offre en sacrifice, c’est celui qui souffre et qui meurt à cause des autres, pour les autres. Jésus, comme le prophète Jérémie, a été « l'agneau, la victime qu'on mène à l'abattoir ! » à cause de nos péchés, parce que les hommes n'ont pas voulu reconnaître ces droits de Dieu sur eux que Jésus ne cessait de revendiquer.

Que chacune de nos communions nous donne un désir plus grand « d'enlever, nous aussi, le péché du monde », ce péché, cause de la mort de Jésus, de l'enlever jusque dans sa racine qui, nous l'avons vu durant l'Avent, au dire même de Saint Paul, est l'oubli ou le mépris de Dieu.

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