SOMMAIRE DE L'HOMELIE
Les scribes se scandalisent... La foule glorifie Dieu d'avoir donné aux hommes ce pouvoir (de pardonner)... Nous, nous préférerions que Dieu en ait l'exclusivité...
Pourtant c'est un fait, ce pouvoir que Jésus a de par sa nature divine, il l'a délégué à ses Apôtres... Textes...
Histoire du sacrement de Pénitence.
1°) Au début on a peur que la facilité du pardon n'incite ces païens mal dégrossis que sont les nouveaux convertis à retomber dans leurs fautes. D'où :
- on ne donne ce pardon qu'une seule fois dans la vie...
- on se refuse de pardonner certains péchés plus déshonorants pour la communauté...2°) Quand les consciences s'affinent, se christianisant en profondeur (IIIème-IVème siècles) :
- on se dénonce soi-même...
- on accuse les péchés cachés...
- on réitère le pardon de tous les péchés... St Augustin - St Jean Chrysostome.3°) Dans les monastères, le souci de perfection porte les moines à ouvrir leur conscience à un "père spirituel".
Les Moines au VIème et VIIème siècles, faisant par suite de diverses circonstances irruption dans le monde, y apportent ce moyen de sanctification...
Aujourd'hui, bien des Protestants reconnaissent (comme les premiers réformateurs) :
1°) Les bases scripturaires de la confession...
2°) Son utilité spirituelle... (Texte du Pasteur Boegner)
Aujourd'hui bien des Catholiques rejettent la confession. Pourquoi ?
1°) On retombe toujours dans les mêmes péchés... Réponses...
2°) C'est faire preuve d'infantilisme... Réponse
3°) Pourquoi Dieu pardonne-t-il "par personnes interposées" ?
Dieu nous ayant créés libres, demande toujours notre collaboration... Faire déjà le maximum de ce qui nous est possible...
- la confession : moyen naturel d'exprimer l'attachement à notre idéal, et notre regret...
- demander des conseils spirituels à quelqu'un de compétent : moyen naturel de progresser...
- passer un examen sur nos efforts : moyen naturel de les stimuler...
- avouer nos défaillances développe chez nous le souci de vivre dans la vérité...
- la confession : moyen pour le prêtre de remplir le rôle que lui a confié le Christ, de nous stimuler...
Pour que la confession porte ses fruits :
- elle doit être inspirée par l'amour de Dieu et de l'idéal chrétien.
- elle ne doit pas être une "débitation de péchés", mais une façon de faire le point sous le regard de Dieu - chaque fois, prendre une résolution précise... et rendre compte si on l'a suivie ou non...
ILS SE SCANDALISENT, les scribes....
LA FOULE, elle, glorifie Dieu.
NOUS, nous le boudons !...
Remarquez, ils raisonnaient juste ces Scribes : « Quoi ?... Ma parole mais il se prend pour Dieu, cet homme !... Le péché n'est-il pas une offense à Dieu ? Par conséquent Dieu seul peut le pardonner... Si je vous offense, c'est vous, et vous seul, qui pouvez me pardonner... »
Mais Jésus guérit sous leurs yeux le paralytique pour bien montrer qu'il a ce pouvoir divin.
Alors la foule, avec son bon sens et sa spontanéité, glorifie Dieu et Saint Matthieu, dans le passage correspondant de son Evangile, précise : « Elle glorifie Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes ! » (Matthieu ch.9, v.8).
Nous, au contraire, nous le lui reprocherions volontiers ! « Ce pouvoir, qu'Il se le garde exclusivement : je veux bien me confesser à Dieu, demander à Dieu de me pardonner, mais pas à un homme ! »
Ce pouvoir divin de pardonner les péchés, Jésus l'avait en effet personnellement de par sa nature divine puisqu'il est Dieu. Aussi pardonne-t-il de lui-même, de sa propre autorité... Mais ce pouvoir divin, Jésus l'a délégué à ses Apôtres et à leurs successeurs. C'est incontestable. Vous connaissez ces textes évangéliques.
D'abord en Saint Matthieu, au chapitre 16ème, verset 18, quand Jésus dit à Saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (c'est-à-dire tu porteras le poids, la responsabilité de toute mon Eglise), Jésus avait ajouté : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. » (c'est-à-dire les sentences que tu porteras sur la terre seront ratifiées dans le ciel).
Deux chapitres plus loin dans le même Saint Matthieu, au chapitre 18ème, verset 18, Jésus emploie la même expression pour étendre aux ministres de l'Eglise auxquels, dit la Bible de Jérusalem, s'adresse d'abord ce discours, ce pouvoir donné à St Pierre : « En vérité, je vous le dis tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les cieux. »
Le troisième texte est encore plus explicite : nous le trouvons dans la bouche du Seigneur Jésus, en Saint Jean, au soir de Pâques. C'est la phrase qu'autrefois l'évêque nous redisait au jour de notre ordination sacerdotale pour expliciter ce pouvoir de pardonner que nous donne le sacrement de l'Ordre : « Recevez l'Esprit Saint, les péchés seront pardonnés à ceux auxquels vous les pardonnerez et ils seront retenus à ceux auxquels vous les retiendrez » (Saint Jean, ch. 2, v.22-23).
Voilà un résumé succinct de l'histoire de ce sacrement.
Il est bien vrai que dans les premiers siècles chrétiens, on ne soumettait à ce pouvoir des chefs que les fautes les plus voyantes et criantes en dénonçant, comme l'avait demandé le Seigneur, le coupable aux chefs de la Communauté, c'est-à-dire à ceux qui avaient la charge d'y promouvoir l'idéal chrétien. Encore avait-on l'habitude, la plupart du temps, de ne pardonner ces fautes qu'une seule fois dans la vie et après une longue pénitence. Comme, en effet, on avait à faire à de nouveaux convertis, à d'anciens païens assez mal dégrossis, on avait peur, les textes le prouvent, que la facilité du pardon n'incite les coupables à retomber dans les mêmes fautes.
Il y avait même certains péchés graves et déshonorants pour la communauté chrétienne, tels que l'homicide (y compris l'avortement), l'adultère, l'idolâtrie ou l'apostasie, que dans certaines contrées, notamment en Afrique, on refusait de pardonner si, ce n'est peut-être au lit de mort.
Peu à peu cependant les consciences s'affinèrent, l'esprit chrétien pénétra plus profondément. Dès lors les coupables prirent l'habitude d'aller se dénoncer eux-mêmes chef de la communauté, au prêtre, qui était chargé d'y promouvoir l'idéal du Christ.
Peu à peu on prit même l'habitude d'aller accuser des fautes moins voyantes, même des fautes secrètes. C'est ainsi que peu à peu la pénitence, de publique au début, devint privée et que prévalut à partir de Saint Augustin (354-430) la règle codifiée plus tard par Raban Maur (776-856) : « A péché public, pénitence publique ; à faute privée, pénitence privée... »
D'autre part, comme cet aveu spontané était la meilleure preuve que l'on regrettait vraiment sa faute et qu'au fond on était toujours travaillé par l'idéal chrétien, comme aussi, on avait pris davantage conscience que, malgré les meilleures résolutions, la faiblesse humaine restait là et que l'on pouvait retomber, on finit par accepter de réitérer aussi le pardon. Saint Jean Chrysostome en Orient (344-407) et Saint Augustin en Occident (354-430) furent les champions de cette possibilité de réitérer le pardon.
Parmi les chrétiens il y en avait même qui étaient tellement séduits par l'idéal du Christ, qui ambitionnaient tellement de le réaliser, qu'ils voulaient en faire le but même de leur vie. Pour cela, dans un premier temps tout au moins, ils fuyaient le monde, ce monde qui leur paraissait mener une vie à l'antipode de celle prônée par Jésus-Christ. Ils se regroupaient entre eux, entre frères, dans les solitudes, dans les monastères. Là, ils se mettaient à l'école d'un aîné, d'un père spirituel, comme on l'appelait, qui était déjà expérimenté dans les voies de la sainteté. Les organisateurs de la vie monastique, que ce soit Saint Basile en Orient (330-379) ou Saint Benoît en Occident (480-547), demandaient à leurs disciples d'avouer toutes leurs défaillances, toutes leurs difficultés à ces "pères spirituels" qui "savent guérir et leurs propres maux et ceux d'autrui sans les découvrir ni les publier" (Règle de Saint Benoît, ch.46).
Les Moines pratiquaient ainsi une pénitence privée qui pouvait être réitérable sans danger d'encourager à la rechute puisqu'au contraire on y recourait par souci de purification plus grande et de progrès spirituel.
Quand, par suite de diverses circonstances (invasions barbares en Occident, persécution des iconoclastes en Orient), les moines furent appelés à prendre en charge les âmes des populations environnantes, ils répandirent autour d'eux cette coutume dont ils avaient pu expérimenter le bienfait spirituel. C'est ainsi que la confession telle qu'elle est aujourd'hui, non seulement aveu des fautes mais aussi direction spirituelle, s'est peu à peu propagée.
Ce fut chez nous en Gaule à partir du moment où Saint Colomban venant d'Irlande y débarqua en 590 et fonda l'Abbaye de Luxeuil qui contribua beaucoup à répandre cet usage parmi les fidèles. Cet usage fut sanctionné en 1215 au quatrième Concile de Latran qui imposa à tous les fidèles de se confesser à tout le moins une fois l'an.
J'ai déjà eu l'occasion de vous dire qu'aujourd'hui bien des protestants reconnaissaient eux-mêmes les fondements évangéliques et scripturaires de la Confession. Je vous ai parlé de la préface écrite par le pasteur Boegner, qui n'était certes pas le dernier des pasteurs, du livre de Max Thurian du monastère protestant de Taizé sur "la confession". Voici quelques-uns des passages les plus frappants de cette préface :
« Un protestant ne se confesse pas c'est bien là l'un des éléments principaux de la définition populaire de "protestant". Reconnaissons (en effet) que, réserve faite d'exceptions peu nombreuses, la définition est conforme à la réalité. Combien de fidèles de nos églises (protestantes) éprouvent une vive surprise lorsqu'ils apprennent qu'au jour de leur consécration (ou de leur ordination) les pasteurs s'engagent à "tenir secrètes par-devers eux les confessions qui leur seront faites en décharge de conscience !" »
Et le pasteur Boegner félicite Max Thurian « d'inaugurer son étude par le rappel des pages admirables que Calvin a consacrées à la confession. » Et il ajoute : « On ne peut supprimer du Nouveau Testament ce que (Saint) Jacques enseigne sur la confession mutuelle, ni surtout les paroles du Christ sur l'absolution. On peut contester la manière dont Calvin réserve en fait aux ministres ordonnée par l'Eglise la charge de recevoir les confessions des fidèles et de les assurer, s'il y a lieu, du pardon de leurs péchés. On n'est pas moins obligé de reconnaître la vigueur de sa pensée et la puissance pénétrante de son exposé. »
« Au reste, poursuit toujours le pasteur Boegner, Max Thurian ne se borne pas à inscrire en tête de son livre quelques pages de Calvin, il en reprend par la suite les textes essentiels et il y joint ceux de Luther... et en vérité lorsqu'on découvre la pensée des Réformateurs (donc des fondateurs du protestantisme), on se demande comment il est possible que les églises protestantes leur aient été si généreusement infidèles sur ce point. »
D'après le pasteur Boegner, cela provient de l'individualisme protestant dont, dit-il « les excès meurtriers ont causé tant de ravages. »... Quant à savoir « pourquoi cet individualisme a si facilement triomphé, aussi bien du sens de la communauté de l'Eglise que des instructions données par le Christ à ses Apôtres, et donc à l'Eglise, sur le pardon des péchés », le pasteur répond : « Les circonstances historiques n'y sont pas étrangères... Il n'en reste pas moins qu'une réaction indispensable mais excessive contre les déformations, les abus, les effets pernicieux de la confession telle qu'elle était trop souvent pratiquée par l'Eglise romaine, a eu pour résultat de priver les fidèles (protestants) d'un moyen de grâce dont un libre et intelligent usage eut porté sans doute dans nos églises des fruits de spiritualité et de sainteté. » (La Confession par Max Thurian, éd. Delachaux et Niestlé, pp. 7-9)
Voilà bien qui est, à tout le moins, curieux : les protestants reconnaissent que la confession est "un moyen de grâce" dont l'usage intelligent est capable de porter des fruits de spiritualité et de sainteté, alors que les catholiques aujourd'hui prétextent pour justifier son abandon "que ça ne sert à rien (!)" de se confesser puisqu'on accuse toujours les mêmes fautes dans lesquelles on retombe toujours.
A cela je réponds trois choses :
D'abord il est bien évident que le meilleur des remèdes ne donne des résultats que si on l'emploie comme il faut. Il y a une façon magique de se confesser qui ne donne aucun résultat, mais est-ce vraiment la bonne ?... Nous y reviendrons.
Ensuite à ceux qui cherchent à cacher sous ce fallacieux prétexte la vraie raison qui les empêche de se confesser et qui n'est autre qu'un orgueil déguisé, je réponds par manière de boutade : « Si depuis que vous ne vous confessez plus, ou depuis que vous vous confessez moins, votre désir de mieux faire ne fait que grandir, alors continuez à ne plus vous confesser, sinon... »
Enfin, même en admettant que vous retombiez toujours dans les mêmes fautes, le fait d'aller les accuser humblement, n'est-il pas déjà un hommage rendu au Christ, une façon de lui dire qu'il a raison puisqu'on désapprouve, puisqu'on se reproche ce qui dans notre vie est en contradiction avec son idéal, puisqu'on le désapprouve, puisqu'on se le reproche au point de sentir le besoin d'aller le dire, d'aller le confesser. Cet humble aveu ne montre-t-il pas à quel point nous apprécions cet idéal du Christ ? Voyez plutôt : s'il nous arrive de perdre ou de casser un objet auquel nous tenions beaucoup, spontanément nous sentons le besoin d'en parler, de le dire à tous les amis qui viennent nous voir, parce que nous en sommes navrés. De même, si nous tenons à notre idéal chrétien, à notre amitié avec le Christ, s'il nous arrive d'y faire une entorse, dans la mesure même où nous en serons navrés, nous sentirons aussi le besoin de le dire plus particulièrement à celui qui, dans la communauté chrétienne, est chargé de promouvoir cet idéal-là.
Enfin, le fait que nous nous approchons de ce sacrement pour aller demander la grâce de Dieu et les conseils de son ministre, n'est-il pas la meilleure preuve que nous voulons tout faire pour nous en sortir ?
Justement, nous dira-t-on, pourquoi donc Dieu a-t-il choisi ce moyen détourné de nous donner sa grâce par personne interposée ? N'aurait il pas mieux valu qu'il nous la donne directement ? Quant à aller demander les conseils d'un père spirituel, n'est-ce-pas faire preuve d'infantilisme ? Ne sommes-nous pas assez grands pour savoir ce que nous avons à faire ?
A ce dernier point je réponds : ce recours aux conseils de quelqu'un qui est censé être compétent, serait-il vraiment le signe d'un manque de maturité ? Autant dire alors que le sportif qui, pour rester en pleine forme va, demander les conseils de son manager ou de son médecin est encore à un stade enfantin ! Sans doute cela suppose, il est bien vrai, que nous, prêtres, nous soyons des gens expérimentés dans les voies de Dieu, dans les voies de la sainteté. Déjà au milieu du IIIème siècle, Origène dans son commentaire sur le psaume 38 et dans celui sur le chapitre 13 de Saint Matthieu insistait sur les qualités et la science des confesseurs pour être de bons médecins des âmes. Au cours des siècles, au fur et à mesure que la Pénitence s'intériorise et prend davantage la forme d'une direction spirituelle, on pensera trouver ces confesseurs avertis plus particulièrement chez les moines. Au XIIème siècle, les théologiens seront même obligés de réagir contre la coutume qui tend à se généraliser de recourir aux moines pour la confession, sans trop se préoccuper de savoir s'ils étaient prêtres ou non, et donc s'ils pouvaient donner validement l'absolution.
Par ailleurs, tout ce que je viens de dire nous montre déjà que si Dieu a choisi de nous donner ainsi son pardon et sa grâce par "personne interposée", ce n'est pas sans raison et de façon arbitraire. Nous aurions pu, du reste, le deviner a priori. Dieu serait-il encore un Père si tout ce qu'il nous demande n'était pas toujours pour notre mieux-être ?
Répétons-le cependant. Dans l'ordre moral et surnaturel, Dieu, qui nous a créés libres, ne nous donnera jamais du "tout-cuit". Il ne veut pas agir avec nous de façon "paternaliste", mais il veut que nous collaborions au maximum de nos possibilités avec lui.
Or, je viens de le dire, le fait d'avouer spontanément nos défaillances est déjà un moyen naturel excellent de montrer combien nous apprécions notre idéal chrétien et combien nous sommes navrés d'y avoir manqué...
Le fait d'aller demander des conseils spirituels à quelqu'un qui est censé être compétent en la matière est déjà un moyen naturel excellent de progresser... Le fait d'aller consulter le médecin de l'âme témoigne déjà au naturel que nous sommes aussi soucieux de notre santé spirituelle que nous le sommes de notre santé corporelle quand nous allons consulter le médecin...
Le fait de passer un examen sur nos efforts spirituels est déjà un moyen excellent de les stimuler, comme la perspective d'un examen à passer stimule nos efforts dans l'étude...
Au naturel déjà, c'est un besoin pour l'être humain, un besoin reconnu aujourd'hui par tous les psychiatres et psychologues, de confier à quelqu'un de sûr et de compétent le poids que nous pouvons avoir sur le cœur ou sur la conscience. Jésus, qui comme Dieu est l'auteur de cette loi de psychologie humaine, le savait bien avant eux et il nous demande de le faire pour notre mieux-être...
Enfin cet aveu des fautes dénote déjà au naturel un souci de vivre dans la vérité, le souci non seulement de nous voir tels que nous sommes, mais aussi celui de "paraître" tels que nous sommes, sans fausse façade... Comment nous étonner que Jésus, qui ne pouvait supporter ces Pharisiens qui étaient "tout de façade", nous ait demandé cet effort ? Du reste ne sommes-nous pas les premiers à apprécier l'atmosphère de franchise et de loyauté que développe dans nos groupements ce que nous appelons "le chapitre" ou "le tour d'horloge", c'est-à-dire le fait que chacun, le soir à la veillée, dise bien simplement ce qui a été ou n'a pas été dans la journée. Cette clarté, cette limpidité, ne doit-elle pas être une des qualités maîtresses de nos communautés chrétiennes ? Le Christ, en effet, n'est-il pas venu, comme il l'a dit à Pilate (Saint Jean, ch.18, v.37), pour rendre témoignage à la vérité et n'a-t-il pas déclaré que c'était la vérité qui nous libérerait ? (Saint Jean, ch.8, v.32). Si nous ne faisons pas un "tour d'horloge" public devant tous nos frères chrétiens, acceptons de le faire tout au moins devant celui qui est chargé d'entretenir cet idéal du Christ dans la communauté chrétienne et qui a reçu de Lui pouvoir pour nous donner son pardon et sa grâce.
J'ajoute que la confession permet au prêtre de remplir auprès de chacun de nous un des rôles importants que Jésus lui a confiés : celui de nous stimuler, de nous empêcher de nous endormir. Il semble bien, d'après la succession des faits en Saint Matthieu (ch. 9,v. 36), que c'est parce que Jésus s'était apitoyé sur les foules "avachies comme des brebis sans pasteurs" qu'il nous demande de prier pour que le Seigneur envoie des ouvriers dans sa moisson, et qu'il envoie lui-même immédiatement après ses Apôtres en mission. C'est donc bien pour sortir ces foules de leur torpeur. Ce rôle, le prêtre le remplit le dimanche par le sermon, mais c'est un sermon "omnibus", pour tous. Dans la confession, il peut le faire de façon beaucoup plus personnelle et adaptée à chacun. Le bon pasteur, dit Jésus, doit connaître ses brebis nommément, personnellement (Saint Jean, ch.10, v.3 et 14).
Après tout ce que je viens de dire, est-il besoin de souligner que la confession produise en nous tout ces avantages, ce suppose qu'elle nous est inspirée par l'amour du Christ et par un enthousiasme pour son idéal, sinon elle n'a pas de sens.
Cela suppose qu'elle n'est pas une simple débitation de péchés, mais bien plutôt un moyen de "faire le point" sur notre vie spirituelle avec l'aide du prêtre et sous le regard de Dieu, un moyen de voir ensemble si, depuis la dernière fois, il y a eu recul ou progrès, et de reprendre notre élan en vertu de ce stimulant qu'est la grâce de ce sacrement.
Si à chaque confession, nous fixons avec le prêtre le point sur lequel nous ferons porter plus particulièrement nos efforts et la grâce du sacrement, je gage que, lorsque nous reviendrons ensuite faire le point, ce ne sera jamais pareil. Parfois nous aurons complètement oublié notre résolution, parfois nous y aurons manqué, parfois aussi, et il n'est pas défendu de le reconnaître et de l'avouer, ne serait-ce que pour en remercier le Seigneur, parfois oui, nous l'aurons tenue et aurons fait des progrès...
Ainsi ce ne sera plus du tout de la routine... A chaque fois nous repartirons non seulement assurés du pardon de Dieu, et ce n'est pas rien, mais aussi "regonflés" et avec un nouvel élan pour la poursuite de notre idéal, et nous nous joindrons à la foule pour glorifier et remercier Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes !