Année B – 14ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

 

C'est grave de paralyser quelqu'un...

Les réflexions au sortir de la synagogue de Nazareth...

 

Si Jésus opère des guérisons, ce ne seront plus pour ses concitoyens des "miracles".. des "signes" de sa mission divine parce que, pour eux, "a priori". il n'est, il ne peut être que le " fils du charpentier

 

Nous sommes portés :

- à juger les gens d'après leurs apparences...

- à leur accrocher une étiquette et à les juger d'après cette étiquette…

 

Ne pas faire confiance à quelqu'un " a priori " - ou - détruire a priori la confiance que les autres lui font, c'est le paralyser dans son action...

- cela est vrai tout particulièrement pour les ministres du seigneur...

- c'est le cas de Saint Paul à Corinthe...

 

ATTENTION...

 

- à ne pas juger les gens sur la mine... sur tes apparences... sur l'étiquette qu'on leur a accrochée...

- à ne pas mépriser les travailleurs manuels...

- à ne pas détruire à plaisir la confiance que les gens font à quelqu'un... notamment au prêtre...

 

Pourquoi sommes-nous tentés de le faire ?

= parce que ce qu'il nous proche nous gagne...

= parce que nous sommes jaloux de ses succès ... Nous ne voulons pas reconnaître qu'il nous est supérieur...

 

- à ne pas faire perdre aux modestes, aux petits, aux enfants, leur confiance en eux-mêmes en les décourageant par avance...

 

Si nous sonnes faibles ... nous pouvons beaucoup avec celui qui est notre "force" ! le Christ... !

 

 


HOMELIE

 

PARALYSER QUELQU'UN... l'empêcher de donner toute sa mesure, de faire tout le bien qu'il pourrait faire, c'est grave

Ecoutez les commérages sur la place du village de Nazareth au sortir de l'office de ce Sabbat :

Les uns : " Qu'est-ce qu'il parle bien, ce Jésus ; on est ému, on est accroché en l'entendant ! "

D'autres : " Et ses miracles, alors ! c'est tout de même extraordinaire ce qu'il fait ! "

Mais voici les troisièmes : " Peuh... ! après tout, ce n'est que le fils à Joseph, le fils du menuisier ! "

" Oui ! c'est vrai ! c'est vrai et tout est par terre ! on ne s'extasie plus, ni sur ses discours, ni sur ses miracles !

 

Sans doute Jésus ne pourra s'empêcher de guérir les malades de ce village, de son village, qui viendront à lui ... Il est tellement bon ! et puis, après tout ces pauvres gens n'y sont pour rien dans cet état d'esprit des troisièmes-venus ... Mais pour ses concitoyens, ces guérisons ne seront pas des miracles, ce ne seront pas " des signes " , des signes de sa mission divine. A ce point de vue là, cette simple réflexion des troisièmes-venus rend ces guérisons inutiles car elles ne réussiront sans doute pas plus que les miracles qu'il avait faits jusqu'ici à faire découvrir en lui plus que ce qu'il paraissait aux yeux de ses concitoyens : le simple fils de Joseph, un fils de menuisier ' ! A ce point de vue là, Jésus sera paralysé : il ne pourra rien faire pour faire découvrir à ses concitoyens qu'il est autre chose que le simple fils du charpentier...

 

Cette réflexion des troisièmes-venus Après tout, il n'est que le fils de Joseph " nous montre combien nous sommes tentés de juger les gens sur les apparences ! Que peut-il sortir d'extraordinaire de quelqu'un qui ne paie pas de mine ? Non, non, " a priori " ce n'est pas possible !

 

Cette réflexion nous montre aussi le mépris que l'on a pour les simples travailleurs manuels : " Ce n'est après tout que le fils du charpentier ! " Oui ! mais il n'empêche que ce fils de charpentier, il a une sagesse qui dépasse la sagesse de tous les Sages du monde ! mais ça, on ne veut pas le voir... ce n'est pas possible, vu son extraction si modeste ! Il n'empêche que ce simple fils de charpentier, il fait des choses que personne d'autre au monde n'a jamais fait ! Non ! encore une fois, ce n'est pas possible ! Jésus est étiqueté pour la plupart de ses concitoyens : il ne sera plus désormais autre chose qu'un fils de charpentier... !

 

Aujourd'hui encore, nous mettons facilement une étiquette, un qualificatif sur les gens : " Intégristes ... progressistes ... sale patron... sale flic... ouvrier communiste..." et nous les jugeons " a priori ", non d'après ce qu'ils disent ou ce qu'ils font, mais d'après l'étiquette !

 

Quand, a priori, nous ne voulons pas faire confiance à quelqu'un, quand systématiquement nous nous employons à ruiner la confiance que les gens pouvaient lui faire, nous le paralysons complètement.

 

Saint Paul le savait bien. Justement pour paralyser son apostolat, ses adversaires, ceux qui étaient jaloux de ses succès, lui ont collé sur le dos toutes sortes d'étiquettes :

 

" C'est un faible ! " Nous dirions aujourd'hui un " dégonflard ". Ses lettres certes sont énergiques et sévères, mais quand il est là, " il se dégonfle !" (cf. 2ème aux Corinthiens, ch.10, v.10).

 

" C'est un indécis, un versatile ! " Il avait promis de revenir à Corinthe et il n'est pas revenu parce que, en réalité, il avait peur d'affronter les Corinthiens

 

" C'est un rusé, un fourbe Sans doute, personnellement, il ne demande rien pour son apostolat, mais ensuite il envoie son disciple Tite faire la collecte pour les "frères" de Jérusalem ! (2ème aux Corinthiens, ch.12, v.16-18).

 

Après tout, du reste, " ce n'est même pas un Apôtre ", non seulement il ne fait pas partie du groupe des Douze, mais il n'a même pas de lettre de recommandation de leur part. " (2ème aux Corinthiens, ch.3,v.1-2).

 

Et Paul, qui sait très bien que l'Apôtre ne peut rien faire du jour où il n la plus la confiance de ses ouailles, consacre une grande partie de cette seconde lettre aux Corinthiens, que nous lisons justement tous ces dimanches, à répondre aux calomnies que les "faux frères" colportaient contre lui, et à faire sa propre apologie. C'est la f in de cette apologie que nous avons lue tout à l'heure. Dans les quelques versets qui suivent ce passage, Paul s'excuse d'avoir fait ainsi son apologie ; ce sont ces chrétiens qui l'y ont forcé, c'est bien plutôt eux qui auraient dû prendre sa défense ! " Me voilà devenu fou, dit-il, mais c'est vous qui m'y avez contraint. C'était à vous de me faire valoir (2ème aux Corinthiens, ch.12, v.11).

 

Que d'applications pratiques nous pouvons retirer de cet Evangile !

 

D'abord faisons bien attention de ne pas juger les gens sur leur mine, sur leurs apparences ! Le petit que nous serions portés à mépriser peut être plein de sagesse, de bon sens, et savoir faire bien des choses que nous ne saurions pas faire nous-mêmes ; seulement il risque fort d'être paralysé, d'être écrasé, justement parce que nous ne lui faisons pas confiance, parce que nous le méprisons ...

 

Faisons bien attention de ne pas mépriser le travailleur manuel. Encore une fois, lui aussi sait faire bien des choses que nous ne saurions faire nous-mêmes : reconnaissons cette supériorité ! D'autre part son contact avec la nature, avec le réel, avec le matériel lui donne souvent une sagesse, un équilibre, un bon sens que l'on trouvera difficilement chez un intellectuel !

 

N'oublions surtout jamais que le Christ, lui-même, le Fils de Dieu, a voulu relever ce travail manuel en lui consacrant les plus longues années de sa vie. Cela ne devrait-il pas suffire, aux yeux des chrétiens, pour donner un prestige, un prestige inégalable, à ce travail ? Quand nous entrons en contact avec ces travailleurs, nous devrions voir toujours à travers eux le divin charpentier de Nazareth...

 

Faisons bien attention aussi de ne pas détruire par nos jugements a priori, par les étiquettes que volontiers nous leur accrochons, la confiance que les gens font à tels ou tels que nous essayons de rabaisser aux yeux de leur entourage. Nous risquerions de paralyser complètement leur action. Cela est particulièrement vrai de tous ceux qui se dévouent et qui, bien souvent, ne peuvent apporter quelque chose aux autres que dans la mesure où ceux-ci ont ' confiance en eux. Cela est vrai notamment des ministres de Dieu, des prêtres, qui ont besoin de la confiance de ceux auxquels ils s'adressent pour pouvoir leur porter efficacement le Message. Par nos critiques faciles, nous pouvons paralyser tout leur apostolat. Nous serions responsables devant Dieu de tout le bien qu'ils n'ont pu faire à cause de nos critiques, à cause de nos médisances, peut-être même de nos calomnies !

 

Réfléchissons du reste, deux minutes, sur les raisons qui nous poussent ainsi à critiquer si facilement les autres. Il me semble que l'on peut en trouver en eux.

 

La première, c'est souvent parce que ce qu'ils nous disent, ce qu'ils nous prêchent, nous gêne. Alors nous sommes portés à enlever toute valeur à leur témoignage pour pouvoir l'esquiver ! Ce n'est pas beau cela ! c'est une lâcheté, c'est une malhonnêteté qui se camoufle de la sorte !

 

La seconde raison pour laquelle nous critiquons facilement, pour laquelle nous sommes portés à rapetisser ceux qui nous entourent, c'est parce que nous sommes jaloux qu'ils aient plus de succès que nous. Jésus vient de le dire " Un prophète n'est méprisé que dans son pays, dans sa famille et sa propre maison !" C'est bien vrai. Quand on vit près de quelqu'un, on ne voit pas ses qualités, bien souvent parce qu'on ne veut pas les voir pour ne pas être obligés de le reconnaître supérieur à nous. Alors nous nous ingénions à souligner ses défauts, et même à lui en prêter quelques-uns en plus, pour nous sentir supérieurs à lui. Quel sordide orgueil ! Quel sordide égoïsme !

 

Faisons donc bien attention de ne pas détruire par orgueil ou par lâcheté l'estime, la confiance que les gens font à notre prochain. Encore une fois, nous paralyserions ainsi son action bienfaisante...

 

Enfin faisons également attention à ne pas détruire indûment la confiance que les gens ont en eux-mêmes : nous pourrions là aussi les paralyser complètement, les empêcher de s'épanouir, les maintenir dans un complexe d'infériorité.

 

En disant cela, je ne veux pas parler des orgueilleux, des prétentieux, des gens qui sont imbus d'eux-mêmes.. qui bêtement se croient capables de tout. Ceux-là, il peut être utile, pour eux et pour les autres, de rabaisser leur caquet !

 

Je veux parler des humbles, des petits, des modestes. Je pense en particulier aux enfants. Combien de jeunes, combien d'enfants sont paralysés parce qu'on leur répète sans cesse Tu es un bon à rien ! tu n'arriveras jamais a rien ! on ne fera jamais rien de toi ! " Pour ces petits, pour ces timides, soulignons, au contraire, tout ce qu'ils font de bien, tout ce qu'ils réussissent, de façon à les encourager... sinon, là encore, nous serons responsables devant le Seigneur de ce que ces humbles, ces petits n'auront pas fait tout ce dont ils étaient capables, parce que nous les aurons découragés avant même qu'ils aient commencé...

Quant à nous-mêmes, demandons au Seigneur de nous faire prendre bien conscience, comme il l'a fait pour St Paul, de notre faiblesse, de nos manques, mais en même temps de nous donner une confiance illimitée dans sa force divine mise à notre disposition...

" C'est quand je me sens faible que je suis fort "

 

 

 

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