Année B – 17ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

 

Diverses réflexions sur cet Evangile :

 

1. Pour rendre ces foules plus perméables à sa parole, Jésus les entraîne sur la montagne... 

2. Simplicité amicale de Jésus avec ses Apôtres... il taquine Philippe... Cela ne diminue en rien le souverain respect de celui-ci envers le Seigneur...

3. Avant d'agir lui-même, Jésus demande que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir...

4. Le Seigneur n'aime pas le gaspillage...

5. Jésus refuse le pouvoir politique...

6. Jésus demande que nous fassions passer les autres d'abord... Mettre nos dons à leur service...

 


HOMELIE

 

 LES AUTRES D'ABORD.

 

Je me contenterai aujourd'hui d'énumérer toutes les réflexions que cet Evangile nous suggère et qui peuvent alimenter notre méditation.

 

Tout d'abord remarquons que Jésus, lorsqu'Il veut parler aux foules, les entraîne à l'écart et de préférence sur une montagne. J'ai déjà eu l'occasion de souligner devant vous combien le Seigneur aimait les ascensions. Pour que son auditoire soit plus attentif, plus perméable à ses paroles, il l'entraîne sur la montagne. C'est ainsi qu'il en avait agi lors de son discours inaugural qu'on appelle justement le "sermon sur la montagne". " Voyant les foules, écrit Saint Matthieu (ch.5,v.1), Jésus gravit la montagne, il s'assit et ses disciples vinrent auprès de lui, et prenant la parole il les enseignait."

 

Si nous voulons que les paroles du Seigneur pénètrent en nous, il faut, nous aussi, nous recueillir, nous élever au dessus de nos soucis quotidiens et trouver une atmosphère de calme et de silence.

 

Un autre point que souligne cet Evangile, c'est la simplicité de Jésus avec ses Apôtres : il ne craint pas de "taquiner" Philippe. Jésus, note Saint Jean, savait très bien ce qu'il allait faire, mais Il voulait mettre dans l'embarras le brave Philippe qui, pour lors, devait être chargé de l'économat. Jésus voulait voir " quelle te-te il allait faire " ! " où pourrions-nous, lui dit-il, acheter du pain pour que cette foule ait à manger ? " Et Philippe " Marche à fond "... " Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de paire.

 

Oui, la taquinerie fait partie de l'amitié. Pour que je puisse taquiner gentiment quelqu'un, il faut qu'il y ait entre nous de tels liens d'amitié et de simplicité que celui que je ferai un peu " marcher " soit le premier à rire avec moi d'être tombé dans le piège... Il en irait tout autrement si la taquinerie, la " mise en boîte ", était méchante, inspirée par le désir de se moquer ou d'humilier celui ou celle qui en est l'objet. Là, ce serait un manque de charité pur et simple.

 

Remarquez que cette simplicité, cette liberté amicale de Jésus avec son Apôtre, n'enlève rien au souverain respect que le Seigneur lui inspire. Philippe n'en est pas moins impressionné par la transcendance du Christ, témoin ce jour où des gentils, des païens viennent le trouver pour lui demander de leur ménager une entrevue avec le Christ. Philippe n'ose pas aborder seul le Seigneur pour lui présenter leur requête. Alors il va trouver André pour qu'il vienne avec lui et avoir ainsi à deux un peu plus d'audace pour aborder Jésus. (Saint Jean, ch.12,v.20-22)

 

Ainsi les condescendances amicales de Jésus avec nous ne doivent jamais nous faire oublier sa Grandeur, sa Majesté, sa Transcendance ! Ces condescendances amicales de Jésus avec nous ne doivent jamais nous le faire considérer seulement comme " un copain " !

 

Une troisième remarque inspirée par cet Evangile. Jésus, avant d'agir lui-même, nous demande de faire, de notre côté, tout ce qui est en notre pouvoir. La chope apparaît encore plus clairement dans le récit parallèle de St Marc. Jésus demande à ses Apôtres "Combien de pains avez-vous ? Allez voir !" (St Marc, ch.6,v.38).

 

L'action de Dieu ne se substitue pas à la nôtre. Si nous voulons que Dieu agisse, il faut, nous aussi, faire tout notre possible, tout ce qui dépend de nous, donner toute notre mesure. Le Seigneur n'agit pas pour encourager notre paresse. Dès lors vous voyez comme il est erroné d'insinuer, comme le faisait l'ex-abbé Evely, que si Jésus avait vraiment multiplié les pains, ç'eut été nous inciter à nous décharger de nos responsabilités en nous faisant espérer des miracles (cf. Evely : "L'Evangile sans mythes" pp.91-92).

 

Quatrième réflexion inspirée par ce passage d'Evangile : le Seigneur n'aime pas le gaspillage. Il nous prêche l'économie. " Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples Ramassez les morceaux qui restent pour que rien ne soit perdu."

 

Comme cette recommandation est importante dans notre société de consommation et d'abondance ! Nous ne devrions jamais oublié ceux qui meurent de faim Et si nous pouvions, en évitant le gaspillage, faire quelques économies, peut être pourrions-nous en faire profiter tous ces malheureux qui sont tenaillés par la faim et qui seraient si heureux d'avoir ce que nous jetons à la poubelle

 

Autre remarque encore : j'ai eu déjà bien des occasions de le souligner, ce passage d'Evangile nous montre à l'évidence que Jésus ne voulait pas d'un messianisme politique. Jésus ne comptait pas sur le pouvoir pour changer le monde, car ce jour-là il avait une occasion inespérée d'y parvenir et il l'a écartée. Il était porté au pouvoir par toute cette foule enthousiaste. S'il avait accepté, c'était déjà cinq mille supporters qui le soutenaient ! Mais Jésus n'a pas voulu et il s'est enfui dans la montagne...

 

Ceci, il ne faut pas l'oublier aujourd'hui où tant de gens, y compris de nombreux prêtres, mettent tout leur espoir dans la politique, comme, au temps de Jésus, les juifs mettaient tout leur espoir dans un Messie qui prendrait le pouvoir, bouterait les Romains dehors et installerait le règne de Dieu sur toute la terre.

 

Imitons l'exemple du Seigneur et ne tombons pas dans le panneau, ne nous laissons pas prendre par ce mirage de la politique, ce n'est pas conforme à ce qu'a fait le Christ, ce n'est donc pas chrétien

 

LES AUTRES D'ABORD... Je vous en prie, passez donc !" Si nous avons quelque politesse, cette phrase nous vient spontanément sur les lèvres quand nous nous rencontrons avec quelqu'un devant une porte. " Je vous en prie, servez-vous !" C'est encore un geste de politesse que l'on se fait entre commensaux

 

Ces phrases stéréotypées sont sans doute inspirées par l'esprit chrétien. Mais combien de fois, hélas ! pour ceux-là mêmes qui usent couramment de ces formules, l'esprit chrétien ne va pas plus loin

 

Les autres d'abord !", faire passer les autres avant nous !

 

La première lecture de tout à l'heure nous en donnait déjà un exemple dans la personne du prophète Elisée. Au temps d'une terrible famine, quelqu'un apporte à l'homme de Dieu vingt pains d'orge et du grain frais. Elisée commande à ses serviteurs de les donner à tous ces gens qui l'entourent et qui ont faim.

Jésus, dans l'Evangile, veut susciter cette même générosité dans cette foule qui l'entoure : " Combien de pains avez-vous ? allez voir !" Il demande à chacun de bien vouloir donner spontanément ce qu'il a, ce qui lui reste. Et dans toute cette foule, il ne s'est trouvé qu'un gamin pour faire ce geste de générosité et donner ses cinq petits pains et ses deux poissons qui lui restaient... Il est bien probable qu'il devait y en avoir d'autres qui avaient par-devers eux quelque casse-croûte, mais, plutôt que de le donner pour tous, ils ont préféré le garder égoïstement, avarement, pour eux, comme un "en-cas".

 

Ah ! cet égoïsme, cet égoïsme que le Seigneur dénonce si souvent, comme il nous possède ! Moi ! moi ! et l'on bouscule tous les autres quand il y a une distribution. " Les autres ? après, s'il en reste ! " Comme cela est peu chrétien ! Comme nous devrions, nous qui nous prétendons disciples de ce Christ que l'on a pu qualifier de " l'homme pour les autres ", comme nous devrions avoir ce souci de faire passer les autres avant nous, de nous mettre à leur service, de leur donner tout ce que nous pouvons, surtout - je le répète pour la nième fois - tout ce que nous avons sans aucun mérite de notre part et par pure chance. Pourquoi, en effet, le simple fait d'avoir eu plus de chance au point de départ nous donnerait-il le droit d'avoir, notre vie durant, un standing plus élevé, plus confortable que les autres ? Quand chacun de nous comprendra-t-il cet esprit de Jésus-Christ, cette recommandation de Jésus-Christ : tu n'as pas le droit de tirer argent de ce que tu as reçu gratuitement par pure chance et qui plus est, comme le dit Saint Paul, pour l'utilité commune.

 

Quel bouleversement apporterait dans notre économie l'application de ce principe ! C'est à cela que nous devons travailler. C'est le principe qui doit diriger votre action sociale. Et si nous ne pouvons pas changer du jour au lendemain les principes qui dirigent l'économie actuelle, si nous sommes, malgré nous, les profiteurs d'un système injuste qui veut que celui qui, par chance et sans aucun mérite de sa part est avantagé au départ, le reste sa vie durant, nous devons rétablir l'équilibre en faisant profiter de ces avantages - que ne fait qu'augmenter le jeu de l'économie actuelle - ceux qui, au point de départ, ont été plus démunis.

 

Pensez un peu, mes frères, au témoignage que nous pourrions apporter au monde si nous, chrétiens, nous apparaissions incontestablement aux yeux de tous comme ceux qui font passer les autres d'abord !

 

 

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