Année B – 24ème dimanche ordinaire


Retour au menu 

 

SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Jésus fait faire des " Professions de Foi "

Cadre : Jésus ne se sent plus en sûreté en Galilée parce qu'il a appris l'inquiétude que ses miracles suscitaient chez Hérode, préfet de ce département palestinien.
Alors il ne va plus s'attarder en Galilée mais, pour conclure son apostolat galiléen, il demande à ceux qu'il a catéchisés durant plus d'un an une Profession de Foi à l'Eucharistie ... échec...
Beaucoup de nos catéchisés, aujourd'hui encore, n'arrivent pas à une foi pratique à l'Eucharistie...

Jésus va maintenant de droite et de gauche, tantôt à l'ouest, tantôt à l'est, le temps de former ses Apôtres, avant le dénouement...
Cela dure environ 3 mois. Puis il demande également à ses Apôtres de faire leur " Profession de Foi "...

Pierre la fait avec spontanéité et ferveur au nom de tous.
Jésus le choisit comme "vicaire" et profite de cette ferveur pour leur révéler le dénouement tragique ... Pierre en est dérouté ... Application.

Aujourd'hui Jésus nous pose ces deux mêmes questions

1°) Autour de vous, que dit-on que je suis ?... (spécimen de quelques réponses...)

2°) Et vous, qui dites-vous que je suis ?...

- A chacun de nous de répondre...
- Ce que le Christ est pour moi : l'âme de tous les instants... celui pour lequel je vis !

(exemple de Don Camillo... c'est cela la vraie vie chrétienne !)


HOMELIE

ECOUTEZ BIEN ! AUJOURD'HUI, JESUS VA VOUS INTERROGER ! 

Apparemment Jésus croit aux "Professions de Foi" puisqu'Il en fait faire... Il savait pourtant, lui, « ce qu'il y a dans le cœur de l'homme », comme dit saint Jean (ch.2, v.24), mais il savait aussi que le fait d'exprimer tout fort ce que l'on pense affermit en nous nos sentiments, nos convictions.

Hérode, l'un des fils du roi qui avait voulu massacrer Jésus à sa naissance, s'inquiétait des miracles que Jésus accomplissait dans cette province de Galilée qui était sous sa juridiction. Jésus l'avait appris et dès lors, il ne se sentait plus en sécurité en Galilée. Aussi bien n'y prolongera-t-il pas son séjour. Il n'y fera désormais que de courtes apparitions...

Mais, à la fin de cet apostolat galiléen, Jésus a voulu tester la foi de ces braves gens qu'il avait catéchisés pendant plus d'un an et qui avaient vu tant de miracles. Pour ce faire il leur a révélé le grand mystère de l'Eucharistie et leur a demandé de faire "profession de foi" à ce mystère. Nous avons vu par quel échec, hélas !, s'était soldé cette tentative. Non ! ses catéchisés ont estimé qu'ils ne pouvaient le suivre jusque-là ! Seuls les Apôtres n'ont pas été effarouchés par ce mystère...

Ainsi aujourd'hui encore, la plupart de nos catéchisés achoppent à ce mystère de l'Eucharistie et n'arrivent pas à avoir une foi telle qu'elle entraînerait la pratique régulière...

Avec sa petite troupe restée fidèle, Jésus va donc désormais mener une vie errante, allant de droite et de gauche avec l'unique souci de mettre la dernière main à la formation de ses Apôtres, car il sait que son heure approche il faut qu'il les prépare au dénouement, il faut qu'il les prépare à poursuivre son œuvre...

Dimanche dernier, nous les trouvions à l'ouest, sur le bord de la Méditerranée, dans la région païenne de Tyr et de Sidon. Puis ils revinrent vers le lac de Tibériade et de là passèrent dans le territoire de la Décapole, c'est-à-dire des dix villes libres situées à l'est du Jourdain...

 Aujourd'hui la petite troupe est remontée jusqu'aux sources du fleuve. Elle s'arrête tout près de la ville de Césarée de Philippe. Là, en effet, Jésus n'est plus sur le territoire d'Hérode mais sur celui de son demi-frère Philippe, beaucoup plus libéral.

Trois mois environ se sont écoulés depuis le discours sur le pain de vie, trois mois durant lesquels Jésus a consacré le plus clair de son temps à catéchiser ses Apôtres. A l'issue de cette catéchèse, de ce catéchisme, Jésus va leur demander, à eux aussi, de faire leur Profession de Foi... Jésus veut tester où en est la foi de ses Apôtres après ces trois mois d'enseignement. Il sait très bien du reste que son heure approche : déjà il va nommer son vicaire ( = son remplaçant ), ce sera Pierre et il va préparer ses Apôtres au dénouement qui approche en leur parlant pour la première fois de sa Passion : « Autour de vous, que pense-t-on, que dit-on de moi ?... »

« On dit que tu es Jean-Baptiste qu'Hérode a décapité et qui serait ressuscité !... D'autres disent que tu es Elie qui, d'après la tradition, doit revenir sur terre pour préparer la venue du Messie, ou encore que tu es l'un des grands prophètes... »

« Et vous – reprend Jésus – en restez-vous là, en restez-vous à ce niveau sur mon compte ? Qui dites-vous que je suis ? Pour vous, qui suis-je ? »

Alors Pierre s'écrie : « Tu es le Christ, le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »

« Bravo, Pierre ! Tu n'as pas trouvé cela tout seul, c'est mon Père qui te l'a révélé... Je t'ai baptisé Pierre parce que tu es le Roc sur lequel je bâtirai mon Eglise, tu en porteras tout le poids, toute la responsabilité... et bâtie sur toi, bâtie sur ce Roc, elle ne s'écroulera jamais ... les forces de l'enfer ne prévaudront pas sur elle... »

Humainement parlant, il semble que cette foi des Apôtres soit assez solide maintenant pour que Jésus puisse leur faire des révélations plus douloureuses. Il faut bien, du reste, qu'il les prépare au dénouement qui approche... « Le Fils de l'homme que je suis devra beaucoup souffrir, il doit être rejeté par les Anciens et les chefs des prêtres et les scribes, il doit être tué et trois jours après il ressuscitera !... » Une fois de plus, Jésus dit des choses intolérables... même pour ses Apôtres... surtout pour ses Apôtres, qui sont ses amis. « A Dieu ne plaise, riposte le même Saint Pierre, non, Seigneur, cela ne t'arrivera pas ! Ce n'est pas possible... »

La foi, la foi pratique des chrétiens vacille souvent devant le mystère de l'Eucharistie, mais ceux-là même qui pratiquent et acceptent ce mystère, reculent bien souvent quand la croix se dresse devant eux, quand la souffrance, quand l'épreuve est là... Le Christ met la foi et l'amour de ses disciples à rude épreuve... Il demande d'eux une confiance, un amour formidable... le sien l'a été... et combien !

Aujourd'hui donc, par cet Evangile, le Seigneur Jésus nous pose les mêmes questions qu'à ses Apôtres :

D'abord : « Autour de vous, aujourd'hui, que dit-on que je suis ? »

 Ce serait à chacun de vous de parler et d'exprimer ce qu'il a entendu dire sur le Christ dans son milieu, à supposer toutefois que l'on en parle...

« Qu'est-ce que le Christ pour nos contemporains ? »

Vous savez que le Père Carré a posé cette question à plusieurs personnes en vue. Il a recueilli dans un livre intitulé Pour vous qui est Jésus-Christ ? les réponses qui lui ont été faites. Je vous lis ici des extraits de quelques-unes de ces réponses : 

Marcel Achard, de l'Académie Française : Le Dieu des Juifs, Jéhovah, était le Dieu de vengeance. Nous n'aurons pas trop de notre vie entière pour remercier Jésus d'avoir remplacé la vengeance par la grâce, le pardon et l'amour. 

René Andrieu, rédacteur en chef de "l'Humanité" : (...) Jésus-Christ est pour moi un homme qui a combattu pour l'homme parmi les hommes. Rien de plus – mais c'est beaucoup à mes yeux – rien de moins. (... ) Je vois en lui le symbole du juste qui combat et se sacrifie pour apporter plus de bonheur sur la terre des hommes.

Jean-Louis Barrault, comédien : Pour moi, [il est] l'homme porté à la Perfection. Comme le dit le P. Teilhard : le point oméga de la Conscience Universelle. L'esprit de Progrès. Il mérite donc d'être Dieu. Et quand il ne serait qu'un homme, par rapport aux autres hommes, je dirais : « Qui dit, qui fait mieux ? »

 Etienne Borne, agrégé de l'Université : Ce qui me paraît fort dans la foi en Jésus-Christ, (...) c'est que cette foi réalise une certaine idée de la religion, inscrite en pointillé en toute conscience, et qui non pas requiert, mais attend d'une attente passionnée et douloureusement inefficace, à la fois une humanisation de Dieu et une divinisation de l'homme. Le surgissement de Jésus-Christ est une réponse à cette attente, affirme L'Eglise. A cette foi de l'Eglise, je crois et je veux croire.

Le Docteur Alain Bombard, biologiste, navigateur solitaire : Jusqu'à quinze ans environ Jésus-Christ n'existait pas pour moi. A quinze ans, j'ai senti qu'il était mon refuge pour chercher le Seigneur et j'ai cru le trouver. A vingt ans, il n'était plus rien. Puis à vingt-huit ans, je suis parti seul sur la mer. Jamais Jésus-Christ ne m'a quitté. Il était le seul appui qui ne trompe jamais. Il m'approuvait et m'aidait. C'est par lui que j'ai compris qu'il fallait toujours aimer tous les hommes (noirs, blancs, jaunes, etc.), et je crois que s'il n'était pas à côté de nous toujours, l'humanité marcherait à sa perte. Mais puisqu'Il est là, nous serons sauvés. Et Il est là.

Robert Buron, ancien ministre : Pour moi le Christ est à la fois l'auteur et l'acteur de la plus belle histoire du monde.(... ) Christ pour moi a recréé la vie, lui a donné un sens nouveau que je ressens essentiellement comme harmonieux, esthétique, épanouissant.

Gisèle Casadesus, de la Comédie-Française : [Jésus-Christ], je sais qu'Il est là, présent dans mon cœur quoi que je fasse, où que j'aille, dans la lumière et dans la joie, dans le doute ou l'obscurité. (...) En toutes circonstances je sais que sa Parole, que je lis chaque jour, est le fondement de mon espérance, qu'Il est le Chemin, la Vérité et la Vie, qu'Il est avec nous jusqu'à la fin du monde.

Jean Cau, écrivain : (...) Jésus-Christ, depuis toujours, je le regarde et il me regarde. Qu'en est-il de cet échange et quoi circule sur l'arche de nos regards ? La Paix et l'angoisse. Pour moi, qui est Jésus-Christ ? Alors, j'ai envie de transformer la question en réponse et de vous dire que Jésus-Christ, en effet, est pour moi. J'ai envie d'être l'enfant qui hésite devant ce qui l'émerveille et à qui une voix dit : « Mais oui, c'est pour toi... » Mais suis-je un enfant ?

 André Chouraqui, ancien maire adjoint de Jérusalem : Jésus : un trait d'union entre Israël et les Gentils qui unit dans la mesure même où il sépare. Juste, sage, prophète : un "fou" parmi les "fous" d'Israël, dans la mesure où toute prophétie vraie confine à la folie qui condamne nos sagesses. Un Juif central, disait Martin Buber. Un Juif unique, comme chacun peut le voir. Unique dans son essence et dans son destin. Unique par sa création et par sa présence. Unique par son rayonnement et par la contradiction qu'il a introduite comme un levain dans la chair des nations.

Eugène Claudius-Petit, vice-président de l'Assemblée Nationale : Il est la vie, il est la résurrection et la vie : le recommencement et la continuité et l'infinie durée ; la source où l'on peut puiser, toujours présente, disponible à qui veut boire. Par Lui, la Parole de Dieu s'est fait entendre et se fait toujours entendre par qui veut la recevoir. Mais si mal ! Ce message encore aujourd'hui ignoré, négligé, méconnu, déformé, ne s'épuise pas avec le temps. Le temps lui donne une résonance toujours renouvelée, plus actuelle, plus utile, plus indispensable.

H.G Clouzot, cinéaste : (...) Sans le Christ, Dieu aurait pour moi deux visages à faire coïncider : un visage éblouissant, celui qu'on lit dans la grandeur et la beauté du monde, celui que manifeste l'organisation de la cellule autant que celle du cosmos tout entier ; mais aussi le visage nocturne, ténébreux du mal métaphysique (…).
(…) Le passage de Jésus sur la terre ne résout pas le dilemme, mais m'aide à l'accepter. En acceptant le mal, en le subissant, en le dépassant, en faisant du supplice l'acte même de l'Amour, il me fait honte de mon peu de foi et me convie à le suivre. (J'essaie... mal...).

Louis de Funès, comédien : Jésus-Christ a été pour moi le radieux compagnon de mon enfance, mon adolescence et il est, maintenant et toujours, le radieux compagnon de ma vie familiale et professionnelle.

 Jean Guitton, de l'Académie française : En moi, il y a comme deux images, deux présences de Jésus-Christ. Celle qui me vient de l'enfance, en particulier de ma "première communion" qui a été une rencontre intime, dont je me souviendrai toujours. (…) Puis, arrivé à l'âge critique, où la première image était mise en question, j'ai beaucoup étudié, cherchant les maîtres, ceux de l'ombre (Renan, Loisy, Couchoud), ceux de la lumière (Pouget, Lagrange). J'ai réfléchi sans trêve et je suis persuadé que la critique, au lieu de nier, aide à nier la négation et à faire apparaître avec l'intelligence, d'une manière plus sûre et plus pure, le mystère de Jésus. De sorte qu'au soir de ma vie l'image première, au lieu d'être effacée, garde la même intimité avec plus de vérité et de certitude.

Paul Guth, écrivain : Catholique fervent de naissance, j'avoue que j'ai d'abord été choqué par votre question : « Qui est ?... » Jésus-Christ n'est pas quelqu'un, un personnage. Il est infiniment plus : Il est tout, Il est Dieu. Lui attribuer une identité comme celle que, pour nous, humbles mortels, la police atteste sur une carte du même nom, c'est le ravaler à notre condition humaine et commettre un sacrilège. Et pourtant, vous avez raison Il a voulu se ravaler aussi, au point d'avoir, lui aussi, sa carte d'identité clouée au dessus de sa croix : I.N.R.I. ( = Jésus Nazaréen, Roi des Juifs).

Denise Legris, handicapée sans bras ni jambes, artiste-peintre, auteur du beau livre "Née comme ça" : Pour moi Jésus-Christ est le meilleur ami vivant au milieu de nous, avec chacun de nous, dans la mesure où nous désirons Le rencontrer, Le consulter : ce n'est pas un "mythe".
Je Le vois Homme, Frère, et Seigneur à la fois, toujours là, présent, vibrant de vie et d'amour, ému de tendresse lorsque je l'appelle.
Je ne m'adresse pas à Lui avec une mine compassée, Il est mon Ami, attentif à mon soupir mais aussi à mon sourire. Il aime la joie confiante, la gaieté, toujours prêt à m'écouter... pas toujours à m'approuver.
Ses réponses faites parfois de silences plus ou moins longs m'apportent en fin de compte toujours mieux et plus que ce que j'ai demandé ou espéré.

Françoise Mallet-Joris, écrivain : Pour moi, et parce que j'écris peut-être, Jésus-Christ est avant tout un homme qui parle. Qui parle avec les mots les plus simples, les comparaisons les plus banales, accessibles à tous, pour exprimer les vérités les plus profondes et parfois les plus mystérieuses. Un homme qui parle, un Dieu qui daigne se servir de la parole...

Le Général Jacques Massu : J'aurai répondu en "Soldat de Leclerc" à votre question si (... ) j'attribue la force de notre Chef vénéré à l'inspiration de L'Homme-Dieu.
En effet, si Leclerc maintient dans notre haute conscience intérieure son influence de guide et de standard, c'est que celle-ci prenait origine dans une certitude profonde soustraite aux vicissitudes, qui donnait à ces vicissitudes mêmes une orientation et un sens.
Jésus-Christ a créé un monde de valeurs auquel un certain nombre d'entre nous ont un sûr accès, où nous revenons sans cesse pour cribler la multiplicité des actes, rétablir les proportions, exercer notre jugement et notre choix.
Seul modèle, Il a enfoncé en moi, dès l'enfance, sa marque.
Que n'ai-je pu en être plus souvent digne !

Edmond Michelet, ministre d'Etat : Jésus-Christ, c'est celui à qui je dois mon titre de chrétien.
Jésus-Christ, c'est (...) pour moi l'unique modèle. Celui à qui on se réfère dans les pires moments de découragement, d'humiliation, de détresse, en se disant que c'est alors qu'on lui ressemble le plus. Celui, dirai-je en passant et sachant de quoi je parle, dont la présence réelle dans l'Eucharistie a été ressentie par beaucoup en des circonstances exceptionnelles qu'il est impossible de traduire.
Jésus-Christ, pour moi, c'est enfin celui dont ceux qui cherchent à l'imiter ne peuvent être que des reflets. L'un d'eux et des plus accomplis, le P. de Foucault, disait qu'Il est « le Maître de l'impossible ».

Henri Queffelec, écrivain : Il est naturellement, pour moi, ce Dieu fait homme dont L'Evangile rapporte, avec un résumé de la vie, tant de paroles adorables et qu'on n'a jamais fini de sonder.
Il est avec la même certitude pour moi l'amitié brûlante qui m'enveloppe, qui m'a empêché de m'endormir une seule fois en prise au doute. Ce frère qui reste invisible comme pour essayer de dissimuler sa perfection, mais qui est là, sans cesse, peuple l'espace. C'est lui, dans les plus grandes peines, qui a obligé la joie et la vigueur spirituelle à se manifester encore et dans le plus grand isolement, la communication ou la communion à se rétablir avec tous.

André Roussin, auteur dramatique : (...) Incroyant... A ce titre le Christ reste pour moi le plus haut exemple de l'Initié, du mystique en constante liaison avec L'Esprit (le Père). Sa figure, sa légende, son martyre font de lui celui vers qui peuvent aller toutes les prières, car nul n'aura porté plus loin la notion d'amour universel, l'exemple du don de soi pour le bien du monde, la non-violence, le respect des humbles, en un mot tout ce que l'homme, de système en système, essaie éternellement d'établir au nom de l'humanité. (...) Jamais plus qu'aujourd'hui où elles sont reniées et combattues la pensée, la doctrine du Christ n'ont été aussi actuelles.

Arthur Rubinstein, pianiste : (... ) pour moi Jésus-Christ a été depuis toujours, est et sera l'être sublime, suprême et idéal que l'humanité ait produit. En tant que Juif, c'est le seul orgueil que je ressens d'être de sa race. Son existence, ses paroles, son sacrifice et sa foi ont donné au monde le plus noble cadeau qu'il ait jamais reçu : celui de l'amour, l'amour de son prochain, l'amour du pauvre, la pitié, l'humilité, enfin tous les sentiments qui anoblissent l'être humain.

Pierre-Henri Simon, de l'Académie française : on n'est pas chrétien parce qu'on est philanthrope, ou parce qu'on trouve à lire l'Evangile une certaine émotion du cœur ou une certaine satisfaction de l'esprit, comme à lire Virgile ou Platon. On est chrétien quand on prie le Christ comme le Dieu de l'Incarnation, de la Passion et de la Résurrection.
Ce Christ, je ne pense pas qu'il soit au pouvoir de l'intelligence et de la science d'imposer sa personnalité historique comme une existence : c'est une intuition plus intime et plus mystérieuse qui impose sa présence même comme une chaleur et comme un signe, ainsi qu'il arriva aux pèlerins d'Emmaüs. Les difficultés et les doutes semés par l'exégèse érudite se briseront toujours, chez certains, à cette expérience existentielle.

Carmen Tessier, rédacteur en chef de "France-Soir" : Quand tout me paraît absurde, que je suis angoissée, que la sensation de l'infini (dans le temps et dans l'espace) me tord le plexus, que je sens la présence évidente de Dieu, mais que je suis dans l'impossibilité de communiquer avec Lui, je me tourne, mais je me tourne effectivement vers le crucifix (il y en a toujours un à ma portée) (... ) Je me dis qu'Il ne peut pas avoir souffert et être mort pour rien, qu'Il est pour moi le lien avec tout ce qui m'attire et m'effraie. Qu'il est le Fils de Dieu.

André Turcat, pilote d'essai : Je crois en Lui, plus qu'en tout autre et toute autre chose. Il est le non-violent des cœurs, et c'est là sans doute qu'est notre joie.
Longtemps on s'imagine que c'est une affaire de volonté, de respecter la Loi. Et ce n'est pas gai. Et l'on échoue. Puis l'on s'aperçoit qu'en se tourné vers Lui, en L'écoutant au travers des Ecritures, du Concile, on se prend, ou plutôt Il nous prend à L'aimer, parfois – pas toujours, ce serait trop, beaucoup plus que nos pas égoïstes ou égarés.

Wernher von Braun, sous-directeur adjoint à la NASA : (...) Les matérialistes et leurs héritiers marxistes du XXème nous disent que la connaissance scientifique croissante de la création permet de nous passer de la foi en un Créateur. Mais jusqu'ici toute nouvelle réponse a amené de nouvelles questions. Mieux nous comprenons la complexité de la structure atomique, la nature de la vie, ou la marche des galaxies, plus nous trouverons de raisons de nous émerveiller devant les splendeurs de la création divine.
Mais notre besoin de Dieu n'est pas fondé sur la seule crainte. L'homme a besoin de foi comme il a besoin de pain, d'eau ou d'air.
Avec toute la science du monde, nous avons besoin de croire en Dieu, dès que notre foi en nous-mêmes a atteint ses limites.

Claude Winter, sociétaire de la Comédie-Française : Jésus-Christ c'est Dieu fait homme Jésus-Christ, c'est la Lumière, la Présence, la Source inépuisable où l'on recherche tous les courages, où viennent s'apaiser les inquiétudes et les angoisses.
Dans son Evangile, on a toujours l'impression de trouver une parole qui vous concerne directement, qui répond à une question ou à un doute.
Sa Vie, c'est un tel exemple d'amour qu'on a honte de ses petites mesquineries, de son égoïsme. Et surtout avec Lui, il n'y a plus de solitude (...). 

En résumé, on peut dire que pour la plupart des gens d'aujourd'hui, même pour les incroyants, Jésus apparaît comme une figure extraordinaire, unique au monde, comme le fleuron de l'humanité. 

Et de fait, même humainement parlant, il n'y a personne d'autre au monde qui puisse lui être comparé et de loin, de très loin !

Regardez les plus grands hommes de l'histoire, ceux qui ont fait le plus parler d'eux en leur temps, comme ils sont vite oubliés ! Qui aujourd'hui se préoccupe de César, de Louis XIV ou de Napoléon ? Qui, parmi les enfants de l'après-guerre, sait qui était Hitler ou Mussolini ? Et Jésus, Lui, après vingt siècles, il y a encore des millions et des millions de gens qui pour Lui, par amour pour Lui, font des efforts formidables. Des gens de toutes conditions, des savants comme des simples, qui le croient à fond et qui font tous les jours des efforts pour vivre comme Il nous l'a indiqué ! 

Jésus, Lui, a en effet donné au monde un tel idéal qu'aujourd'hui encore personne ne peut rien trouver à y redire... A cause de Lui, par amour pour Lui, il s'est déclenché dans le monde toute une vague de dévouement, de générosité, de franchise, de pureté... Jamais personne au monde n'a réussi à faire quelque chose d'approchant... Déjà, au simple point de vue humain, Jésus est un homme unique, comme il n'y en a pas deux ! 

Alors, si en plus on a un peu étudié et qu'on est bien sûr qu'il est le Fils de Dieu, égal à son Père... alors, a ce moment-là, on ne peut plus douter de sa parole car Dieu ne peut mentir. On lui fait une confiance totale... Et si on est éberlué que Dieu en soit venu à vouloir se rapprocher de nous a ce point-là, alors oui, il devient pour nous un Ami, un Ami comme il n'y en a pas.

Et maintenant voici qu'en effet le Christ nous pose à chacun de nous la même question qu'à ses Apôtres : « Pour vous, pour toi, qui suis-je ? »

C'est là, plus que jamais, que la réponse doit être personnelle. 

Pour ma part, permettez que j'y réponde un peu tout haut comme l'a fait le brave Saint Pierre, puisqu'aussi bien je suis, moi aussi, en petit, le responsable de notre groupe, de notre communauté paroissiale. 

Ma chère maman avait le don de parler du Christ qui était au centre de toute sa vie de dévouement et de tendresse. Aussi tout jeune, j'ai eu la chance d'avoir été séduit par Lui. Elle m'a appris, non seulement à parler avec Lui comme avec un ami, mais aussi à agir pour Lui, pour Lui faire plaisir ! Cet amour n'a fait que croître en mon cœur et à 15 ans il m'a semblé que la meilleure chose que je pouvais faire de ma vie, de cette vie que j'avais devant moi et dont je voulais tirer le maximum, le meilleur rendement, c'était de la vivre avec Lui et pour Lui, en me consacrant tout entier à Lui, en me consacrant tout entier à Le faire connaître. Dès lors Il est devenu pour moi "l'Ami" par excellence, Celui pour lequel je vis, le "Tout de ma vie", je crois pouvoir le dire ! Sans Lui, sans cette action constante pour Lui, ma vie n'aurait aucun sens...

Cela n'a pas empêché que, comme beaucoup, j'ai connu, moi aussi, la crise religieuse, cette période de ténèbres où tout est remis en question, où toute notre foi se heurte à des objections qui paraissent insolubles ! J'ai alors souffert... beaucoup, au point que la pensée du suicide m'est même venu à l'esprit : la vie me paraissait dénuée de sens, absurde !... Mais je puis dire aussi, je crois, que j'ai cherché avec ardeur. J'écrivais mes objections sur un cahier laissant la page d'en face en blanc pour y écrire les réponses au fur et à mesure qu'on me les donnait, mais surtout – car je repassais tout au crible de ma petite raison – au fur et à mesure que je les trouvais.

D'autre part je vous ai dit déjà, et c'est pour moi tout un programme, l'idéal des rapports que je voudrais, en tant que prêtre, avoir avec le Christ, je le trouve dans le film de Don Camillo où ces rapports sont exprimés de façon parfois humoristique certes, mais toujours si respectueuse et si belle. Ce prêtre était en référence continuelle avec Jésus-Christ ! Pas toujours d'accord avec Lui, du reste, mais il Lui disait ce qu'il pensait de façon si spontanée, si primesautière ! exactement comme Saint Pierre dans l'Evangile d'aujourd'hui quand Jésus pense, après cette belle profession de foi de Pierre, que le moment est venu de parler pour la première fois à ses Apôtres de sa passion, le brave Pierre proteste : « A Dieu ne plaise, Seigneur ! Non, cela ne t'arrivera pas tu ne vas pas faire cette bêtise de te laisser tuer ! » (Il ne le dit pas comme ça, mais c'est bien cela qu'il veut dire !) Il venait de proclamer que Jésus était le Fils de Dieu et il ne pouvait pas concevoir que Jésus devrait souffrir, et il le dit spontanément. Il est vrai qu'il s'est fait rabrouer, mais il avait dit ce qu'il pensait au Seigneur Jésus.

C'est cette spontanéité avec Dieu que je trouve la plus belle des choses, c'est la plus belle des joies que nous puissions éprouver ici-bas : pouvoir entrer ainsi en colloque intime et constant avec Dieu, avec le Christ... C'est bien "ça", je pense, la "vie" de la grâce...

Et comme je voudrais pouvoir faire découvrir à tous ceux qui croient que la religion vient assombrir nos vies (les imbéciles ! comme si Dieu était un éteignoir !), leur faire découvrir que la vie avec Jésus apporte, dès ici-bas, une joie et une sérénité que rien d'autre au monde ne peut égaler...

 

Haut de la page