Année B – 25ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

« On va te dessaler ! » Où ai-je entendu cette menace ?...

Allusion au geste dû sel du baptême :

- le chrétien doit avoir l'appétit de tout ce qui est divin...
- le chrétien doit lutter contre la corruption

Aujourd'hui on fait tout pour "dessaler" les jeunes, leur enlever leur foi, leur idéal, leur pureté...

Pourquoi ? (cf. lère lecture) : ils seraient un reproche vivant. Comment on s'y prend ?

1°) La moquerie...

2°) Cette attaque est orchestrée du fait qu'on ne développe plus les facultés maîtresses de l'être humain :

- la raison pas d'esprit critique dans le bon sens du mot...
- la volonté fausse notion de la liberté...
- le cœur :

= cf. livres d'information sexuelle ... purement "techniques"...
= or la technique pure déshumanisera fortiori dans ce domaine.
= qu'est que cela va donner ? on le voit déjà : le jeune devient égoïste et dur...

L'affection de Jésus pour les enfants.
Pourquoi?... Il se trouve en plein accord avec leur côté., leur logique, leur franchise terrible, leur spontanéité, leur besoin d'admirer... leur limpidité de cœur...
Jésus veut que l'on sauvegarde toutes ces qualités qui sont comme un reflet de Dieu en eux... Aussi les retrouvons-nous dans l'idéal qu'il nous propose.

Certains vont inscrire leur enfant au catéchisme...
Pourquoi?... (pour les occuper ? leur donner quelques principes de morale ? )

Certains vont les inscrire dans les groupements de jeunes...
Pourquoi?... (amusements ? camping?...)

Ne les emmenez que si vous avez expérimenté par vous-mêmes ou tout au moins si vous devinez que "ça épanouit" quand on suit Jésus-Christ...

 Ce que nous, nous voulons faire :

- développer leur raison, en faire des assoiffés de vérité
- développer leur volonté., en faire " quelqu'un "
- développer leur cœur :

= leur apprendre à aimer comme Jésus-Christ.
= leur apprendre à servir comme Jésus-Christ

Voilà pourquoi, nous voulons que les catéchistes et les chefs de groupements soient des chrétiens authentiques ... qui transmettent ce qu'eux-mêmes ont expérimenté... sinon, ce serait de l'endoctrinement...

Prions pour ces enfants ... prions pour leurs catéchistes et pour leurs chefs... Que tous aient l'appétit de ce qui rapproche de Dieu !


HOMELIE

« ON VA TE DESSALER !... »

J'ai déjà eu à plusieurs reprises l'occasion de vous commenter cette menace. Je l'ai entendue de mes propres oreilles à la caserne à l'adresse des nouveaux arrivés, des "bleus". Elle m'a été rapportée combien de fois hélas ! par des jeunes qui entraient au travail, que ce soit au bureau ou que ce soit à l'usine.

« On va te dessaler ! »

 Cette expression fait allusion à un geste de la liturgie du baptême qui nous était familier autrefois. Pour accueillir un enfant dans la communauté des chrétiens et dans la famille de Dieu, le prêtre refaisait ce geste traditionnel chez les juifs au temps du Seigneur Jésus : pour accueillir au repas, afin de mettre l'invité en appétit, on lui offrait en guise d'apéritif une pincée de sel... (on offre encore aujourd'hui du reste des petits gâteaux salés avec l'apéritif !) De même le prêtre, accueillant dans la communauté chrétienne ce nouvel élu de Dieu, lui donnait un peu de sel béni en demandant au Seigneur qu'il suscite dans le cœur du candidat l'appétit de Dieu, l'appétit de tout ce qui est noble, de tout ce qui est grand, de tout ce qui rapproche de Dieu, de tout ce qui est divin. Et dans la prière qui suivait, le prêtre demandait au Seigneur de ne pas laisser trop longtemps cet appétit de Dieu sans le combler et que cet enfant échappe à la corruption du monde. Le sel, non seulement donne de l'appétit, mais préserve aussi de la corruption.

« On va te dessaler !... » Aujourd'hui il semble que tout soit orchestré pour "dessaler" nos enfants, c'est-à-dire pour enlever leur foi, pour enlever leur idéal, pour enlever leurs ambitions et leurs rêves : on appelle cela être réaliste !

Pourquoi ?... Pourquoi cet assaut, pourquoi cette fureur lorsqu'une âme toute fraîche, lorsqu'une âme noble, lorsqu'un cœur généreux, lorsqu'une âme qui désire monter, se présente quelque part ? La première lecture que nous avons faite tout à l'heure nous l'explique. On n'aime pas, lorsqu'on suit une mauvaise voie, qu'on vous le dise, et encore moins qu'on vous le montre. Et quand quelqu'un a choisi cette mauvaise voie ça l'agace, ça l'ennuie qu'il y ait à côté de lui un camarade qui ne suit pas le même chemin et qui est ainsi comme un reproche vivant. « Sa conduite contrarie nos habitudes », vous avez entendu cette phrase dans le livre de la Sagesse. Alors, on va comploter contre lui, on va lui tendre des pièges.

Quels sont les moyens que l'on va prendre pour "dessaler" ces enfants ?

Le premier, ce sera la moquerie : « Il n'est pas à la page !... Il croit encore – excusez-moi le mot mais c'est celui qui est employé – il croit encore à toutes ces "conneries" !... Il va encore chez les curés, à son âge !... Il pratique encore une religion, à son âge ! Est-ce qu'à notre époque, au vingtième siècle, en cette ère nouvelle qui est celle de la science, on peut croire encore à tout cela ?... C'est de l'illusion !... Il faut être réaliste ! La vie, c'est autre chose et il ne faut pas rater sa vie !... Il faut en profiter au maximum ! même si c'est au détriment des autres... »

Ces moqueries, beaucoup déjà parmi vous, les jeunes, vous les avez entendues à l'école, dans la rue, dans votre milieu de travail.

Cette attaque contre votre idéal aujourd'hui, elle est orchestrée... On apprend des tas de choses à vos enfants, on développe leur mémoire, on développe leur imagination, on développe leur esprit d'observation, mais les facultés maîtresses, celles qui font un homme et une femme, celles-là, on les laisse s'atrophier.

Pourquoi ?

Parce que si c'est gênant d'avoir affaire avec un homme et une femme, c'est plus commode d'avoir affaire à un mouton ! A quelqu'un qui n'aura pas d'esprit critique, qui gobera tout ce qu'on lui dira, tous les slogans à la mode, tout ce qu'on voudra lui bourrer dans le crâne ! C'est pour cela que l'on ne va pas développer sa raison, lui apprendre à réfléchir, lui apprendre à raisonner, lui apprendre à acquérir un esprit critique dans le bon sens du mot . Non ! Et on lui apprendra encore moins à exercer sa volonté. Aujourd'hui, être libre, cela veut dire suivre toutes ses envies, tous ses caprices... "Suivre" ? Autrefois, et toujours, être libre, cela voulait dire se diriger soi-même, ne pas accepter d'être entraîné, ou d'être "mené", aussi bien par ses instincts que par l'entraînement des copains et les slogans à la mode, mais faire ce que, soi-même, on trouve bien et ne pas en démordre ! Ça s'apprend ça ! Ça se forge une volonté. On l'oublie !...

On oublie aussi de former le cœur. Et là, je m'adresse en particulier aux parents. Je ne sais si vous avez eu entre les mains certains de ces livres qui sont mis entre les mains de vos garçons et de vos filles à partir de l'âge de 7 ans - 9 ans et qui ont pour but de leur parler de "l'information sexuelle".

Regardez-les !

Aujourd'hui on est bien obligé de reconnaître que la technique pure, quand elle est poussée jusqu'au bout sans souci de l'humaniser, devient catastrophique, même dans l'industrie, parce qu'elle rend le milieu invivable pour des êtres humains.

Or voici que dans ces livres, vous trouvez absolument toutes les techniques qu'on a jamais pu imaginer pour – je vais dire un mot qui brûle les lèvres quand on voit le sens qu'on lui donne – pour "faire l'amour" ! C'est-à-dire toutes les façons d'exploiter les autres pour en retirer du plaisir ! Feuilletez, tournez les pages de ces livres : tout cela est montré avec photos à l'appui (oh il y en a des photos !), mais vous ne trouverez pas un passage, pas même une phrase qui exalte ce que c'est qu'un véritable amour : l'adoration de quelqu'un que l'on estime par dessus tout parce qu'on le trouve sensationnel et qu'alors on se donne à lui corps et âme, et cœur et esprit, tout entier, et qu'on lui consacre l'entièreté de son être et l'entièreté de sa vie ! ça... on n'en parle pas.

Qu'est-ce que cela va donner ?

Eh bien hélas ! l'expérience est déjà faite ! Tous ceux qui ont fréquenté un peu les jeunes et tous les parents s'aperçoivent très bien quand un jeune "tourne mal", comme l'on dit. Qu'est-ce qui vous permet de détecter ce changement dans le cœur de votre enfant ? Il devient dur, il devient égoïste et sournois ! Ses parents ? il ne peut plus les sentir... Attention ! cet enfant, ce qu'il recherche c'est son plaisir personnel, uniquement ! son plaisir physique... c'est ça qui l'obsède !... Mettre sa joie à se dépenser pour un autre, mettre sa joie à faire le bonheur d'un autre ? Ah non ! Essayez de lui demander le moindre petit service et vous verrez comment il vous recevra !... Tout pour lui !

Voilà ! Est-ce que j'exagère ? Est-ce que c'est faux, est-ce que c'est vrai ? Je ne cherche pas à endoctriner, à chacun de juger.

Ce qui est frappant dans l'Evangile – nous en avons un exemple dans l'Evangile aujourd'hui – c'est cette tendresse de Jésus-Christ pour les enfants ! Ce passage où le Seigneur prend un enfant, le campe au milieu de tous, le cite en exemple, le bénit et l'embrasse et déclare que nous devons imiter cet enfant ! Qu'est-ce qui fait qu'il les aime tant, Jésus-Christ, ces petits ? Au point qu'en effet il leur témoigne sa tendresse toutes les fois qu'Il les rencontre, au point qu'Il les défend ? Quand ses Apôtres sont furieux de voir toute cette marmaille qui lui court après, Jésus dit : « Laissez venir à moi ces petits enfants car c'est à eux qu'appartient le royaume de Dieu ! » Ce qui prend le cœur du Seigneur, c'est qu'Il se trouve en plein accord avec ces enfants : cette clarté de l'enfant ! cette logique de l'enfant ! cette franchise, cette spontanéité de l'enfant qui fait que sortent de sa bouche des vérités qui parfois sont de drôles de gifles pour nous ! Ce besoin de l'enfant de s'extasier, d'admirer, ces grands yeux tout ouverts quand il y a quelque chose de beau, quelque chose qui brille ! et cette limpidité du cœur de l'enfant ! Oui ! Toutes ces richesses, toutes ces qualités, nous les retrouvons dans l'idéal que Jésus nous propose. Aussi bien en fait-il la charte, la condition d'entrée dans son royaume. « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous ne pouvez pas entrer dans le royaume de Dieu ! » (Matthieu, ch.18, v.3).

Ainsi, alors que le monde s'emploie à vieillir et à salir l'enfant, Jésus, Lui, veut que nous conservions et développions toutes ces richesses d'une âme d'enfant parce qu'elles sont comme des reflets en nous de l'empreinte de Dieu.

Eh bien ! chers amis, il faut faire le choix.

Certains d'entre vous vont inscrire leur enfant au catéchisme pour la première fois, d'autres vont le réinscrire car il y est déjà.

Que voulez-vous obtenir par cette démarche ?

Si vous les amenez au catéchisme seulement pour qu'on les occupe un peu un jour de congé, pour qu'ils ne traînent pas dans la rue, alors ne les amenez pas !

Si vous les amenez là simplement pour qu'on leur donne quelques principes de morale, parce que, tout compte fait, ceux qui ont été chez les bonnes sœurs et chez les curés, eh bien ! il leur en reste ensuite un petit fond !... ne les amenez pas ! Nous n'arriverions pas a nous entendre.

Même chose : ceux qui viennent dans nos œuvres, dans nos groupements de jeunesse, si c'est simplement pour y trouver des amusements, j'allais dire : on peut mieux trouver ailleurs ! Il y a des organismes qui sont mieux armés que nous pour cela ! Qu'ils ne viennent donc pas ! Si c'est simplement pour faire du camping, aller en colonie de vacances, faire partie de tel ou tel atelier qu'ils ne viennent pas, nous ne nous entendrions pas...

Si, au contraire, vous avez pu éprouver vous-mêmes par expérience ce que pouvait apporter la foi chrétienne vécue, pratiquée, si vous avez pu éprouver par vous-mêmes l'épanouissement que cela apporte à tout notre être et comment, justement, tout ce que l'on trouve de meilleur, de plus noble et de plus grand dans vos enfants pouvait être épanoui par la pratique de l'idéal de Jésus-Christ, si même, pour des tas de raisons, vous n'avez pas eu la chance de pouvoir expérimenter tout cela par vous-mêmes dans votre vie, mais que vous voyez, que vous devinez que cela peut enthousiasmer, épanouir votre enfant, alors, venez ! et là nous serons certainement toujours d'accord ! Vous viendrez chercher chez nous ce que justement nous voulons donner à nos jeunes ! Oui, la seule chose que nous voulons, c'est épanouir votre enfant dans toutes ses dimensions en lui faisant vivre l'idéal de Jésus-Christ.

Chez nous, on lui apprendra à réfléchir, on essaiera d'en faire un passionné de vérité et de franchise.

A ce propos je voudrais bien qu'il y ait quelqu'un dans l'assemblée qui puisse nous dire si jamais nous avons forcé un enfant à croire ! Nous lui dirons toujours toutes les objections que l'on peut faire contre notre religion, nous lui donnerons les arguments de réponse et il jugera... Mais faire venir à l'église des gens qui n'ont pas la foi et leur faire jouer une comédie sacrilège, non ne comptez pas sur nous pour cela !

Ce que nous formerons, ce que nous voulons essayer de former chez ces enfants, c'est la Volonté ! En faire des hommes et des femmes qui ne se laissent pas impressionner par le "qu'en dira-t-on", par les petits copains, et qui sachent commander à leurs instincts, qui sachent les juger : cette envie que j'éprouve est bonne, je la suis à bloc ! Cette autre envie, je juge qu'elle est mauvaise, qu'elle est néfaste, qu'elle me sabote, qu'elle me diminue, qu'elle n'est pas conforme à l'idéal tel que le Seigneur Jésus me l'a présenté et tel que je l'ai choisi : je lutte contre ! et je me sens alors..."quelqu'un" ! c'est important !

Ce que nous chercherons encore à faire dans nos groupements, dans nos catéchismes, c'est de former le cœur de vos enfants, de leur apprendre le véritable amour que Jésus-Christ est venu nous révéler qui est don total de soi aux autres, de leur apprendre, comme le disait l'Evangile de tout à l'heure, que la noblesse la plus grande, ce qui peut donner le plus de fierté à quelqu'un, c'est le service ! « Celui qui voudra être grand, celui qui voudra se sentir grand, qu'il serve à quelque chose pour ses frères ! » et, entre parenthèses, chers amis, c'était bien la devise des scouts. Il n'y a pas de devise plus chrétienne que celle-là : "servir" ! C'était celle du Seigneur Jésus-Christ : « Je suis venu pour servir et non pour être servi. » (St Matthieu, ch.20,v.28). Alors ! nous sommes à la bonne école !

 

Voilà, chers amis, ce que nous souhaitons. Si c'est ce but-là qui vous fait conduire vos enfants ce matin devant cet autel, si c'est ce but-là qui attire les jeunes dans nos groupements, alors, c'est sûr, nous nous entendrons toujours.

Et c'est pour cela que nous voulons mettre à la tête de nos catéchismes, à la tête de nos groupements, des chrétiens convaincus qui ont trouvé dans la pratique de leur foi leur épanouissement complet, leur joie complète, et qui sont donc aptes à la transmettre. S'ils n'avaient pas fait cette expérience, ce serait de l'endoctrinement, ce serait, à la limite, de l'hypocrisie, et il ne faut pas le faire !

Ce que nous voulons, c'est transmettre ce que nous-mêmes nous avons expérimenté, ce qui nous-mêmes nous anime, ce qui pour nous-mêmes fait notre joie suprême ce qui pour nous-mêmes donne un sens à notre vie, ce qui pour nous-mêmes nous a permis d'épanouir toutes nos facultés et nous a rendus heureux ce qui nous a permis de ne pas être submergés par le flot de boue qui nous entoure parfois, mais de rester "quelqu'un" !

 Eh bien ! ce matin, au cours de cette messe, nous prierons pour cela, chers amis : pour que chacun de nos enfants, comme vous le souhaitez, comme nous le souhaitons nous aussi, comme le souhaite Dieu Lui-même, soit "quelqu'un" ! et que, pour cela, ils deviennent tous des "mordus" de Jésus-Christ.

 

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