SOMMAIRE DE L'HOMELIE
La grandeur du mariage aux yeux de la foi.
Le foyer : réplique humaine de la
Très Sainte Trinité
1°) - Dieu crée un magnifique décor...
- Dieu crée l'acteur qui jouera le jeu de l'Amour de Dieu, il le crée à son image en le faisant homme et femme.
Le récit symbolique de la création de la femme (cf. lère lecture) explique...= il souligne son égalité (de dignité) avec l'homme...
= elle apparaît à lui comme " une projection " de lui-même..
= de là naît un amour plus fort que tous les autres...
= de là naît leur désir de s'unir...
= l'enfant, fruit de cette union : c'est leur amour mutuel personnifié2°) En Dieu :
- Le Fils est comme " une projection " du Père = l'Idée qu'Il conçoit de lui-même, parfaitement égale à Lui, et qui, du fait de la perfection de l'être divin est une personne...
- Leur amour mutuel qui, lui aussi, est parfait et infini, est donc aussi une personne : la troisième personne : le Saint Esprit.3°) Les époux se choisissent parce qu'ils se trouvent "semblables" chacun retrouve en l'autre une projection de lui-même ou au moins un complément.
L'amour humain est grand parce qu'à base de beauté, surtout morale : reflet de la beauté même de Dieu...- Les fiancés se trouvent beaux...physiquement et surtout moralement...
- La découverte de la beauté morale de la fille fait passer le garçon du stade de l'amour captatif, égoïste (amour-objet) à l'amour d'adoration = indispensable pour faire un foyer heureux...
L'amour humain est quelque chose de grandiose parce qu'il est un CHOIX.
- C'est à cause de leur beauté (surtout morale) qu'ils se sont choisis...
- Fierté qu'apporte ce choix...
Grandeur de "l'acte d 'amour".
1°) Il exprime corporellement le désir de consacrer l'entièreté de son être et de sa vie à celui ou à celle que l'on aime d'un amour d'adoration, et leur désir de ne faire qu'un.
Pour l'Eglise et pour les chrétiens :
- Il ne peut être un geste animal commandé uniquement par l'instinct ou la passion...
- Il ne peut être non plus un geste "banal"...
- C'est un "événement" dans une vie qui doit être célébré religieusement...
- Quelle sera l'attitude du fiancé guidé par cet idéal ... meilleure preuve de son amour d'adoration ?...2°) Ce qui fait encore la grandeur et la noblesse de l'acte d'amour c'est qu'il peut donner naissance à un enfant...
Quelle merveille qu'un enfant !
Profanations et sabotages de l'amour humain :
L'Eglise, chargée de défendre la beauté de l'amour, chargée de nous présenter en tout ce qu'il y a de plus beau, ne pourra jamais admettre ces profanations.Pour que cet idéal chrétien de l'amour soit réalisé, il fait plus que jamais aujourd'hui la grâce de Dieu, et la " pratique " religieuse qui entretient chez les époux le souci de s'embellir moralement...
ET DIEU VIT QUE CELA ETAIT BEAU...
Et le firmament avec son soleil resplendissant, et la lune, et ses myriades d'étoiles si petites à nos yeux et pourtant si gigantesques !... et la bonne, l'humble Terre, notre planète, avec ses myriades de plantes, de fleurs, d'arbres, et d'oiseaux et d'animaux de toutes sortes ... Oui, Dieu avait tout créé sous le signe de la beauté et de la bonté... « Et Dieu vit que cela était beau ! » Quel magnifique décor, en effet !
Mais voici qu'au moment de faire apparaître sur cette immense et magnifique scène l'acteur qui jouerait , sous le regard de Dieu et des anges, le grand jeu de l'amour de Dieu, Dieu la Sainte Trinité se recueille pour ainsi dire : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance et qu'il soit le roi de toute cette création merveilleuse ! » Alors, dit la Bible, « Dieu créa l'homme à son image et ressemblance ; à l'image de Dieu, Il le créa ; homme et femme, Il les fit. » (Genèse, ch.l, v.26-27)
Le passage de la Genèse que nous venons d'entendre et qui est emprunté à la seconde façon dont, à cette époque lointaine, on se représentait la création, nous explique cette phrase de la Bible.
Dieu avait créé l'homme, il en avait fait un être vivant et pensant comme Lui, une personne ! Et Dieu se dit : « Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul ! » Adam, en effet, avait beau regarder autour de lui tous ces animaux qui l'entouraient et qui lui étaient parfaitement soumis, il n'avait personne avec qui échanger ses idées, avec qui parler, personne parmi toutes ces créatures qui l'entouraient, personne à aimer... Et Dieu le voyait bien, et Dieu le savait bien. « Alors, ajoute la Bible, Dieu se dit : "Faisons à l'homme une aide semblable à lui, une compagne qui lui soit assortie !". C'est alors que Dieu créa la femme. »
Cette création nous est racontée de façon imagée et symbolique : d'abord on dirait que Dieu veut faire "une bonne surprise" à Adam. Il l'endort et prend une de ses côtes pour en façonner sa femme. C'est là une façon de parler imagée et symbolique, évidemment, d'une part pour souligner la dignité de la femme et faire comprendre qu'elle est pour l'homme une aide "semblable" à lui, de même nature que lui, os de ses os, chair de sa chair... et d'autre part pour faire comprendre que sans la femme l'homme est un être incomplet et comme mutilé, imparfait, pour faire comprendre que la femme est, comme l'on dit, "sa moitié"... Une humanité complète suppose l'homme et la femme, deux êtres de même nature, de même dignité, mais complémentaires.
Quand, à son réveil, Dieu présenta à Adam cette compagne, saisi d'admiration devant cette femme qui était comme "une projection de lui-même", Adam s'écria : « Ah ! pour le coup, la voilà bien celle qui me ressemble parfaitement, os de mes os, chair de ma chair ! » Et aussitôt en son cœur jaillit l'étincelle de l'amour, d'un amour si fort qu'il dépasse tous les autres amours, toutes les autres affections. C'est là, en effet, que la Bible ajoute : « C'est pour ça, parce que la femme est pour l'homme comme une "projection de lui-même", os de ses os, chair de sa chair, c'est pour ça que l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et à eux deux ils ne seront plus qu'une seule chair. » (Genèse, ch.2,v.18-25).
Et voici qu'en effet leur amour serait "personnifié", deviendrait une personne, une troisième personne : l'enfant, et voici qu'en s'unissant, en étant un, ils deviendraient trois, se retrouvant l'un et l'autre dans leur enfant qui serait comme leur amour, leur union devenue une personne...
« Dieu créa l'homme à son image et ressemblance : homme et femme, Il les fit ! » Oui, cette trinité de la famille sera une image, une image bien lointaine sans doute et bien imparfaite, mais une image tout de même de Dieu, de la Sainte-Trinité. Le mariage apportera ainsi aux époux une ressemblance toute particulière avec Dieu, avec ce Dieu que Jésus nous a révélé et qui est trinitaire Père, Fils et Esprit.
Rappelez-vous, une fois encore, ce que je vous ai dit en parlant du mystère de la Sainte-Trinité. Dieu, qui est intelligent, ne peut pas ne pas se faire une idée de Lui-même, une idée exacte, parfaite, aussi parfaite que Lui-même, une idée qui est donc comme "la projection de Lui-même"... Et comme en Dieu cette idée est infinie, puisqu'elle a la perfection de l'être, cette idée que Dieu conçoit, qu'il engendre, est aussi une personne : son Fils ! le Verbe de Dieu. Mais, d'autre part, Dieu se contemplant dans cette Idée qu'est son Fils ne peut pas ne pas s'admirer et s'aimer puisqu'Il est la perfection infinie, de même que cette idée, son Fils, puisque c'est une personne, ne peut pas s'empêcher d'aimer Celui qui l'a conçu et engendré, son Père... Cet amour mutuel qui, en Dieu, unit le Père et le Fils, étant infini, doit réaliser, lui aussi, la perfection de l'être c'est pourquoi cet Amour est lui aussi une personne, une troisième personne le Saint Esprit.
Vous voyez la ressemblance !
Vous voyez ! Pourquoi Adam a-t-il été "emballé" en voyant la compagne que Dieu lui présentait ? Qu'est-ce qui a fait jaillir en son cœur cet amour, cet amour unique, plus fort que tous les autres ? C'est que cette femme lui ressemblait, qu'il se retrouvait en elle, qu'elle était à ses yeux comme une projection de lui-même. « Voilà bien pour le coup, s'écrie-t-il, celle qui est os de mes os, chair de ma chair ! »
Voyez ! Qu'est-ce qui fait que deux jeunes se choisissent entre mille et mille autres possibles ? C'est d'abord parce qu'ils trouvent qu'ils se ressemblent, ils se retrouvent pour ainsi dire l'un dans l'autre, l'un est comme une projection de l'autre... Il retrouve dans l'autre les mêmes idées, les mêmes goûts, la même façon de voir les choses... ou tout au moins, comme les êtres humains sont tous bien limités, il retrouve dans l'autre tout un tas de qualités qu'il voudrait bien avoir, même s'il ne les a pas... Ils se sentent complémentaires.
Car, oui, c'est bien cela ce qui fait que deux cœurs s'aiment : ce sont leurs qualités, leur beauté. C'est parce qu'ils se trouvent beaux !
Beaux, certes, de cette beauté du corps qui est un don de Dieu et qu'il ne faut pas mépriser, mais qu'il faut, au contraire, entretenir et développer comme tous les autres dons du Seigneur ! Je dis parfois aux filles de mon catéchisme qu'une fille qui s'attiferait mal, qui serait mal mise, qui se négligerait, qui ne mettrait pas discrètement en valeur cette beauté que Dieu lui a donnée, ferait un péché ; oh ! sans doute ordinairement, pas un péché grave, mais un péché tout de même parce qu'elle abîmerait un don de Dieu...
Si deux cœurs s'aiment, c'est surtout parce qu'ils se trouvent "chics", formidables, uniques, à cause de toutes les qualités d'esprit et de cœur qu'ils découvrent l'un dans l'autre...
A ce propos je voudrais dire que l'évolution affective débute ordinairement, surtout chez le garçon qui est plus égocentrique, par un stade d'amour captatif, possessif, qui n'est au fond qu'un égoïsme déguisé. Cet amour humilie celui ou celle qui en est l'objet et qui se sent aimé comme on aime une chose, comme on aime la confiture ou un verre de vin, pour le plaisir et la satisfaction qu'on en retire... Cet amour-là fait les esclaves. Se marier quand on en est à ce stade, ce serait pour un foyer débuter sous de bien fâcheux auspices qui risqueraient de marquer la vie toute entière...
Mais quand il commence à découvrir les qualités d'âme, d'esprit et de cœur de la jeune fille, quand il est "médusé" par sa limpidité intérieure et sa délicatesse, le garçon passe de ce stade de "l'amour-objet", comme je dis, à celui de "l'amour d'adoration", tout pénétré d'un souverain respect et d'admiration. Cette admiration fait qu'au lieu d'exploiter cette jeune fille et d'en faire son instrument de plaisir et son esclave, le garçon est tout prêt à se dévouer, à se sacrifier pour elle : elle devient "sa Dame" à laquelle il est tout prêt à faire don de l'entièreté de son être et de sa vie. Il est bien évident qu'il ne peut y avoir de bonheur dans un foyer que lorsque les deux époux en sont arrivés à ce stade, quand leur amour naît d'une admiration mutuelle.
Et voilà encore un point qui vient embellir l'amour humain : cet amour est quelque chose de grandiose et de magnifique, non seulement parce qu'il va permettre à l'homme et à la femme mariés de ressembler d'une nouvelle façon à Dieu, à la Très Sainte-Trinité, mais l'amour est aussi quelque chose de magnifique parce qu'il est à base de beauté, surtout de cette beauté morale faite de toutes ces qualités de cœur et d'âme qui sont comme des reflets de la beauté même de Dieu dans une créature, si bien qu'en aimant celle-ci à cause de ce reflet divin, ce sera encore Dieu que finalement on aimera...
Oui, c'est parce qu'ils se trouvent beaux de cette beauté-là que ces cœurs se sont choisis, et ce choix est encore quelque chose qui vient embellir et grandir l'amour !
Voyez comme une fiancée est fière d'être "la choisie", "l'élue", "l'unique", et c'est la même chose pour l'homme ! Des filles, il y en a des millions et des millions, des gars aussi... et voici que parmi tous ceux-là, parmi toutes celles-là, je suis "le choisi", je suis "la choisie" ! Voilà pourquoi les fiancés sont si fiers de se promener au bras l'un de l'autre à cause de ce choix qui s'affiche de la sorte... « Je t'aime comme jamais je n'ai aimé personne d'autre au monde ! je t'aime sans partage, de toute la force, de toute la puissance de mon amour, oh ! mon unique ! je t'aime comme jamais je n'aimerai personne d'autre au monde, je t'aime pour toujours, je t'aime pour l'éternité ! »
Dans la Trinité Sainte, chacune des personnes divines est toute orientée vers l'autre, toute donnée à l'autre.
Dans le foyer chrétien, dans le véritable amour, chacun des deux sera tout entier tourné vers l'autre, donné à l'autre, il ne vivra que pour l'autre, il sera tout entier à son service ! « Tu es ma Dame, tu es ma Reine » dira l'homme à son épouse, « je te défendrai, je te protégerai, je te servirai dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, tu peux compter sur moi absolument, plus que sur tout autre au monde ! je te le dis, je te le jure de la façon la plus solennelle devant Dieu, devant toute la Communauté chrétienne. » Et l'épouse dira à son mari : « Je t'entourerai de toute ma tendresse, je serai pour toi dans le dur et accablant désert de la vie comme un oasis de fraîcheur et de douceur où tu pourras venir refaire tes forces pour les durs combats de la vie, je te le jure devant Dieu, devant toute l'Eglise. »
Dans la mesure où nous ressentons très fortement une chose, nous avons besoin, parce que nous sommes corps et âme, d'exprimer ce sentiment profond par un geste corporel.
Pour témoigner à quelqu'un notre amitié, nous lui serrons la main ; si nous l'aimons encore plus, nous l'embrassons. Un sentiment qui ne "prendrait pas corps", qui n'aurait pas de support ni d'expression corporelle propres à lui, risquerait fort de s'altérer très vite.
Cet amour de choix et de prédilection des époux, cet amour unique plus fort que tous les autres, cet amour d'adoration qui porte les époux à vouloir se consacrer l'entièreté de leur être et de leur vie, cet amour s'exprimera, lui aussi, par un geste exclusivement réservé à l'expression de cet amour-là, il s'exprimera par le don de leur corps qui traduira en même temps ce désir d'union profonde inhérent à tout amour véritable. Voilà pourquoi ce don des corps est par excellence " l'acte d'amour ".
Voilà pourquoi, pour l'Eglise, pour de vrais chrétiens, ce geste revêt un caractère sacré, non seulement parce qu'il est "invention de Dieu", mais aussi à raison de sa signification profonde.
Voilà pourquoi l'Eglise ne permettra jamais que ce geste soit simplement un geste animal elle ne peut tolérer qu'il soit réduit à un simple "accouplement".
Voilà pourquoi l'Eglise ne permettra jamais que ce geste soit "un geste banal" que l'on fait au hasard des rencontres, pas plus qu'elle ne pourra permettre que ce soit "un geste simplement passionnel".
Pour Elle, ce geste est et doit être un "événement" , qui transforme toute une vie, un événement tel qu'il doit être célébré religieusement afin d'en souligner le caractère sacré et pour garantir aux époux l'aide constante de Dieu. Le fiancé chrétien qui, pénétré de cette doctrine, peut dire à sa fiancée : « Je t'estime trop, je mesure trop tout ce que ce geste doit représenter pour toi, comme pour moi, pour accepter que tu te donnes à moi, à plus forte raison pour te demander de le faire, tant que je ne t'aurai pas donné moi-même la garantie de fidélité la plus forte que l'on puisse imaginer en recevant le sacrement de mariage », ce fiancé-là donne, je pense, à celle qu'il aime la preuve la plus forte du respect qu'il a pour elle, la preuve la meilleure qu'à ses yeux, à lui aussi, ce don engage l'avenir et doit revêtir un caractère sacré, bref, il montre de façon évidente qu'il en perçoit toute la grandeur, toute la signification. Pas de danger que ce soit de sa part un geste d'égoïsme commandé seulement par l'instinct ou par la passion!...
Ce qui fait encore la grandeur de ce geste, de cet " acte d'amour ", c'est qu'il peut donner naissance à un enfant qui sera donc comme un acte d'amour personnifié, éternisé !
Un enfant !... Vous voyez quelle merveille ! Merveille que son petit corps dans lequel le papa et la maman chercheront à retrouver des traits de ressemblance ! Merveille que son petit corps : un petit doigt d'enfant !... et ces petits yeux d'enfant, ces yeux si coquins qui ouvrent déjà tout grand sur son âme !... et cette âme alors !... cette âme d'enfant, quelle splendeur ! une âme éternelle, destinée à devenir enfant de Dieu, élue du ciel ! cette âme qui s'exprime dans des mots si naïfs, mais souvent si profonds, que tout le monde admire ! cette âme d'enfant que les parents doivent élever, faire monter.
Alors, vous pensez, profaner tout cela, combien ce peut être horrible oui, vous voyez tout ce que perdrait cet amour, comme il serait profané, abîmé, massacré, si au lieu de dire : « Je suis à ton service, tu seras ma Dame, ma Reine » ou « Tu seras mon chevalier », les époux, les mariés devaient se dire pour être vrais, pour être francs : « Je profiterai de toi tant que je pourrai, tu seras ma chose, mon esclave... Je t'aime comme une chose, pour le plaisir que tu me donnes ! »
Vous voyez tout ce que perdrait cet amour, comme il serait massacré, si au lieu de dire sincèrement : « Je t'aime pour toujours, je t'aime pour l'éternité, tu peux compter sur moi à la vie à la mort », il devait dire pour être franc : « Je t'aimerai tant que ça me chantera et après, quand j'en aurai assez de toi, je te laisserai tomber et j'en prendrai un autre ou une autre !... » Qui de nous accepterait d'âtre lâché même simplement par un ami ou un camarade ?... Sans une garantie de fidélité, il ne peut y avoir d'amitié vraie, à plus forte raison de véritable amour...
Vous voyez tout ce que perdrait cet amour, comme il serait abîmé, défiguré, si au lieu de faire dire sincèrement aux mariés : « Je t'aime comme je n'ai jamais aimé, comme jamais je n'aimerai personne d'autre au monde », il devait pour être franc leur faire dire : « Je t'aime comme j'en ai aimé bien d'autres avant toi et comme j'en aimerai bien d'autres après toi, ni plus ni moins ! »
Vous voyez comme le geste sacré qui exprime cet amour exclusif, ce don total de soi-même, cet amour éternel, vous voyez combien ce geste sacré serait sali, dénaturé, profané, si l'homme et la femme le faisaient avec n'importe qui, au hasard des rencontres !... A ce moment-là il ne pourrait plus que dire : « Tu es pour moi une femme comme une autre, un homme comme un autre rien de plus. » En perdant son exclusivité, le geste d'amour a perdu alors toute sa grandeur, toute sa beauté, toute sa poésie. Quel désastre ! Et en même temps s'évanouit toute la fierté de pouvoir se dire « Je suis le premier, je suis la première, je suis le seul, je suis la seule au monde à être aimé comme ça, à ce point-là par lui, par elle ! »
Vous voyez enfin combien ce geste d'amour est abîmé, perd de sa signification, quand ceux qui prétendent s'aimer ainsi le dénaturent pour qu'il ne risque pas d'être éternisé, personnifié dans un enfant !
L'Eglise, chargée à la suite de son divin fondateur de défendre la beauté de l'amour, l'Eglise qui doit en tout nous présenter l'idéal, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus beau, l'Eglise ne pourra jamais permettre cette dégradation, ce sabotage de l'amour.
Pour elle, il n'y aura jamais qu'un seul et véritable amour, celui-là même que Dieu réclame de nous : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toutes tes forces ! » De la même façon, l'amour des époux doit être un amour totalitaire. N'est-ce pas, du reste, en définitive, comme nous le disions, un reflet de Dieu qu'ils aiment en chacun d'eux, puisque c'est surtout la beauté morale qui est à la source de leur amour ? Bref, pour Elle comme pour le Christ, il n'y a qu'un seul amour véritable : l'amour d'adoration à base d'admiration qui fait que l'on est prêt à consacrer l'entièreté de son être, l'entièreté de sa vie à celui ou à celle qui vous a médusé.
Car oui, c'est bien cela, ce qui fait que deux cœurs s'aiment : ce sont leurs qualités, leur beauté. C'est parce qu'ils se trouvent beaux !
Vous voyez dès lors comme il sera capital pour la solidité d'un foyer, pour la pérennité de cet amour, que les époux s'embellissent de plus en plus au point de vue moral.
C'est là que la pratique religieuse peut beaucoup les aider dans cette ascension continuelle. Celui, en effet, qui s'arrête chaque jour quelques secondes pour faire le calme, réfléchir et prier, celui qui accepte même en allant se confesser de faire régulièrement le point sur ses efforts et ses défaillances, celui qui, chaque dimanche, va à la messe pour se retrouver avec d'autres personnes qui partagent son idéal, qui y va pour entendre parler de cet idéal, qui y va surtout pour se remettre en présence de l'acte d'amour suprême de Jésus nous déclarant : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie que ce soit d'un seul coup ou au goutte à goutte quotidien pour ceux qu'on aime ! », en se plaçant même au seul point de vue humain, au seul point de vue psychologique, celui qui agit de la sorte a assurément bien plus de chances de s'améliorer que celui qui se laisse emporter par le tourbillon de la vie, que celui qui n'a jamais rien à se reprocher et qui devient facilement un parvenu et un tyran, que celui qui vit constamment au milieu de gens apparemment sans idéal, que celui qui n'a jamais l'occasion de réfléchir à ce qu'est un véritable amour !
Puissiez-vous, époux chrétiens, soutenus par la grâce du sacrement et par votre pratique religieuse intelligente, apporter à notre monde pourri le témoignage de cet amour d'adoration...
Et vous, les jeunes, que l'emballement que suscite en vos cœurs, j'en suis sûr, cet idéal de l'amour qui répond à vos rêves, vous donne un nouveau courage pour mener au milieu de ce monde érotique le dur combat de la pureté.