Année B – 32ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

 

"Fini le carnaval !... Déposez vos masques ! "

Jésus déclare une guerre acharnée à l'hypocrisie des Pharisiens et des Scribes..

- Ils veulent en imposer par leur habillement...
- Ils cachent leurs exactions sous le manteau de la piété
- Beaux discoureurs ... ils ne font pas ce qu'ils prêchent
- Redresseurs de torts ... sans se corriger eux-mêmes...
- Scrupuleux pour les bagatelles...ils négligent les commandements les plus importants...
- Soucieux de pureté légale ... mais l'intérieur ?

 Quand ils font le bien, c'est pour se faire voir... ils veulent passer pour des gens pieux...mais... ils veulent passer pour des gens mortifiés... ils veulent passer pour des gens généreux...mais...

 

AUJOURD'HUI

 Le MONDE : " Paraître " = seul impératif catégorique…

 Exemples :

- au point de vue de la morale
- au point de vue matériel...
-
au point de vue intellectuel.

NOUS :

Les chrétiens " exploiteurs "...
Les pratiquants qui mènent une vie peu édifiante...
Les chrétiens qui ne veulent pas s'améliorer...
Parents, éducateurs, prédicateurs qui veulent corriger, sans se corriger...
Jeunes qui viennent dans les groupements sans vouloir de l'idéal chrétien, spécialement de notre idéal sur l'amour...
Ceux qui, après un péché grave, communient sans s'être confessés

 

Doctrine chrétienne sur le superflu…

Le superflu "absolu" qui ne nous est nécessaire ni pour nous, ni pour notre famille, ni pour notre profession ou situation...
Il est dû en stricte justice aux pauvres non coupables...
Si un pauvre n'a pas ce qu'il lui faut pour vivre, nous devons prendre sur notre nécessaire de condition pour l'aider. 

Conclusion :

1°) sus à l'hypocrisie...
2°) Soyons généreux, sachons nous priver pour les autres

 


HOMELIE

 

JESUS CHRIST A DIT : « FINI LE CARNAVAL !... DEPOSEZ VOS MASQUES... »

« Paraître », disaient les Pharisiens, « paraître » dit encore le monde aujourd'hui !...

« Etre », dit Jésus-Christ ! Enlevez, déposez vos masques !... Le Seigneur a déclaré une guerre implacable à l'hypocrisie et à ces Scribes et ces Pharisiens qui ne veulent pas de bon gré déposer leurs masques. Il va les leur arracher. Il va les démasquer et ce, en public !

Vous l'avez entendu tout à l'heure dans l'Evangile. Il nous demande de nous méfier, de ne pas nous laisser impressionner par ceux qui cherchent à nous en imposer par leur tenue vestimentaire en s'habillant en "beaux messieurs" ! « Méfiez vous des scribes qui aiment sortir en robes solennelles et qui aiment à être salués bien bas sur les places publiques, qui sont à l'affût des honneurs et des bonnes places ! qui cherchent à passer pour des "gens bien", voire pour des "gens pieux" ! En réalité ce sont des voleurs ! Ils font de longues prières mais ils dévorent les biens des pauvres gens sans défense, les biens de la pauvre veuve et de l'orphelin... »

Ecoutez, écoutez encore!... Ce sont de beaux discoureurs. Ils font de beaux sermons, de belles recommandations, mais, les hypocrites ! ce qu'ils disent, ce qu'ils prêchent, ils ne le font pas ! (St Matthieu, ch.23, v.3).

Ils se font volontiers redresseurs de torts : « Laisse moi donc enlever le fétu que tu as dans l'œil ! » Hypocrites ! ils ne voient pas, ils feignent de ne pas voir la poutre qu'ils ont dans le leur ! (St Matthieu, ch.7,v.4-5 ; St Luc, ch.6, v.42). Ils reprochent au Seigneur de travailler le jour du sabbat parce qu'il ne s'arrête pas de guérir les malades ce jour-là, mais les hypocrites ils ne se gênent pas, eux, ce jour là, pour détacher leur âne ou leur bœuf et le conduire à l'abreuvoir ! (St Luc, ch.13, v.15). Ils voudraient obliger le Christ à se compromettre au point de vue politique, ils voudraient le faire passer pour un collaborateur en l'obligeant, s'il ne veut pas se faire arrêter par la police romaine, à déclarer qu'il faut payer l'impôt aux romains, aux occupants, alors que eux-mêmes, les hypocrites ne se gênent pas pour trafiquer avec eux. Le Christ les en convaincra en leur faisant sortir de leur gousset une pièce de monnaie romaine. (St Matthieu, ch.22, v.18)

Ils veulent se faire passer pour des gens méticuleux, scrupuleux. Ils paient scrupuleusement la dîme même sur les plantes les plus insignifiantes : la menthe, le fenouil, le cumin, mais, les hypocrites ! ils négligent les points les plus importants de la loi : la justice, la miséricorde, la loyauté !... Ils arrêtent au filtre le moustique et ils avalent le chameau, dit le Christ. (St Matthieu, ch. 23, v.23-24).

Ils veulent passer pour des gens soucieux de pureté, de propreté légale... Ils astiquent et ré-astiquent les plats... et n'en finissent pas avec leurs albutions rituelles... Seulement, seulement, les hypocrites ! le contenu de ces plats qu'ils astiquent avec tant de soin, c'est, leur dit le Seigneur, le produit du vol et l'aliment de leur intempérance ! (St Matthieu, ch.23, v.25-26). Et le Seigneur poursuit : « Oui, vous êtes des sépulcres blanchis à la chaux, mais qui sont remplis de pourriture et d'immondices ! » (St Matthieu, ch.23, v.27-28).

Même lorsqu'il leur arrive de faire le bien, c'est encore et toujours pour se faire bien voir ! S'il leur arrive, en effet, de faire quelque chose de bien, ils le claironnent sur la place, il faut que tout le monde le sache bien ! Hypocrites ! Ils dévoilent ainsi, sans le vouloir certes, leurs vraies intentions en réalité ; ils ne cherchent pas à faire le bien, ce qu'ils cherchent, c'est de passer pour des "gens bien"...

Ils veulent passer pour des gens pieux. C'est pour cela qu'ils prient ostensiblement dans les synagogues, et même aux carrefours des rues ! (St Matthieu, ch.6, v.5-6). Leurs prières ? Ah ! parlez m'en... de leurs prières ! Ils affectent de dire de longues prières, comme s'ils pensaient que c'est "au kilométrage" de prières que Dieu, mais surtout leur entourage, mesurera leur ferveur, leur piété... « Ils se figurent que c'est en multipliant les paroles qu'ils se feront mieux écouter » dit Jésus (St Matthieu, ch.6, v.7). En réalité, ces prières, "ça sonne creux" ! et le Seigneur de s'écrier : « Isaïe vous visait par avance, hypocrites ! quand il disait : "Ce peuple m'honore en paroles, mais son cœur est loin de moi ! Aussi il est inutile le culte qu'ils me rendent !" » (St Marc, ch.7,v.6 7).

Ils veulent se faire passer pour des gens mortifiés, austères... Quand il leur arrive de jeûner, ils prennent une mine défaite pour que nul ne l'ignore (St Matthieu, ch.6, v.16 -17).

Ils veulent jouer aux généreux. Ils font de larges aumônes ; le texte évangélique de tout à l'heure nous le disait : « Ils mettaient de grosses sommes dans le tronc ! », mais, les hypocrites ! lorsqu'ils font l'aumône, ils prennent bien soin de le claironner « dans les synagogues et dans les rues, afin de se faire bien voir par les hommes » (St Matthieu, ch.6, v.2-3). Ne vous extasiez pas du reste devant leur générosité apparente, semble nous dire le Christ dans cet Evangile. Qu'est cette générosité qui ne gêne en rien puisqu'ils ne donnent que de leur superflu, de ce qu'ils ont en trop ? Qu'est cette générosité par rapport à celle de cette pauvre veuve qui, elle, a pris sur son nécessaire, qui, elle, a dû se priver pour verser sa modique obole, qui, elle, a pris sur ce qu'elle avait pour vivre ?

 

A vous, à nous tous mai ntenant, mes frères ! à notre tour!...

Les Pharisiens ? leur race est loin d'être exterminée malgré la guerre acharnée que le Christ leur a déclarée...

"Paraître", sauver la face, pour combien de gens aujourd'hui encore c'est le seul "impératif catégorique", celui-là, qu'ils connaissent comme règle de conduite ? comme unique règle de moralité ou... d'immoralité qui dicte leur comportement ? Suivant qu'ils vivent dans un milieu moral ou dépravé, combien s'aligneront... sinon dans les faits, tout au moins dans leurs paroles, et se vanteront respectivement d'actes de vertus ou d'actes dépravés que, bien souvent, ils n'auront pas faits !... Paraître ! Paraître à l'unisson pour avoir l'approbation de l'entourage !... Vivre pour la galerie !...

Voyez quelques exemples. Dans un monde matérialisé, tout est jaugé au point de vue de l'or, de l'argent, de la richesse. Alors, pour être estimé, avoir l'air d'un grand personnage, on fera étalage de richesse... Au besoin on se saignera aux quatre veines pour se payer une belle voiture, plus belle, plus puissante que celle du voisin !... Ou encore pour pouvoir s'habiller en beau monsieur ou en belle dame !... Paraître ! paraître plus que l'on est ! C'est ainsi qu'on se lancera dans des discussions qui dépassent nettement nos connaissances pour avoir l'air d'être plus instruits, plus au fait que ce que l'on est en réalité... sans se rendre compte qu'on se rend ridicules par les âneries et les bêtises que l'on peut sortir dans ce cas là, par les jugements vraiment simplistes que l'on peut porter...

Je parle du monde qui nous entoure, mais, soyons francs, mes frères, l'hypocrisie pharisaïque, ne se cache-t-elle pas jusque dans nos rangs ? Dans nos rangs à nous qui avons cependant l'audace de nous réclamer du Christ et qui, à ce titre, devrions poursuivre le combat qu'il a Lui-même mené contre elle?...

N'y a-t-il pas encore aujourd'hui, hélas ! parmi les soi-disant chrétiens, des gens qui, tels les Pharisiens dénoncés par le Christ, exploitent les autres et qui se tranquillisent en faisant des largesses à l'Eglise ? Hypocrites !... Malheur à eux, dit le Seigneur.

N'y a-t-il pas encore de soi-disant chrétiens qui mènent en douce une vie bien peu édifiante et qui se tranquillisent en étant confis de dévotion ? Hypocrites ! Malheur à eux, dit le Seigneur.

N'y a-t-il pas, n'y a-t-il pas, même parmi nous, de soi-disant chrétiens qui, à ce titre, sont censés "en vouloir de la religion et de l'idéal du Christ !" N'y a-t-il pas des pratiquants qui, je ne dis pas sont pécheurs nous le sommes tous, mais qui ne veulent pas s'améliorer, qui ne veulent pas que la religion influe sur leur vie mais s'en servent comme d'un paravent ? Hypocrites ! Malheur à eux, dit le Seigneur.

N'y en a-t-il pas parmi vous, parents, parmi nous, éducateurs et prédicateurs, qui voulons enlever le fétu dans l'œil de nos enfants ou de nos ouailles, sans songer à enlever la poutre qui est dans le nôtre ? Beaux prédicateurs qui, tels ces beaux parleurs hypocrites, fustigés par le Christ, disent mais ne font pas... Malheur, malheur à nous, hypocrites que nous sommes !

N'y a-t-il pas des jeunes qui pénètrent dans nos groupements pour profiter des activités, des techniques (comme s'il n'y avait pas mieux ailleurs !), de l'ambiance qui y règne, ou même seulement pour y rencontrer des copains et surtout des "copines" sympas ? qui même ne craignent pas "d'encaisser" une messe pour s'y infiltrer plus aisément, mais qui, au fond de leur cœur, ne veulent absolument pas de l'esprit et de l'idéal chrétiens ?... qui n'ont aucun désir d'apprendre le dévouement, l'ouverture aux autres auxquels ils laissent systématiquement tous les services, toutes les corvées ?... qui même, en dessous et par derrière (comme des courageux !), se moquent de ceux qui, selon leur expression, "font du zèle" et ne sont pas assez malins pour "se tirer" ?... N'y en a-t-il pas qui viennent dans nos groupements en rejetant systématiquement l'idéal chrétien de l'amour que nous ne cessons de prêcher, mais qui, toujours en douce et par derrière, entendent bien flirter à qui mieux mieux, soi disant "comme tout le monde", jouant avec les cœurs comme avec les corps ? et qui se moquent volontiers, toujours par derrière et en douce, de ceux et celles qui veulent se respecter et vivre à fond l'idéal de l'amour, les traitant volontiers d'attardés, de "pas à la page", comme s'il avait fallu arriver au XXe siècle pour apprendre à suivre tous ses instincts sans les contrôler et à vivre comme des bêtes !... Hypocrites ! hypocrites sus à ces hypocrites !

Et que dire de ceux qui portent des insignes mensongers ! Des insignes qui normalement veulent dire qu'ils adhèrent par le cœur et par leurs ambitions les plus nobles à l'idéal, à la Loi du groupe dont ils portent les couleurs, mais qui, en réalité, se conduisent d'une façon qui est en contradiction flagrante avec cet idéal et cette loi !... Arrachez cet insigne, arrachez ce masque ! Oui ! nous voulons que dans nos groupes on enlève son insigne, s'il ne le rend pas de lui même, à celui qui a fauté contre la loi ou l'idéal de ce groupe, jusqu'à ce qu'il se soit racheté... Pas d'hypocrisie !

Mais voici hypocrisie bien plus grave, celle là ! Je pense à ces chrétiens qui ont rompu délibérément avec le Christ sur tel ou tel point de sa morale, de son idéal, et qui, sans vergogne, le dimanche suivant, n'hésitent pas le moins du monde à s'approcher de Lui dans la communion... sans que le regret, la simple loyauté et la simple politesse dues au Seigneur, les aient poussés à Lui demander pardon dans le sacrement que Lui-même a inventé à cet effet. « Hypocrisie, disait déjà saint Thomas d'Aquin, le grand théologien du XIIIe siècle, puisque la communion signifie normalement qu'on est uni au Christ et que cette union ne peut coexister avec un péché grave !... » Mais voilà, ces pécheurs ne veulent pas le paraître aux yeux de leurs frères et ils n'ont pas le courage d'aller l'avouer au sacrement de la réconciliation et, s'ils n'ont pas eu ce courage, ils n'ont pas non plus celui de s'excommunier eux mêmes en se privant de communion !... Que penseraient leurs voisins qui tous vont communier ? Hypocrites ! Oui, le Christ l'a dit : vous serez doublement condamnés et punis puisque vous vous êtes servi d'un geste sacré comme paravent...

La litanie est elle terminée ?... Non assurément. C'est à nous de détecter tout ce qui, dans notre attitude ou dans celle de nos groupes, n'est pas loyal pour nous empresser de faire tout au moins des efforts pour rectifier...

 

Allons, mes frères, en tant que disciples du Christ, tous azimuts sus à l'hypocrisie !... Poursuivons-la avec énergie partout où nous la rencontrons en commençant par chez nous ! et en nous disant bien que ceux qui seront démasqués nous en voudrons assurément comme ils en ont voulu au Christ. Lui, sachant bien qu'il risquait sa vie, n'a pas reculé !

Je voudrais en terminant vous donner quelque idée sur la doctrine chrétienne concernant le superflu, puisqu'aussi bien il en est question dans cet Evangile.

Jésus vante la générosité de cette pauvre veuve qui, en mettant sa piécette dans l'escarcelle, a donné, à ses yeux, plus que tous ces riches qui y ont mis des sommes rondelettes. Elle, elle a pris sur son nécessaire, eux, sur leur superflu... Sans doute ils ont mieux fait que ces riches dont nous parlait, il y a un peu plus d'un mois, l'Epître de saint Jacques, ces riches qui laissaient dormir, "grouiller", pour reprendre l'expression de cette lettre, l'argent qu'ils avaient en trop, ou miter les vêtements dont ils n'avaient que faire... mais peut on appeler cela de la générosité ?... C'est trop facile de donner ce dont on n'a pas besoin, ou ce dont on ne se sert pas ou ne se sert plus !

Ce superflu-là, en tout cas, les grands théologiens de l'Eglise, tels saint Thomas d'Aquin et Cajetan, déclarent qu'il est dû aux pauvres, entendez aux pauvres non coupables : je veux parler de ceux qui ont fait tout ce qu'ils ont pu (donc qui ne sont pas paresseux), mais qui, par malchance ou parce que peu doués, n'y arrivent pas ! Ceux-là ont droit en stricte justice à ce superflu, du fait de la destination naturelle des biens matériels qui sont faits pour servir. C'est à tel point, disent ces auteurs, que ceux qui ne donneraient pas ce superflu font un péché mortel et que le législateur peut les y contraindre !

Mais à côté de ce superflu absolu qui, en tout état de cause, appartient de plein droit à ces pauvres non coupables, il y a le superflu relatif : ce qui dépasse ce qui est nécessaire à un individu pour sa vie personnelle et celle de sa famille, mais qui par ailleurs lui est nécessaire à cause de sa condition, de sa situation, de son emploi... Ce superflu relatif, il est évident que je puis et que je dois normalement le garder, sauf cependant si je rencontre quelqu'un qui n'a même pas son minimum vital (c'est-à-dire ce qui lui est nécessaire pour vivre, lui et sa famille) et qu'il n'y a personne d'autre, plus fortuné qui soit prêt à le secourir...

Mes frères ! soyons francs ! soyons généreux ! sachons nous priver parfois pour subvenir aux besoins de nos frères : ce sont les deux leçons de l'Evangile d'aujourd'hui !

 

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