Année B – 33ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

La Science marque un point pour notre foi : la fin du monde est devenue une vérité scientifique... 

Les Témoins de Jéhovah prétendent périodiquement en fixer la date, alors que le Christ déclare que, lui, Il ne la sait pas...

Nouvelle preuve de la sincérité des Evangélistes :

- Ils n'escamotent pas cette phrase du Christ bien qu'elle gêne les théologiens...
- De même, ils avoueront que le Christ était parfois fatigué... (= ses forces physiques étaient limitées ... ).
- De même, ils insisteront sur sa peur de la souffrance...

Toutes choses qui n'étaient pas cependant à la gloire de leur héros...

Si le Christ déclare ne savoir ni le jour ni l'heure de la fin du monde... il prédit que "cette génération ne passera pas" avant que le temple ne soit détruit ... ce qui a eu lieu en effet en 70...

Il dit même aux Apôtres qu'avant cela, ils seront traduits devant les tribunaux et mis à mort...

AUJOURD'HUI, les savants peuvent peut être par leur calculs prévoir approximativement la fin du monde...

 

Si nous, nous ne pouvons pas prévoir la fin du monde en général... nous pouvons prévoir que la fin du monde "pour nous" ne saurait tarder...(= notre mort correspond pour nous à la fin du monde ... )

Peut-être " la fin du monde " a-t-elle déjà eu lieu pour nous ?... Les Apôtres l'identifiaient avec la ruine de leur temple...

Pour nous, elle peut s'identifier avec la ruine de nos raisons de vivre ... du but de notre vie...

Si le monde matériel, si "notre" monde s'écroule, c'est pour nous en montrer la précarité, pour nous détacher de ce qui est secondaire, superficiel et nous faire miser sur l'essentiel et l'éternel.

La fin du monde ou "d'un monde" terrifie ceux pour qui ce monde là était le tout de leur vie...

Elle ne peut troubler ceux qui ont misé leur vie sur l'essentiel et sur l'éternel...

Les premiers chrétiens souhaitaient la fin du monde...


HOMELIE

VOICI QUE NOTRE FOI MARQUE ENCORE UN POINT, A L'ENCONTRE DE NOS ADVERSAIRES... et cela, une fois encore, grâce à la SCIENCE !

Voici que Jésus Christ est en plein désaccord avec les Témoins de Jéhovah...

Voici une nouvelle preuve de la sincérité des évangélistes !...

Cette fin du monde dont nous parle l'Evangile d'aujourd'hui, on nous disait à la suite du pasteur luthérien Bultmann : c'est un mythe et il faut démystifier l'Evangile, il faut donc lui trouver un sens symbolique !... Or on peut dire, je crois, que la fin du monde est désormais une vérité scientifique ! La Science nous montre, en effet, que l'Univers s'use. Notre soleil par exemple, je vous l'ai déjà dit, s'éteint progressivement, ses provisions d'hydrogène s'épuisent : il en consomme, rappelons nous, 800 millions de tonnes à la seconde ! Quand il ne chauffera plus assez, la vie sur cette terre ne sera plus possible...

Or, à l'encontre de ce que disait ce Bultmann, on ne voit pas pourquoi la fin du monde annoncée par Jésus Christ ne pourrait pas, d'après les récits que nous en font les Evangiles, être le résultat d'un processus naturel. Jésus lui-même dans ce passage ne parle-t-il pas de perturbations sidérales et cosmiques qui doivent la précéder ? Sans compter que nous savons aussi, aujourd'hui, qu'un accès de folie de la part de quelques individus suffirait pour anéantir l'humanité, tout au moins une grande partie de celle-ci : il suffirait que ces individus appuient sur la gâchette, si je puis ainsi dire, des bombes atomiques...

Cette fin du monde devenue vérité scientifique, Jésus déclare, dans ce passage évangélique, qu'il ne peut nous préciser quand elle aura lieu. Et voilà une affirmation qui met le Christ en contradiction flagrante avec les grands pontes des Témoins de Jéhovah qui, eux, continuent avec une assurance déconcertante à vaticiner sur cette date au risque de se rendre ridicules après les démentis flagrants que les faits sont venus si souvent donner à leurs pronostics. Le fondateur de la secte, Charles Taze Russel l'avait en effet annoncée d'abord pour 1874, puis pour 1914 ou 1918 ! Son successeur Rutherford déclarait en 1920 que des millions d'hommes vivant à cette époque ne mourraient pas avant qu'elle ne soit arrivée. Il prédisait même le retour sur terre des Saints Patriarches : Abraham, Isaac et Jacob, pour 1925. Il en était si assuré qu'il n'avait pas hésité, pour pouvoir les accueillir dignement, à leur faire construire, avec l'argent de ses adeptes, un magnifique palace à San Diego en Californie ! Puis, comme ces saints Patriarches tardaient trop au rendez vous, il jugea plus sage et plus prudent d'occuper lui-même les lieux avec sa famille, sans doute pour les leur garder en bon état !... Quant au responsable actuel de la secte, Nathan Knorr, il avait annoncé cette fin du monde pour 1975, si je suis bien renseigné...

Jésus, lui, d'après les Evangiles, nous dit qu'il ne sait ni le jour ni l'heure de cette fin du monde. Cette affirmation du Christ ne laisse pas que de gêner les théologiens et les savants commentateurs des Evangiles, car, à première vue, elle semble en contradiction avec ce que Jésus nous a enseigné sur lui-même. Si Jésus, comme il le prétend, est bien le Fils de Dieu, en tout égal à son Père, comment se fait il qu'il ne connaisse pas ce jour et cette heure aussi bien que son Père ? On nous répond en disant que le Christ était à la fois Dieu et homme et que donc chez lui il y avait une double connaissance : une connaissance divine et une connaissance humaine. Par sa connaissance divine, qui lui était commune avec son Père, Jésus savait tout aussi bien que son Père lui-même. Mais peut être que par sa connaissance humaine, Jésus ignorait ce jour et cette date, ou que du moins, s'il la connaissait il ne pouvait nous la communiquer, Dieu ne l'ayant pas autorisé à nous dévoiler ce secret pour nous laisser toujours sur un qui vive salutaire.

En tout cas, nous nous trouvons là devant une nouvelle preuve de la sincérité des Evangélistes. Nous avons déjà eu l'occasion de souligner cette sincérité en montrant, rappelez vous, que dans leurs écrits, ils ne camouflent pas les défauts des Apôtres et ne craignent pas de nous les présenter tels qu'ils étaient ambitieux : soucieux d'avoir les premières places ; bouchés : ne comprenant pas toujours ce que le Christ leur disait ; peureux enfin au point de le "laisser tomber" à l'heure du danger, lors de son arrestation au jardin d'agonie...

Cette phrase du Christ que les Evangélistes nous rapportent aujourd'hui, malgré les difficultés qu'elle peut soulever, nous montre qu'ils ne cherchent pas davantage à "faire mousser" leur héros, le Christ lui-même... Ils n'hésitent pas en effet à porter témoignage sur ses limites humaines : Jésus ne savait pas (tout au moins d'une connaissance communicable) l'heure et le jour de la fin du monde. Ils auraient pu, bien facilement, s'ils avaient voulu "arranger" la vérité, escamoter cette phrase puisqu'elle fait difficulté et n'est pas à l'avantage du Christ. Mais non ! Jésus l'avait dite, ils la répètent... Voilà bien un signe incontestable d'authenticité et de sincérité !

Ils n'hésiteront pas non plus à témoigner également que les forces physiques de Jésus étaient, elles aussi, limitées et qu'il pouvait être exténué, comme ce jour où, à l'heure de midi, il s'assit sur la margelle du puits de Sichem auprès duquel il rencontrera la Samaritaine et lui demandera de lui donner à boire..

Ils ne cacheront pas davantage combien Jésus a redouté les souffrances de sa Passion, à tel point que Celse, le Voltaire du second siècle chrétien, en était scandalisé...

Tout cela nous est un témoignage irrécusable de la sincérité de nos Évangélistes qui rapportent tels quels les faits et les paroles du Christ, sans les édulcorer, même quand ils semblent aller à l'encontre de leur thèse.

Jésus, tout en disant qu'il ne pouvait nous dire ni le jour ni l'heure de la fin du monde, affirme cependant : « Cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé ! » Les exégètes, savants commentateurs de la Bible, nous disent que cette phrase de Jésus se rapportait à la première partie de la question des Apôtres qui avaient mélangé dans leur demande la date de la destruction du Temple, celle de la fin du monde et celle du retour glorieux du Christ. Et, en effet, vous savez qu'en l'an 70 de notre ère, les juifs s'étant révoltés contre les occupants romains, le général Titus, à la tête d'une armée de 60 000 hommes, après un siège de cent jours, entra dans Jérusalem et mit le feu au temple dans lequel les assiégés s'étaient réfugiés... Il ne resta que le mur des lamentations comme vestige de ce temple magnifique.

Enfin Jésus, dans ce même discours, prédit à ses Apôtres qu'eux mêmes seront traduits devant les tribunaux et mis à mort à cause de son Nom... "avant que tout cela n'arrive" précise St Luc. (ch.21, v.12).

 

Que retirer pour nous aujourd'hui de ce discours du Seigneur ?

AUJOURD'HUI, si la fin du monde est devenue une vérité scientifique, les savants doivent pouvoir, en principe, arriver par le calcul à en fixer l'échéance au moins de façon approximative, encore faut-il ajouter, comme je le disais tout à l'heure, que l'échéance peut en être avancée par suite de la folie des hommes...

Pour moi comme pour vous en tout cas, si cette date de la fin du monde en général reste inconnue et probablement assez lointaine, ce qui est sûr par ailleurs c'est que pour nous la fin du monde de toutes façons n'est pas tellement, tellement éloignée... car, pour chacun de nous, au moment de notre mort, ce sera comme la fin du monde : tout notre environnement, tout ce monde matériel chancellera, s'écroulera, s'effondrera... Je me rappelle une des dernières paroles d'une de mes sœurs à sa mort : « Maintenant je ne vous vois plus. » Ce monde, nous-mêmes, disparaissions à ce moment là pour elle ! Je me rappelle la mort du cher Père Daniel que beaucoup d'entre vous ont bien connu et combien apprécié. Je n'ai jamais vu autant de sérénité dans une mort. Il disait à sa maman qui était à son chevet comment il sentait la mort envahir peu à peu chacun de ses membres... Pour lui, ils disparaissaient l'un après l'autre et il en était conscient... Oui, la fin du monde, nous ne savons pas exactement quand elle arrivera, même pour nous, et cela est voulu de Dieu pour nous inciter à être sur nos gardes, à être toujours prêts, comme Jésus ne cesse de le dire et redire dans tout ce discours, mais de toutes façons, cette fin du monde, pour nous, ne saurait tarder... il faut bien nous le dire. C'est si peu de chose qu'une longue vie, quand on arrive à la fin...

 

Au fait du reste, la fin du monde pour plusieurs d'entre nous, n'a-t-elle pas eu déjà lieu ?...

Dans l'esprit des Apôtres, vu leur foi, vu l'attachement qu'ils avaient pour leur religion dont le Temple était le symbole, la destruction de ce Temple ne pouvait que coïncider avec la fin du monde...

Pour nous aussi la fin du monde, tout au moins la fin "d'un" monde coïncide souvent avec l'effondrement de ce qui fait notre raison d'être, notre raison de vivre... C'est un krach financier, une banqueroute pour celui-ci qui a consacré sa vie à se faire un capital... C'est la maladie qui vient paralyser, ronger ce corps, objet de toutes les sollicitudes de celui-là... Pire ! c'est la mort d'un être cher qui était toute notre raison de vivre... et avec son départ, tout s'écroule pour nous... Et pour cet autre qui a consacré sa vie toute entière à une œuvre, qu'elle soit matérielle, intellectuelle, spirituelle, charitable, voici que subitement cette œuvre s'écroule... Quel vide ! Pour celui-là, rien n'existe plus, c'est le trou, le noir, le néant. Le monde, "son" monde s'effondre, sa vie désormais lui paraît absurde, sans but. Pire même, sa vie passée lui paraît absurde puisqu'il l'a dépensée, usée sans raison, en pure perte... tout s'est écroulé : à quoi bon avoir fait ceci ou cela, à quoi bon même avoir vécu ?... Vertige ! Désespoir !...

Oh ! le mystère ! notre vie serait elle donc absurde ? notre intelligence serait elle "de trop", pour reprendre une expression de Sartre ? Nous aurait-elle été donnée simplement pour nous rendre compte du néant, de l'absurdité de notre vie, que dis je, de l'absurdité même du monde entier condamné lui aussi à disparaître ?... L'intelligence n'aurait elle donc surgi dans la pauvre humanité que pour la martyriser en mettant dans un face à face conscient sa soif de comprendre, de trouver une raison à toutes choses et ce néant ? Question tragique qu'il ne faut pas éluder car c'est la question salvatrice. Et si Jésus nous a décrit avec un tel luxe de détails la fin du monde, c'est, il le dit lui même, pour nous appeler à la réflexion et à la vigilance…

Aussi bien, toutes ces catastrophes dont le Seigneur nous parle dans cet Evangile, elles ont pour but de nous rappeler à la réalité et à l'humilité !

Ces catastrophes cosmiques, elles soulignent la précarité, le caractère éphémère, même de ce qui, dans ce monde matériel, nous semble le plus solide, le plus durable. Elles soulignent aussi combien notre pouvoir sur la création, ce pouvoir dont l'homme s'enorgueillit si facilement, au point de se prendre presque pour le Créateur, elles soulignent combien ce pouvoir est bien limité...

Quant aux cataclysmes qui sont le fait des vices et des péchés des hommes, ils nous montrent à quel enfer peut arriver l'humanité quand elle s'écarte de la Loi divine. Ils nous font prendre conscience combien le Seigneur a raison, combien il est bon pour nous quand Il nous défend telle ou telle chose, puisque nous constatons ainsi à quel point elles nous sont nuisibles, à quel chaos, à quelles souffrances on aboutit quand on ne veut pas l'écouter. Tous ces cataclysmes qui sont le fait des hommes, nous font comprendre combien nous avons tous intérêt, non seulement à obéir nous mêmes au Seigneur, mais à tout faire aussi pour que tout le monde lui obéisse !

Mes frères, nous mêmes nous avons parfois besoin que tout ce qui est secondaire s'effondre autour de nous pour être ramenés au principal ; nous avons parfois besoin que disparaisse le superficiel, l'apparent, pour découvrir l'essentiel... Le royaume de Dieu ne peut parfois s'établir fermement en nous et prendre à nos yeux toute son importance qu'à partir de la fin "d'un" monde.

Jésus nous dit que devant tous les signes avant coureurs qu'il nous décrit, les hommes sécheront de frayeur, mais que ses disciples, ses élus, eux, ne doivent pas être terrifiés "nolite terreri" , qu'ils ne doivent pas craindre "nolite timere" mais qu'ils doivent relever la tête car leur rédemption est proche, car Il est là tout près, à notre porte, car son royaume va enfin s'instaurer...

Oh ! je tremble, je tremble quand je vois autour de moi tant et tant de gens qui ne vivent que pour ce superficiel, que pour ce temporel, que pour ce corporel, tant de gens qui semblent avoir été dotés en vain d'une intelligence qui aurait dû, selon son sens étymologique, leur permettre de "lire entre les lignes", leur permettre de dépasser tout ce qui tôt ou tard est destiné à disparaître, tant de gens qui ne songent jamais à l'essentiel, à l'éternel, à ce qui ne passe pas et que le Christ a pris soin de venir nous révéler : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles, le contenu de mes paroles ne passera point ! » Oui, je comprends que ceux là aient lieu de s'effrayer, qu'ils soient atteints de vertige quand tout ce en quoi ils ont cru, quand tout ce pourquoi ils ont vécu, s'écroulera, disparaîtra.

Mais ceux qui ont misé toute leur vie sur les paroles du Christ, ceux qui, par delà tout le superficiel et l'éphémère, ont su viser l'essentiel, ceux qui ont vécu dans l'amitié du Christ, que ceux là ne se troublent pas... Les épreuves ont dû faire avancer en eux ce règne du Christ... Pour eux, il est là, tout proche, à leur porte !...

Et voilà pourquoi les premiers chrétiens voulaient hâter par leurs prières cette fin du monde qui, pour eux, devait coïncider avec l'avènement du Seigneur... « Que ce monde passe et que ton règne arrive ! » s'écriaient-ils dans une des plus anciennes prières après la communion que nous a conservé la Didachée.

Et l'auteur de l'Apocalypse clôturait le dernier livre de la Bible par ce cri : Marana tha ! « Viens, Seigneur Jésus ! Viens... »

Que ceux là ne s'effraient donc pas. Ce monde matériel, c'était la scène grandiose où ils ont joué, à travers toutes leurs activités les plus diverses, le jeu de l'Amour divin. Dans la mesure où leurs œuvres, même celles qui apparemment ont échoué, étaient pénétrées de cet amour et de celui de leurs frères (deux amours qui n'en font qu'un), aucune de ces œuvres n'est perdue... puisqu'elles ont débuté la vie éternelle. « Si tu veux entrer dans la vie éternelle, dit le prêtre au Baptême, tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces et ton prochain comme toi même ! »

Combien, mes frères, cette fin d'année liturgique, combien le terme de ces nouveaux 365 jours qui sont à décompter du temps de notre vie, doit nous inciter à nous accrocher plus que jamais désormais à l'essentiel, au durable, à l'éternel.... Le temps presse ! ne le perdons pas en sombrant dans l'absurde !

Combien notre désir de révéler par nos paroles et notre vie, cet essentiel à tous ceux qui nous entourent, combien notre souci d'apostolat doivent être stimulés par l'Evangile de ce jour...

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