Epiphanie du Seigneur


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Une vie sans but ressemble à une attente d'autobus.

Le candidat au baptême demande "la foi"… elle sera son étoile.

Le prêtre demande qu’elle le conduise jusqu’à la pleine manifestation de la Gloire de Dieu au ciel…

L’éclipse de la foi à l’âge de l’adolescence… Importance d’avoir montré auparavant à l’enfant que, si la foi dépasse la raison, elle n’est pas en contradiction avec elle.

Aujourd’hui, l’oraison demande pour tous les chrétiens la même grâce que celle demandée le jour du baptême…

La foi nous fait-elle agir ? Nous a-t-elle fait agir cette semaine ?...

Si non, n’est-ce pas :

1°)   parce que nous nous laissons absorber par le matériel et ne regardons pas en haut comme les mages… Importance de la méditation pour que la foi anime notre vie.

2°)   parce que notre foi n'est pas assez ancrée en nous...

- Elle manque de bases… On la réduirait presque à un sentiment…
- Saint Pierre, Saint Paul, Saint Luc nous montrent qu’elle doit être basée sur du solide…
- C’est notre rôle de vous donner des bases rationnelles… et de vous indiquer les confirmations que la Science nous apporte. Exemple : l’histoire des rois mages… les découvertes montrent qu’elle est vraisemblable… quoique, peut être (?), racontée de façon très midrashique…

Aujourd’hui, l’étoile de notre foi risque d’être voilée, éclipsée… Allons alors consulter, comme eux, les "compétences" !...

Conclusion : Veiller sur notre foi… Vivre notre foi.


HOMELIE

VOUS EST-IL ARRIVE, D’ATTENDRE UN AUTOBUS OU UN METRO ?...

Dieu ! que c’est long et ennuyeux, alors qu’on fait rien et qu’on est là, figé ! Souvent, pour tromper cet ennui, pour se calmer un peu les nerfs, on fait les cent pas, on fume une cigarette…

Il vous est arrivé aussi, comme à moi d'être débordé et le soir, à la fin d’une journée, de se dire : « Aujourd’hui je n’ai guère avancé » et c’est le découragement, c’est l’ennui qui nous saisit, comme au contraire, c’est la joie lorsque nous voyons avancer le travail auquel nous nous sommes consacrés.

Il est des gens qui passent leur vie à attendre : qui ?... quoi ?... Ils ne le savent pas. Ils n'ont pas de but, pas d'étoile pour les guider, pour les faire avancer. Alors ils font du "surplace", alors bien souvent, ils s'ennuient et ils essaient de tromper, de passer le temps en profitant des menus plaisirs qui se présentent. Ca fait passer le temps disent-ils. Au fond, cela revient à dire : « Il faut bien tuer le temps avant qu'il ne nous tue ! »

TOC, TOC, TOC !

Entrez... Qui êtes vous ? Quel est votre nom ?

Le candidat s'est nommé ou les parents ont dit son nom s'il s'agit d'un enfant.

« Que voulez-vous ?... Que demandez-vous à l'Eglise de Dieu, c'est-à-dire à la communauté chrétienne ici rassemblée ? »

« La foi ! Je voudrais connaître votre foi, votre croyance. Nous voudrions que cet enfant apprenne à connaître votre religion. »

« Et pourquoi voulez-vous là connaître ? » poursuit le prêtre.

« Parce qu'elle est source de vie, d'une vie éternelle. »

« Ah ! si vous voulez débuter cette vie, cette vie éternelle » poursuit le ministre de Dieu, « vous aimerez Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces, de tout votre esprit et votre prochain comme vous-même. »

Alors le prêtre fait cette prière pour ce candidat au baptême :

« Dieu de clémence, je t'implore pour ton élu, pour celui que tu as choisi. Qu'il garde bien fidèlement cette connaissance bien rudimentaire de ta gloire que nous allons lui transmettre et qu'ainsi il parvienne à la pleine manifestation de cette gloire dans le ciel ! »

Ca y est, l’étoile s'est allumée dans le ciel de cet enfant, dans le ciel cet adulte : l'étoile de la Foi, l'exemple du Christ, l'idéal de l’idéal chrétien. C’est elle qui le guidera, c’est elle qui donnera un sens à sa vie.

En effet, durant leur enfance, durant leurs années de catéchisme, la foi, l'exemple du Christ, l'idéal de Jésus-Christ brillera dans le ciel de ces enfants comme une étoile qui les guidera, les emballera, qui les fera avancer.

Mais bientôt, ils ont grandi 12... 13...14 ans ! Et voici que l'étoile a disparu, voici qu’elle a est cachée. C'est le moment des tentations. Ils découvrent que les gens qui les entourent n'y croient pas, ne suivent pas cette étoile... C'est la montée des passions qui viennent voiler cet astre... La crise ! Malgré leurs airs dégagés, ils souffrent... tiraillées entre deux modes de vie... Sommes-nous assez attentifs à eux pour entourer ces adolescents à ce moment-là de notre charité, de notre compréhension ?

Si on a eu soin, en leur enseignant notre foi, de leur montrer que, si elle dépasse notre raison, elle n’est pas en contradiction avec elle, bien au contraire – surtout s’ils ont eu la chance de faire l’expérience de la vie chrétienne, de savourer ce qu’elle peut apporter de joies, d’épanouissement et de bonheur – alors, la crise ne sera qu’une éclipse et bientôt, comme les Mages, ils retrouveront l’étoile.

Mais, si on a négligé de leur donner ces "bases de notre foi", s’ils n’ont pas pu goûter le Christ et toute la vie et toute la joie et tout l’enthousiasme qu’il apporte, alors ils risquent fort d’avoir perdu irrémédiablement l'Etoile... Leur vie se passera comme celle de tant d'autres dans la nuit, sans but.. Ils ne sauront pas trop ni qui, ni quoi, ils attendent...

Cette prière que l'on faisait autrefois au baptême de l'enfant, l'Eglise vient de la refaire, pour nous tous aujourd'hui : « Toi, Seigneur, qui a révélé ton Fils unique aux Mages grâce à l'étoile qui les guidait, accorde-nous à nous qui te connaissons déjà par la Foi d'être conduits par elle jusqu'à la claire vision de ta splendeur dans le ciel. »

Le grand philosophe Bergson a écrit dans son livre « les Deux Sources de la morale et de la religion » : « Il y a deux sortes de religion, l'une statique, l'autre dynamique ! » Dans quelle catégorie classons-nous la nôtre ?

Avons-nous l'impression que notre religion, que notre Foi au Christ nous guide, nous fait avancer... ? Est-ce que la raison profonde de ce cafard, de ce spleen qui nous saisit parfois, ne viendrait pas de ce fait que nous n’avançons plus, que nous faisons du "surplace" comme lorsqu'on attend cette question : « Voyons, cette semaine, est-ce que j’ai avancé ? Cette semaine, y a-t-il eu des actes, des attitudes, des paroles, des pensées, des jugements dans ma vie qui sont venus de ce que je suis disciple de Jésus-Christ ? De ce que je voulais l'imiter, de ce que je l'aimais ? » Si oui, alors remercions-en le Seigneur et offrons-lui cette gerbe d'efforts à l'offertoire de cette messe. Si non, demandons-nous pourquoi notre foi est si endormie et suscite en nous si peu de dynamisme, si peu d'élan ?

Si les Mages ont "démarré" s'ils se sont mis en route, c'est parce qu'ils étaient habitués à scruter le ciel. Ils s'intéressaient aux horoscopes et surtout à la venue du Messie. Alors, dès qu'ils ont cru apercevoir le signe de sa naissance, ils sont partis et le Seigneur a récompensé leur effort.

Si notre foi, si notre idéal chrétien ne nous tarabuste plus, n'est-ce pas parce que nous ne regardons plus vers le haut ? Parce que nous sommes tellement absorbés par nos soucis temporels, tellement englués à la terre, que nous ne prenons même plus le temps de relever la tête pour regarder, contempler notre idéal ? C’est la grande tentation de notre temps de nous laisser totalement prendre par le matériel, de ne voir que la meilleur partie de nous-mêmes, comme si nous n’étions que des animaux. C’est peut être là une des raisons de ce spleen qui nous envahit parfois. La meilleur partie de nous-mêmes n’est pas satisfaite et proteste…

Sachons faire une parenthèse dans nos occupations, si absorbantes soient-elles, et prendre le temps pour fixer nos regards sur notre idéal, sur notre foi, sur notre étoile. C'est cela la méditation : un court instant que l’on passe à réfléchir sous le regard de Dieu, à telle vérité de notre foi, à tel passage de l'Evangile, pour nous en imprégner, pour y confronter notre vie, un peu comme nous le faisons, le dimanche, au moment de l’homélie... Sans ces quelques instants de réflexion, il est quasi-impossible que notre foi anime notre vie.

Il était un autre moyen spirituel employé assez fréquemment autrefois, par les chrétiens soucieux de vivre leur idéal, je m'excuse de le rappeler une fois encore, c'était la confession ! Il fut un temps, ce n’est pas si lointain, où, dans nos paroisses nos jeunes venaient assez fréquemment et spontanément, sans qu’on aille les chercher "par la peau du dos", se confesser… Et ce n'était pas une confession "passe-partout". Ils s’étaient habitués à prendre pour chaque mois un objectif précis : essayer de se corriger de tel défaut bien précis, essayer de s’améliorer sur tel ou tel point.

Et la confession consistait surtout dans un dialogue : « Qu'est-ce que tu as fait durant ce mois ? As-tu pensé à ta résolution ? L'as-tu oubliée ? Y a-t-il eu des résultats positifs ? Si oui, rendons grâce à Dieu, si non, tu vas demander au Seigneur de te donner, par ce sacrement, une plus grande ferveur, un plus grand amour de Lui et du prochain pour repartir avec un nouvel élan... »

Si notre Foi, notre idéal chrétien a si peu d'influence sur notre vie pratique, n’est-ce pas aussi parce que cette foi n'est pas assez ancrée en nous ? Qu'elle est trop superficielle ? Loin d'être une conviction profonde, elle se réduirait presque à une simple opinion...

Aujourd'hui, beaucoup seraient portés à penser que la foi, « ça vous est donné comme ça, ça vous tombe un jour sur la tête on ne sait trop pourquoi ni comment ». On ne se demande plus si c'est ou ce n'est pas raisonnable, mais si on si y sent ou ne s'y sent pas porté ! « Tu te sens porté à croire ? Tant mieux pour toi. Moi, je ne m’y sens pas porté ! » La foi est réduite au sentiment !

Par la façon dont on diffuse l'enseignement chrétien, même aux enfants, on tombe facilement aujourd'hui dans ce panneau. On ne donne aucune base rationnelle à la foi de des enfants et comme un jour ou l'autre, parce que ce sont des êtres raisonnables, leur intelligence, leur raison vont se réveiller et réclamer leurs droits, il est bien évident que ces pauvres enfants, n'auront rien à quoi se raccrocher. La grâce de Dieu, elle-même si puissante soit-elle, ne peut collaborer à un acte de foi qui serait un acte déraisonnable et imprudent. Il nous faut des bases.

Saint Pierre demandait aux premiers chrétiens « d'être capables de rendre raison de leur espérance ». (1ère Epître, ch.3, v.15)

Saint Paul disait aux chrétiens de Colosses : « Persévérez dans la foi, soyez affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l'espérance promise par l'Evangile. » (Colossiens, ch.l, v.23).

Saint Luc, au début de son Evangile, dit qu'il a pris soin de bien s'informer de tout ce qu'il va exposer pour que son ami Théophile « se rende bien compte de la solidité des enseignements qu’il a reçus » (Luc, ch.1, v.3-4).

Avons-nous suffisamment le souci d'approfondir ces bases de notre foi ? Et là, c’est nous, les prêtres, qui sommes les premiers mis en cause puisque c’est à nous à vous aider dans cette recherche-là. C'est là notre spécialité, si je puis dire, nous avons étudié exprès pour cela et je pense que si nous avons quelque compétence, c'est bien sur ce terrain-là...

Il nous faut donc donner, de façon très claire, très simple, à la portée de tous, les raisons que nous avons de croire en ne manquant pas de souligner à l'occasion les confirmations que les découvertes de la science d’aujourd'hui viennent apporter à ces bases de notre foi.

Ainsi, pour ne parler que de cet évangile de l'adoration des Mages, j'ai déjà eu l'occasion de vous signaler que l'on avait trouvé dans les manuscrits découverts dans les grottes de Qumrân en 1947 un horoscope irrécusable justement de l'époque de la naissance de Jésus-Christ. Preuve irrécusable, par conséquent, qu'à cette époque il y avait des gens qui attendait un signe dans le ciel indiquant cette naissance. Dès lors on comprend aisément que la conjoncture prévue par l'un de ces horoscopes se trouvant réalisée, des mages, des astrologues se soient mis en marche pour aller voir ce roi messianique si attendu et se soient rendus, tout naturellement, au palais d'Hérode, le roi des Juifs.

De même, à propos du massacre des innocents qui clôture cet évangile, Saint Matthieu cite la parole du prophète Jérémie : « A Rama, on a entendu des pleurs et des hurlements, c’est Rachel qui pleure ses enfants. » (Jérémie, ch. 31, v. 15).

On se demandait pourquoi Rachel, qui était la mère de Benjamin et non pas de Juda, pouvait pleurer la mort des enfants de Judée comme des siens. Or aujourd'hui, nous connaissons une tradition antérieure au Christ qui situe la tombe de Rachel justement à Rama au nord de Bethléem. Voici donc que ce récit de Saint Matthieu apparaît comme fort vraisemblable, contrairement à ce que pensaient certains qui le considéraient comme une "légende théologique" ainsi qu'ils avaient voulu le faire, nous l'avons vu, pour la virginité de Marie. Tout au plus pourrait-on peut-être admettre, parce que certains indices l’indiqueraient parait-il, que cet événement de la vie du Seigneur nous a été transmis sous la forme d'un "midrach". C'est un genre littéraire couramment employé à l'époque et qui s'apparentait un peu au genre épopée, en ce sens qu'on soulignait et amplifiait certains détails pour mieux flaire ressortit le côté religieux et providentiel de l'événement...

Une dernière réflexion : lorsque l'étoile des Mages s'est éclipsée, ceux-ci sont allés trouver les prêtres pour leur demander où pouvait bien être né le Messie.

Aujourd'hui, notre foi, notre idéal risquent bien souvent d'être voilés par tout ce que nous entendons dire autour de nous, à la radio, ou à la télévision ou dans les journaux, par toutes les opinions les plus saugrenues qui circulent actuellement un peu partout. Il est certain qu'il y a parfois de quoi dérouter ceux dont la foi n'est pas assez étayée ou éclairée, au point qu'ils ne sachent plus bien distinguer le vrai du faux. Ne restons jamais dans le flou, dans le vague : « Peut-être cette objection est-elle fondée, est-elle vraie ? » Tirons au plus vite la chose au clair, sinon notre foi risque peu à peu d'être minée et de s'effriter...

Au besoin, comme les Mages, allons consulter ceux qui nous semblent avoir vraiment quelque compétence en la matière. C'est ce que font nos jeunes qui viennent d'entrer dans les différents lycées de la région ou qui viennent d'entrer au travail. Ils nous rapportent fidèlement les attaques qu'on leur a faites contre leur foi ; ils les apportent même à leurs autres camarades chrétiens au cours de réunions que nous avons prévu de faire ensemble pour s'éclairer et asseoir ainsi plus solidement leur foi. Je les en félicite au passage. Imitons-les..

Oui chers frères chrétiens, veillons sur notre foi et vivons-la. Ayons soin de lui donner des bases solides même au point de vue humain. Sachons clairement ce que nous devons croire en tant que catholique et pourquoi nous croyons.

Cette foi, cet idéal, faisons-en la lumière, l'étoile qui, au milieu de la nuit, nous guide, qui anime notre vie et pour cela réservons-nous chaque jour (pourquoi pas ?) quelques instants de réflexion et de méditation…

Ca vaut le coup....

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