Année B – Jeudi Saint


Retour au menu 

 

SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Ceux qui s'aiment signent parfois de leur sang leurs lettres de protestation de tendresse.

Dieu a signé au mont Sinaï avec le sang des victimes que l'homme lui avait offertes, son Ancienne Alliance avec cet homme...

Depuis que Dieu, en son fils Jésus, a du sang humain, Dieu a signé la Nouvelle Alliance avec tous les hommes de bonne volonté avec le sang de son propre Fils...

Alliance, en termes militaires, cela veut dire : union des forces pour combattre un ennemi commun...

Alliance, en termes d'amour, cela veut dire : fusion de deux cœurs et de deux vies...

L'Alliance de Dieu a ces deux significations...

Aujourd'hui nous célébrons l'anniversaire de cette signature solennelle par Dieu de l'Alliance nouvelle...

Mieux, autrefois on élevait un "mémorial" du pacte ou de l'alliance conclus...

Jésus, dans son Eucharistie, par la sainte messe, nous a donné un "mémorial"... mais un mémorial vivant qui nous "branche en direct" pour ainsi dire, sur cette signature divine puisque aussi bien c'est à nouveau son propre sang qu'Il nous présente et que nous allons recevoir.

Acceptons avec une immense gratitude ce "renouvellement de l'Alliance" de Dieu avec nous...

 
HOMELIE

 

IL ARRIVE PARFOIS que des cœurs jeunes signent de leur sang les lettres de protestation de tendresse qu'ils s'adressent pour souligner ainsi la sincérité et l'intensité de leur amour.

Dieu, qui emploie nos expressions humaines lorsqu'il s'adresse à nous, a voulu en agir de la sorte pour signer, pour authentifier le pacte d'amitié et d'alliance qu'il avait conclu avec son peuple.

Mais, avant l'incarnation de son Fils, Dieu n'avait pas personnellement de sang à Lui. Voilà pourquoi, pour signer le pacte d'alliance conclu avec son peuple au mont Sinaï, Dieu emploiera le sang de ces victimes que ce peuple lui aura d'abord offert, lui aura d'abord donné, pour se rappeler de façon saisissante, comme nous l'avons dit, qu'il est leur Maître, que tout lui appartient puisque, en définitive, c'est lui qui a tout créé et qu'il a, de ce fait, sur nous droit de vie et de mort... « Moïse, dit le livre de l'Exode, éleva un autel au pied du mont Sinaï, et il envoya de jeunes Israélites offrir des holocaustes... Il prit le livre contenant toutes les conditions de l'Alliance de Dieu avec son peuple, et il le lut au peuple qui répondit : "Nous ferons tout ce qu'a dit le Seigneur, nous lui obéirons." Alors Moïse prit du sang (des victimes) pour en asperger le peuple : "Voici, dit-il, le sang de l'alliance que le Seigneur a conclue avec vous !" » (Exode, ch.24,v. 4-8).

Déjà, ce sang de l'agneau pascal dont Dieu avait prescrit que soient marquées toutes les portes des maisons des Israélites pour les protéger contre l'Ange exterminateur, était le signe de l'engagement que Dieu avait pris de protéger son peuple contre le fléau dévastateur...

Et puis Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est venu. En prenant, en empruntant notre corps dans le sein de la Vierge Marie, il nous a aussi emprunté notre sang, notre sang humain. Dieu désormais a du sang humain. C'est pourquoi Dieu signera du sang de son propre Fils ce nouveau pacte d'alliance, d'amour et de tendresse qu'il va conclure désormais, non pas seulement avec son peuple élu, mais avec toutes les âmes de bonne volonté. Jésus dira, en passant à ses Apôtres la coupe consacrée : « Ceci est le calice de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle qui sera répandu pour vous et pour la multitude. »

 

Alliance, en termes militaires, cela veut dire : union des forces pour lutter contre un ennemi commun.

Alliance, en termes d'amour et d'amitié, cela veut dire : union, soudure de deux cœurs, de deux vies qui désormais auront tout en commun, cela veut dire mariage.

Voilà la promesse que Dieu nous a faite : unir sa puissance à la nôtre pour combattre notre ennemi commun, mais aussi unir nos vies, partager avec nous toutes les vicissitudes de nos vies, nos joies, nos peines, nos luttes, notre travail, nos loisirs... Et cette promesse que Dieu nous fait de mettre sa force à notre disposition pour lutter contre notre ennemi commun, et cette promesse que Dieu nous fait d'unir nos vies à la sienne, et cette protestation de tendresse à notre égard, DIEU LA SIGNE DU SANG DE SON PROPRE FILS ! Qui pourrait désormais douter de la solidité, de la profondeur d'une telle promesse ?...

 

Aujourd'hui nous célébrons l'anniversaire de la signature solennelle de cet engagement divin...

Mais mieux que cela : dans la Bible, toutes les fois que Dieu conclut un pacte ou une alliance avec l'homme, on établit un "mémorial". Le plus souvent c’est un autel ou une stèle sur lesquels on verse de l'huile ou le sang des victimes et qui resteront là comme "témoins" pour en perpétuer le souvenir.

Jésus, en ce jour du Jeudi Saint, nous a laissé un "mémorial" : « Toutes les fois que vous referez cela, a-t-il dit aux Apôtres, vous le referez "en mémoire" de moi. » Autant dire : comme un mémorial. Non pas certes un mémorial recouvert d'un sang desséché, mais un mémorial toujours vivant qui remet devant nous le propre corps de Jésus et son propre sang, ce sang dont il a signé notre pacte d'alliance avec Dieu ! « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ! » Comment dès lors douter de la tendresse de notre Dieu ? De quoi ou de qui pourrions-nous avoir peur quand Dieu lui-même se fait notre "allié" ? Quel échange de tendresse doit désormais exister entre ce Dieu si aimant et nous !

Ce soir, remercions, remercions de tout notre cœur le Seigneur pour ces divines inventions, et puissions-nous réaliser un peu mieux désormais ce qu'est la sainte messe, ce qu'est la sainte Eucharistie... 

 

Vous voyez cette lettre (je la montre). Elle a été remise à mes parents le 11 novembre 1918 par le Maire de notre commune qui était venu leur annoncer la mort de mon frère, tué lors de l'assaut du Moulin de Laffaux le 2 octobre précédent ! Cette lettre, c'est la dernière que mon père lui avait écrite. Mon frère l'avait mise sur son cœur et vous pouvez y voir encore les tâches de sang jaillies du cœur de mon frère lorsqu'il a été tué. Ces tâches de sang ont bruni depuis le temps, mais, à l'époque, elles étaient encore toute vermeilles... Devant cette lettre, papa et maman ont beaucoup pleuré. Puis maman nous a dit : « Les enfants, venez embrasser le sang de votre frère ! » et tous les 6 qui étions encore là, nous avons défilé !...

Ce soir je vous dis, mes frères, venez, non pas seulement embrasser le sang de votre frère, le Christ Jésus, mais venez le recevoir, venez vous en recouvrir, si je puis ainsi m'exprimer. Qu'il rappelle à Dieu, qu'il nous rappelle à nous cette alliance divine conclue en ce jour et que nous voulons renouveler ! 

 

Haut de la page