Année B – Dimanche de Pentecôte


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

 

Scène du père qui se fait chercher par son enfant pour voir s'il l'aime vraiment...

Notre souci de vérité et de sincérité... à nous, tes Pères

- Nous ne cherchons pas à "bourrer le crâne de vos gosses"
- Nous ne voulons pas de gestes religieux hypocrites

Les enfants ont compris : inquiétude de quelques-uns...

Réponse : s'ils veulent la vérité coûte que coûte et la recherchent sincèrement, ils peuvent se déclarer pour Jésus-Christ.

Lecture du récit de l'arrivée de Saint-Paul à Athènes... Dieu a mis les hommes sur terre pour qu'ils le cherchent conne à tâtons...

Mime du papa qui se fait chercher..

Dieu est ce Père... il est content du moment qu'il voit qu'on le cherche de tout son cœur même si on ne va pas dans la bonne direction...

NOUS, nous avons la chance de l'avoir trouvé... mais il peut parfois s'éclipser. Continuer alors à le chercher... ne pas abandonner la partie de " cache-cache ".

C'est la fête de la Profession de Foi, mais c'est aussi la PENTECOTE = la fête de l'ESPRIT SAINT.

- L'ESPRIT SAINT, c'est l'Esprit de vérité... qui doit nous conduire à ta découverte de la vérité totale...
Votre cierge symbolise ce désir de clarté... Gardez-le bien allumé.

- L'ESPRIT SAINT, c'est aussi l'Esprit d'Amour...
Votre cierge symbolise aussi ce feu de l’amour et de la charité...

CONCLUSION

Que cette lumière et ce feu se propagent et nous soudent jusque dans le domaine matériel :

- partager
- mettre gratuitement nos dons au service de nos frères...

 


HOMELIE

 

HOU, HOU !... HOU, HOU !... COUCOU !

Ce papa, il aime son enfant à la folie, et sa grande préoccupation, c'est de savoir si son petit l'aime en retour avec toute sa tendresse, de tout son amour...

Le soir, lorsque papa rentre à la maison, au lieu de se montrer tout de suite à son enfant, il va se cacher... Il se cache derrière la porte entr'ouverte : « Hou, hou !... » Il se cache derrière un fauteuil : « Coucou ! » Il se cache dans l'embrasure d'une fenêtre : « Hou, hou !...Coucou... et il épie son bambin... Si l'enfant continue à s'amuser avec ses jouets, c'est qu'il les préfère à son papa et qu'il ne pense pas beaucoup à lui. Mais si, au contraire, dès qu'il a entendu la voix de son père, cet enfant quitte aussitôt ses jouets, s'il se met en quête de son père, s'il court à droite, s'il court à gauche pour le trouver... son papa jubile !... Il pourra peut-être se faire que l'enfant aille à l'opposé de l'endroit où se trouve son père parce que son oreille n'est pas encore bien entraînée... Il faudra peut-être que maman soit là pour lui indiquer la bonne piste en lui disant : « Par là, par là.! » Mais de toutes façons, même si l'enfant le cherche à l'opposé de l'endroit où il se trouve, papa est dans la joie : son petit l'aime plus que ses jouets, son papa lui manque quand il n'est pas là... Alors, même s'il est à l'autre bout de la pièce, le papa se montrera à son gosse, il lui ouvrira les bras, il le pressera contre son cœur et le dévorera de baisers ! Son enfant l'aime.

Chers frères, chers enfants. On peut peut-être nous reprocher bien des défauts à nous, les Pères. Je dois vous avouer que même hier soir je me suis mis un peu en colère, je me suis peut-être un peu trop fâché envers l'un des enfants parce que j'avais peur qu'il mette un peu de pagaille dans les feuillets dont j'avais besoin pour la cérémonie... Cher Christian, je t'en demande pardon ! Mais il est une chose que l'on ne pourra pas nous reprocher, a nous les Pères, c’est d'avoir essayé de "bourrer le crâne" à vos gosses ! C'est d'avoir voulu les forcer à être chrétiens ! Ca ! je défie qui que ce soit de pouvoir nous le reprocher.

A longueur d'années de catéchisme et, en particulier, pendant cette année qui précède la Profession de Foi, nous n'avons cessé de leur dire que, si vraiment ils s'en moquaient, de la religion, si vraiment ils n'en voulaient pas, que si vraiment ça leur paraissait idiot, il fallait qu'ils partent. Nous n'avons cessé de leur dire que, du moment que l'on fait un geste religieux, si ce geste religieux n'est pas sincère, n'est pas vrai, si c'est une hypocrisie, il ne faut pas le faire ! Nous ne sommes pas des comédiens ! Nous avons dit et répété cela et ce n'est pas tombé dans l'oreille de sourds. J'en ai eu un témoignage qui m'a bouleversé au cours de cette retraite. Parmi les enfants, certains s’inquiétaient un peu. Leur ardeur au catéchisme avait été très modérée et je me disais : « Après tout, est-ce que vraiment tel ou tel de ces enfants ne vient pas là, ne va pas faire sa Profession de Foi, parce qu'on le force, parce que ce sont ses parents qui le veulent, et ça n'aura pas de lendemain... » Et ça m'inquiétait... Et voici qu'au cours de la retraite, ces enfants que j'observais avec plus de sollicitude encore que les autres, m'ont complètement bouleversé. Ils voyaient leurs camarades pleins de ferveur et qui attendaient de ce jour quelque chose de grandiose et eux, il leur semblait que ça ne leur apporterait peut-être rien. Et ils se demandaient en conséquence de tout ce que nous leur avions dit, s'ils devaient faire cette démarche, et si aujourd'hui ce ne serait pas une comédie, une hypocrisie qu'ils allaient faire ! Ils interrogeaient tous ceux que nous avions fait venir pour leur apporter un témoignage, leurs aînés, les adultes, en leur demandant avec insistance : « Mais qu'est-ce que ça vous a apporté à vous votre Profession de Foi ? » Et cette question, répétée sans cesse, m'a bouleversé. Ces enfants, ils voulaient donc la faire pour de bon, cette profession de Foi ! Ils voulaient donc que ça serve à quelque chose ! Ils voulaient donc que ce ne soit pas sans lendemain ! Combien j'ai rendu grâce à Dieu !

Mais comment faire pour que ces enfants ne soient pas traumatisés, comme l'on dit, qu'ils ne soient pas inquiets ce matin ?

Après avoir bien réfléchi et surtout prié, voici ce que j'ai dit à ces enfants : « Si vous voulez coûte que coûte découvrir la vérité, si vous êtes disposés à faire pour cela tous les efforts que vous pourrez, oui, alors vous pouvez, en toute sincérité et loyauté, vous déclarer disciples de Jésus, de ce Jésus qui a déclaré devant Pilate : "Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité ; quiconque est pour la vérité est pour moi, il entend ma voix !" (St Jean, ch.18, v.37) »

Et j'ai lu devant les enfants le récit que les Actes des Apôtres nous font de l'arrivée de Saint Paul à Athènes, la ville-lumière, la ville universitaire de l'époque :

Paul se rend sur l'agora, sur la place publique qui est noire de monde, et il s'écrie : « Athéniens, je vois que vous êtes des gens très religieux car, parcourant votre ville et admirant les temples que vous avez construits, j'en ai même trouvé un que vous avez dédié "au Dieu inconnu" comme pour ne pas risquer d'en oublier un parmi tous les dieux. Eh bien ! ce Dieu que vous ne connaissez pas et qui est le seul vrai, moi, Paul, je viens vous le faire connaître. C'est lui qui a mis les hommes sur terre pour qu'ils Le cherchent comme à tâtons ! dans la nuit, dans la nuit ! » (Actes des Apôtres, ch.17, v.22-28).

Et j'ai mimé alors devant vos enfants cette scène du papa qui veut se faire chercher par son petit pour voir s'il l'aime, et je leur ai dit : « Dieu, c'est comme ça. Dieu, il veut se faire chercher... »

Si quelqu'un est plus préoccupé par ses soucis matériels, par sa petite vie terre à terre et qu'il ne se pose aucune question sur Dieu, s'il est même porté à dire que ce sont des imbéciles, ceux qui sont préoccupés par autre chose que cette vie matérielle, ah ! pour celui-là, c'est raté ! C'est l'enfant qui continue de s'amuser avec ses jouets alors que papa l'appelle. Son Père ? il ne lui manque pas ! Dieu ne manque pas à ces gens-là !...

Mais fort heureusement, il y a aussi des âmes sincères qui sont assoiffées de vérité, qui veulent la clarté... et qui cherchent ! Peut-être parce que personne ne s'est trouvé là pour leur indiquer la bonne direction, peut-être parce qu'elles ont moins de sens religieux, elles auront cherché dans un sens opposé à Dieu, mais ce qu'elles cherchent de tout leur cœur, c'est la vérité : savoir, voir clair... Même si ces âmes là meurent dans l'erreur, il est bien évident que, lorsqu'elles se présenteront devant le Seigneur, comme le père de tout à l'heure, il les accueillera à bras et à cœur ouverts ! C'est sûr.

Nous, nous avons une drôle de chance d'avoir déjà découvert ce Seigneur. Mais ce Seigneur, Il peut, pour nous aussi, se cacher parfois et notre foi peut subir certaines éclipses. C'est telle objection que nous n'arrivons pas à solutionner, c'est ce problème formidable du mal qui prend subitement, par suite des circonstances, une nouvelle acuité et qui nous déroute ! C'est que sais-je tel chrétien, telle chrétienne, tel prêtre peut-être, que nous avons rencontrés, qui n'était pas à la hauteur de son idéal et de sa foi de chrétien et qui nous a dégoûtés ! Nous avons pu être déroutés par tout cela et nous nous sommes peut-être demandé : « Est-ce là la bonne direction ? » Peut-être même avons-nous tenté de chercher ailleurs... Nous restons parfois dans un état de doute qui nous torture. Cela peut arriver à tout le monde ! Si à ce moment-là, notre souci de vérité, notre soif de clarté nous pousse encore à chercher, à ce moment-là le Dieu de tendresse ne peut pas nous rejeter ; par cette recherche même que nous faisons nous lui témoignons tout notre amour, même à supposer que cette recherche n’aboutisse pas !

Aujourd'hui, chers enfants, c'est votre Profession de Foi et c'est aussi la Pentecôte, la fête du Saint Esprit.

L'esprit Saint, c'est, dit Jésus, l'Esprit de vérité qui doit nous conduire à la manifestation de la vérité totale. Justement ce cierge, qui vous a été remis hier soir, symbolise votre soif de clarté, votre amour de la Vérité ! Ce cierge, c'est un flambeau que, hier soir, vos parents vous ont transmis à vous personnellement (c'est vous qui le tenez maintenant) alors qu'au jour du Baptême, c'étaient vos parents qui le portaient. Maintenant, ils vous l'ont donné, à vous de le maintenir allumé ! Quand vous le prenez en mains, cela veut dire : « J'ai soif de clarté, je veux y voir clair, je veux la lumière. » Supposez qu'il vous arrive de retomber dans le doute, que telle ou telle chose ne vous semble pas très claire, que telle vérité de notre foi vous paraisse obscure, peut-être même, cela peut arriver, vous paraisse bête, idiote, si vous continuez à chercher, si votre soif de clarté, si votre désir d'y voir clair, continue, c'est que l'Esprit de Jésus-Christ vous habite. C'est cet Esprit de Vérité qui vous pousse dans cette recherche ! Dans ce "cache-cache" avec Dieu, vous n'abandonnez pas la partie, vous n'abandonnez pas le jeu, et Dieu qui est un Père se réjouit de votre enquête, de votre recherche, de votre... souffrance. Cela lui prouve que vous l'aimez et que, lorsqu'il disparaît, il vous manque.

L'Esprit Saint, c'est aussi l'Esprit d'amour, de tendresse. Et justement en prenant cette flamme, ce flambeau en mains, vous voulez dire aussi : ce feu, ce feu d'amour que Jésus-Christ est venu mettre sur la terre, je veux le propager tout partout ! Jésus a dit : « Je suis venu mettre le feu à la terre et mon grand désir, mon grand souci, c'est de voir un grand brasier s'allumer, c'est de voir un incendie, un incendie d'amour se propager ! » (St Luc, ch.19,v.49). Un incendie d'amour, d'amour de Dieu, d'amour de tout ce qui est beau et qui ressemble à Dieu, un incendie d'amour pour nos frères ! Dieu rêve tellement de faire avec nous une vraie famille où on s'aime vraiment, où on se sent au coude à coude. Saint Paul nous disait tout à l'heure, et la première lecture nous le disait aussi ce que Dieu veut, c'est l'unité !

Le jour de Pentecôte, tout le monde parlait la même langue, tout le monde se comprenait, alors qu'à la tour de Babel, c'était la "pétaudière", personne ne comprenait plus son voisin. Le jour de Pentecôte, quand l'Esprit de clarté, quand l'Esprit d'amour est descendu sur cette terre, les gens les plus différents – et vous avez entendu tout à l'heure qu'il y en avait une sacrée litanie – tous ces gens-là se sont soudés dans le même amour et la même foi : c'était le début de l'Eglise ; elle a commencé par trois mille !

Et cet Esprit, il met en nous tellement de charité quand il s'empare de notre cœur, que surgit aussitôt le souci d'entraide pour les autres. Saint Paul le disait tout à l'heure : « Nous avons tous des dons différents, l'un est plus doué pour ceci, l'autre pour cela, nous avons reçu des cadeaux de Dieu différents. » Ces cadeaux, nous ne les avons pas reçus pour nous-mêmes ! Quelqu'un a la chance d'être plus intelligent qu'un autre, c'est possible ! Quelqu'un a eu la chance de pouvoir faire des études qu'un autre n'a pu faire, quelqu'un a la chance d'être plus fort, d'avoir une meilleure santé qu'un autre, quelqu'un a eu la chance de naître dans un milieu qui est plus aisé ; eh bien, s'ils sont chrétiens, tous ces gens-là doivent reconnaître que tout ce qu'ils ont reçu gratuitement, il faut le faire passer aux autres gratuitement, que tous ces dons-là ne leur ont pas été donnés pour eux-mêmes égoïstement, mais qu'ils leur ont été donnés pour la communauté, pour tous leurs frères. Et si, par conséquent; quelqu'un veut se faire payer son intelligence, il vole les autres ! Si quelqu'un veut se faire payer les études qu'il a pu faire parce qu'il a eu de la chance de ce côté-là, il vole les autres ! Si quelqu'un veut toucher encore plus d'argent parce qu'il en a déjà et que cet argent va faire des petits, il vole les autres ça, c’est la doctrine de Jésus-Christ.

Il est bien évident que le jour où dans notre économie on appliquera ces principes-là, alors commencera une vraie fraternité entre nous ! Cette fraternité, ce ne sera pas simplement du sentiment, elle descendra jusque dans le domaine matériel qui est toujours le domaine de la chicane et de la dispute. Voilà ce qui s'est réalisé le jour de Pentecôte, les premiers chrétiens ont tout partagé !

Que ce serait formidable, mes amis, si, ici à Rungis, pour commencer tout petitement, pour commencer à notre niveau, nous réalisions cette entraide, cet amour, dans tous nos quartiers, sans différence de classes, de castes, de races, si chacun cherchait à faire profiter les autres des dons qu'il a reçus gratuitement : c'est pour eux qu'il les a reçus, il les vole donc s'il ne le fait pas Tout comme moi, si je gardais l'argent que vous me donnez pour les colonies de vacances, si je le gardais pour moi-même je vous volerais : cet argent m'a été donné pour les enfants, pour la communauté des enfants ; si je l'emploie à mon profit, je vole !

Eh bien ! mes frères, faisons bien attention à ne pas voler les autres ...

En ce jour de la Profession de Foi de ces enfants, en cette fête de Pentecôte, je vous en supplie, demandons tous avec ferveur au Seigneur de donner à ces enfants, de nous donner à nous tous, son Esprit de Vérité et son Esprit d'Amour.

Qu'il suscite plus que jamais en chacun de nous une soif de clarté, de lumière, un souci primordial de vérité et d'authenticité, une horreur de l'hypocrisie et du mensonge !

Qu'il suscite en nos cœurs un plus grand amour de Dieu, de tout ce qui est beau et grand et rapproche de Dieu, et en même temps qu'il allume en nous un véritable incendie d'amour fraternel...

 

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