SOMMAIRE DE L'HOMELIE
Certains voudraient faire de nous des numéros matricules...
Le christianisme veut faire de nous des personnes...
Pour le chrétien, la communauté est au service de la personne et non le contraire comme dans le collectivisme...
Or, ce qui permet à l'homme de résister à la pression sociale et de rester "lui" au sein de la masse, c’est qu’il retrempe chaque soir dans une communauté qu'il a façonné à son image = sa famille...
Une vraie famille... ce sont des personnes soudées par le
sang mais surtout par un esprit commun...
Comment arriver à faire des familles unies, joyeuses,
chantantes ?
Que les époux reconnaissent leurs qualités respectives
et le rôle spécifique qui y correspond et qu’ils se gardent des défauts de leurs
qualités.
1°) L'homme est fait pour :
- décider )
- diriger ) ceci en raison de ses qualités spécifiques. Attention aux défauts correspondants…
- agir )
2°) La femme est faite pour :
- Etre mère : don d'intuition ... devine
peut faire beaucoup de bien et beaucoup de mal...
pas assez sûre de ses conclusions...- se dévouer : altérocentrique...
capacité d’endurance…
optimisme foncier...- apporter la beauté, l’idéal : sentiment religieux plus fort...
- souci de l’individu… du détail (attention : minutie !)
- être aimée, choisie, préférée…d'où jalousie...
- très sentimentale… d’où instable, sent le besoin de s'appuyer sur l’homme
3°) Pour harmoniser tout cela...
- Reconnaître qu’on a besoin d’être complété par l’autre.
- Patience... pardon... amour basé sur l'admiration et l'estime...Vis-à-vis des enfants :
- Ne pas vouloir tout corriger d'un coup...
- Motiver toujours à leurs yeux ce qu'on leur demande, par le souci de leur bien...
MATRICULE 1417-T-29...
C’était mon numéro matricule dans la Marine.
Il y a des gens qui voudraient faire de chacun de nous un numéro matricule... ! C'est plus commode évidemment à manier qu'une personne ! On pourrait dire que la différence qu'il y a entre le collectivisme et le christianisme, c’est celle qu'il y a entre une caserne et une famille !
Une caserne... Même ceux qui n'y ont pas passé savent très bien ce que ce mot évoque : des gens juxtaposés, chacun son box, chacun sa case, numéro tant... Des gens qui marchent comme un seul homme, sans chercher à comprendre. « Cherche pas à comprendre ! » C'était du moins de mon temps, le conseil que l'on donnait au "bleu" qui venait d'arriver et qui se permettait de trouver que telle ou telle consigne était absurde... Je crois, à entendre nos conscrits d'aujourd'hui, qu'il y a tout de même un progrès de ce côté-là...
Une famille... Ce sont des "personnes" qui ont entre elles des liens profonds, qui sont soudés par le sang, mais encore et plus peut-être, par un esprit commun, par une pensée, par des aspirations communes et par une estime, une admiration et un amour profonds.
Justement, dans un monde où chacun de nous est noyé dans une masse, la famille, j'ai déjà eu l’occasion de le dire, est le dernier bastion de la personnalité. C'est elle qui nous empêche de tomber dans le collectivisme et de devenir un simple numéro anonyme. C'est l’antidote à cette énorme pression sociale qui s'exerce sur l'individu durant toute sa journée de travail et qui, insensiblement, l’amènerait à penser et à agir à l'unisson de la masse, de la collectivité. Heureusement, en rentrant de son travail, le soir, cet individu, oh ! pardon, cet homme, cette "personne" retrouve sa famille, son foyer qu'il a façonné à son image. Il retrouve un petit groupe qui partage ses idées personnelles, ses goûts, ses manières de voir. Là, il peut s'exprimer en toute liberté et confiance, sûr d'être compris ; là, il trouve un écho à ses sentiments profonds ; là, il peut alors s'épanouir, lui, qui a eu peut-être l'impression, tout au long de la journée, d'être écrasé par la masse... Il pourra donc s'ancrer davantage dans ses idées personnelles, il pourra même les mettre au point et les corriger s'il le faut parce qu’il pourra vraiment dialoguer avec des personnes qui, a priori, sont branchées sur la même longueur d'ondes et dont, par conséquent, il acceptera plus volontiers les remarques qu'elles pourront lui faire, les amendements qui leur semblent souhaitables...
C'est tout le modèle de la communauté familiale que Dieu à voulu construire la communauté de ses disciples, son Eglise.
Contrairement à ce que pensent et disent les collectivistes, pour l'Eglise, pour les chrétiens, la communauté est au service de la personne, de son épanouissement, et non la personne au service de la collectivité à laquelle, en conséquence, on la sacrifierait aisément. Pour nous la personne est un absolu, elle est sacrée... C'est tout autre chose !
Voilà pourquoi l’Eglise défendra toujours la famille contre toutes les attaques et Dieu sait si elle est attaquée de nos jours. La liturgie campe aujourd'hui devant nos yeux la sainte famille de Nazareth, le modèle de toutes les familles chrétiennes, jusqu'à - et y compris - la famille paroissiale...
Revoyons les conseils que Saint Paul donnait tout à l’heure aux divers membres de la famille pour qu'il y règne une si bonne entente qu’elle soit une famille chantante et pénétrée de l'idéal du Christ au point que, spontanément, chacun y célèbre les louanges de Dieu, fredonnant, reprenant les chants entendus à l'église, les psaumes et les hymnes.
« Femmes, soyez soumises à vos maris ! » Cette première recommandation de l’Apôtre révolte notre mentalité moderne : on y voit l'influence des idées de l'époque... Peut-être ! Pourtant cette égalité de l'homme et de la femme si chère à nos contemporains, Saint Paul n'a-t-il pas été le premier à la proclamer ? (Galates, ch.3, v.28).
Aussi il ne s’agit pas ici d'une soumission d'esclave. Je pense que St Paul veut que dans le foyer, chaque conjoint, tout en reconnaissant l’égalité de dignité et de valeur de l'autre devant Dieu, de la place et le rôle que lui assignent les dons et les qualités spécifiques que Dieu a donnés à l'homme et à la femme.
Si les difficultés qui surgissent trop souvent dans les relations entre garçons et filles, par ailleurs très bien disposés, viennent de ce que, trop souvent, ils ignorent leur spécificité respective et jugent les réactions psychiques et physiologiques de l'autre d'après leurs réactions personnelles, de même je pense que beaucoup de difficultés dans les foyers proviennent de ce que les conjoints ignorent les différences de leur psychologie respective et extrapolent sur le rôle tout à fait spécifique que chacun doit y jouer.
Que chacun donc s'ingénie à remplir de mieux en mieux le rôle qui lui revient en développant les qualités naturelles correspondantes et en se mettant en garde contre les défauts de ses qualités.
Sans doute, dans un foyer bien équilibré, les décisions doivent être prises ensemble. Il n'empêche que, de par sa nature l'homme ordinairement réfléchit davantage, soupèse davantage le pour et le contre. Voilà pourquoi il est aussi plus lent à se décider. Il voit mieux l'ensemble d'un problème avec ses tenants et ses aboutissants... Voilà pourquoi, dans un foyer qui s’entend bien, l’épouse, qui s'en rend compte confusément, se rangera volontiers à l'avis de son époux et s'en remettra finalement à son jugement et à sa décision… Notons que c'est justement parce que l'homme voit davantage l’ensemble que le détail qu’il s'insère aussi plus facilement dans un ensemble, dans un groupe. Par contre, il risque, s'il n'y prend garde, d'y perdre sa personnalité en se laissant trop facilement influencer par ses copains. Il est par nature très sensible au respect humain...
Destiné à diriger, il risque parfois d'être autoritaire et de vouloir que tout le monde en passe par ce que veut "Monsieur" ! Il n’aime pas qu'on le contre, il supporte difficilement la critique, il est assez orgueilleux de nature et n'aime pas qu’on lui fasse la leçon surtout en public. Combien d'épouse l'oublient, qui rabrouent lourdement leur mari en public ou lui font des remarques qui sont parfois fondées mais qui sont désobligeantes parce que faites devant tout le monde et qui, par conséquent, le vexent !... Ce n'est pas cela qui peut contribuer à la bonne entente d'un ménage...
En raison de ce rôle de direction et de décision, l’homme risque de trop vouloir que tout tourne comme il l'entend, et même que tout tourne autour de lui : il est facilement égocentrique !... Il devra corriger cette déviation à laquelle il est naturellement assez enclin.
L’homme est fait pour agir, pour faire face à la lutte pour la vie. Aussi, il est réaliste, au point parfois d'en devenir matérialiste et brutal. Il est maladroit devant la faiblesse et la souffrance, complètement dérouté parfois par les réactions de la femme et de l’enfant qui sont beaucoup plus sentimentales que les siennes et qu'il a de la peine à comprendre.
Fait pour agir, il subit et supporte difficilement. Il se révolte rapidement lorsque le sort lui est contraire. L’obstacle à sa volonté le rend facilement coléreux. Si la difficulté persiste, il se lasse assez vite et déclare trop facilement qu'il n'y a rien à faire ! Il supporte difficilement la maladie, il devient alors bien souvent douillet et aime qu'on le dorlote comme un enfant !
La femme, elle, est faite avant tout pour être mère. Il faut qu'elle puisse deviner les besoins de son enfant quand il est encore trop petit pour pouvoir les exprimer. Aussi est-elle douée d'un grand don d'intuition : elle sent, elle devine les besoins, les soucis, les goûts, mais aussi les faiblesses des autres. Sentant, comme d'instinct, le côté faible des gens, la femme sait ordinairement les prendre par ce côté et arrive ainsi facilement, parfois sans qu'ils s'en rendent compte, à leur faire vouloir ce qu'elle même voulait…
Elle sent, elle devine tout de suite ce qui peut faire plaisir, mais aussi ce qui peut faire souffrir. C'est pourquoi si elle peut apporter beaucoup de joie par ses délicatesses, elle peut aussi, quand elle est méchante, faire beaucoup souffrir car elle trouvera aisément le geste ou la parole qui blessera à l'endroit sensible. Par contre, comme par ce don d'intuition elle arrive rapidement à la conclusion sans passer par le raisonnement, elle doute souvent du bien fondé de cette conclusion qu'elle devine plutôt et sent le besoin de s’appuyer sur une autre intelligence plus pondérée et plus réfléchie.
De plus, agissant plus par intuition, par flair, que par raisonnement, elle se rend moins facilement compte que l'homme des motifs, parfois plus ou moins avouables, qui la font agir. Comme il est difficile, par exemple, de faire admettre à une fille que dans telle ou telle circonstance elle a agi par jalousie, alors que cela crève les yeux...
Faite pour être maman physiquement et spirituellement, elle est faite pour aimer et pour se dévouer. Elle est altérocentrique, orientée vers les autres. En arrivant chez des amis qui les invitent, alors que Monsieur mettra tout de suite les pieds sous la table, son épouse demandera à la maîtresse de maison : « Que puis-je faire pour t'aider ? »
Faite pour le dévouement, pour comprendre, pour compatir, la femme est douée d’une capacité d'endurance, de patience, de support bien supérieure à celle de l’homme. Elle supporte mieux que lui la souffrance et l'épreuve. Elle ne s'avoue jamais battue. Elle espère parfois contre toute espérance et a ordinairement un optimisme foncier fait d’une assurance profonde que le bien finalement triomphera.
C'est qu'elle est très sensible au beau et au bien. Elle s'enflamme facilement pour un idéal. C'est pourquoi, le "sentiment religieux" est ordinairement plus fort chez elle que chez l'homme.
Elle a le souci des individus et des personnes, le souci du détail plus que de l'ensemble, le souci du fini, de l'achevé, qui, lorsqu'il est trop poussé, peut tourner à la minutie. Elle risque aussi d'attacher trop d'importance à des petits, riens, à des petits heurts... C'est pour cela qu'il est si difficile pour des filles de vivre en communauté, en groupe. D'autant plus que la femme vit dans le monde du sentiment et que, si elle est faite pour aimer, elle cherche aussi à être aimée, appréciée, voire choisie et préférée. C'est pour cela qu'elle attache tant d'importance à ce que l'on pourra penser d’elle : « De quoi aurai-je l'air ? » C'est pour cela qu'elle est aussi facilement jalouse quand elle voit que ses amies ont plus de succès, sont mieux douées, réussissent mieux qu'elle. Elle cherchera alors, instinctivement à les déprécier à ses propres yeux et aux yeux des autres… C’est pour cela aussi qu’elle est si portée au commérage et à la critique des autres.
Vivant dans le monde du sentiment la femme en a tous les inconvénients, en particulier l'instabilité. Elle est d'humeur très changeante et passe facilement de l'exaltation à la tristesse, et ces revirements subits déroutent complètement l’homme qui a bien de la peine à les comprendre et à se les expliquer…
Pour harmoniser tout cela, pour que chacun fasse profiter l'autre de ses qualités respectives tout on se gardant des défauts de ses qualités, Saint Paul demande aux époux de chercher à "compatir". Qu'est-ce à dire ? Que Saint Paul demande qu’ils s'ingénient à sentir, à penser, à décider ensemble, prenant bien conscience de ce qu’ils sont complémentaires, donc de ce qu'ils peuvent s'apporter mutuellement l’un à l'autre, ce qui suppose une vrai humilité : chacun n'a pas tout ! Il a besoin d'être complété par l’autre !
Et comme malgré toute leur bonne volonté il est inévitable, vu leurs différences qu'il y ait parfois des heurts. Saint Paul recommande la patience : elle sera toujours de saison, chacun risquant toujours de tomber dans les défauts de ses qualités, et le pardon ! Sachez vous pardonner comme le Christ vous a pardonné. Ceci est capital ! Qu’il y ait des petits heurts, encore une fois, ce n'est pas étonnant et ce n'est pas grave à condition de ne pas les garder sur le cœur, sinon ils feront boule de neige et une boule de neige si grosse, si lourde qu’elle finira par écraser l’amour alors qu'évidemment c'est l'amour, un amour fait d'estime, d’admiration mutuelle qui, en définitive, fera la bonne entente et 1'unité !
Comme tous ces conseils sont pratiques !
Pour ce qui est des relations des parents avec les enfants, j'en ai parlé l'an passé.
Je n’ai que le temps de rappeler le conseil de l'Apôtre : « ne pas exaspérer » les enfants en étant sans cesse sur leur dos. « Vous les décourageriez » dit Saint Paul.
Il faut savoir sérier les efforts qu'on leur demande, corriger d’abord les plus gros défauts, on verra les autres par la suite... Et chaque fois qu'on demande quelque chose à l'enfant, lui expliquer toujours, de façon proportionnée à sa petite jugeote, pourquoi on le lui demande.
Qu’il puisse toujours se rendre compte que c’est pour son bien et que ce commandement est inspiré par l’amour de ses parents pour lui et non pas par je ne sais quel besoin de manifester son autorité ou de se décharger les nerfs…
Prions de tout notre cœur pour que toutes nos familles chrétiennes donnent l'exemple de la bonne entente et pour qu'elles soient des familles où l'on chante... les louanges de Dieu !