SOMMAIRE DE L'HOMELIE
L'envoi des "faire-part" de mariage pose bien des problèmes...
Ces jeunes mariés, invitant Marie, avaient
été comme obligés d'inviter Jésus et ses amis…
Ils n'eurent qu'à s'en féliciter…
Dans cette scène des noces de Cana, Marie agit avec sa psychologie féminine, Jésus, avec sa psychologie masculine.
- Marie :
son instinct de divination...
sa promptitude a agir ...- Jésus : il raisonne :
« ça ne nous regarde de pas... »
« mon heure n'est pas venue... »- Marie : sa ténacité...
- Jésus : cède par affection pour sa Maman... par amitié pour ces jeunes .. pour célébrer un bel amour… Il commence par là son œuvre de salut.Et c'est la joie...
Pourrions-nous témoigner nous aussi., que la présence de Jésus dans notre vie la transfigure, l'embellit, apporte une joie inexprimable ?...
Essayons aujourd'hui de prendre conscience de l'embellissement que Jésus apporte à l'amour humain…
§ Il embellit le sentiment même de l'amour, en le purifiant de l'égoïsme pour en faire un amour d'adoration et de don...
§ Il en embellit l'expression corporelle qui devient vraiment " L'acte d'amour ". L'Eglise devra le défendre contre toute dégradation…
§ Il donne à l'amour cette garantie indispensable de durée…- Par le serment-sacrement
- Par tout un "esprit", toute une mentalité qui en assure la solidité…§ Il donne l'aide de sa grâce…
Conclusion
Parmi toutes les réparations que Jésus médite et entreprend pour sauver l'humanité, il commence par l'amour...
Poursuivre son œuvre… Que les foyers chrétiens rayonnent de ce véritable amour... Que les jeunes s'y préparent par leur comportement...
SOUS LA GRANDE LAMPE DE LA SALLE DE SEJOUR, autour de la table, on s'en pose des problèmes !...
Il s'agit d'envoyer les invitations et les faire-part pour un mariage. Pas de problème pour celui ci : c'est un ami. Mais celui là ?... et celui là encore ?... Faut-il envoyer un simple faire-part ou joindre une invitation ?... La gratitude ? La politesse ?... Parfois l'intérêt : il ne faut pas indisposer un tel, ça risquerait d'avoir pour nous des conséquences fâcheuses... On pèse, on soupèse toutes ces considérations, avant de mettre une adresse sur l'enveloppe, avant d'y insérer un faire-part ou une invitation...
Ils avaient dû, ces jeunes mariés, se poser ces mêmes questions. Le teinte de l'Evangile semble dire que la Vierge Marie avait été invitée sans conteste. C'était sans doute une parente, en tout cas une connaissance. Mais comment inviter Marie sans inviter son Fils, et comment inviter Jésus sans inviter ses disciples, ses amis ?... De fil en aiguille, voilà que le nombre des invités augmente au-delà de ce qu'on avait prévu lorsqu'on avait fait les commandes !... « et le vin vint à manquer !... » Finalement, ces braves gens n'eurent qu'à se féliciter d'avoir invité le Seigneur. Pour eux, il fit son premier miracle, il leur donna du vin et du bon… et en quantité: six jarres de cent litres chacune ! il faut le faire !... Que seraient-ils devenus, ces jeunes mariés, si Jésus n'avait été de la noce ?... Quel fard ils auraient piqué ! Ils ne s'en sont certes pas mordu les doigts de l'avoir invité !
Ce que j'admire tout d'abord dans cette scène évangélique, c'est que Marie se comporte vraiment comme une femme : elle fait jouer ses qualités spécifiques de femme, et Jésus réagit en homme, avec ses qualités masculines.
La Vierge Marie a ce don d'intuition que Dieu a donné à la femme parce que lorsqu'elle sera mère, elle devra pouvoir deviner ce que veut son enfant, ce dont il a besoin avant même qu'il ne puisse parler. Il y a là comme un don de divination qui est extraordinaire. Marie, avec ce "flair" a tout de suite compris que quelque chose n'allait pas dans cette noce. Jusque là on s'était bien amusé, on avait bien mangé, bien bu, et tout à coup : un nuage sur le visage des deux mariés… Marie l'a vu et ça l'inquiète. Son cœur de maman a de la peine à voir ces jeunes attristés en un si beau jour ! Avec son "flair", elle a tout de suite deviné : « ils n'ont plus de vin ! » Et, faisant jouer une autre qualité de la femme qui est d'agir quelque fois peut-être un peu trop vite, sans réfléchir suffisamment, elle ne peut rester sans rien faire. Ces pauvres gens sont dans l'embarras, que faire pour les en sortir... Jésus est là : son Fils, elle connaît déjà sa puissance divine, elle connaît surtout sa tendresse. Elle va seulement lui exposer la situation : « Ils n'ont plus de vin ! » Et Jésus va réagir en homme, en homme qui réfléchit : « Mais, femme, cela ne nous regarde pas, ce n'est pas notre affaire, ce n'est pas nous qui sommes chargée du ravitaillement ! Et puis, du reste l'heure n'est pas encore venue, l'heure de me manifester ! » Il est frappant de voir comment, dans la vie de Jésus Christ, dans la mission que le Père lui a confié, tout a été soigneusement minuté. Jésus parlera souvent de "son" heure. A telle heure, à tel moment il doit faire telle chose, à telle autre heure, telle autre chose... Et Jésus veut se conformer à ce programme, à ce "planning", ce n'est pas encore pour lui l'heure de se manifester, de manifester sa puissance.
Mais, comme toutes les femmes, encore une fois, Marie est tenace (heureuse ténacité de la femme qui bien souvent, du reste, obtient des résultats inattendus, inespérés). Marie sait bien qu'elle peut compter sur l'aide son Fils, sur cette tendresse qu'il a pour elle, et aussi sur l'affection qu'Il a pour ces jeunes mariés : s'il est venu à leur noce, c'est bien pour les honorer, pour leur témoigner son amitié. Marie va vers les serviteurs : « Allez trouver mon Fils et faites bien tout ce qu'Il vous dira ! »
Et à cause de cette prière de sa maman, Jésus cédera ; il cédera sans rechigner, il agira même royalement, il y mettra le va-tout de sa puissance : six cuves de 100 litres chacune, remplies à ras bord de 100 litres de vin et du bon.
C'est le premier miracle que Jésus a fait et il l'a fait par l'entremise de sa Mère, et il l'a fait pour apporter la joie...
C'est extraordinaire, c'est révélateur que la première fois que Jésus exerce sa puissance, ce soit pour apporter la joie ! Et ces mariés, pourront se féliciter d'avoir invité le Seigneur à leur noce : que serait-il advenu s'il n'avait pas été là ?...
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S'il en est ainsi, mes frères, comment se fait-il que l'on ait la frousse de Dieu et qu'on ait peur d'inviter Jésus dans sa vie comme s'il allait être un trouble-fête ? Comment se fait-il que tant et tant de gens, qui même se prétendent chrétiens estiment que prendre trop au sérieux leur religion ce serait assombrir leur vie et qu'il vaut mieux laisser cela un peu de côté ?
Ne pourrions-nous pas témoigner devant tous ces gens-là, nous ses disciples, nous ses chrétiens, comme ont pu le faire ces mariés, que la présence du Christ dans notre vie la transfigure et y apporte un idéal, une joie, un embellissement que nous ne connaîtrions pas sans cela ?...
Mais si Jésus a été à cette noce, si même il a accepté de devancer son heure et de faire son premier miracle en faveur de ces mariés, c'était aussi avant tout pour montrer qu'il approuvait ces noces, qu'il approuvait que l'on célèbre un bel amour humain et qu'il ne voulait pas qu'il y ait le moindre nuage qui vienne assombrir cette célébration. C'était pour sanctifier cet amour par sa simple présence. Il était venu pour sauver l'homme dans son corps et dans son âme. Il savait quelle avalanche de misères, de souffrances, de turpitudes de toutes sortes provenait dans la pauvre humanité de la dégradation de cette institution divine de l'amour. Il était donc normal que parmi toutes les réparations qu'il méditait et qu'il entreprendrait pour relever la pauvre humanité déchue, il débute par la réparation, la réhabilitation de l'amour.
Arrêtons-nous quelques instants si vous le voulez bien, pour réfléchir sur l'embellissement que Jésus a apporté à l'amour humain. Je le dirai en un mot : Jésus nous a apporté l'idéal de l'amour humain en le purifiant de tout égoïsme et en lui restituant toute sa noblesse, en lui donnant une garantie, en lui octroyant sa grâce .
D'abord Jésus réaffirme que, suivant l'intention primitive de Dieu, lors de l'institution par Lui du mariage au jardin d'Eden, Dieu veut que l'homme et la femme ne fassent qu'un, qu'ils soient soudés ensemble, qu'ils mettent tout en commun. Que chacun apporte à l'autre ses dons, ses qualités, spécifiques dont j'ai donné quelques échantillons tout à l'heure, que chacun s'enrichisse des qualités de l'autre : cet enrichissement mutuel pour le bien certes des époux mais surtout pour celui des enfants qui auront ainsi un milieu équilibré où ils pourront s'épanouir. Admirons cette complémentarité : l'homme est l'intelligence, la raison, la femme est le cœur ; l'homme est la pensée, la femme est le sentiment ; l'homme est l'énergie, la femme est la grâce ; l'homme est la force ; la femme est la douceur ; l'homme est le commandement, elle, est l'insinuation ; l'homme est le semeur de la vie, elle, la terre où la vie doit germer !
Ensuite, Jésus a restauré le sentiment même de l'amour en le purifiant de tout égoïsme. La notion chrétienne de l'amour est essentiellement altruiste. Il consiste à donner, au besoin même à se sacrifier, tout le contraire de l'amour égoïste qui consiste à profiter de l'autre, à l'exploiter, à s'en faire un instrument de plaisir ; tout le contraire de cet amour imprégné d'égoïsme qui est la source de toutes les catastrophes dans les foyers et la société. « Il n'y a pas de plus grand amour, dira le Seigneur, que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. » (St Jean, ch.15,v.13). Aussi bien Jésus rappellera quel amour Dieu réclame de nous : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toutes tes forces. » (cf. St Matthieu, ch. 22, v.37). C'est le don total de soi. Or l'amour des époux chrétiens dérive en droite ligne de l'amour de Dieu. Ce qui fonde, en effet, cet amour, c'est avant tout la beauté divine qu'ils ont découverte l'un dans l'autre. Dès lors l'amour humain sera lui aussi totalitaire, il suppose que l'on admire tellement l'autre, qu'on le trouve tellement sensationnel, tellement au-dessus de soi, qu'on est prêt à se consacrer totalement à lui à se sacrifier pour lui, à lui donner l'entièreté de son être et de se vie, à ne vivre que pour lui.
Or, tout sentiment profond chez l'homme qui est corps et âme, demande à prendre corps, à s'exprimer dans un geste corporel. Cet amour si profond. cet amour qui dépasse toutes les autres affections humaines les plus légitimes ("l'homme quittera son père et sa mère pour s'unir à sa femme ") s'exprimera dans un geste qui devra lui être exclusivement réservé. Comment les époux pourront-ils exprimer de façon plus expressive qu'ils s'admirent et qu'ils s'aiment, qu'ils veulent se consacrer l'entièreté de leur être, qu'ils veulent être soudés ensemble dans une mise en commun totale de toute leur personne et de toute leur vie, comment pourront-ils exprimer, d'une façon plus parlante si je puis dire, qu'ils ont une confiance absolue l'un dans l'autre, qu'en se jetant dans les bras l'un de l'autre, se livrant totalement leur corps, qu'en les unissant de la façon la plus intime, au point, comme le dit la Bible de ne plus être qu'une seule chair ? Ce sera donc là "l'acte" d'amour par excellence ! Non certes l'acte d'un amour égoïste où chacun cherche sa propre satisfaction, mais un acte d'amour d'adoration, de donation ! Etant l'expression du don le plus total (sans restriction et irrévocable) qu'une personne humaine, indépendante, autonome, libre de disposer d'elle-même, fait à une autre personne, ce don des corps a donc valeur d'absolu et revêt de ce fait un caractère sacré et religieux, si bien qu'il ne devrait jamais être fait qu'avec un souverain respect, avec un recueillement quasi religieux, avec pleine conscience de tout ce qu'il signifie…
C'est pourquoi, l'Eglise chargée de continuer l'œuvre de restauration du Christ restaure la dignité de l'amour humain jusque dans son expression corporelle. Elle défendra toujours la grandeur et la noblesse de ce geste ; elle ne permettra jamais qu'il soit animalisé, banalisé, colporté, mais elle veillera à ce qu'il soit exclusivement réservé à l'expression de cet amour totalitaire. Ce don corporel sera toujours pour elle un événement, un événement qui transforme une vie, qui débute une vie toute nouvelle un événement si important qu'il doit être célébré religieusement pour qu'avant de l'accomplir les intéressés prennent mieux conscience de son caractère absolu, irrévocable, religieux. Sans compter que l'obligation de le faire précéder d'une cérémonie officielle et religieuse empêche qu'il ne soit fait simplement à la légère sous le coup de la passion et de la réflexion.
Ce que le Christ a encore apporté à l'amour humain, c'est une garantie de durée. La fidélité est un élément essentiel de toute amitié. Comment faire de quelqu'un un véritable ami si l'on doute de sa fidélité ? Même la franche camaraderie la réclame à plus forte raison l'amour ! Comment ne pas être totalitaire, sans arrière-pensée, s'il doute de l'avenir ? Comment ne pas être repris par cette peur panique de la solitude (il n'est pas bon pour l'homme d'être seul…), si on peut soupçonner seulement que l'être aimé, que l'être qui prétend vous aimer, vous lâchera peut-être ?
Or le cœur humain est bien fragile et si instable ! Les tentations qu'il subit sont si fortes et si nombreuses (surtout dans notre monde actuel) ! Comment prémunir ce bel amour contre toute défaillance ? Le Christ, par son Eglise, nous donne trois moyens :
D'une part, il a ce serment. Le mariage chrétien n'est pas seulement une promesse d'amour définitif et unique que les fiancés se feraient l'un à l'autre. C'est un serment c'est-à-dire une promesse faite devant Dieu en lui demandant de nous punir sévèrement si jamais on venait à y manquer. Ce n'est pas seulement un serment que les fiancés se feraient entre eux, en secret, mais un serment fait officiellement devant l'autel, devant le chef et les représentants de la communauté chrétienne. Ce n'est pas seulement un serment officiel, c'est un serment qui assure à ceux qui l'ont fait la grâce de Dieu pour y rester fidèles : c'est un sacrement !
Pour qui a la foi, pour qui a simplement un peu d'honneur et de fierté, il ne peut y avoir de garantie de se rester fidèles plus forte que celle-là. Dès lors je l'ai dit et je le répète, le fait que les fiancés se sont interdit, comme l'Eglise le demande d'être l'un à l'autre tant que cette garantie suprême d'amour éternel n'a pas été donnée, est la meilleure preuve du respect absolu qu'ils ont l'un de l'autre, la meilleure preuve que pour eux ce don engage l'avenir et revêt un caractère sacré…
Enfin, c'est tout l'esprit chrétien qui viendra immuniser les époux contre le danger d'infidélité. Je le disais le jour de la fête de la Sainte Famille : c'est l'esprit chrétien qui les aidera à ne pas s'arrêter aux charmes physiques et éphémères, c'est l'esprit chrétien qui leur fera détecter leurs qualités réciproques, c'est l'esprit chrétien leur donnera le courage de reconnaître et d'avouer leurs torts, c'est lui qui leur donnera l'ambition de se corriger, de se dépasser, de s'embellir moralement, c'est lui qui leur fera comprendre que s'ils ont à souffrir de l'autre, celui-ci a peut être aussi à souffrir d'eux. C'est la charité du Christ qui leur fera changer les reproches durs et amers en remarques délicates ou en plaintes affectueuses... C'est l'esprit du Christ qui leur fera pardonner, en se rappelant qu'eux-mêmes on bien besoin du pardon et de la miséricorde divine…
Oui, sans cet esprit chrétien vécu, il est bien difficile à des êtres aussi différents que l'homme et la femme, à des êtres qui, plus est, sont pécheurs, de pouvoir bien s'entendre pendant longtemps, pendant une vie entière !... Si bien que promouvoir cet esprit, c'est travailler au bonheur et à la solidité des foyers et de la société elle-même ! Jésus est vraiment l'unique sauveur !
Ainsi donc, parmi toutes les "réparations" que Jésus avait prévues et entreprises pour restaurer l'humanité déchue, il a commencé par réparer l'amour !
Poursuivons donc son œuvre de salut. Que les foyers chrétiens rayonnent de ce véritable amour d'adoration et que nos jeunes s'y préparent en prenant plus conscience de tout ce qu'il y a de révoltant, de dégradant, et finalement de décevant devant un amour égoïste qui exploite l'autre à son profit, en prenant de mieux en mieux conscience que le flirt, si à la mode aujourd'hui, est la meilleure préparation à l'infidélité future : je l'ai dit déjà celui qui s'est habitué à jouer avec le cœur et le corps des filles respectera-t-il son épouse plus tard ? Comment la fille qui ne se respecte pas, pourra-t-elle inspirer le respect à son mari, comment pourra-t-elle, en toute vérité, lui témoigner un amour de prédilection ?
Ne craignons donc pas d'inviter nous aussi le Christ à partager notre vie avec Lui... Guidés par son idéal et son amour, Il nous apportera la vraie joie et l'épanouissement !