Année C – 13e dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

EPERTULLY ... refuse d'accueillir nos enfants en voyage d'exploration...
Comment ce village était devenu "un village maudit"... Il avait été "athéisé".
Pas besoin de demander la "vengeance céleste"... de demander que Dieu "fasse justice"...

Refuser Dieu, refuser le Christ, c'est se priver automatiquement de tout ce qu'Ils nous apportent...

Pourquoi les Samaritains refusent-ils d'accueillir Jésus ?

Juifs et Samaritains étaient "frères ennemis" ceux-ci ayant amalgamé au culte de Yahvé les cultes des païens immigrés parmi eux...

Aujourd'hui, traditionalistes et progressistes sont frères ennemis... ceux-ci voulant édulcorer le Christianisme traditionnel pour le rendre plus acceptable pour nos contemporains...

Pourquoi cette tendance laxiste ?

Pour rendre ta religion chrétienne plus acceptable ; ramener le dogme à ce que notre petite jugeote Peut admettre, et la morale à ce qui est au niveau de notre médiocrité.

En fait, cette tendance est fort ancienne...et les novateurs sont en fait des "rétros", remettant en vogue de biens vieilles erreurs... Exemples...

Répondre en reprenant et en approfondissant les réfutations qui ont déjà été faites depuis "belle lurette"...
On n'empêchera jamais que le Christianisme authentique aie ses exigences...

L'Evangile de ce jour le montre une fois de plus...

Jésus est exigeant pour Lui-même...Rien ne peut le détourner de son "devoir" ... il fait face !
Jésus est exigeant pour les candidats qui se présentent...

De fait, ceux qui ont voulu édulcorer le christianisme ont abouti à un échec... ils se sont mis à la remorque des jeunes ... mais ceux-ci les ont abandonnés...
Ils oublient que, ainsi que nous te disait l'Epître de St Paul, par-delà nos mauvaises tendances, il y a aussi l'Esprit Saint qui agit dans les cœurs y suscitant des aspirations qui sont en harmonie avec l'idéal du Christ.

Montrez cette harmonie entre ces aspirations et tes exigences de l'idéal chrétien et vous serez surpris du nombre d'âmes qui se rallieront...


HOMELIE

EPERTULLY !...

A première vue il semblerait que c'est un petit village comme il y en a tant d'autres en Saône-et-Loire, un petit village au milieu des prairies et des pâtures. Et cependant en entrant dans ce village, nos enfants sont frappés par l'âge avancé de tous ceux qu'ils rencontrent et par ces visages hermétiquement fermés  : pas un sourire amical à leur passage !

Ils accostent une vieille femme à l'entrée d'une ferme :

   — Madame, vous n'auriez pas une grange dans laquelle nous pourrions passer la nuit ? Nous sommes en voyage d'exploration.
   — Non, non, je n'ai rien, allez donc voir à la ferme d'en face...

En face c'est un vieux qui les accueille et leur fait, à peu de choses près, la même réponse  : « Allez donc voir ailleurs ! »

Ailleurs ce sont encore des personnes âgées qui les renvoient : « Allez donc voir à la poste ! »... La poste ? Il n'y en a même pas dans ce village...

Nos enfants ont compris : malgré l'heure tardive et la fatigue, il leur faudra "s'appuyer" encore 5 bons kilomètres pour aller jusqu'au village voisin. Là, on leur offrira une bonne soupe chaude pour les réchauffer, là, il y aura de la belle paille toute neuve sur laquelle ils pourront bien dormir ...

Le lendemain, c'est le rassemblement de toutes les équipes et chacun de raconter ses aventures et ses exploits...

   — On nous a dit qu'il y avait dans le voisinage un village maudit !
   — 
Un village maudit ?... 
   — Oui, il y a pas mal d'années, un instituteur est arrivé dans ce village. Il s'était juré d'en faire un village athée, et il a réussi ! Résultat : en moins de 23 ans il y a eu 25 suicides de jeunes !... Alors la jeunesse a pris peur, elle a quitté le pays, il n'y a plus que des vieux.
   — Le nom de ce village ?
   — Epertully
   — 
Epertully !...

Et nos gamins d'hier soir de raconter l'accueil qu'ils ont reçu dans ce village. Alors tous, d'un commun accord, ont voulu voir ce village maudit. Ils sont revenus sur leurs pas, ils ont rebroussé chemin. Arrivés dans ce village, ils se sont rendus spontanément dans ce qui restait de l'église et là, au milieu de ces ruines dans lesquelles la nature avait repris ses droits, sous ce toit béant, ils ont prié, peut-être comme jamais, pour que Dieu revienne dans ce village...

J'ajouterai qu'ils ont dû être exaucés car, quelques années plus tard, passant à proximité de ce village, j'ai voulu, moi aussi, revoir le village maudit. Il semblait revivre, l'église était restaurée, un prêtre zélé s'occupait de ce village... J'ai même voulu aller au petit cimetière tout proche pour prier sur la tombe du triste sire qui avait déchristianisé ce malheureux village. J'ai pu lire sur la dalle au dessous de son nom : « Ici repose un libre penseur ! » Un penseur ?... Hum ! Libre ?... Il est permis d'en douter quand on sait l'atmosphère d'anticléricalisme et d'irréligion qui régnait alors dans les écoles normales qui formaient les instituteurs, et le courage qu'il a fallu aux Davidés (c'était le nom des groupes de "talas", c'est-à-dire des élèves de ces écoles qui allaient "t-à-là" messe) pour lutter contre cet esprit partisan et pour instaurer dans ces écoles une vraie neutralité !

Le refus de ce village samaritain de donner l'hospitalité à Jésus et à sa bande m'a rappelé cette anecdote d'une de nos colonies de vacances à Saint-Léger-sur-Dheune, alors que j'étais curé à l'Haÿ-les-Roses.

Non, non, Jacques et Jean, pas besoin de demander au Seigneur de faire tomber la foudre sur ce village inhospitalier. D'abord Jésus le défend ; la vengeance ne sera jamais un réflexe chrétien. Et puis, ces pauvres gens, comme ceux d'Epertully, se punissent eux-mêmes puisqu'en rejetant Dieu ou le Christ, ils se privent de tout ce qu'Ils leur auraient apporté comme foi, comme idéal, comme jeunesse d'âme, comme sens de leur vie, comme espérance... Ils détruisent ce qui les fait êtres humains. L'image de Dieu a besoin de se remettre souvent en face de l'original pour se réimpressionner sous peine de disparaître et l'homme retombe alors dans l'animalité, il se détruit, il se suicide...

Pourquoi ces gens de Samarie ont-ils refusé de recevoir le Christ et sa petite troupe ?

Parce que c'était un juif... « Parce qu'il allait à Jérusalem  », dit St Luc.

Les Samaritains, en effet, et les juifs de Judée étaient des frères ennemis depuis la séparation entre le royaume du Sud, la Judée, restée fidèle à la descendance davidique, et le royaume du Nord qui avait suivi l'usurpateur et s'était donné Samarie comme capitale. Cette opposition s'était encore accrue parce que, lors de la déportation à Ninive des habitants du royaume du Nord, ceux qui étaient restés au pays s'étaient mêlés aux immigrés étrangers et avaient plus ou moins adopté, à côté du culte de Yahvé, le culte de leurs dieux. Aux yeux des Samaritains, les juifs de Jérusalem faisaient figure d'intégristes, tout au moins de traditionalistes, tandis que les juifs considéraient les Samaritains comme des laxistes, nous dirions presque aujourd'hui des "progressistes", n'hésitant pas à "arranger la religion de Yahvé", à l'amalgamer avec les autres cultes dans une sorte de syncrétisme.

Ainsi nous retrouvons aujourd'hui dans l'Eglise une opposition entre traditionalistes et progressistes qui rappelle par certains côtés cette opposition des juifs et des Samaritains...

D'où vient cette tendance laxiste des chrétiens progressistes ?

Elle cherche à rendre la religion chrétienne plus acceptable par nos contemporains, elle cherche à gagner le monde d'aujourd'hui en édulcorant le dogme et la morale, en ramenant le premier à ce que notre petite jugeote peut admettre et en mettant la seconde au niveau de notre médiocrité. Eternelle tentation du reste ! Au point que pour qui veut un peu réfléchir et se souvenir, nos progressistes sont en réalité "régressistes" : ils remettent à la mode tout un tas d'erreurs, toutes sortes d'hérésies des siècles passés...

C'est ainsi qu'en mettant plus ou moins clairement en doute la divinité du Christ, ils nous reportent au temps d'Arius : début du IVe siècle ! C'est un peu "rétro" !

D'autres nous ramènent à l'adoptianisme, c'est-à-dire au Ve siècle ! Quand ils prétendent que Jésus aurait été adopté par Dieu comme son Fils lors de son baptême par Jean-Baptiste dans le Jourdain...

D'autres semblent centrer toute la religion sur l'instauration d'un paradis terrestre, ce qui rappelle quelque peu l'erreur millénariste du IIe siècle !

Quant à ces soi-disant moralistes modernes pour lesquels les péchés de la chair ne semblent plus exister et qui semblent tolérer toutes les déviations sexuelles tout en se prétendant chrétiens, ils devraient se sentir déjà visés par saint Paul dans le passage de la lettre aux Galates lu tout à l'heure quand il dit que la liberté que nous procure le Christ ne doit pas être « une occasion pour satisfaire la chair ! » et, plus clairement encore, par l'épître de saint Jude, écrite entre 70 et 80, quand elle stigmatise « ceux qui se sont glissés parmi les chrétiens et qui changent en débauche la grâce de Notre Dieu. » (Jude, v.4).

Nous revenons à l'époque protestante avec ceux qui ne veulent voir dans l'Eucharistie qu'un simple repas commémoratif, comme avec ceux qui veulent supprimer toute hiérarchie, tout sacerdoce ministériel, tout magistère de l'Eglise

Bref, encore une fois, comme "rétro", ça se pose !

Dès lors, au lieu de se laisser impressionner par toutes ces théories, il suffirait aux chrétiens de reprendre en les approfondissant les réfutations qui en ont été faites il y a belle lurette, réfutations qui leur avaient donné un coup fatal puisque la plupart avaient fini par disparaître. Aujourd'hui voici qu'on les redécouvre sous les cendres et qu'on les ressort comme si c'était une nouveauté, un inédit ! Car c'est avant tout cela que l'on cherche : faire de l'inédit, sous prétexte, sans doute, de montrer sa "créativité".

Qu'on le veuille ou non, le vrai christianisme exigera toujours des efforts. Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, il sera toujours une religion surnaturelle ou il ne sera plus.

Le passage de l'Evangile d'aujourd'hui nous, le redit une fois de plus : Jésus est exigeant pour Lui-même. Il sait quelle est sa mission, quel est son devoir. Il fera face et ne s'en laissera pas détourner même par les révoltes à la perspective de tout ce qu'Il devra endurer. Vu, comment cette volonté résolue à faire face traits du visage du Seigneur : « Comme approchaient les jours où Il devait être enlevé de ce monde, Jésus affermit son visage pour aller à Jérusalem. »

Jésus se montre également exigeant, intransigeant pour les candidats qui se présentent pour être ses disciples. Il leur demande le détachement absolu des biens de ce monde et notamment de tout confort matériel. Il faut que celui qui veut le suivre le sache bien : ce ne sera pas le confort : « Les oiseaux du ciel ont leur nid, quant à Lui, le Fils de l'homme, il n'a pas où reposer sa tête ! » Le refus d'hospitalité de la part des Samaritains vient de le montrer une fois encore.

Jésus, nous venons de l'entendre également, ne supporte pas de délai quand Il appelle : c'est tout de suite ou jamais.
Il n'admet pas les regrets, les retours en arrière  : c'est résolument aussi qu'il faut rompre avec le passé.
Il faut même être prêt à sacrifier les affections humaines les plus légitimes, briser même, s'il le faut, les liens de famille.

Bref, il faut être absolument libre, libre pour se consacrer totalement à cette même mission, il faut rompre définitivement avec les attaches charnelles pour se mettre résolument et uniquement sous le souffle de l'Esprit.

Certes il y a de quoi effrayer au premier abord, et, à lire ce passage d'Evangile, il semblerait même que les trois candidats ont été plutôt refroidis... Mais Jésus n'est assurément pas partisan d'édulcorer son message ni ses exigences.

Regardez, du reste, ce qui se passe aujourd'hui  : à quoi ont abouti ces novateurs qui édulcorent notre religion soi-disant pour la rendre plus acceptable pour nos contemporains ? Ils ont vidé nos églises (il est vrai que pour eux la pratique religieuse est peu importante ; on dirait même parfois qu'elle est, à leurs yeux, un handicap !) Il n'empêche que nombre de chrétiens fervents et généreux ont été écœurés – le mot est exact – et se sont retirés. Même les jeunes ! Ces jeunes qu'ils avaient voulu suivre, ces jeunes dont ils avaient voulu prendre le vent, ces jeunes eux-mêmes les "plaquent" aujourd'hui, les abandonnent. Ils ont été déçus, ils s'attendaient à autre chose de leur part pour patauger et suivre les attraits de la chair, ils n'ont pas besoin de la religion !

Ils ont oublié, ces novateurs, que s'il y a en chacun de nous les tendances et les liens de la chair – pour parler le langage de saint Paul dans cette épître – il y a aussi en chacun de nous le souffle de l'Esprit. Il y a en tout être racheté par le sang du Christ « quelqu'un qui agit » au fond de son cœur ... Pour rompre aisément avec tous ces liens de la chair et retrouver la vraie liberté intérieure, il suffit, saint Paul nous le dit, de se mettre sous le souffle de l'Esprit.

Montrez donc à tous ces jeunes, montrez donc à nos contemporains que les exigences du Christ ne sont point arbitraires, mais qu'elles tendent à épanouir ce qu'il y a de meilleur en chacun de nous, montrez leur que ces exigences répondent à toutes ces aspirations nobles, les plus secrètes, les plus profondes que l'Esprit Saint suscite dans les cœurs.

Qu'à l'exemple du Divin Maître, son Eglise "affermisse son visage", qu'elle aie donc aux yeux de notre monde un visage plus résolu, plus décidé à faire face au lieu de toujours capituler ...

Alors vous serez surpris de voir le nombre d'âmes généreuses qui se lèveront à nouveau pour rejoindre Jésus-Christ et son Eglise qui leur montrera ainsi qu'elle se refuse à Le trahir. 

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