Année C– 19ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Je préfère le gars énergique au mollusque...

Jésus aussi : cf. ses consignes d'aujourd'hui  :

- "Attachez vos ceintures!..."
- "Soyez sur vos gardes !"
- "Soyez toujours Prêts !"

L'attente de la vie éternelle doit donc nous empêcher

- de nous laisser-aller...
- de nous "installer" ici-bas ; nous ne sommes ici-bas que des étrangers de passage.. : cf. l'Epître - cf. St Pierre - cf. le mot "paroisse").

Donc nous devons lutter contre les "convoitises charnelles" qui étouffent et l’esprit... (cf. St Pierre et St Paul...)

Aspirer à plus haut... (cf. St Paul – le Christ "le trésor"...)

Est-ce l'attitude des chrétiens d'aujourd'hui  ?

Certaine voudraient que nous nous mettions au diapason du monde... D'après certains, on pourrait suivre toutes ses envies, tous ses caprices sans les juger...

Cette attente du monde à venir, loin d'encourager à la paresse et à l'évasion, nous pousse à être "toujours prêt"

- pour faire la volonté du Maître = notre devoir d'état.
- pour servir le prochain...

C'est l'idéal scout exprimé dans le : "Toujours prêt" :

Nous avons choisi pour former les jeunes le retour à la méthode scoute authentique... Voyez les résultats...

Cet idéal doit être celui de tout chrétien...


HOMELIE

ATTACHEZ VOS CEINTURES !...

Comme j'aime l'attitude de ce jeune qui pour épine dorsale a un manche à balai!... Comme je la préfère à celle de cet autre qui n'a qu'un "macaroni" ! Ce jeune, qui se saisit tout entier, sait se mettre " au garde à vous !". Ce jeune à l'air décidé, ce jeune énergique, comme je le préfère à l'autre, le mollusque, l'affalé, le débraillé ... et, ce qui vient confirmer mes préférences, c’est qu'elles coïncident avec celles du Christ-Jésus : "Attachez vos ceintures  !", littéralement : "Ayez les reins ceinturés" dit le Christ dans cet Evangile. Au temps du Christ, pour pouvoir marcher plus aisément ou pour pouvoir travailler, on relevait sa tunique et on la serrait à la taille. Voilà pourquoi, entre parenthèses, le texte que nous avons lu traduisait : "Restez en tenue de service !"...

" Toujours prêts !" Il est de bon ton aujourd'hui de se moquer de cette devise, de ce cri des scouts et de la rectification de position qu'il commande. Pensez donc ! cela évoque le "garde à vous" ! cela fait militaire !... Et pourtant ce n'est là encore que la traduction littérale de la consigne, du cri lancé par le Seigneur Jésus dans cet Evangile ! " Soyez sur vos gardes ! Soyez prêts  ! " Ne vous laissez pas surprendre par ma venue comme le "sot" de l'Evangile de dimanche dernier, je peux tarder comme je peux venir impromptu, plus tôt qu'on ne pensait ! Et sans aucun doute, le Seigneur faisait allusion à l'heure de la mort à laquelle il viendra pour donner son royaume à ceux qui l'auront mérité. Il est impossible d'entendre autrement ce texte. Jésus veut que cette perspective de la vie éternelle, du salut éternel, nous tienne constamment en haleine.

Pas question de nous laisser-aller, comme le fait ce majordome de la parabole qui rudoie ses inférieurs tandis qu'il se permet toutes les licences ...

Pas question de s'installer sur cette terre comme si nous devions y rester indéfiniment, comme si notre horizon pouvait s'y borner ! Non, nous devons nous y considérer comme des "étrangers de passage".

L'Epître aux Hébreux nous disait d'imiter Abraham qui vint "camper" en Terre Promise, y vivant seulement sous des tentes comme un étranger, comme quelqu'un qui ne fait que passer, sans y construire de maison... Cette épître nous disait également que les autres justes de l'Ancien Testament se considéraient comme "des étrangers et des voyageurs" sur leur terre, à la recherche, non pas de leur patrie terrestre qu'ils avaient quittée et dans laquelle ils auraient pu revenir mais ils aspiraient - dit le texte - "à une patrie meilleure, celle des cieux".

St Pierre dit exactement la même chose dans sa première lettre aux premiers chrétien : " Bien-aimés, je vous exhorte comme des étrangers et des voyageurs à vous abstenir des convoitises charnelles qui combattent contre l'âme. Ayez une belle conduite parmi les païens pour que, sur le point même où ils vous calomnient comme malfaiteurs au spectacle de vos belles actions, ils glorifient Dieu au jour de sa visite." (1ère Epître de St Pierre, ch.2,v.11-12).

Savez-vous que le mot "paroisse" vient du verbe grec "paroikein" employé dans ce passage par St Pierre pour nous dire que nous sommes des "étrangers"... Voilà bien la notion que les premiers chrétiens avaient de leur situation dans le monde. Ils se considéraient comme formant une sorte de colonie d'étrangers au milieu de ce monde corrompu dont ils n'épousaient ni les idées ni les mœurs, luttant eux-mêmes contre les convoitises charnelles. St Paul demandera à tous les chrétiens de ses communautés, cette même lutte, que ce soit aux Romains (ch. v.7-25), que ce soit aux Galates (ch.5,V.16-24), que ce soit aux Ephésiens (ch. 2, v. 3) .

Il est certain qu'ils aspiraient tous vers cette "patrie céleste" vers laquelle ils étaient en marche: " Nous, nous sommes des citoyens du ciel !" s'écriait St Paul, opposant les chrétiens à ceux qui font de leur ventre un dieu, qui n'ont d'attrait que pour les choses de la terre et se font gloire de ce qui devrait les faire rougir " (Philippiens, ch.3,V.19-20) ; aussi demandait-il à ses chrétiens " de chercher les biens d'en haut, de s'affectionner aux biens d'en haut, non à ceux de la terre !" (Colossiens, ch.3, v.2).

Pour Jésus, ce royaume futur que notre Père nous a préparé doit être le trésor auquel notre coeur est si accroché que nous cherchons à l'obtenir par tous les moyens, fut-ce en sacrifiant toutes les richesses temporelles, matérielles.

En entendant tout cela, on serait tenté de se demander si, chrétiens d'aujourd'hui, nous sommes de la même race que ces premiers chrétiens, si nous sommes bien leurs descendants... Ne nous prêche-t-on pas aujourd'hui sur tous les tons de nous mettre à la page ? Au point que l'on finirait par croire que loin de trancher sur le monde, les chrétiens devraient se mettre à son diapason ! Aujourd'hui on n'ose plus nous dire de "combattre les convoitises charnelles qui luttent contre l'âme", selon l'expression de St Pierre, ou "qui tendent à étouffer l'esprit", comme, dirait St Paul.

On comprend dès lors que tout ce qui est énergique soit bafoué et qu'à cette éducation de la volonté, de l'énergie, de la personnalité qui était le but même de la méthode scoute qui a formé des hommes de dévouement, d'idéal et de foi, on préfère le "décontracté" !... Mais, je le demande à nouveau, laquelle de ces deux orientations est en harmonie avec les textes inspirés et les paroles du Christ ?...

Non, un chrétien ne peut pas pactiser avec un monde matérialiste, pourri et corrompu. Il doit même, lorsque celui-ci veut se moquer, lui "clouer le bec" comme dit St Pierre, en forçant son admiration

Cela ne veut pas dire pour autant que cette attente du monde à venir, du monde de l'au-delà, va être une attente passive et paresseuse, ou qu'elle va nous pousser à nous évader de ce monde.

Ecoutez la recommandation, la conclusion que Jésus Lui-même tire de cette importance donnée par Lui à cette attente du Royaume : " Attachez, nouez vos ceintures " pour y accrocher le pan de vos tuniques en vue du travail ! Il faut certes être prêts à accueillir le Seigneur à quelque heure qu'Il vienne nous chercher, mais pour cela il faut que nous soyons constamment "en tenue de service" ! prêts à servir le Maître en faisant sa divine volonté, c'est-à-dire notre devoir d'état.

Vous connaissez la réponse du jeune saint Louis de Gonzague auquel on demandait sur la cour de récréation : " Si l'on vous disait que le Seigneur va venir vous chercher, que vous allez mourir dans l'immédiat, que feriez-vous ? " Et le jeune saint de répondre : " Je continuerais à jouer..."

Voilà, nous rejoignons ce que nous disions il y a quelques dimanches : notre religion, à nous chrétiens, doit consister à faire constamment, finalement et joyeusement la volonté du Seigneur, à vivre constamment notre dépendance vis-à-vis de Lui et à proclamer ainsi par nos actes qu'il est vraiment pour nous le Maître, le Maître aimé, le Père !

Non, cette perspective de l'éternité ne nous pousse absolument pas à nous évader de ce monde, puisqu'elle doit, au contraire, nous inciter à être "toujours prêts" pour servir le Seigneur. Or, nous le savons par ailleurs, c'est dans la personne du prochain que Jésus veut que nous le servions !

Nous rejoignons ainsi l'idéal scout " Etre toujours prêts à servir !", c’est-à-dire toujours prêts à faire notre devoir d'état, toujours prêts à rendre service aux autres, toujours prêts ainsi à servir le Seigneur ! Mais cet Evangile nous le montre : c'est aussi l'idéal du chrétien tout court.

Prenons donc à la lettre, frères chrétiens, ces consignes que nous donne le Christ aujourd'hui. Pas de laisser-aller, mais de l'énergie, de la volonté, du cran... "Ceignez vos reins, serrez vos ceintures !" Cela est nécessaire si nous voulons être "toujours prêts" à accueillir le Seigneur, toujours disponibles pour faire sa sainte volonté, toujours disponibles au service de nos frères. Un mollasson ne peut le faire ...

Plus que jamais il nous faut former, forger la volonté de nos jeunes, forger leur personnalité. C'est plus que jamais indispensable ! On peut frémir quand on voit que la grande ligne de conduite donnée un peu partout aux jeunes d'aujourd'hui, c'est  : "Fais ce qui te plaît...", en d'autres termes : " Suis tes caprices, toutes tes envies, tes instincts, sans les juger !..." Va-t-on pouvoir former des hommes à partir de ces principes ? C'est le triomphe de la bête, le triomphe de l'animal sur la raison qui est assuré ! mais aussi sans doute le triomphe de ceux qui n'ont pas intérêt à trouver de vrais hommes devant eux. Des automates, ça marche tout seuls, ça suit des slogans, il suffit que ceux-ci flattent les instincts !

Pour nous, nous avons voulu pour la formation des jeunes, revenir à une méthode scoute authentique. Cela fait peut-être "rétro" ! tant pis ! puisque je crois pouvoir le dire sans forfanterie - les heureux résultats se font déjà sentir. " Goûtez et comparez !"... Vous avez pu le faire au début de ces vacances, lors de notre kermesse. La différence, je ne dis pas seulement de tenue et de franche camaraderie, c'est évident, mais aussi la différence de dévouement, d'entrain, de rayonnement, de joie, sautait aux yeux de tout le monde. la différence entre des mines, j'allais dire de "bonnes bouilles", épanouies et réjouies et ... des "gueules" - excusez cette expression vulgaire, mais je n'en vois pas d'autre qui soit exacte - oui, des "gueules, de sales gueules" qui font pitié !

Aussi, plus que jamais, nous croyons au "toujours prêt !", symbole d'énergie, de tenue, mais aussi de service, garantie assurée d'entrée dans le Royaume ! C'est Jésus qui le dit  !

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