Année C – 1er dimanche de l'Avent


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Le PRINTEMPS ?... le vent a soufflé en tempête, les feuilles des arbres se sont envolées : c'étaient des feuilles mortes... Les arbres ressemblent à des squelettes ... à du bois mort...

Application à l'Eglise :

Les catastrophes décrites par le Christ sont contemporaines…

Pourquoi ?

Jésus nous demande, au milieu de ces catastrophes de " relever la tête", car l'arbre de l'Eglise que l'on pouvait croire mort reverdit…

Voyez les nouvelles pousses !

le peuple chrétien proteste…

de futurs prêtres réclament une formation solide…
sont prêts à étudier à fond... parce qu'il sentent que ce sera nécessaire
sont prêts à se consacrer totalement au Seigneur

des jeunes de tous les milieux se réunissent pour prier… pour louer Dieu et le Christ…
des jeunes envahissent les monastères pour faire retraite…
des jeunes découvrent que l'Evangile correspond à leurs rêves les plus nobles…
des jeunes découvrent la beauté de l'amour, de l'amour d'adoration basé sur l'admiration.

de tous côtés des appels à une vraie vie fraternelle...

horreur du formalisme, souci d'authenticité… etc...

Autant de signes qui annoncent un printemps...

On a fait l'expérience du monde sans Dieu, sans le Christ. On en est bien revenu...
Les âmes sont prêtes à recevoir le message évangélique... à nous de le faire apporter...


HOMELIE

NON ? LE PRINTEMPS ?... ce serait donc le printemps ?... Pas possible !

Hier encore le vent déferlait sur la forêt en tempête et les arbres se tordaient et les feuilles s'envolaient : c'étaient des feuilles mortes !... Les arbres du jardin ressemblaient à d'immenses squelettes qui tendaient vers le ciel leurs bras décharnés... On aurait dit du bois mort qui n'attendait que la cognée du bûcheron pour disparaître.

Et le prophète se lamentait : « Nous étions tous comme des feuilles mortes et le vent d'hiver nous a fait tomber, nous a balayés ! » (cf. Isaïe ch.64 v.5).

Ces catastrophes dont Jésus vient de nous parler dans ce sermon sur la fin du monde, chers frères, il me semble bien qu'elles sont contemporaines. Des catastrophes cosmiques, des catastrophes politiques : des guerres entre les pays, des luttes intestines dans les pays, une économie détraquée : la famine ! la maladie la peste et surtout le désarroi complet des esprits ! Jésus avait dit : « Il se lèvera de faux prophètes, de faux messies, de faux Christs qui viendront en mon nom et qui feront et diront des choses si extravagantes que les élus eux-mêmes en seraient troublés s'il était possible ! »

Et tac ! nous voilà dedans !

Des faux prophètes, de faux messies, de faux Christs, des gens qui tout en se réclamant de Lui nous annoncent un Evangile si différent du sien, un Evangile inconnu jusqu'alors... il y en a de toutes parts... et les esprits sont inquiets et les chrétiens sont déroutés !

Dieu ? il est mort !

Jésus Christ ? c'est un homme, un surhomme mais rien que cela !...

L'Eglise ? une institution périmée !

Le Sacerdoce ? il faut le supprimer !...

L'Eucharistie ? un simple repas fraternel !...

Et ne parlons pas de la prière, ne parlons pas de la messe, ne parlons pas des sacrements… ils sont abandonnés, délaissés comme inutiles, dépassés ! Dieu lui-même est méprisé.

Et la débâcle des mœurs ! « Les enfants se révolteront contre leurs parents » disait le Seigneur dans ce discours. C'est bien ce qui se passe hélas ! trop souvent à notre époque !

Et la débauche ! cette débauche dont le Christ vient de nous parler, elle a emporté cette jeunesse qui à corps et à cœur perdus s'est livrée à une débauche dégradante !...

 

Que s'est-il passé ? Pourquoi tout cela ?

« Nous étions des feuilles mortes et le vent nous a balayés » et l'Eglise de Dieu est devenu de plus en plus squelettique !
Notre religion était morte : il n y avait plus cette sève intérieure, il n'y avait plus ce souffle de l'Esprit pour l'animer !

La prière était devenue une récitation de formules !
Les sacrements ? des gestes magiques !
La messe du dimanche ? une formalité une obligation à laquelle on se pliait par peur !

Une religion qui était simplement une religion de tradition mais qui n'avait aucune base rationnelle, qui n'avait pas été réfléchie, une religion qui n'avait aucun contre coup dans la vie : elle ne faisait ni chaud ni froid dans les affaires de ce monde, dans les plaisirs de ce monde, dans les loisirs de ce monde, dans le travail de ce monde, dans la vie familiale pas plus que dans la vie professionnelle…

 

Et la morale était peut être encore un impératif catégorique mais arbitraire comme si Dieu prenait un malin plaisir à brimer notre liberté !

Le vent est venu, et le vent a soufflé : le vent de l'orgueil, le vent de la contestation, le vent de l'érotisme ; il a soufflé sur tout cela… et les âmes sont tombées... des âmes de chrétiens qui ont perdu la tête, qui ont été troublés qui ont tout lâché tout abandonné et qui se sont dévoyés.. des âmes de chrétiens sont tombées… des âmes de prêtres sont tombées ! Ils ont renié leurs engagements les plus sacrés et cette mission que Dieu leur avait donnée d'être, à l'intérieur de la communauté chrétienne, ceux qui devaient stimuler l'élan, apporter l'idéal, faire vibrer les âmes et donner cette nostalgie de progresser de jour en jour comme le disait saint Paul tout à l'heure. Cette mission elle ne leur est peut être pas apparue assez emballante : ils ont cherché autre chose à quoi consacrer leur dévouement !...

« Nous étions des feuilles mortes et le vent nous a balayés » et le vent nous a emportés ! Pauvre Eglise de Dieu devenue squelettique, bois mort qui ne semble attendre que le dernier coup de hache pour disparaître...

Et Jésus… Jésus, au moment où il annonce ces catastrophes, au moment où il décrit cette destruction du monde d'alors, Jésus dit à ses amis, à ses fidèles : « Relevez la tête, redressez-vous, votre rédemption, votre salut est proche ! le relèvement de notre Eglise... Oui ! regardez ce bois de l'Eglise, ce grand arbre de l'Eglise qu'on pouvait croire mort, voici que, tel le figuier au printemps, il reverdit ; le voici qui bourgeonne, le voici qui pousse de nouvelles feuilles… »

De même qu'au IVe siècle le peuple chrétien s'était soulevé contre l'arianisme qui niait la divinité du Christ, de même aujourd'hui le peuple chrétien se lève pour protester de plus en plus véhémentement contre toutes ces déviations, qu'elles soient liturgiques, morales ou doctrinales. La presse, qu'elle soit de droite ou de gauche, nous apporte presque quotidiennement l'écho de ces protestations. Voici qu'une foule de chrétiens réclament qu'on ne confonde plus religion et politique, mais que l'Eglise garde sur ce point, comme l'a fait le Christ, sa totale indépendance et puisse dire à chacun son fait, aussi bien à gauche qu'à droite.

Voici que se lève une génération de futurs prêtres qui comprennent qu'à un monde qui s'intellectualise de plus en plus, et ce, dès le jeune âge, une religion de simple tradition , comme une religion basée presque exclusivement sur l'analyse psychologique, ne saurait suffire, mais qu'il faut, à ce monde, une religion qui, elle aussi, soit réfléchie, raisonnée, et qui s'adresse à son intelligence aussi bien qu'à son cœur. Voici que, en conséquence, ces futurs prêtres demandent avant de s'engager qu'on leur garantisse une solide formation doctrinale, déclarant qu'ils sont prêts à "bûcher" avec autant et plus d'ardeur encore et de sérieux que leurs émules des sciences profanes. Voici que ces futurs prêtres ambitionnent de se calquer sur le gabarit de Jésus-Christ ! Voici que c'est dans la joie et la spontanéité de leur cœur qu'ils veulent faire d'une façon tout à fait explicite, tout à fait consciente, le vœu de leur chasteté, heureux de pouvoir vouer leur vie et toutes leurs forces intellectuelles, affectives et corporelles au service de Jésus-Christ, heureux de pouvoir montrer au monde que cet amour du Christ est tellement sensationnel, formidable qu'il peut épanouir pleinement un cœur de jeune...

Regardez ! Regardez ces jeunes de tous milieux qui, sous le souffle de l'Esprit de Dieu, se regroupent pour prier. La prière, ils la redécouvrent, non plus comme une prière "moulin à vent", comme une récitation de formules, mais comme une prière d'adoration devant le Dieu infini... Le Christ il leur apparaît si beau, si grand, si emballant, qu'emportés par un nouveau souffle ils proclament à longueur d'heure sa beauté, sa grandeur, sa divinité, retrouvant souvent sans s'en rendre compte, les expressions mêmes de saint Paul pour chanter ce Christ, leur chef, leur Dieu !

Regardez ! Regardez cette jeunesse qui envahit comme jamais nos monastères pour venir s'y recueillir et pour prier ! Nous en avons eu des spécimens et des témoignages émouvants ici-même ces temps derniers !

Regardez ! Regardez cette jeunesse pour laquelle l'Evangile n'est plus une simple morale mais un idéal parce qu'elle se rend compte enfin qu'il répond tellement aux rêves profonds, aux rêves les plus nobles, les plus généreux qui hantent son cœur. Ils voudraient, ces jeunes, consacrer toutes les forces que leur donne cette sève de printemps qui monté en eux à propager cette vie "à la mode de Jésus-Christ"

Regardez-les ces jeunes qui vont trouver leurs camarades pour les entraîner avec eux et qui n'ont pas peur eux de leur parler de Jésus-Christ ! Nous en avons, grâce à Dieu de ces jeunes-là chez nous !

Regardez à côté de celle qui est dévoyée cette jeunesse qui découvre la beauté de l'amour humain tel que Jésus, tel que son Eglise nous le présente, comme un don total de soi, de l'entièreté de son être et de sa vie à quelqu'un qu'on adore parce qu'on l'admire ! Cela ils le comprennent, cela, ça les fait vibrer et ils se précipitent pour tendre la main à ceux qui pataugent et dans la fange pour essayer de les en retirer...

Regardez ! Regardez tout cela autour de vous mes frères. Ne sentez-vous pas que de tous côtés il y a des appels à une vie plus fraternelle? une vie fraternelle qui ne tient plus compte ni des âges, ni des situations sociales... une vie qui soit partage ? une fraternité où l'on n'accepte plus que quelqu'un, parce qu'il est plus malin parce qu'effectivement il est peut être plus doué, parce qu'il a eu plus de chance, parce qu'il a une meilleure place puisse être mieux nanti… et même puisse exploiter les autres ?

Regardez comme ils sont nombreux ceux qui aspirent à former des petites communautés ferventes, qui prennent comme charte l'Evangile de Jésus tout cru, au pied de la lettre…

Et cette horreur du formalisme, et ce souci d'authenticité de vérité, ce n'est pas évangélique, tout ça ?

Oui, vous voyez tout ça… Ne sont-ce pas là des signes d'espoir ? Ne sont-ce pas là des bourgeons, de jeunes pousses ? N'est-ce pas la preuve que le souffle de Dieu est là et qu'Il est capable de susciter dans les cœurs au moins autant de ferveur, de passion, d'enthousiasme que n'importe quel amour humain véritable ?... L'Esprit Saint c'est l'Amour de Dieu, l'Amour Infini…

Alors oui mes frères, comme nous le demande Jésus aujourd'hui, redressons la tête ! Ne nous laissons pas aller au découragement ! Mais que cette générosité, que ce souci d'authenticité évangélique que nous voyons sourdre partout, nous engage à nous jeter nous-mêmes à corps perdu dans ce souci de propager autour de nous cet Evangile de Jésus-Christ ! Justement on a pu faire l'expérience durant cette dernière décade, du vide qu'il y a quand Dieu est mort dans une société, du vide qu'il y a quand Jésus-Christ a été chassé, quand son Evangile authentique a été altéré... On a fait l'expérience de tout cela et on n'a pas été plus heureux, bien au contraire ! Tout le monde est d'accord pour dire : « Ca ne peut pas continuer comme cela, on est complètement désaxé et notre vie est bête, stupide, elle n'a pas de sens... »

Alors elles sont prêtes, toutes ces âmes à recevoir le message du Christ et de ce message, ne l'oublions pas, par la grâce de Dieu nous avons la chance nous avons la veine d'être les détenteurs...

Alors fonçons !…

P.S. : N'oublions pas mes frères, comme je vous le disais l'an dernier, qu'au point de vue liturgique l'Avent est le vrai mois de Marie ! Aussi bien quand vous entendrez pendant ces semaines sonner "l'Angélus" avec plus d'éclat, pensez à envoyer vers Marie un cri de votre cœur pour qu'elle redonne à notre monde son Fils le seul et vrai Sauveur !

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