Année C– 21ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

" Qu'on se bouscule au portillon ! "
= hâtez vous de rentrez car la porte est étroite et pourra se fermer bientôt...

Tous ces dimanches., Jésus nous donne ces consignes en fonction du salut éternel...

Cette insistance nous agace...

Mais le Christ nous dit " au contraire, d'organiser toute notre vie en fonction de cet avenir éternel...

- Nous ne pouvons compter sur aucun privilège ... mais seulement sur les efforts que nous aurons faits...
- D'autres qui, n'ayant pas eu les mêmes chances que nous, en auront fait davantage, nous passeront sous le nez

On ne se bouscule pas au portillon : nous sommes bien peu nombreux...

- à pratiquer - à communier - à nous confesser.
- à accepter pratiquement les exigences de l’idéal chrétien dans tous les domaines...
- à ne pas nous contenter d'un simple ritualisme, comme les juifs...

Ce nombre s'est même amenuisé du fait de ta désacralisation actuelle... MAIS, c'est par le "petit reste fidèle" que Dieu a toujours sauvé le monde...

Isaïe vient de nous le redire...
Malgré notre petit nombre, nous pourrons être cet élément sauveur si...
Nous sommes authentiques...

Dieu nous envoie des épreuves pour nous rendre plus authentiques...
L'Epître nous donne l'exemple du père qui éduque son enfant...

Quand Dieu nous éprouve, Lui, c'est toujours pour notre bien...

Sachons accepter l’épreuve avec foi et confiance.

CONCLUSION


HOMELIE

QU'ON SE BOUSCULE... NON ! ON NE SE BOUSCULE PAS AU PORTILLON !...

Et tout d'abord : "qu'on se bouscule au portillon !" Cela évoque pour nous cette précipitation qui s'empare de la longue file de voyageurs lorsqu'on est talonné par le temps et que la rame de métro arrive et que le portillon va se fermer ! Cela évoque la cohue parmi ceux qui attendent pour entrer, lorsque le film ou la conférence va commencer...

" Bousculez-vous au portillon !" : c'est la consigne que le Christ nous donne dans cet Evangile : " Hâtez-vous de rentrer car la porte est étroite et le temps est compté !" ... Décidément, dans tous les Evangiles de ces dimanches, Jésus ne cesse de nous donner des consignes en fonction de son retour, en fonction de ce jour où, comme Il le disait à ses Apôtres, nous ayant préparé une place, il viendra nous chercher (cf. St Jean, ch.14,v.3), en fonction du jour de notre mort : " Songez plus à vous enrichir aux yeux de Dieu qu'à vous enrichir sur cette terre !" (cf. 18ème Dimanche) - " Attachez vos ceintures, soyez constamment en tenue de travail, en tenue de service, soyez toujours prêts à servir le Maître et vos frères !" (cf. 19ème Dimanche) - Et aujourd'hui : " Hâtez-vous, faites effort.! la porte est étroite et elle pourrait bien être fermée bientôt ... bientôt !"

Cette insistance nous agace et nous paraît presque déplacée aujourd'hui où l'on serait porté à nous conseiller de ne pas trop penser à la mort, ni à l'au-delà, ni même au bonheur éternel.

En tout cas, quelles que soient ces "théorie modernes", à entendre ces recommandations réitérées du Christ, il est clair que, pour Lui, bien au contraire, toute notre vie doit s'organiser en fonction de cet avenir éternel, doit être orientée vers Lui.

Aujourd'hui encore Il nous en avertit : on n'entre pas "comme ça", tout de go, dans ce bonheur éternel ; il faut faire des efforts et on ne peut compter sur aucun privilège sur aucun passe-droit : " Seigneur n'avons-nous pas été tes compatriotes, tes concitoyens, tes commensaux ?" - Seigneur ! dirions-nous aujourd'hui, ne sommes-nous pas des chrétiens ? n'avons-nous pas été baptisés  ? ne nous sommes-nous pas assis à ta table sainte ? ne sommes-nous pas des pratiquants ? et même, nous, tes prêtres ?..." Et le Seigneur nous répondra : " Avez-vous fait des efforts pour entrer par la porte étroite ? vous êtes-vous hâtés, pressés ?... si non, je ne vous connais pas !" Et d'autres, qui avaient l'air bien loin du Royaume, nous passeront "sous le nez" ! " Il y a des premiers qui seront les derniers, -et des derniers qui seront les premiers !" Car, ce qui compte aux yeux du Seigneur, ce sont les actes, les efforts ! c'est la répercussion sur notre vie que doit avoir normalement notre foi et notre pratique. Une fois de plus, nous voici bien avertis

NON ! ON NE SE BOUSCULE PAS AU PORTILLON !

Nous sommes bien peu nombreux, mes frères, non seulement maintenant à cause des vacances, mais lorsqu'au cours de l'année notre église est remplie, même lorsqu'aux jours de grande fête elle déborde et qu'il est difficile de faire rentrer tout le monde, même alors nous sommes bien peu nombreux par rapport à tous ceux qui ne sont pas là !

Nous sommes bien peu nombreux actuellement, même parmi les chrétiens, à être fidèles à ce rendez-vous du dimanche...

Nous sommes bien peu nombreux à croire d'une façon vraiment efficace, effective à la divinité du Seigneur Jésus-Christ...

Nous sommes bien peu nombreux à nous approcher de son Eucharistie avec la foi totale à ses paroles, la foi à l'authentique doctrine de l'Eglise qui nous dit que c'est vraiment Jésus-Christ avec son corps et son sang que nous recevons.

Nous sommes encore moins nombreux à venir implorer le pardon du Seigneur dans le sacrement de la Réconciliation...

Nous sommes bien peu nombreux à accepter les exigences de l'idéal de l'amour humain tel que le Christ l'a proclamé, tel que le proclame son Eglise ...

Bien peu nombreux à pratiquer une charité qui soit réelle et qui n'exclut pas la vérité...

Peu nombreux à avoir ce souci de justice que le Christ a tellement recommandé...

Peu nombreux à prendre au sérieux un engagement, une parole donnée...

Et nous sommes encore assez nombreux à avoir la même attitude que ces juifs formalistes que Jésus condamne et qui se tranquillisaient parce qu'ils faisaient des rites extérieurs, mais dont la vie n'était guère influencée par tous ces rites, dont la vie n'était pas conforme à cette loi, à cet idéal du Royaume de Dieu.

Oui, nous sommes bien peu nombreux à être chrétiens authentiques.

Et aujourd'hui, pour comble, dans cette crise actuelle de l'Eglise, dans ce déferlement de désacralisation, combien de chrétiens qui ont perdu pied et qui se sont laissés emporter

Grâce à Dieu, grâce au Seigneur, nous sommes des rescapés ! Et malgré notre petit nombre, nous pouvons trouver dans les textes de cette Messe un réconfort.

En fait, c'est toujours par le petit nombre - ce que la Bible appelle "le petit reste", le "petit reste fidèle" (un mot qui revient très souvent dans la Bible) -, c'est toujours par l'intermédiaire de ce "petit reste fidèle " que Dieu relance à nouveau le monde dans la bonne voie.

C'était déjà le cas au temps de Noé alors que le monde avait complètement dévié  : c'est Noé, le "rescapé" qui va maintenir la croyance au vrai Dieu sur la terre.

C'était vrai au temps d'Abraham qui était à peu près le seul dans son pays à reconnaître le vrai Dieu...

Et tout au long de l'histoire du Peuple de Dieu, ce sera la même chose lorsque ce Peuple déviera, tout un tas de catastrophes lui tomberont dessus, mais il y aura tout de même un "petit reste" qui surnagera. C'est ce "petit reste" qui continuera ce travail d'apporter au monde la véritable doctrine, le véritable idéal.

Pour Jésus, ce sera pareil. C'est avec un tout petit nombre qu'Il commencera son œuvre d'évangélisation  : douze pauvres types pour transformer le monde entier!...

C'est l'idée de la première lecture que nous avons faite tout à l'heure et qui s'adressait justement aux rescapés. Il s'agissait du petit groupe de juifs qui avaient échappé au massacre parce qu'ils ne s'étaient pas laissés contaminer par les païens ; et le prophète annonce que c'est sur ce petit groupe de fidèles que Dieu va compter pour en faire ses messagers, ses Apôtres  ; ce sont eux qui pourront à travers le monde aller proclamer sa gloire, la gloire de Dieu, la grandeur de Dieu, la sainteté de Dieu, les droits de Dieu, les merveilles de Dieu, et qui, ainsi, ramèneront au Seigneur des frères qui s'étaient éloignés mais aussi ces païens qui les entouraient. Et voilà !

Aujourd'hui, quels seront donc ceux qui pourront, dans le monde qui s’écroule, redonner une âme,. redonner un idéal, remettre quelque chose qui puisse revitaliser, donner un peu d'enthousiasme, et remettre un peu de beauté ? Ce ne sont sûrement pas ceux qui se sont laissés emporter par ce flot de la désacralisation qui a tout nivelé, qui a tout laïcisé, qui a chassé le divin... Ce sont ceux qui, par la grâce du Seigneur, ont eu la veine de rester fidèles, et je pense que c’est nous, mes frères, qui avons cette charge et cette responsabilité, si peu nombreux que nous soyons, de porter à la face du monde ce témoignage de la beauté et de la grandeur du Seigneur, de la joie et de l'enthousiasme que peut susciter son idéal. C'est là notre rôle !

Je vous le disais dimanche dernier : dans la mesure où nous serons des témoins authentiques, des gens emballés par cette beauté, cette grandeur du Seigneur, dans la mesure où l'on sentira que cet idéal nous possède, dans cette mesure nous pourrons, en effet, ramener au Seigneur des frères qui avaient dévié et même atteindre ceux qui ne connaissaient pas encore la Gloire et la Beauté du Seigneur. Ce sera la réalisation de cette prophétie d'Isaïe.

Et pour nous rendre ainsi témoins authentiques, l'Epître aux Hébreux nous disait que le Seigneur se sert de l'épreuve.

Elle nous donne la comparaison avec la façon dont un père, sur cette terre, éduque son enfant. Il est obligé bien souvent de le reprendre, de le corriger, de lui demander des efforts, et, sur le coup, ces efforts sont embêtants, ces réprimandes sont insupportables, mais ensuite on s'aperçoit du bienfait qu'elles ont pu apporter, et l'auteur nous disait que c'est la même chose avec Dieu. Il reprend Lui aussi ses enfants. il les redresse. Il forge leur volonté sous le coup des épreuves qui leur tombe dessus à droite ou à gauche ... Il demande ainsi que notre foi s'approfondisse. Il veut ainsi faire que notre amour soit de plus en plus désintéressé, de plus en plus généreux. Il veut nous forger une personnalité. Sous le coup, c'est très dur et parfois même déroutant, mais cet auteur de l'Epître nous demande de faire confiance à Dieu. Il nous dit que, sur cette terre, les pères de famille, lorsqu'ils éduquent ainsi leurs enfants, lorsqu'ils sont obligés de leur serrer un peu la vis, c'est parfois suivent leur convenance personnelle, C'est parce que cela les arrange que leur enfant reste tranquille, fasse ceci ou ne fasse pas cela, et cela ne dure qu'un instant... Tandis que Dieu, Lui, ce qu'Il cherche toujours, c'est notre bien et notre sanctification pour que, Lui ressemblant davantage, nous puissions partager davantage son bonheur.

Il y a là une vue de foi qui doit nous soutenir. Et par conséquent, même lorsque les épreuves fondent sur nous, il ne faut pas nous laisser dérouter. C'est dur sur le moment, mais il faut justement que notre vision de foi, il faut que notre confiance dans la tendresse de Dieu, nous permettent de dépasser ce moment présent et de remercier quand même le Seigneur qui ainsi nous forge pour que nous soyons de plus en plus authentiquement semblables à Jésus-Christ, et que nous puissions de plus en plus efficacement porter son témoignage à tous ceux qui l'attendent sans le savoir...

Voilà ces quelques mots aujourd'hui, mes frères.

Ne nous laissons pas décourager par notre petit nombre. Dans la mesure où ce petit nombre sera authentique et fidèle, dans cette mesure-là nous porterons un témoignage et nous verrons de plus en plus, je pense, ce petit nombre s'accroître. Il en reviendra parmi ceux qui nous ont quittés, mais aussi il en viendra qui jamais jusque-là n'avaient pu soupçonner que l'on pouvait trouver une telle joie, un tel enthousiasme, une telle ferveur, une telle beauté à servir le Seigneur.

Acceptons les épreuves que le Seigneur nous envoie. Sachons bien que si Dieu, notre Père, nous éprouve, c'est toujours pour notre bien, pour nous rendre plus authentiquement chrétiens, plus généreux, plus capables par conséquent de partager son bonheur éternellement.

Que cette perspective nous stimule à faire les efforts que Dieu nous demande pour entrer dans ce Royaume, à les faire sans plus tarder, car nous ne savons pas quand la porte sa fermera...

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