Année C – 23ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Le constructeur de la tour qui est obligé de la laisser inachevée parce qu'il n’a plus d'argent, se fait moquer...

Jésus ne veut pas que l'on puisse se moquer de nous :

Aussi, Il nous demande de bien réfléchir avant de commencer à nous engager à sa suite...
Et Il ne nous "dore pas la pilule"...

D'autant plus qu'Il veut sauver le monde, le plus de monde possible...
Il sait que, pour cela, il faut changer les mentalités...

Les faits lui ont donné raison... Ce que n'avait pas réussi à obtenir les révoltes des esclaves... sa doctrine et son esprit ont réussi à le réaliser.. Exemple  : Philémon et Onésime...

Sa doctrine, ses exigences sont un vin nouveau qui fait éclater les vieil les outres, tes vieilles institutions...

Aussi se garde-t-il bien d'en diminuer le degré de force...

Pour être dans ta ligne du Christ : demander de bien réfléchir avant de donner un sacrement ... avant de prendre un engagement...

Pour en finir une bonne fois avec ceux qui commencent et ne continuent pas ... ils sont ridicules...

Nous voilà bien loin de la tendance actuelle qui consiste à vouloir édulcorer les exigence du christianisme pour qu'il rallie le plus de monde possible... exemples...

A ce moment-là, il y a peut-être beaucoup de soi-disant chrétiens, mais cela ne change rien...

Notre rôle, à nous prêtres, est au contraire d'empêcher que les chrétiens mettent de l'eau dans le vin fort du christianisme...pour que celui-ci puisse enivrer...

Pour faire accepter et pratiquer joyeusement toutes tes exigences du christianisme Jésus demande le " coup de foudre " pour Lui...

Alors, sans s'en douter, on fait tous les sacrifices, tous les efforts...

Exemple des amoureux qui ont eu le "coup de foudre"
Exemple de la maman...

Pourquoi n'en serait-il pas de même pour le Christ?...

Conclusion...


HOMELIE

 

AH ... AH ! ... Ah ! ... et on rit, et on se gausse, et on se moque !

AH AH ! AH ! Voyez-moi ce nigaud ! Il a enfoui de l'argent, du travail, des sueurs, dans ces fondations ! Il la voulait si haute, si haute, cette tour plus haute que celle de tous les voisins, plus haute que celle de tous les copains ! et crac ! à peine sortie de terre, tout est arrêté il n'y a plus d'argent pour poursuivre la construction ! et tout ce travail, ces sueurs, cet argent enfouis, enterrés ! tant de mal pour rien ! pour rien ! pour être seulement la risée de tous les passants !...

Jésus ne veut pas que l'on puisse se moquer de nous et, pour cela, avant de nous engager à sa suite, Il demande que nous réfléchissions.

Et Il ne nous "dore pas la pilule" ... Lui, pourtant si soucieux du salut du monde (personne au monde n'a jamais tant désiré le salut du monde, de tout le monde, puisqu'Il y " a mis le paquet ", puisque cela Lui a valu la pendaison de la croix !), Lui, si soucieux du salut du monde, Il ne nous cache pas que, pour être son disciple, il faut être prêt s'il le faut à renoncer à tous ses biens, à toutes les affections humaines les plus légitimes, il faut porter sa croix, sa croix quotidienne...

Et le suivre généreusement !...

Et pourquoi donc, Seigneur ?...

Justement parce qu'Il veut sauver le monde, tout le monde. Il est venu pour cela. Or, Il le sait bien, Lui, pour sauver le monde, il ne suffit pas de faire une révolution, il ne suffit pas de changer les structures, les lois : il faut changer le cœur de l'homme, la mentalité de l'homme, et c'est à cela qu'Il va s'accrocher, c'est à ce travail qu'Il va se consacrer, c’est dans cette lutte qu'il va s'engager jusqu'au sang versé !

Les faits du reste Lui ont donné raison... Voyez ! avant sa venue, aux siècles précédents, il y avait eu à Rome trois révolutions des esclaves, trois guerres des esclaves qui avaient fait verser des flots de sang, mais l'esclavage n'avait pas été supprimé pour autant. Du jour, au contraire, où la doctrine de Jésus-Christ, l'esprit de Jésus-Christ a pénétré dans le monde, on a vu se généraliser ce qui s'était réalisé dans le cas d'Onésime et de Philémon dont nous parlait tout à l'heure St Paul dans l'épître : le patron traitant son esclave, qui jusqu'alors était la "bête de somme" corvéable à merci, traitant son esclave comme un frère parce qu'en Jésus-Christ, justement, ils se trouvaient réunis, participant l'un et l'autre par leur baptême à la même vie de Dieu, à la même noblesse. Vous avez, vu que St Paul exigeait même de ce chrétien qu'était Philémon, qu'il ne fasse aucune représailles sur cet esclave qui l'avait volé et qui, aux termes de la loi alors en vigueur, risquait sa vie... St Paul exigeait qu'on lui remette purement et simplement sa dette et que Philémon le traite désormais en frère, puisque Onésime, lui aussi, avait été baptisé, était devenu disciple de Jésus-Christ !

Dans la mesure où cet esprit du Christ a pénétré le monde, cela a été un bouleversement, une vraie révolution celle-là, un retournement complet.

Dans la mesure où cet esprit quitte le monde, nous retombons dans l'animalité, dans la bestialité : le monde devient dur, inhumain, irrespirable !

Dans la mesure où la prédication du Christ est écoutée, dans la mesure où son idéal pénètre les cœurs, c'est un vin nouveau qui fait éclater les vieilles outres, les vieilles institutions, la vieille législation.

Alors, vous pensez bien, Il va bien se garder, Lui, le Christ, de mettre de l'eau dans son vin, car Il sait qu'à ce moment-là, rien ne serait changé ! Il va bien se garder, ce Jésus, sous prétexte de rallier plus de monde, d'édulcorer son enseignement, ses exigences, car, à ce moment-là, cela ne ferait ni chaud ni froid, le monde resterait comme avant, ce serait des compromissions continuelles entre son esprit et celui du monde, et rien ne serait changé, rien ne serait sauvé. Il le sait, le Seigneur, et c'est pour cela que nous trouvons dans l'Evangile des paroles percutantes qui nous paraissent dures et dont nous trouvons un spécimen dans l'Evangile de ce jour : " Si quelqu'un veut venir à ma suite et qu'il ne me préfère pas à son père, à sa mère, à ses enfants, à sa femme et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple !"

Aussi le Seigneur, qui, encore une fois, ne veut pas avoir derrière Lui des "sots" qui commencent et ne poursuivent pas, des "lâcheurs", nous invite à nous asseoir et à bien réfléchir avant de nous engager à sa suite.

Voilà pourquoi, pour être dans la ligne du Christ, il est indispensable avant de laisser entrer quelqu'un dans la communauté chrétienne, avant de lui donner le baptême, avant de faire l'instruction chrétienne, avant de laisser faire des communions et des professions de foi, de demander que l'on réfléchisse bien pour en finir une bonne fois avec tous ces gens qui ne voient en tout cela aucune formalité et qui ne veulent s'engager à rien, en finir une bonne fois avec tous ces gens qui, à peine faite leur profession de foi ou leur communion, arrêtent tout ... lâchant tout... Au dire du Seigneur Lui-même, ce sont des "imbéciles"... ils méritent que l'on se moque d'eux ! Pourquoi user ses fonds de culotte sur les bancs du catéchisme si c'est pour tout lâcher ? A quoi bon faire une belle cérémonie de profession de foi si cela sent l'hypocrisie puisque, passée la cérémonie, tout sera terminé ? A quoi bon faire des promesses scouts, à quoi bon encombrer nos groupements de jeunes si c’est pour tout lâcher  ? A quoi bon communier " à tour de bras " tant que l'on est dans ces groupements, pour ne plus mettre les pieds à l'église une fois qu'on les a quittés ?... Qu'est-ce que vaut cette foi à éclipse, ce Dieu qui un jour existe et le lendemain est mort bien mort ?... A quoi bon tout cela si ça ne fait ni chaud ni froid, si cela n'a aucune répercussion dans la vie, la vraie vie ? Tous ces gens-là ont perdu leur temps et ... nous avons perdu notre dévouement et notre travail ! C'est idiot  ! Et Jésus ne veut pas derrière Lui des "idiots" ...

Asseyez-vous et réfléchissez si ça vaut le coup de tenter l'affaire...

Qu'en advient-il si nous recevons ainsi tout le monde ? si nous donnons le baptême parce que c'est l'habitude maintenant mais que cela n'engage à rien les parents pour lesquels c'est une simple formalité ? Ah ! à ce compte-là, tout le monde sera baptisé, tout le monde sera communié... Mais comment voulez-vous que des chrétiens de cet acabit sauvent le monde ? Ils sont comme tout le monde : rien n'est changé  ! Où est-il ce vin nouveau, cet esprit nouveau, ce mode de vie nouveau qui devait faire éclater toutes les institutions aliénantes et injustes Où est la ferveur, la saveur, l'enivrement que devrait apporter ce vin nouveau ? Il n'y est plus ... alors, ce sont des mollusques, ces chrétiens, il peut y en avoir "à la pelle" rien ne change ! rien n'est sauvé, ni les corps, ni les âmes !

Nous voilà bien loin d'une conception trop répandue aujourd'hui : que de chrétiens, même très sincères, que de prêtres, même aujourd'hui, veulent, eux aussi, sauver le monde, tout le monde, et croient que, pour sauver le plus de monde possible, il faut édulcorer l'enseignement de Jésus-Christ  ! Il faut le mettre au goût du plus de monde possible, en enlever tout ce qui pourrait rebuter, effrayer !

Alors on va "sabrer" là-dedans

Ce n'est pas toujours intéressant, ce n'est pas toujours bien emballant d'aller à la messe le dimanche : alors, on supprime l'obligation de la messe dominicale... "Allez-y quand ça vous chante, quand vous en sentez le désir, le besoin !".

C'est encore moins emballant, C'est même "barbant", d'aller avouer ses défaillances pour recevoir des conseils mais, surtout, la grâce de Dieu : alors, plus de confession !

Et l’on peut continuer la litanie...

Tous les efforts nécessaires pour que l'amour humain garde toute sa beauté toute sa clarté, toute sa noblesse, pour qu'il puisse épanouir un être humain complètement, cela est dur, très dur parfois : alors, supprimons ! Aujourd'hui tout est permis dans ce domaine. Les fautes de la chair ? une conception moyenâgeuse  ! ... C'est parfois embêtant le respect de la vie humaine...cet enfant qui arrive en surnombre, cet enfant dont on ne sait pas s'il sera bien conditionné, qui sera peut-être à charge - ce sera pénible de vivre à côté de lui alors, là encore, supprimons, supprimons-le  !...

En admettant, en laissant passer tout cela, on aura beaucoup plus de monde Et ça s'allonge, ça s'allonge, la liste de toutes les concessions !...

Mais il faut bien tout de même garder quelque chose... On va garder la justice ! Mais là, attention ! on va adopter une conception de la justice qui puis se rassembler, rallier là plus de monde possible, et pour cela on l'incurvera dans le sens de la masse, du plus grand nombre ... Et cette conception de la justice, elle, ne sera pas juste : elle sera partiale ! On donnera toujours raison du même côté, et tort de l'autre ! et ce sera, en fait, une injustice !...

On ne voudra pas reconnaître que, dans une certaine catégorie, dans une certaine classe sociale, il puisse y avoir "aussi" des bonnes volontés, tel ce Philémon, qui font effort parce que ce sont des chrétiens, et qui veulent vivre leur idéal, leur foi, en fraternisant avec les autres, en menant le même combat pour la justice et la fraternité, et qui, au nom de cette justice et de cette fraternité, acceptent même de partager avec les autres. Cela, on ne voudra pas le reconnaître... Cette classe, elle est irrémédiablement condamnée, elle ne peut être qu'injuste... Alors que ce seront ceux qui portent ce jugement qui le seront en brimant ces bonnes volontés et ces efforts ! J'ai été le spectateur, bien souvent, d'efforts bien méritoires dont ces soi-disant chrétiens, qui condamnent ainsi sans appel tous les gens de cette classe, n'auraient pas été capables !

Voilà dans quel "mic-mac" nous sommes  ! et cela ne change rien, rien du tout : nous sommes comme avant Jésus-Christ ... c'est le même matérialisme, la même haine, la même opposition, les mêmes injustices ! C'est l'écroulement d'une civilisation que l'on disait chrétienne et qui avait fini par ne plus l'être, et qui s'écroule...

Et notre rôle à nous, prêtres, au milieu de cet effondrement, C'est justement d'empêcher que les chrétiens, tout au moins, n'édulcorent l'enseignement du Christ, les exigences salvatrices du Christ-Jésus !

Je sais bien que ce n'est pas au goût de tous, je sais bien qu'il y en aura qui seront rebutés, je sais bien qu'on m'a "balancé" bien souvent à cause de cela ! mais ... mais, je crois que si un prêtre ne conservait pas précieusement ce vin nouveau de l'Evangile avec tout son degré de force et de vigueur, il trahirait sa mission et il compromettrait gravement le salut du monde où rien ne serait changé !

Du reste, Jésus vient de nous indiquer comment il faut s'y prendre pour que les exigences qu'Il nous demande nous emballent et pour que nous les réalisions sans même nous en douter.

Que demande-t-il pour cela, le Seigneur Jésus  ? Le " coup de foudre " pour Lui. Voyez ce qui se passe lorsque quelqu'un a le "coup de foudre" : ce moment là, plus rien ne compte, cette affection-là, cet amour-là passe par dessus tout. Pour celui ou celle qu'on aime, qu'on adore, pour celui ou celle dont on est amoureux, on sacrifiera tout...père, mère, toutes les parentés possibles ! On fera tous les sacrifices sans s'en douter, parce qu'on est pris par cette flamme.

N'en va-t-il pas ainsi chez les amoureux, n'en va-t-il pas ainsi chez une vraie maman?... Pourquoi n'en irait-il pas ainsi pour Jésus-Christ ?

Jésus, au point de départ, avant de nous engager, le demande : "...plus que ton père, plus que ta mère, ta femme, tes enfants, plus que ta propre vie sinon, tu ne peux pas être mon disciple ; ce te sera trop dur si tu n'es pas pris par cet emballement !" Oui, sans cela vous ne serez que des "ersatz" de chrétien que l'on traînera derrière nous, mais qui ne changeront rien dans le monde !

Acceptez donc, mes frères, qu’avant de donner n'importe quel sacrement, nous demandions que l'on réfléchisse bien à quoi l'on s'engage.

Acceptez que nous vous servions les exigences du Christ toutes crues, que nous vous servions le vin de l'Evangile avec tout son degré de force pour vous enivrer...

Demandez au Seigneur cet enivrement, ce "coup de foudre" ... alors, c’est dans la joie, dans la persévérance, que nous construirons, sans défaillance, très haut et très beau !...

Voilà la rentrée ; mettons-nous hardiment au travail pour l'amour de Jésus-Christ !

 

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