SOMMAIRE DE L'HOMELIE
Quelle pitié de voir tout ce Peuple, objet des prévenances divines, se prosterner devant ce veau!...
Aujourd'hui, cette abomination se renouvelle... Les idoles d'aujourd'hui : la moto... la débauche... l'argent... la bonne chère... les vedettes... etc...
Quelles sont nos réactions devant ce spectacle navrant ?
La pitié ? oui...
L'indignation ? oui ... mais pour qu'elle devienne
"sainte colère", il faut d'abord :
l°) Prier comme Moïse... offrir les mérites du Christ...
2°) Nous rappeler que si nous n'avons pas prévariqué, nous le devons à la miséricorde de Dieu...
- St Paul lui attribue son revirement...
- Ste Thérèse de L'Enfant Jésus lui attribue de n'avoir pas commis bien des péchés...
Supputons les chances que nous avons eues et que d'autres n'ont pas...
3°) Selon la consigne de L'Evangile, nous mettre tous à la recherche de la brebis égarée, parfois, il faut le reconnaître, par notre faute...
Que faire pour montrer que notre religion
n'est pas de la stupidité... ni un éteignoir?...
Resserrer nos liens damitié et de
fraternité pour rendre notre communauté plus attrayante...
HOMELIE
QUELLE PITIE ! QUELLE GRANDE PITIE ! Tout ce peuple, ce peuple de Dieu s'il vous plaît ... prostré, prosterné devant ce veau ! le veau d'or!...
Il y aurait vraiment de quoi décourager Dieu Lui-même, ce Dieu qui l'avait entouré de tant de sollicitude pour que ce peuple-là, au moins Lui reste fidèle ce Dieu qui l'avait soustrait à l'esclavage de l'Egypte et l'en avait fait sortir "à main forte et à bras étendus !". Ce peuple apostasie au pied de cette montagne du Sinaï au sommet de laquelle se concluait, à ce moment même, l'Alliance avec Dieu !...
Peuple prévaricateur !
Aujourd'hui, sous nos yeux, se renouvelle la même abomination. Le nom, la forme des idoles, ont changé. Elles sont nombreuses et combien parmi ceux qui se prosternent et qui leur sacrifient tant et tant de choses, ont fait partie jadis, eux aussi, du Peuple de Dieu !
Les idoles d'aujourd'hui ?...
Pour un jeune, ce sera peut-être sa moto Tout tournera pour lui autour de cette machine, toute sa vie, tout son intérêt... Il commettra pour elle bien des imprudences, jusqu'à risquer sa vie et... celle des autres !
Le veau d'or, les idoles ? Ce seront pour beaucoup les plaisirs sexuels, la débauche ! On leur sacrifiera sa santé, sa dignité, ses études, son avenir, la délicatesse de son cur et même son intelligence, sa raison. On leur sacrifiera le cur, la vie, la dignité d'autrui !
Le veau d'or ? C'est aujourd'hui aussi l'argent ! Pour en gagner toujours davantage que ne s'imposera-t-on pas ? ce travail abrutissant qui compromettra la santé, la vie de famille, et tant et tant d'autres choses ...
Les idoles pour d'autres, ce sera la bonne chère, de bonnes bouteilles, de bons "gueuletons", et là encore, on tuera son corps à petit feu...
Des idoles ? ... il y en a tant d'autres ! Toutes ces vedettes daujourd'hui pour lesquelles on ferait n'importe quoi... pour lesquelles on accepte, ce qu'on naccepterait dans aucun autre domaine, d'être exploité... en payant sans récriminer des prix faramineux pour pouvoir les voir ou les entendre ...
On dirait que notre monde, ayant rejeté le vrai Dieu est obligé de s'en créer de faux ! Il faut bien, tout de même, donner a sa vie un but, un catalyseur, pour qu'elle reprenne un sens ...
Nous qui avons la chance de connaître le vrai Dieu et de Lui rester fidèles, du moins nous le pensons, quelle est notre première réaction lorsque nous voyons tous ces gens se contente de dieux si petits, si mesquins, incapables de combler la soif infinie qui sommeille au tréfonds de tout cur humain ? Lorsque nous voyons tous ces gens avachis, vautrés, lorsque nous les voyons se sacrifier pour tous ces faux dieux, quelle est notre première réaction ?
Un sentiment de pitié ?... oui, c'est pitoyable, en effet, de donner à une vie humaine une portée si restreinte...
Un sentiment d'indignation ? ... Oui, et comment ! Tout à l'heure en descendant de la montagne, Moise se laissera aller à une sainte colère, mais justement cette colère sera sainte parce que sa première réaction aura d'abord été de prier Dieu ... d'implorer sa miséricorde pour ce peuple prévaricateur et, pour plaider sa cause auprès du Seigneur, de s'appuyer sur les mérites, sur la fidélité des "Ancêtres" : " Souviens-Toi d'Abraham, d'Isaac, de Jacob ... Rappelle-Toi l'Alliance que Tu as conclue avec eux, rappelle-Toi leur foi et leurs mérites !".
Il me semble, mes frères, que ce doit !être, à nous aussi, notre première réaction quand nous en voyons tant qui, eux aussi, ont fait partie du Peuple de Dieu : ces jeunes qui sont allés au catéchisme, qui ont fait leur profession de Foi, qui en ont fait des communions ! ... qui ont même été dans nos groupements, et que nous voyons lâcher le vrai Dieu pour courir après toutes ces idoles ! Intercédons tout d'abord pour eux, rappelons au Seigneur, non plus seulement la foi et les mérites des Ancêtres, mais tous les mérites de son propre Fils, Jésus-Christ, Notre Seigneur ! C'est cela, la messe. Aujourd'hui, je vous invite à l'offrir avec moi à l'intention de tous ces idolâtres, de tous ces adorateurs de faux dieux
Et notre seconde réaction pour que notre indignation soit sainte, inspirée vraiment par l'amour du Seigneur et l'amour de ces frères prodigues, et non par un je ne sais quel dépit, notre seconde réaction, elle nous est inspirée par St Paul dans l'épître lue tout à l'heure.
Saint Paul reconnaît que s'il est devenu un grand Apôtre, le plus grand peut-être par le travail accompli, il a d'abord été un persécuteur de l'Eglise, il a blasphémé Jésus-Christ, et que c'est par la grâce de Dieu qu'il est devenu ce qu'il est.
Dans le même sens, Sainte Thérèse de L'Enfant Jésus, elle, reconnaissait qu'elle devait à la miséricorde de Dieu de n'avoir pas commis tant et tant de péchés qu'elle aurait pu commettre. Elle reconnaissait que c'était parce que Dieu l'avait protégée, parce que Dieu l'avait comblée de grâces, qu'elle avait échappée à tant de fautes, tant de défaillances dans lesquelles elle voyait les autres succomber autour d'elle.
Nous aussi, mes frères, pendant cette messe, supputons toutes les "chances" que Dieu nous a données. Si nous avons la Foi, si nous essayons de marcher dans le droit chemin, avec peut-être hélas ! parfois quand même bien des écarts, bien des défaillances, mais si tout de même nous sommes attirés, "happés" par ce désir de reproduire l'idéal de Jésus-Christ, si nous sommes comme médusés par la personne sacrée du Sauveur, c'est bien souvent à cause de l'éducation que nous avons reçue, et c'est là une chance que tout le monde n'a pas ... C'est peut-être parce que le Seigneur a éclairé notre intelligence et que nous avons mieux compris, mieux approfondi, le message qui nous a été transmis. C'est peut-être justement parce que nous avons eu la chance de pouvoir développer davantage notre intelligence, être ainsi à l'abri de tous les bobards que l'on peut entendre et nous montrer plus exigeants et plus critiques pour ne pas accepter comme "pain bénit" toutes les sottises que l'on peut colporter contre la religion et contre l'Eglise. Si nous avons gardé la bonne orientation, peut-être aussi le devons-nous à un groupement qui nous a soutenus, qui nous a aidés ... que sais-je ?... C'est à nous de découvrir toutes les marques de la sollicitude de Dieu à notre égard, qui nous obligent, puisque nous avons plus reçu, à donner davantage, selon la règle que le Christ nous rappelait il y a quelques dimanches (cf. St Luc, ch.12,v.48). Oui, si nous avons la chance de ne pas nous prosterner, de ne pas adorer toutes ces idoles modernes, comme le font tant d'autres, c'est bien à la grâce de Dieu que nous le devons.
Et la troisième 'réaction que nous devons avoir devant tous ces idolâtres, elle nous est dictée par l'Evangile d'aujourd'hui. Ces adorateurs de faux dieux, je le disais à l'instant, ils ont peut-être, eux aussi, fait partie du Peuple de Dieu ; ils ont bien souvent été de " chez nous ". Certes nous savons bien que l'on ne peut ignorer le rôle de la liberté humaine qui nous donne la possibilité de choisir entre le bien et le mal. Quelqu'un peut parfois choisir le mal, hélas ! quelqu'un peut même vouloir s'encroûter dans le mal, un cur peut vouloir s'endurcir, une intelligence peut refuser de regarder la vérité ! C'est vrai. Il ne faut pas croire que " tout le monde, il est beau, tout le monde, il est bon " ! La liberté joue dans notre vie. Notre Seigneur Lui-même s'est heurté parfois à la mauvaise volonté - on le voit dans lé cas des Pharisiens - et Il n'a pas craint de la stigmatiser, de la condamner. Mais si quelques-uns sont dans la mauvaise voie, par leur volonté personnelle et par leur faute, combien y sont peut-être par la nôtre ? Pour ceux qui étaient avec nous et qui nous ont quittés, pour ceux qui, après avoir adoré le vrai Dieu, l'ont lâché pour courir après les idoles, avions-nous fait tout notre possible pour leur faire bien comprendre le message du Christ , en nous mettant à leur portée ? pour leur faire comprendre que ce n'est pas de la bêtise, mais que c'est fondé en raison ? Est-ce que notre façon de vivre entre nous, chrétiens, est-ce qu'en particulier la chaleur de notre communauté ont été telles qu'elles pouvaient toucher leur coeur ? Ou bien n'ont-ils pas rencontré chez nous les mêmes égoïsmes, les mêmes exclusivisme qu'ils trouvaient ailleurs?...
Dès lors, il faudrait que le souci de ramener au bercail la brebis égarée ne soit pas le seul souci du pasteur, mais celui de toute la communauté, de toute notre communauté.
Cette parabole que St Luc place ici dans son contexte historique, St Matthieu la place dans son chapitre 18ème dans lequel il a regroupé toutes les consignes du Christ que doit réaliser la Communauté pour être vraiment l'Eglise, la communauté voulue par Lui. St Matthieu a donc voulu montrer ainsi que c'est toute la communauté chrétienne qui devait renouveler cette démarche de son Chef le Christ, en courant après la brebis perdue' Oui, c'est donc bien nous tous, mes frères, qui devons tout faire pour ramener au bercail ceux qui se sont éloignés, bien souvent du reste par notre faute.
Je souhaiterais de tout mon cur qu'en cette reprise de l'année, qu'en ce début d'année scolaire, nous nous demandions comment faire pour que cette multitude qui nous entoure comprenne que la religion, ce n'est pas de l'idiotie, de la bêtise, ni non plus un éteignoir. Bien souvent lorsque les jeunes arrivent à un certain âge, lorsqu'ils se croient adultes, ils envoient promener la religion comme histoires d'enfants, comme des sornettes, comme des légendes, et cela vient peut-être un peu de la façon dont nous la leur avons présentée... Que de fois je vous ai dit que si la religion était stupide, notre premier devoir serait de la quitter ! Dieu, qui nous a fait intelligent, ne peut vouloir fabriquer des imbéciles ! Il faut donc que nous soyons d'abord nous-mêmes tout à fait convaincus que notre religion est tout ce qu'il y a de plus raisonnable, de plu: rationnel, et que nous soyons capables de le montrer aux autres. St Pierre le demandait déjà aux premiers chrétiens (cf. lère Epître., ch.3,v.15), et je dirai: que c'est presque encore plus important, plus indispensable de nos jours.
Il faudrait que nous cherchions ensemble comment nous pourrions arriver à cela. Serait-ce par des petits tracts de bon sens qui permettraient de réfléchir ? Serait-ce par des réunions que nous pourrions faire ensemble pour approfondir notre foi, genre " L'atelier de réflexion chrétienne " qui a fonctionné l'an dernier ? Au cours de la retraite de profession de Foi, j'avais demandé à un des savants qui fréquentent notre église de Rungis de venir exposer à nos enfants comment sa science l'aidait à vivre sa foi. Les enfants ont été très intéressés. Peut-être faudrait-il étendre ces entretiens à toute la paroisse et même à toute la cité, pourquoi pas ?
Il faut qu'ensemble nous portions ce souci de ceux qui abandonnent le Seigneur pour aller se prostré devant d'autres dieux. Comment leur faire comprendre que cest une folie et que s'ils veulent, au contraire, s'épanouir pleinement et trouver la vraie joie, la joie profonde, il leur faut se replacer dans le sillage de Jésus-Christ ?
Et puis surtout resserrons les liens d'amitié, de fraternité, qui doivent nous unir, nous tous chrétiens ... Que notre communauté soit très chaude. Alors elle rayonnera et attirera assurément.. Tout le monde aujourd'hui recherche tant cette fraternité, cette chaleur ...
Prions donc, aujourd'hui, mes frères, pour tous ceux que nous voyons autour de nous abandonner le vrai Dieu pour courir après les idoles du jour. Offrons ce sacrifice de la Messe à leur intention afin que le Seigneur touche leur cur.
Supputons toutes les chances que nous avons de rester fidèles au vrai Dieu. Remercions le de nous avoir donné toutes ces grâces, sachant bien que le Seigneur nous en demandera compte...
Enfin ayons ensemble ce souci de ramener tous ceux qui se sont écartés de Dieu, de Jésus-Christ, de notre idéal, peut-être bien un peu par notre faute ...