Année C – 28ème dimanche ordinaire


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Deux leçons à retirer de cet Evangile :

- la peur de la contagion...
- la reconnaissance...

Aujourd'hui, beaucoup ont peur des microbes et de la contagion...

Les juifs avaient peur de la lèpre considérée comme contagieuse.

Les premiers chrétiens voyaient dans la lèpre le symbole du péché qu'ils considéraient., lui aussi, comme contagieux...

Aujourd'hui on ne se soucie guère de cette contagion du mal. On croit que l'on peut impunément se plonger dans un milieu " non chrétien "...

- C'est nier une vérité d'expérience personnelle, à savoir que le mal trouve en nous, hélas ! un écho...
- C'est nier une toi de psychologie : t'influence de la pression sociale...
- C'est s'inscrire contre la pédagogie divine...

Voulons-nous donc vivre en ghetto ?...

Voulons-nous que les chrétiens s'évadent du monde dans lequel pourtant Jésus dit qu'ils doivent être un ferment ?... -

NON : la toi du ferment mêlé à la pâte, c'est la loi même de l'apostolat à la mode de Jésus-Christ...

MAIS, pour être ferment, il faut :

- se ressourcer, se recharger...
- ne pas se laisser entamer par le milieu délétère et, pour cela, se replonger périodiquement dans un milieu vivifiant...

Un milieu ne sera vivifiant que si tous ceux qui en font partie s'efforcent de vivre l’idéal de Jésus-Christ.

- ce que dit le Christ... (Matthieu, ch.18,v.17)
- ce que dit St Paul... (lère aux Corinthiens, ch. 5,v.9-13)

Nous, prêtres, devons veiller à ce que ce soit là le souci de tous tes membres de la communauté ou des groupements.

Nous voulons des groupements de jeunesse chrétiens où au moins une fois par semaine, nos jeunes pourront venir se ressourcer.
Nous avons besoin d'un repos physique hebdomadaire... Nous avons besoin d'un repos moral hebdomadaire aussi.

Il est normal que nous ayons parfois la nostalgie de notre groupement chrétien...

le Christ a eu la nostalgie de son "milieu divin"...

La Reconnaissance. Une des premières choses que l'on apprend à l'enfant : savoir dire "merci"... Mais vis-à-vis de Dieu ?!
Pourtant Jésus y tient (cf. cet Evangile).

Aujourd'hui encore 1/10 ou 10% seulement disent à Dieu ce grand merci, qu'est la messe... Qu'elle soit vraiment pour nous une " eucharistie "...


HOMELIE

 

LA PEUR DU MICROBE... LA RECONNAISSANCE... Telles sont les deux leçons que nous donne l'Evangile d'aujourd'hui.

Dieu sait si, dé nos jours, la peur des microbes, la peur de la contagion hante beaucoup d'esprits, au point de devenir, chez certains, une véritable obsession...

Chez les juifs, au temps du Seigneur, la lèpre passait pour une maladie contagieuse et la vue des terribles ravages que causait ce mal, non seulement inspirait une aversion vis-à-vis de ceux qui en étaient atteints, mais les faisait mettre au ban de la société. Lorsqu'on entendait le son de la clochette qu'ils devaient agiter sur leur passage, tout le monde s'écartait !... Nous voyons dans cet Evangile que ces pauvres malheureux n'approchent pas de Jésus ni de la foule qui l'entourait, mais qu'ils " se tiennent à distance " ! Jésus va éprouver leur foi : " Allez vous montrer aux prêtres !". C'était dire : considérez-vous déjà comme guéris, car c'est aux prêtres qu'il appartenait, selon la Loi (cf. Lévitique, ch.14,v.1-32) de constater la guérison et de délivrer le certificat de non-contagion.

Pour les chrétiens, la lèpre a toujours été considérée comme un symbole du péché qui ravage, qui défigure une âme comme ce mal défigurait le corps, et qui, c’est ce qu'on oublie trop aujourd'hui, est aussi un mal contagieux... St Paul le rappelait aux chrétiens de Corinthe au sujet de ce chrétien qui, au su de tous, menait une vie scandaleuse au point de vue pureté : " Ne savez-vous pas qu'il suffit d'un peu de levain (d'un peu de pâte fermentée) pour faire lever toute la pâte ?..." et il prescrit avec énergie : " Enlevez le pervers du milieu de vous  !" (lère aux Corinthiens, ch.5,v.2,6,13). C'est la première application de l'excommunication du pécheur endurci que Jésus Lui-même, on ne peut le nier, avait prescrite dans l'Evangile de St Matthieu (ch.18,v.17). Cette discipline fut longtemps appliquée dans l'Eglise vis-à-vis des chrétiens coupables de fautes graves. on avait peur que le pécheur ne contamine la communauté : c'était la peur de la contagion. il ne pouvait :être réintégré que, lorsqu'après avoir fait pénitence et s'être racheté, il s'était présenté au prêtre qui, en lui donnant l'absolution, témoignait, par ce fait, du désir sincère d'amendement de ce pécheur, lui délivrant ainsi comme un certificat de non-contagion...

Aujourd'hui, si au point de vue corporel on a la "frousse" du microbe et de la contagion, il en va bien différemment au point de vue spirituel. On croit que l'on peut impunément fréquenter tous les milieux si pervers, si pourris soient-ils ... on croit tout au moins que le chrétien peut rester immergé dans un milieu "non chrétien" sans en subir aucun dommage, sans laisser entamer le moins du monde son idéal et sa foi. C'est une erreur grossière qui ne fait pas honneur à des gens qui aujourd'hui se croient très férus en psychologie  !

C'est nier une vérité d'expérience personnelle journalière, à savoir que les voix du mal trouvent, hélas ! en nous un écho...

C'est nier une loi de psychologie reconnue par tous, à savoir la loi de la pression sociale....l'impression que le nombre fait sur nous...

C'est s'inscrire enfin contre la pédagogie même de Dieu. Lisez la Bible et vous verrez comment tout au long de l'histoire de ce peuple de Dieu qui avait pour mission de maintenir sur terre la croyance au Dieu vrai et unique, le Seigneur a le souci de soustraire son Peuple à l'influence des idolâtres. N'est-ce pas pour cela qu'il ordonne à Abraham, le père des croyants au vrai Dieu, de quitter son pays et sa parenté parce qu'ils sont infestés par l'idolâtrie ? ... N'est-ce pas pour cela que Dieu prescrit à ses fidèles de ne pas se mêler aux païens ? ... N'est-ce-pas pour cela que Dieu défendait, de façon la plus stricte, les mariages avec les païens, punissant sévèrement les rois qui enfreignaient cette défense ? ... N'est-ce pas pour cela que Jésus, suivant, si je puis dire, l'exemple de son Père, a voulu regrouper tous ses disciples en une Eglise qui ne doit pas être un groupement administratif, mais une vraie communauté soucieuse de vivre de son idéal et de son amour ?...

Dès lors, quelle aberration de trouver mauvais que les chrétiens adultes ou jeunes cherchent à se retrouver assez fréquemment entre eux, avec des "frères" qui essaient tout au moins de vivre leur foi et leur idéal ! Quelle aberration de vouloir supprimer tous les groupements de jeunesse chrétiens et d'envoyer systématiquement tous nos jeunes chrétiens en herbe dans des clubs, des groupements de loisir laïques, parfois fort teintés !

Je vois venir nos adversaires qui, d'un ton gouailleur, vont s'écrier Alors, c'est bien ça, vous voulez faire vivre les chrétiens en "chrétienté", à huis clos, en ghetto ... Vous voulez que les chrétiens s'évadent du monde dans lequel pourtant, Jésus l'a dit, ils devraient être un ferment  !"

S'il vous plaît, avant d'attaquer, supportez de nous écouter jusqu'au bout.

Cette loi du ferment, plus que quiconque, je pense (cf. tous mes articles), nous la faisons nôtre puisqu'aussi bien c'est la seule méthode d'apostolat que nous a léguée Notre Seigneur Lui-même, mieux que cela qu'Il a appliquée Lui-même  : quand Il a voulu sauver le monde, Il s'y est mis dedans, Il s'est incarné et nous ne cesserons de répéter qu'on ne peut être chrétien (disciple, imitateur de Jésus-Christ) sans être incarné dans le monde...

Seulement, nous le répétons aussi, on ne pourra être ferment utile que si on apporte quelque chose de neuf dans le milieu où l'on est inséré, ce qui suppose que l'on se ménage le temps nécessaire pour se recharger, se ressourcer, ce qui ne peut se faire, de façon vitale et efficace, et pas seulement cérébrale, qu'au sein d'une communauté vivant de l'esprit du Christ. Loin de nous détourner de notre mission, j'estime que le fait de savourer ensemble la joie de vivre l'Evangile est une condition indispensable pour la remplir comme il convient. C'est dans la mesure même où nous apprécierons tout ce qu'apporte l'Evangile que, pour peu que nous ayons en nos cœurs la charité du Christ, nous sentirons le besoin d'aller porter cette richesse à ceux qui n'ont pas la chance de l'avoir Sans cette expérience vitale, notre apostolat ne serait que de l'endoctrinement. Nous ressemblerions au représentant de commerce qui veut à tout prix placer sa camelote sans trop savoir ce qu'elle vaut...

De plus, pour contrebalancer l'influence néfaste du milieu dans lequel il se trouve et dans lequel il doit rayonner, et pour ne pas risquer de laisser peu à peu s'entamer sa foi et son idéal, le chrétien a besoin de se replonger périodiquement et fréquemment dans un autre milieu qui soit vivifiant au point de vue chrétien, c'est-à-dire dans un milieu dans lequel cette foi et cet idéal sont vécus intensément par ceux qui en font partie.

En effet, pour que ce milieu, ce groupe remplisse ce rôle d'antidote, il faut qu'il soit vraiment animé par l'Esprit du Christ, que tous les membres s'y entraînent et s'y entraident à vivre son idéal comme Jésus lia demandé dans ce fameux passage de St Matthieu (ch.18,v.15-19) que je me permets de vous rappeler une fois encore : " Si ton frère vient à pécher, va, reprends le entre toi, et lui seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, pour que toute affaire soit réglée sur le dire de deux ou trois témoins. S'il ne les écoute pas, dis-le à l'Eglise (à la communauté), et s'il n'écoute pas non plus l'Eglise, qu'il soit pour toi came le païen et la publicain..."

St Paul de son côté écrivait aux Corinthiens au sujet de la pureté et à l'occasion du scandale dont je parlais ci-dessus : " Si je vous ai écrit dans ma lettre précédente (une lettre que nous n'avons plus) de ne pas fréquenter ceux qui se livrent à l'impureté, il ne s'agissait pas de tous les impudiques de ce monde, ni de tous les cupides ou rapaces, ni de tous les idolâtres, car à ce compte-là il vous faudrait sortir de ce monde. J'ai simplement voulu vous dire de ne pas fréquenter celui qui, tout en portant le nom de "frère" (c’est-à-dire de chrétien) serait impur, cupide, idolâtre, diffamateur, ivrogne, rapace, de ne même pas prendre un repas avec un tel individu... Otez le mauvais du milieu de vous !" (lère aux Corinthiens, ch.5,v.9-13)

Cela vous explique bien des choses dans notre attitude.

D'abord pourquoi nous, vos prêtres, chargés de promouvoir l'idéal du Christ au sein de la communauté, nous devons veiller à ce que l'esprit et les mœurs du monde ne s’y infiltrent pas, autrement cette communauté, ce groupement, ne servirait plus à rien.

Cela vous explique aussi pourquoi nous tenons à avoir des groupements de jeunes dans lesquels ils puissent venir se ressourcer en se retrouvant durant leurs moments de loisir avec des camarades qui aspirent, eux aussi, à vivre l'idéal du Christ. Durant toute la semaine ils se trouvent immergés, du fait de leur travail, dans des milieux qui ne vivent certes pas, hélas ! cet idéal, bien au contraire... Leur devoir de chrétiens, c'est de ne pas s'en évader, mais d'y être vraiment présents comme un ferment. Seulement reconnaissez qu'une fois au moins par semaine, ils ont bien le droit de "souffler" un peu et de se retrouver avec d'autres camarades qui pensent comme eux, avec d'autres camarades qu'anime le même idéal et la même foi ; encore une fois, c'est indispensable pour qu'ils puissent se "regonfler", se recharger... Ne trouvez donc pas mauvais, de grâce, S'ils ne vont pas, pour leurs loisirs, dans des groupes qui n'ont pas du tout le même esprit et dans lesquels ils devraient encore lutter pour ne pas se laisser entraîner par la pression du nombre... Jésus Lui-même prenait ses Apôtres à l'écart de la foule pour qu'ils puissent un peu respirer et se reposer...(cf. St Marc, ch.6,v.31). Si nous avons besoin d'un repos physique hebdomadaire - ainsi l'a réglé le Seigneur - nous avons non moins besoin d'un repos et d'un ressourcement moral hebdomadaire aussi !

Je vais plus loin : ne trouvez pas mauvais si le chrétien immergé dans un milieu qui ne l'est pas du tout, ressent parfois la nostalgie de son groupement, de sa communauté et s'il a parfois hâte de s'y retrouver. Le Seigneur Jésus Lui-même, incarné au milieu des hommes pécheurs et grossiers, ne ressentait-Il pas parfois Lui aussi la nostalgie de son milieu divin ? : " 0 race incrédule et impure, jusque à quand serai-je avec vous, jusque à quand devrai-je vous supporter ?" (cf. St Marc, ch.9,v 19 - St Matthieu, ch.17, v.16 - St Luc, ch.9, v.41). De même que le Seigneur Jésus, malgré cette nostalgie, est resté parmi nous, de même le chrétien ne doit pas y céder. Il saura que ce sacrifice fait partie de la loi d'incarnation et, qu'uni à celui de son Chef et de son Modèle, ce sacrifice est rédempteur pour ses frères !

Mais si le souci de votre santé corporelle vous inspire la peur de la contagion et des microbes, et vous fait prendre toutes sortes de précautions, d'antidotes et de vaccins, sachez que le péché est un mal contagieux, lui aussi, et que le souci de la santé de votre âme doit vous pousser à prendre tous les moyens pour vous immuniser aussi contre cette contagion-là...

Je ne puis que faire allusion à la deuxième leçon que nous donne cet Evangile : c'est une leçon de politesse vis-à-vis de Dieu.

Maman, papa, merci : ce sont les trois premiers mots que les parents, soucieux de bien élever leur enfant, lui apprennent. On passerait pour un malappris si on ne savait pas dire "merci" à quiconque nous fait un cadeau ou une gentillesse...

Mais à voir comment les choses se passent, on dirait qu'il n'y a que Dieu qui n’a pas droit à notre "merci"... et cependant Jésus, dans cet Evangile, souligne comme Il y est sensible " Ainsi donc, constate-t-il avec tristesse, il ne s'est trouvé que cet étranger pour venir me dire merci !" Un sur dix, le fameux dix pour cent des pratiquants dont certains voudraient que nous nous contentions ! ... Jésus, Lui, n'a pas l'air de s'en contenter, car, j'ai eu l'occasion de le dire bien souvent, le grand merci à Dieu, c'est la messe ; c'est justement pour cela qu'on l'appelle "l'Eucharistie", c'est-à-dire l'action de grâce, le remerciement par excellence. J'ai déjà employé cette comparaison : pour remercier la dame qui lui a donné un cornet de bonbons, l'enfant bien élevé ouvre le cornet et offre à cette dame le premier bonbon, celui du dessus, le plus gros, le plus beau. Pour remercier Dieu de tous ses bienfaits, de tous ses cadeaux, de tous ses dons, nous ne lui offrons plus simplement "les prémices", les premiers fruits de la récolte, nous lui offrons celui qui, de tous ses dons, surpasse infiniment tous les autres, celui qui est infiniment au dessus de tous les autres : son propre Fils Jésus  !

Donnons ce sens à notre messe d'aujourd'hui Seigneur, au cours de cette semaine Tu m'as comblé de tes bienfaits, Tu m'as donné, accordé ceci et encore cela, Vois, pour Te dire merci, c'est Jésus Lui-même que je T'offre ... Je ne puis rien T'offrir que Tu ne m'aies donné, car tout me vient de Toi, et Tu ne m'as donné, Tu ne pouvais me donner rien de plus beau, rien de plus grand  !"

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