Année C – 29ème dimanche ordinaire
SOMMAIRE DE L'HOMELIE
Qu'est-ce qu'un curé ?
Le texte de St Paul, dans la seconde lecture, nous donne la réponse (Timothée était le curé, évêque d'Éphèse).
Notre rôle n'est pas de...
Mais d'attiser la flamme de la foi, de l'idéal
et de lamour dans la communauté.
Pour n'être obsédé que par ce souci, le prêtre se dégage de tous les soucis matériels et familiaux..
Qu'attendez-vous de nous ?
Tout dépend de la conception que nous nous faisons d'une communauté chrétienne
- Si cette conception est formaliste, ramenant la vie chrétienne à quelques rites, à quelques pratiques, le prêtre devient un simple distributeur de sacrements...
- Si au contraire la communauté est constituée par des gens qui "en veulent" de l'idéal du Christ, le prêtre est celui qui, par les sacrements certes, mais aussi par sa vie et par ses paroles, entretient et tisonne la flamme...
En ce cas :
- Il est normal que ceux qui "en veulent" viennent le consulter... (exemple du médecin... )
- Il est normal qu'ils acceptent dêtre repris et stimulée par lui...
Le rôle du prêtre, c'est aussi
de prier comme Moise pour tous les chrétiens qui combattent dans te monde...
La prière du matin et du soir du prêtre
pour ses fidèles...
Acceptez que le prêtre remplisse son rôle à votre égard...
HOMELIE
QU'EST-CE QU'UN CURE ? ... Que doit faire un curé ?... Quel est son travail ? ...
La seconde lecture que nous avons faite nous donne la réponse.
C'est St Paul qui écrit au curé qu'il a laissé là-bas à Ephèse, à Timothée. A cette époque-là, comme les chrétiens n'étaient pas bien nombreux, dans une grande ville comme Ephèse il n'y avait qu'un seul curé, c'était même un évêque. Et St Paul lui indique ce qu'il doit faire. Ecoutez-moi un peu ça : il parle du trésor où va pouvoir puiser Timothée. D'abord il lui dit : " Ce trésor l'enseignement du Christ et des Saintes Ecritures - conserve le bien tel que je te l'ai transmis. " C'est la troisième ou quatrième fois qu'il lui fait cette recommandation. " Ne le change pas, tu dois en rester à ce que l'on t'a enseigné et que tu as reconnu pour vrai !" Reconnu pour vrai !... Il faut contrôler si cest vrai ou si c'est " de la blague" Si c'est de la blague ... en l'air Mais si c'est vrai !...
" Conserve donc ce que tu as reconnu pour vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l'ont enseigné." Pour St Paul, c'était clair, les contemporains et les compatriotes de Jésus-Christ étaient là et ils avaient montré que leur foi au Seigneur, "c'était quelque chose !" puisqu'on les avait torturés, flagellés, lapidés comme Etienne, tués comme Jacques pour les faire taire, et que, malgré tout cela, on n'avait pu leur fermer la bouche. Des témoins comme cela, ils méritent d'être crus ... Et voici ce qu'ajoute l'Apôtre : " Tous les passages de l'Ecriture sont inspirés par Dieu, elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice."...et un peu plus loin : " Je te supplie devant Dieu et devant le Christ-Jésus qui doit nous juger un jour, proclame la parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches ... encourage mais avec une grande patience et avec le souci d'instruire.
Voilà le travail d'un curé.
Notre travail, ce n'est pas d'organiser des loisirs pour les jeunes. Notre travail, ce n'est pas de devenir leader politique ... ou sociologue, que sais-je ?
Notre travail, c'est d'attiser dans là communauté chrétienne, dans chacun de ses membres, et avant tout dans la jeunesse qui a en elle la sève qui monte, cet idéal, cette foi, cet élan, cette impulsion qui vient de Jésus-Christ. Et lorsqu'il y a quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui n'est pas en harmonie avec cet idéal, de ne pas avoir peur de le dire, et de le dire avec énergie ! c'est notre travail !
Je me permets ici de vous lire un passage de ces petits livrets que j'écris de temps à autre quand j'ai un peu de temps, et que j'ai intitulés " Graines de Bon Sens ", dans lesquels j'essaie de mettre tout ce qui me tient à cur, tout ce que je voudrais faire passer dans l'esprit, dans le cur de tous les chrétiens de France, pour qu'ensemble nous puissions relever notre Eglise et que cela change quelque chose qu'il y ait des chrétiens en France, et que ça mette de l'enthousiasme, et que ça mette de la ferveur, que ça mette de la pureté, que ça mette de la clarté ... que ça mette de la joie. J'avais écrit cela il y a un an :
Le progrès social, le progrès humain, le bien-être de l'humanité dépendent avant tout du triomphe de la raison, du triomphe de l'idéal de a justice, de la fraternité, sur les instincts et les passions, en un mot, de la généralisation d'une mentalité chrétienne. Pris par les nécessités de a vie, par les soucis du monde, emportés par le courant général, les hommes, même les chrétiens, ont tendance à se laisser totalement absorbés par ces soucis matériels et à laisser s'estomper en eux cet idéal. Il est indispensable pour le bien même de l'humanité qu'il y ait des permanents totalement dégagés de toutes ces tâches matérielles, de tous ces soucis, pour pouvoir être UNIQUEMENT préoccupés par cet idéal à promouvoir sans cesse dans le monde. Si ces permanents étaient eux-mêmes impliqués complètement dans les affaires de ce monde, ils auraient les mêmes difficultés que les autres à ne pas se laisse totalement accaparer par elles jusqu'à en oublier plus ou moins leur idéal. Ils ne pourraient donc remplir avec autant de force, de constance, de courage, la charge qui leur incombe dans la société qui est celle de rappeler sans cesse à tous, par leurs paroles et par leur vie, cet idéal."
Chers amis, est-ce cela que vous attendez de nous ?
Chers jeunes, est-ce cela que vous attendez de vos aumôniers ? ...
Je pose la question...
Tout dépend de l'esprit qui règne dans la Communauté des chrétiens. si être chrétien, cela consiste à observer quelques pratiques, à dire quelques prières, à aller à la messe parce que c'est bien porté, parce que c'est obligatoire ... alors, du moment que le curé vous dit la messe, eh bien ! il a fini son travail (il n'a pas grand chose à faire) !... Si son rôle se réduit à cela, je comprends que vous regimbiez quand le prêtre essaie d'aller plus loin et quand il vous dit que même cette messe, ces sacrements qu'il vous donne doivent être justement comme des coups de tisonniers pour vous faire avancer davantage dans l'idéal du Christ, et non pas pour faire du "sur place", sapristi ! Alors, si on a conçu la religion chrétienne comme cela, comme un formalisme bien semblable à ce qu'était le judaïsme autrefois, ce judaïsme que Jésus a condamné, alors, c'est évident, la venue du Christ n'a rien changé !
Mais quand il y a une Communauté vraiment chrétienne, une paroisse, quand il y a des groupements "chrétiens", eh bien ! s'ils sont vraiment chrétiens, cest qu'ils ont justement le souci de s'améliorer, qu'ils ont été emballés par cet idéal de Jésus-Christ ; leur rêve, c'est que cet idéal soit de mieux en mieux réalisé pour le bonheur de l'humanité ... de tous les hommes ! Et ils veulent que cet idéal se propage comme par osmose, c'est-à-dire que eux veulent en être tellement pénétrés qu'ils en deviennent contagieux, contagieux dans leur école, contagieux dans leur travail, contagieux dans leur résidence, dans leur quartier. Alors là, ça change ! J'en ai connu de ces communautés-là, j'en ai connu de ces groupements-là ! ce n'est pas de l'utopie !
Alors les membres de ces communautés, de ces groupes trouvaient tout naturel de venir trouver celui que le Seigneur avait préposé, avait mis là avec le secours de sa grâce pour pouvoir les aider ; ils trouvaient tout naturel de venir dire : " Père, aidez-moi, je ne m'en sors pas dans telle difficulté, voilà mon problème, que pourrais-je faire ? aidez-moi, vous qui avez reçu pour cela mission et grâce du Seigneur ! " Et le prêtre qui a en effet reçu les pouvoirs du Seigneur, pas de lui-même qui a reçu la grâce du Seigneur, pas de lui-même, et qui tout de même, lui, a étudié tout cela, le prêtre apportait sa contribution et, à travers ses pauvres paroles de prêtre, à travers les conseils qu'il pouvait donner comme ami de cette âme, le Seigneur faisait passer sa grâce, et c'était le coup de tisonnier qui la faisait remonter, cette flamme de l'idéal !
Aujourd'hui, c'est fini... Tout le monde se croit capable de conduire tout seul sa vie, son christianisme, et on n'oserait pas aller demander à un prêtre un conseil, une aide, encore moins le pardon du Seigneur !... et puis on s'étonne que la flamme vacille, charbonne et s'éteigne ! ... Je voudrais bien savoir, parmi vous tous qui êtes là, combien il y en a qui n'ont jamais vu de docteur ? qui n'ont jamais eu besoin de recourir à un médecin ? Nous ne serions pas nombreux. Pour ma part, moi qui croyais avoir une santé si solide, eh bien ! maintenant je suis bien obligé de donner parfois @n coup de fil à un ami médecin pour demander ce qu'il faut faire ! Et alors ... pour notre corps on trouve nécessaire de recourir à un conseiller compétent, mais pour notre âme ?... Alors ne nous étonnons pas si les chrétiens vivent à l'horizontale, au niveau des autres et que ça ne fasse ni chaud ni froid à l'humanité qu'il y en ait ou qu'il n'y en ait pas, des chrétiens 1 Et cependant les chrétiens devraient apporter quelque chose, devraient transfigurer le monde, car c'est cela que voulait Jésus-Christ, c'est cette libération-là qu'Il voulait : libération du mal, libération du péché, et pas seulement libération matérielle ; il la faut certes, mais comme conséquence ! Eh bien ! quand il y a des gars, des filles, des hommes, des femmes et des foyers qui veulent à tout prix être vraiment chrétiens et qui en emploient tous les moyens, cela, ça fait quelque chose !...
Oui, vous stimuler sans cesser c'est vraiment notre rôle ! Pour ma part, j'essaie de le remplir tant que je puis. Les Pères qui sont avec moi le remplissent eux aussi avec tout leur cur et tout leur amour des âmes.
Mais nous avons aussi un autre rôle et, je le signale en passant, c'était celui qui était indiqué dans la première lecture et que Jésus nous rappelait dans l'Evangile de tout à l'heure : la prière !
Comme Josué, vous devez, chers chrétiens, combattre dans la plaine ; journellement vous êtes affrontés à des camarades qui ne pensent pas comme vous, qui parfois même - ça existe encore - se moquent de vos convictions ; vous êtes affrontés à des façons de penser et d'agir qui sont bien loin d'être en harmonie avec votre foi et avec les consignes de Jésus-Christ. Ce combat pour faire triompher dans ce monde l'idéal du Christ est un rude combat... je le sais comme celui de Moïse sur la montagne, de vous soutenir aussi de notre prière.
Chaque matin, à l'heure où vous partez au travail, je récite le premier psaume de notre office matinal : " Seigneur, qu'ils sont nombreux mes adversaires, nombreux ceux qui se lèvent contre moi ... Mais Toi, Seigneur, tu es un bouclier qui m'entoure... Je ne crains pas les myriades de gens qui, de toutes parts, sont postés contre moi... Lève-Toi, Seigneur, sauve-moi, 6 mon Dieu !" (psaume 3 par lequel St Benoît voulait que nous débutions chaque jour notre office). Comment ne pas penser à vous tous qui allez affronter ce monde qui est bien loin encore d'être chrétien ! Comment ne pas penser en particulier à tous ceux, à toutes celles dont je connais les difficultés pour tenir bon, malgré cet entourage ! Et ma prière monte vers Dieu : " Seigneur, Tu vois tous ces chrétiens qui veulent T'aimer, qui partent en ce moment pour accomplir leur devoir d'état, qui n'auront peut-être pas le temps de Te saluer, ou qui peut-être, hélas ! oublieront de le faire : c'est en leur nom à tous que je Te loue et que je Te salue..."
Et le soir quand j'ai terminé mon ministère et que je prie dans le silence de la nuit qui vient, je me plais à vous revoir chacun ! Celui-ci, celui-là, cet autre encore, auront-ils eu le courage de Te confesser aujourd'hui aussi bien par leur vie que par leur bouche ? ... Et je remercie aussi pour tout le bien que vous avez pu faire autour de vous : " Oui, Seigneur, je Te remercie pour tout le bien que j'aurais voulu faire à cette pauvre humanité que j'aime et Tu l'as démultiplié par tous ces chrétiens que j'ai essayé d'aider, de stimuler, de soutenir... Et aussi, Seigneur, je Te demande pardon pour toutes nos défaillances, pour tous nos manquements, pour les fautes que nous avons pu commettre, pour tout le bien que nous avons omis de faire. Fais goûter à tous, Seigneur, le repos et la paix d'une bonne conscience !" et je m'unis à votre prière du soir...je me tais alors devant le Seigneur !.
Je pense, certes, que notre Cause est juste ! et Jésus nous disait dans cet Evangile que, lorsqu'on demande à Dieu avec insistance de faire justice, il ne tarde pas, mais' il s'agit de ceux qui Le prient "jour et nuit" ! Et je pense que c'est cela au .';si qu'il nous faudra faire ici : mettre davantage de prière à la base de notre action. Oh ! pas du "blablabla", pas des débitations de formules ... mais l'arrêt devant Dieu ... être en arrêt devant Dieu ... en halte devant Dieu, en silence devant Dieu... Il lit dans notre cur, Il sait de quoi nous avons besoin avant même que nous le Lui demandions, dit Jésus (St Matthieu, ch.6,v.8).
Voilà, mes frères !
Acceptez donc que le prêtre joue dans vos vies le rôle que Jésus lui a confié et que St Paul rappelle à Timothée : ce rôle de vous dispenser les sacrements du Seigneur, certes, mais aussi de vous soutenir, de partager vos soucis, de tisonner en vous cette foi, cet élan, cette ferveur, cet amour...
Et puis aussi, aidez-nous à remplir notre rôle d'intercesseur, notre rôle de prière ... et quand la cloche vous annonce que nous sommes à l'église pour prier pour vous et en votre nom, qu'une simple petite pensée de votre cur nous y rejoigne !