SOMMAIRE DE L'HOMELIE
TENIR BON !
Le passage du discours eschatologique du Seigneur que nous tisons cette année, souligne les catastrophes et perturbations religieuses :
Destruction du Temple - Propagande des faux Christs - Comparution des Apôtres devant les tribunaux.
L'an dernier nous avions vu :
- que la fin du monde était désormais une vérité scientifique...
- quelle arriverait pour nous à notre mort...
- que plusieurs avaient sans doute déjà vécu la fin d'un monde qu'ils S'étaient construit...
Cette année, attardons-nous aux perturbations religieuses annoncées par le Christ qui ressemblent à celles quelles nous assistons
1°) Effondrement du Temple pierre par pierre = pour nous effondrement de " notre Eglise " dogme par dogme, précepte par précepte...
Exemples : dogmes... morale... pratiques...
2°) Les faux Christ arrivent à ta rescousse...
- Le succès des sectes...
- Les plus dangereux sont ceux qui prétendent rester dans l'Église et garder le nom de chrétiens : avertissement du Christ...
3°) Si nous "tenons" si nous restons fidèles, comme les Apôtres, on nous passe en jugement !
On nous traite de tous les noms...
Notre persévérance et notre fidélité malgré tout nous apportera "la vie", dit le Christ...Nous en faisons lexpérience !
HOMELIE
TENIR BON!... C'est la consigne que le Seigneur nous donne dans l'Evangile de ce jour.
Chaque année, en ce 33ème dimanche qui clôture la série des dimanches ordinaires, nous lisons dans l'un ou l'autre des Evangiles un extrait du long discours du Christ sur la ruine de Jérusalem, la fin du monde et son Retour glorieux. Le passage que nous lisons en cette année consacrée à l'Evangile de St Luc souligne surtout les catastrophes et les perturbations religieuses qui précéderont ces événements a savoir la destruction du Temple, la propagande des faux messies, la comparution des Apôtres devant les tribunaux à cause dé leur fidélité au Christ.
Imaginez-vous le choc que cela dut faire sur les disciples. Au sortir du Temple où ils venaient de faire leurs dévotions, ils faisaient remarquer à Jésus la splendeur de l'édifice et des ex-votos qui en ornaient la façade...et Jésus : " De tout ce que vous admirez là, il ne restera pas pierre sur pierre !" ... L'effondrement de ce Temple qui était au centre de leur religion ! Dans l'esprit des Apôtres ce devait correspondre à l'effondrement même de leur religion et même...à la fin du monde ! On le voit bien dans la question des Apôtres sur la date de l'événement telle qu'elle est transcrite dans l'Evangile de St Matthieu (ch.24,v.3) : " Dis-nous quand cela arrivera et quel sera le signe de ton Avènement et de la fin du monde ?" Ils mélangent les trois événements : la destruction du Temple, le Retour du Christ et la fin du monde, à tel point que, dans la réponse de Jésus, les Evangélistes eux-mêmes n'ont pas su très bien distinguer ce qui se rapportait à chacun de ces événements, d'où une certaine obscurité dans ce discours du Seigneur.
L'an dernier je vous faisais remarquer que la fin du monde que Jésus nous a prédite était maintenant une quasi certitude scientifique du fait de l'usure de notre monde et notamment du soleil, sans la chaleur duquel la vie disparaîtra de la terre...
Je vous disais aussi que, de toutes façons, la fin du monde arriverait "bientôt" pour nous, au jour de notre trépas...
Enfin nous étions d'accord pour reconnaître que pour plus d'un d'entre nous, la fin d'un monde, d'un monde que nous nous étions construit, était peut-être bien déjà arrivée par l'effondrement d'un rêve, la disparition d'un être cher qui était au centre de notre vie ou par l'échec, la faillite d'une uvre, d'une entreprise que nous avions construite à bout de bras (cf. Année B, fasc.n°6, pp.39-42).
Aujourd'hui n'est-ce pas à l'effondrement du Temple, pierre par pierre, que nous assistons ? ... N'avons-nous pas l'impression d'assister à l'effondrement de notre Eglise dont tous les dogmes, tous les préceptes qui guidaient notre vie chrétienne, semblent battus en brèche et s'estomper les uns après les autres, si bien que l'angoisse qui dut saisir les Apôtres à l'annonce de cette ruine du Temple, s'empare de nous aussi aujourd'hui ? ...
Le pire, c'est que ce ne sont pas les armées païennes de Titus qui attaquent le Temple comme en l'an 70 ; l'ennemi est déjà dans le Temple lui-même, l'ennemi semble déjà entré dans l'Eglise pour y tout saccager. Oui, ce sont même des prêtres qui, soit disant au nom d'un Concile dont ils n'ont même pas lu les décrets, s'attaquent aux points essentiels de notre foi chrétienne : la divinité, parfois l'existence même de Jésus-Christ, ses miracles, sa naissance virginale, sa résurrection, son intention, sa volonté de fonder pour poursuivre son uvre une institution, une Eglise, et une Eglise hiérarchique.
Ce sont ses sacrements qui sont contestés : l'Eucharistie en particulier qui ne serait plus son sacrifice, sa divine présence perpétués, la communion la plus intime assurée avec Lui, mais un simple repas fraternel, un pain d'amitié !
La confession dont on se gausse, au lieu de glorifier Dieu comme les habitants de Capharnaüm d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes
Le baptême dont on n'a plus guère besoin puisque tous les hommes - on ne craint pas de forcer la main à Dieu - sont de plein droit enfants de Dieu !
La confirmation...qui n'est plus imploration par toute l'a communauté de la venue de l'Esprit du Christ pour que ce jeune chrétien aie vraiment l'esprit, la mentalité de la famille de Dieu, mais mandat donné à tel ou tel par les P.D.G. de l'Eglise de faire de l'Action Catholique
Le mariage, où la grâce, la force de Dieu pour réaliser le rêve de tout cur noble, d'un amour d'adoration, d'un amour éternel et préférentiel, est remplacé par un amour tout humain, très souvent purement passionnel et temporaire... tel que peut l'être un amour tout égocentrique !... Et dans ce domaine, du reste, à bas tous les tabous ancestraux ou ecclésiastiques ! Tout est permis, tous les instincts sont sacrés ! tant pis pour ceux ou celles qui en font les frais ! Il n'y a plus de péchés de la chair : " Cédez à toutes vos envies, à toutes vos pulsions pour ne pas être des refoulés ! "
Que reste-t-il, Seigneur ? La charité ... Une charité qui soit copinage de classe, de profession... de caste Une charité qui doit se changer en haine pour tous ceux qui ne font pas partie de cette classe, de cette caste !...
Surtout n'allez pas croire au bonheur de l'au-delà... utopie, illusion : le paradis, il doit être sur terre ... Il doit durer ? euh...le plus longtemps possible ! Les techniques médicales prolongeront la vie. Jusqu'où, s'il vous plaît ?... Petit impertinent, voulez-vous donc vous taire... Si vous arrivez à vivre cent ans, cest tout de même déjà pas mal, non ? Que voulez-vous de plus ? ...
Toutes les habitudes religieuses que vous pouviez avoir, il faut vous en débarrasser : prières du matin et du soir ? ...vous voulez rire, à quoi ça sert la messe du dimanche ? ... vous êtes libres, si ça vous chante ! confession ? ... que faites-vous de mal ? il n'y a plus de péché. Il ne faut même plus en parler parce que ça risquerait de créer en vous un complexe de culpabilité...qui vous enlèverait votre autonomie ... on est libre, non ? ...
Oui, c'est vraiment l'effondrement pierre par pierre de tout notre édifice religieux ! Jésus n'est plus venu pour nous relier avec Dieu, son Père et notre Père, mais seulement, uniquement, pour nous relier entre nous ... et là encore, entendons-nous, entre gens de la même classe, entre ouvriers. Les autres, voilà l'ennemi, il faut les faire disparaître
Est-ce que j'exagère ?
Oui, le Temple s'écroule et c'est le désarroi ! car l'homme est tronqué, son âme, sa soif d'absolu sont étouffées ! Pour beaucoup, pour tous ceux qui cherchaient à vivre humainement, c'est insupportable ...
Et alors, les voici les faux Christ, les faux Messies qui se présentent ... On appellera notre époque l'ère des sectes ! Puisque le Temple s'écroule, il faut bien ouvrir des sanctuaires aux Baals ! aux faux dieux ! L'homme, l'homme qui a gardé quand même une tête, qui réfléchit sur le sens de sa vie, l'homme qui a gardé un cur en quête d'un idéal pour lequel il puisse se passionner, auquel il puisse se donner, l'homme qui a besoin de se dépasser, de se surpasser et qui ne peut se contenter de rester confiné dans ses étroites limites terrestres, temporelles, matérielles ... l'homme, nous peut-être, sommes tentés de courir après l'un ou l'autre de ces Messies qui surgissent de toutes parts 1
Les plus dangereux de ces "Messies" sont ceux qui veulent faire croire qu'ils sont encore chrétiens, qu'ils sont encore catholiques ! " Prenez garde de ne pas vous laisser égarer", nous dit le Christ dans cet Evangile, " car beaucoup se présenteront en mon Nom !" Oui, méfions-nous ! Comment peut-on imaginer que pendant 20 siècles le Christ et son Esprit ont abandonné l'Eglise qui n'a enseigné que des âneries" ? ... Comment admettre que nos aînés ont été bien simplets de croire que le Christianisme exigeait d'eux tant de renoncements...qui écartaient tant de gens ? Non, non ! élaguons tout ce que notre petite raison a quelque peine à comprendre les miracles, les mystères ! Elaguons tout ce qui nous paraît trop difficile à pratiquer ! ... On pourrait se demander à ce compte-là : que reste-t-il du Christianisme ? que reste-t-il de certaines paroles du Seigneur du genre : " Si quelqu'un veut !être mon disciple, qu'il se renonce, qu'il prenne chaque jour sa croix et qu'il me suive !" (St.Luc, ch.9,V.23), ou encore : " Si ton il est pour toi une occasion de péché, arrache le et jette le loin de toi : il t'est plus avantageux de perdre un seul de tes membres que de voir tout ton corps jeté dans la géhenne... etc..." (St Matthieu,ch.5,v.29). On peut même se demander : que reste-t-il de l'Evangile ? sert-il même encore à quelque chose puisque tout ce que l'on en garde, nous aurions pu le trouver de nous-mêmes ?
Comment celui qui veut rester chrétien, fidèle à Jésus-Christ, comment celui qui croit à sa promesse de ne pas abandonner son Eglise, pourrait-il suivre ces nouveaux Christs, ces nouveaux Messies ? ...
Mais attention !-Si vous résistez, si vous voulez tenir bon et rester attachés à l'enseignement reçu, on vous attend ! est la troisième partie de cet Evangile. Comme les Apôtres, vous allez passer en jugement. On vous traitera de tous les noms attardés, rétros, imbéciles ! on vous étiquettera ! Injure suprême, on vous qualifiera "d 'intégristes" ! Mais Jésus, s'adressant à nous dans la personne de ses Apôtres, nous dit : " Ne vous mettez pas martel en tête pour savoir ce que vous allez répondre : je vous inspirerai Moi-même ce que vous devrez dire !" En effet, si nous connaissons un tant soit peu notre Evangile surtout si nous vivons en union étroite avec le Seigneur et si nous nous laissons guider par son Esprit, nous trouverons aisément de quoi confondre ces adversaires !
Ces attaques, ces oppositions peuvent parfois être pour nous d'autant plus pénibles - Jésus nous le dit encore dans cet Evangile - qu'elles peuvent provenir d'amis, de frères ! Il n'empêche : il faut tenir ! tenir coûte que coûte ! " C'est par votre persévérance, par votre fidélité, vient de nous dire le Seigneur, que vous obtiendrez la vie
Vous avez entendu ? La voilà la récompense promise à celui qui tiendra : la vie ! ... Cette promesse, nous la voyons réalisée sous nos yeux. Est-ce que ce christianisme édulcoré a suscité le moindre enthousiasme ? A-t-il été source d'une plus grande vitalité dans l'Eglise ? A-t-il ramené au bercail beaucoup de brebis égarées ? Hélas ! hélas ! combien de gens honnêtes qui ne peuvent admettre que la vérité puisse ainsi changer, dégoûtés, déroutés par ces revirements, ont abandonné, ont tout lâché ! ... On ne les compte plus ...
Prions pour toutes ces âmes, pour tous ces frères...
Supplions aussi le Seigneur de nous aider à tenir envers et contre tous L'expérience que nous pouvons faire de l'attrait qu'exerce au contraire sur les âmes et notamment sur les jeunes, un christianisme présenté dans toute son authenticité, l'expérience que nous avons pu faire dans notre propre vie de l'élan, de l'enthousiasme, de la joie, en un mot de la vitalité qu'il peut apporter, cette expérience, qui est déjà une grâce, nous y attache encore plus fort et nous fait demander avec plus de ferveur que jamais au Seigneur : " De grâce, de grâce, faites que je tienne bon - " Votre persévérance vous apportera la vie !" Encore une fois, comme Il a dit vrai, le Seigneur !