Année C – 3e dimanche de l'Avent


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 SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Prôner un christianisme " froid ", c'est prôner une caricature du christianisme authentique…
Jean Baptiste annonce que Jésus baptisera dans l'Esprit et dans le feu…
Jésus dit qu'il est venu mettre le feu à la terre…
Il envoie son Esprit sur ses Apôtres sous la forme de langues de feu.

Enthousiasme dans les réunions des premiers chrétiens… enthousiasme raisonné et non purement sentimental.
Aujourd'hui, nombre de jeunes désertent nos églises et vont chercher ailleurs parce qu'il trouvent trop froid notre christianisme…

Il l'est en effet trop souvent... Comment tisonner la flamme ?

- Notre messe dominicale...
- La confession...
- La communion...
- La méditation...
- Exemple du Père Godin... " Le levain dans la pâte " une méditation quotidienne pour ses militants !…

Résultats :

- leur ferveur pour gagner leurs camarades au Christ...
- leur sérénité, leur enthousiasme...
- Contraste avec ce que l'on voit trop souvent aujourd'hui...
- Saint Paul sous les verrous prêche cette sérénité... faite de confiance en la puissance et en l'amour de Dieu... Employé tous ces " tisonniers " pour faire monter notre flamme...


HOMELIE

DES CARICATURES ET ENCORE DES CARICATURES...

On en a assez !

Dimanche dernier, je dénonçais devant vous cette caricature du précurseur, de Jean-Baptiste que l'on présentait au temps de la Renaissance. On le dépeignait, cet ermite, ce prophète qui se nourrissait de miel sauvage et de sauterelles, qui était habillé avec un vêtement en poils de chameau, on le présentait sous les traits d'un gamin joufflu caressant un petit agneau... Quelle caricature !

Aujourd'hui je voudrais dénoncer devant vous non pas la caricature d'un personnage, non pas une caricature qui date de la Renaissance mais une caricature de notre religion qui circule aujourd'hui...

Il y a quelque temps je relisais dans un journal le compte rendu de la Semaine des Intellectuels Catholiques qui a lieu chaque année fin novembre. Le journaliste écrivait : « Le Christianisme qu'il nous faut, c'est un Christianisme froid et.… invisible. »

Un Christianisme froid ! Quelle caricature que celle-là !

Vous venez d'entendre Jean-Baptiste annonçant la venue de Jésus-Christ, de ce Jésus-Christ qui lui parait tellement au dessus de lui qu'il avoue ne pas être digne de délier la courroie de ses sandales. Quand Jean-Baptiste annonce la venue de ce Seigneur, que dit-il ? « Moi je vous baptise dans l'eau mais le voilà qui arrive celui qui va vous baptiser dans l'Esprit Saint et dans le feu ! »

Et quand ce Jésus, ce Jésus si grand va venir au milieu de nous et qu'Il nous expliquera pourquoi il afait cette démarche de venir ainsi parmi nous, Il nous dira : « Je suis venu pour mettre le feu à la terre et ma joie c'est de la voir brûler, de la voir s'embraser ! » (St Luc ch.12 v.49). Le voilà la divin pyromane !...

Un Christianisme froid !... Alors ce n'est plus l'Evangile !

Et de fait lorsque le Seigneur va envoyer à ses apôtres au jour de Pentecôte le don suprême qu'Il leur a mérité par sa Passion, par ses souffrances, par sa mort sur le Calvaire lorsqu'Il leur enverra l'Esprit Saint, lorsqu'Il les baptisera dans l'Esprit, c'est sous la forme de langues de feu que cet esprit va prendre possession de leurs cœurs et les Apôtres vont sortir du Cénacle tellement enthousiastes, tellement exaltés que les gens disent : « Mais, ma parole, ces gens sont pris de vin, ils sont saouls, ils sont ivres ! » (Actes, ch 2, v.13)

Et lorsque nous feuilletons les passages de l'histoire des Apôtres qui nous parlent de ces premières communautés chrétiennes, lorsque même nous lisons les lettres qui nous restent encore des premiers siècles chrétiens, ce qui frappe, c'est que dans toutes les assemblées chrétiennes, c'était l'allégresse, c'était l'enthousiasme, c'était la joie, et ces chrétiens n'avaient pas assez de mots pour exalter et chanter leur chef Jésus-Christ !

Quelle différence !

Si l'on veut nous faire un christianisme froid, qu'on le dise carrément, mais ce n'est plus le christianisme de Jésus-Christ et nous ne pouvons pas permettre que l'on sabote comme cela son message.

Il ne s'agit certes pas d'une exaltation qui friserait l'hystérie, il ne s'agit pas, certes, d'un enthousiasme qui serait purement sentimental ! Il faut que notre enthousiasme, que notre exaltation, nous soyons capables d'en expliquer les raisons à qui nous les demande. C'était ce qu'exigeait saint Pierre des premiers chrétiens (1ère Epître de St Pierre, ch. 3, v. 15). Il faut asseoir notre foi sur des bases intellectuelles et scientifiques solides. Mais ensuite, lorsqu'on est vraiment convaincu de la vérité de cet Evangile de Jésus-Christ, lorsqu'on est vraiment convaincu que ce Christ, que tout le monde reconnaît aujourd'hui comme un surhomme, est encore bien plus que cela pour nous, qu'il est vraiment notre Dieu, qu'il fait pour nous cette folie de tendresse de venir jusqu'à nous, comme voulez-vous que l'on reste froid ? Ce n'est pas possible.

Je suis navré de voir tous tes groupes de jeunes qui ont soif d'idéal, qui ont soif de chaleur et qui se réunissent et forment des petites communautés qu'on appelle des communautés ou des églises "sauvages", à côté de la grande Eglise de Jésus Christ !... Pourquoi ? Interrogez-les... ils vous répondront que justement dans cette grande Eglise ils n'ont pas trouvé la chaleur, l'enthousiasme dont ils rêvaient et ils sont partis les chercher ailleurs !... Il n y a pas si longtemps je recueillais cet aveu qui m'a fait mal de la part d'un fiancé que je préparais au mariage et qui avait quitté la religion catholique dans laquelle pourtant il avait été baptisé alors qu'il était déjà grand : il l'avait quittée pour passer à la secte des Mormons.. Pourquoi ? Parce que là il avait senti une chaleur ! parce que là il avait senti une amitié ! parce que là il avait senti un enthousiasme !... Alors on va avoir le culot de nous dire qu'aujourd'hui il nous faudrait une religion froide... Quel scandale !

 

Chers amis, elle est trop froide notre religion, en effet. Il faut tisonner la flamme.

Mais comment va-t-on la tisonner cette flamme pour qu'elle reparte et suscite de nouveau la joie, le rayonnement, la lumière ?

Eh bien ! ces coups de tisonnier ce sont d'abord les sacrements qui vont nous les donner.

Et tout d'abord par dessus tout, notre messe dominicale... Si, lorsque nous quittons notre église le dimanche, nous sommes aussi froids que lorsque nous y sommes entrés, c'est raté ! Et c'est sans doute parce que n'avons pas su découvrir le fond de ce mystère de l'Eucharistie, le fond de ce mystère de la messe. Si vraiment tout au long de notre messe nous entendons dans notre cœur comme en un écho cette parole de Jésus : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime ! » et si nous prenons conscience qu'à chaque messe, non seulement nous évoquons cette folie de Jésus, Fils de Dieu, envers nous mais qu'à chaque messe cette folie se renouvelle sous nos yeux, comment voulez-vous que l'on reparte avec le cœur froid et non pas plutôt avec la flamme dans le cœur et le désir de mettre le feu autour de nous ?

Ce qui vient tisonner notre flamme, mes frères, c'est encore le sacrement de pénitence. Le sacrement de pénitence, ce n'est pas un tribunal. Le sacrement de pénitence, c'est un coup de tisonnier. Chaque fois que nous fautons, que nous tombons, c'est justement parce que notre flamme d'amour pour Dieu, pour le prochain n'a pas été assez forte pour vaincre le froid, le froid de notre égoïsme ! Alors pour requinquer cette flamme, pour lui permettre de repartir avec plus de ferveur, nous venons, dans ce sacrement, implorer la miséricorde divine, la supplier de nous inoculer un amour plus fort...

Et par-dessus tout qu'est-ce que l'Eucharistie, qu'est ce que la communion au Corps même de Jésus-Christ, à l'Amour même de Jésus-Christ si ce n'est le désir de mettre dans notre propre cœur les sentiments qui animaient le cœur de Notre Seigneur ?... Vous croyez qu'il était froid ce Cœur-là ?…

Ce qui vient encore tisonner cette flamme mes frères — on l'a trop oublié et il faudrait nous le rappeler peut être pendant le temps de l'Avent qui est le temps du recueillement — ce qui vient tisonner notre flamme c'est la méditation !

 

Je suis très frappé par l'exemple, par la façon de faire de ce saint — je crois que le qualificatif n'est pas exagéré — ce saint que fut l'Abbé Godin qui pendant si longtemps a été l'aumônier de l'action Catholique ouvrière. Ce Père Godin, il voulait lancer ses jeunes, ses militants à l'assaut du monde d'abord pour conquérir des cœurs à Jésus-Christ. C'est cela qu'il voulait d'abord. Il ne s'agissait pas pour lui de les lancer au nom d'une certaine philanthropie, d'un certain socialisme pour améliorer le sorte purement humain, purement temporel sur cette terre ; il voyait beaucoup plus loin ! et plus profondément ! Il descendait à la racine ! L'amour de Jésus-Christ dans ces cœurs, il savait bien que ce serait irrésistible et que ça ferait éclater toutes les structures d'oppression, toutes les structures injustes... Alors pour attiser cet amour, cette flamme dans le cœur de ses militants que faisait il ce cher Père Godin ? Il leur demandait quelques minutes de méditation quotidienne ! Et il a écrit des petits livres admirables dans lesquels il y avait une méditation pour chaque jour de l'année. A ces petits livres il avait donné pour titre : « Le levain dans la pâte » Quelle ferveur ! Lui il avait compris que dans la mesure où ces jeunes se remettraient devant les yeux l'idéal du Seigneur, son idéal de fraternité, son souci de faire découvrir à chacun de ceux qu'ils rencontreraient leur dignité sublime de fils de Dieu, il avait compris que dans la mesure où il mettrait devant ces jeunes, devant leurs yeux la physionomie de Jésus-Christ, ces gars et ces filles seraient passionnés pour Lui. Lorsqu'on admire quelqu'un, cette admiration devient contagieuse ! A ce moment-là, on essaie de l'imiter ! Ces jeunes, ces militants, il savait que c'était comme cela qu'ils deviendraient des sosies de Jésus-Christ et qu'à leur tour, ils seraient des "sauveurs" ! Et alors... différence sensationnelle, ces gars-là, ils partaient avec la joie au cœur avec un optimisme formidable. Ceux de ma génération, et même ceux qui sont plus jeunes ont pu voir cette joie et cette ferveur.

Aujourd'hui trop souvent quand on voit la physionomie de militants, de gens engagés comme l'on dit, on les sent inquiets, torturés, angoisses, tendus... parfois presque haineux ! Jamais on ne peut rire avec eux à cœur déployé comme des gosses… joyeux ! Et cela aussi c'est une caricature du christianisme. Saint Paul vient de le dire hein ! ... Il est enfermé, il est sous les verrous et à ses Philippiens il dit : « Que votre sérénité frappe tout le monde ! » La sérénité qu'est-ce que c'est ? C'est la joie et la paix. C'est la combinaison de ces deux vertus-là qui fait que les gens ont un visage serein, un soleil sur leur visage, dans leur cœur et cette flamme c'est l'amour, la passion pour le Christ, c'est son Esprit qui possède tous ces gens-là. C'est tout différent. Des soucis nous en avons tous, des inquiétudes, des angoisses devant ce monde qui s'écroule et qui crève parce qu'il n'a plus d'âme, on les ressent ! Mais, dit saint Paul, tout cela jetez-le dans le cœur de Dieu ! Vous avez fait tout ce que vous pouviez, eh bien ! maintenant à Dieu de jouer sa carte ! Et si vous avez assez de foi dans la puissance divine, vous devez être bien convaincus tout de même que c'est le bien qui l'emportera et que c'est la Résurrection qui est le point final : On le sait ! Alors… pourquoi ces visages angoissés ? Pourquoi se poser tout le temps des problèmes ? Maintenant, quelqu'un qui n'a pas de problèmes n'est pas intéressant ! Ah ! et ces problèmes, on ne se les pose pas pour les résoudre... Si jamais vous leur trouvez une solution, vous êtes exclu ! Il faut rester dans le problème, il faut rester dans l'angoisse ! Eh bien ! si c'est cela leur religion, leur religion froide, moi, je n'en veux pas ! Et je comprends que nos jeunes déguerpissent tant de jambes qu'ils ont, de nos églises et de notre religion ; ils ont bien raison parce que ce n'est pas ce que Jésus-Christ a voulu ! C'est raté ! C'est l'antipode !

Ce qui fait plaisir tout de même c'est de voir qu'aujourd'hui il y a tant de jeunes qui se réunissent sous le souffle de Jésus-Christ. Que font ils dans ces réunions de prières qui durent au moins une heure ? Ils chantent Jésus-Christ ! Tout ce qui leur passe par la tête pour exalter le Seigneur ils le clament ! Ils ont tellement découvert la beauté de Jésus-Christ qu'ils n'ont pas assez de mots assez de louanges à son endroit. C'est exactement comme les premiers chrétiens C'est exactement comme saint Paul dans ses épîtres, c'est exactement comme les réunions qu'il y avait au temps des apôtres où on ne passait pas son temps à geindre sur les malheurs des temps mais à exalter le Seigneur, le Sauveur ! Ça c'est puissant ! parce que ça attise une flamme. Comment voulez vous qu'après ces jeunes quand ils sortent de là ne mettent pas le feu ?... c'est là que l'on va créer des incendiaires ! Et quand il y aura dans chaque cœur humain la véritable charité de Jésus-Christ, cet oubli de soi pour les autres, ce dévouement, cette joie à se dévouer pour les autres, la partie est gagnée ! Ça y est ! Et tout le reste, les structures, on va en faire et en refaire, ça s'écroule, ça recommence et il y aura toujours des gens assez malins pour les tourner. Hum ! Si vous ne changez pas les cœurs à quoi bon ? Et ce qui change le cœur c'est la présence de l'Esprit du Seigneur.

 

Eh bien ! voilà ces quelques mots que je voulais vous dire aujourd'hui mes frères. Oh ! n'ayons pas une religion froide ici je vous en supplie. Que nos réunions du dimanche soient encore plus emballantes qu'on en reparte gonflés ! Les réunions de vrais chrétiens c'est comme ça. Et puis ensuite employons tous les sacrements comme tisonniers pour faire monter la flamme. Pourquoi pas un petit brin de méditation en ce temps de l'Avent ? Pas besoin que ce soit long mais que ce soit bon !

Enfin tous nos soucis, tous nos tracas, toutes nos inquiétudes, toutes nos angoisses, que tout soit jeté dans le cœur du Seigneur, dans le cœur de sa tendresse avec une confiance illimitée en sa puissance et en son amour.

 

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