SOMMAIRE DE L'HOMELIE
Jésus ressuscité sacralise tous les gestes
faits par une maîtresse de maison quand elle "reçoit"...
le marché... la préparation et la
cuisson des aliments... le service des convives...
Triple profession d'amour de Pierre pour le Christ...
Pour effacer son triple reniement...
Nos défaillances nos péchés : éclipsent
notre amour du Christ ou l'éteignent.
Ils ne peuvent être réparés
que par un renouveau de cet amour... c'est un amour surnaturel donc recours
aux sacrements...
Cette profession d'amour de Pierre pour le Christ, elle
sera scellée, Jésus le sait, par son Martyre...
Profondeur de conviction et d'amour que suppose le martyre... Ce martyre des Apôtres empêche nos adversaires de mettre en doute leur bonne foi...
Et nous ? osons-nous affirmer notre foi et notre amour devant le tribunal de nos camarades ?...
Grâce à cet amour de Pierre pour Lui, Jésus peut lui confier ce qu'Il a de plus cher : ses brebis.
Cet amour est pour Jésus la garantie que Pierre ne les Lui volera pas...
Notons :
1°) que Jésus charge Pierre de paître "son" troupeau... donc c'est bien des chrétiens, des disciples du Christ qu'il devra s'occuper...
2°) que si cette charge sera transmise aux presbytres, seul Pierre a la charge de "tout" le troupeau, brebis et agneaux... comme il est seul le roc sur lequel repose toute l'Eglise et qui lui donne sa solidité...
Remercions Dieu d'avoir donné à un de nos
frères chrétiens le charisme de vérité...
Rallions-nous autour
de lui dans la tourmente actuelle...
Remplissons le rôle de "pasteur" dans la
mesure où il nous incombe, par amour du Christ...
AUJOURD'HUI JESUS RECOIT !... Je dis bien : il y a réception chez Jésus-Christ !...
Ménagères, maîtresses de maison, écoutez bien : tous les humbles gestes que vous faites lorsque vous "recevez" du monde, voici qu'ils vont être sacralisés car Jésus, Jésus ressuscité, les a faits.
Nous sommes tout près du lac. Au petit matin Jésus va attendre sur la grève le retour des pêcheurs de leur nuit de pêche, telles les maîtresses de maison qui, au petit matin, se rendent sur le quai pour accueillir la flottille des pêcheurs à son retour pour avoir du poisson tout frais !
La conversation s'engage avec cette bonhomie, cette simplicité qui règne dans ce monde des pêcheurs : « Ohé ! les gars ! Avez-vous du poisson ? – Non, rien ! bredouilles ! » La réponse est lancée sur un ton si désabusé que le "client" veut remonter le moral de ces travailleurs : « Un conseil : jetez donc à droite et vous allez trouver !... » C'est le courant de sympathie qui circule entre le client fidèle et le marchand choisi, attitré... « Bah ! Qui sait ? » – quand on est découragé, tous les conseils sont bons, surtout quand ils sont donnés par quelqu'un qui a l'air de sympathiser si fort avec tous vos ennuis ! – « Qui sait ? peut-être de la grève aperçoit-il un ban de poissons, ce client si sympathique ? » L'équipage jette le filet et...c'est une réédition de la pêche miraculeuse... Quelle joie ! quel bonheur ! une excellente provende, mais aussi quels souvenirs ! Pour Pierre et Jean en particulier, elle leur revient en mémoire cette autre pêche le jour où, après tout un travail de nuit aussi stérile, Jésus avait commandé à Pierre : « Pousse au large et jetez vos filets ! »... et cela avait été merveilleux. Surtout, surtout, c'est ce jour-là que Jésus leur avait lancé son appel, c'est ce jour-là que Jésus avait révélé à ces deux Apôtres leur vocation de pêcheurs d'hommes : « Ne crains pas, Pierre, désormais ce sont des hommes que tu prendras ! »... Ils ont compris tous les deux, Jean d'abord, Pierre ensuite : « C'est sûrement le Seigneur ! »... et hop ! avec sa spontanéité coutumière, Pierre se jette à l'eau après avoir noué un linge autour de ses reins afin d'être plus décent pour approcher du Maître... Les autres suivent, ramenant la barque et le filet rempli de poissons...
Jésus est bon campeur ! Il a fait un feu sur la grève. Sur de belles braises il y a du poisson qui frit : « Venez déjeuner ! » Mais auparavant, Jésus suscite chez eux ce geste que l'on considère aujourd'hui comme un geste de politesse et qui consiste à apporter son écot quand on est invité quelque part : « Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre ! »... et c'est Lui qui les sert. On dut manger de bon appétit : ça vous creuse, une nuit de travail ! et quelle joie (dans le cœur des disciples durant ce breakfast avec Jésus-Christ !)
Après le déjeuner, un brin de promenade autour du lac... « Pierre, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » interroge Jésus. « Pierre, m'aimes-tu ? » répète-t-il. « Pierre, m'aimes-tu ? »... Ces trois questions ne peuvent pas ne pas en évoquer pour l'Apôtre trois autres : « N'es-tu pas un disciple, un partisan de cet individu ? »... Puissent les trois réponses affirmatives d'aujourd'hui effacer de la mémoire et du cœur du Maître les trois négations de cette nuit de panique où Pierre n'avait pas osé se déclarer pour Jésus-Christ arrêté, enchaîné, jugé et condamné ! Avec quelle ferveur, mais aussi avec quelle humilité, il le dit son "flou" aujourd'hui, le brave Pierre : « Oui, Seigneur ! tu sais que je T'aime ! » Il n'ose plus dire : « plus que ceux-ci, plus que les autres », car autrefois il avait dit : « Quand bien même tous te lâcheraient, moi, jamais » et ... il avait lâché ! « Seigneur tu sais tout, tu sais bien que je T'aime ! »
Pour nous aussi, toutes nos défaillances, toutes nos fautes, tous nos péchés sont en définitive des éclipses de notre amour du Christ. Elles ne peuvent être effacées, réparées que par un renouveau de notre amour pour Lui. Et, puisqu'il s'agit d'un amour surnaturel qui dépasse nos forces humaines, il nous faut le quémander auprès du Seigneur et, une fois encore je le redis, employer les moyens qu'Il a lui-même mis à notre disposition pour rallumer ou raviver cet amour. C'est le rôle des sacrements et notamment du sacrement de pénitence quand notre faute a été si grave qu'elle suppose l'extinction de cet amour en notre cœur.
« Seigneur, Tu sais tout, Tu sais donc bien que je T'aime ! » a dit Pierre navré à la pensée qu'après son triple reniement, Jésus puisse peut-être maintenant douter de son amour... Et Jésus va le rassurer, le consoler. Il sait si bien que désormais c'est vrai, que le brave Pierre L'aime pour de bon, Il le sait si bien que, pour le lui montrer, Il lui annonce par avance que cet amour ira jusqu'au martyre : « Quand tu étais jeune, Pierre, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais, mais quand tu auras vieilli, un autre te ceinturera et te conduira où tu ne voudrais pas aller et tu étendras les bras ! » L'apogée de l'amour de Pierre pour son Maître, ce sera cette croix à laquelle on le traînera, sur laquelle, comme Jésus et pour Jésus, il étendra les bras ! En 64, lors de la persécution de Néron, à Rome, Pierre sera crucifié. La Tradition, rapportée par Eusèbe, saint Jérôme et saint Jean Chrysostome, nous dit même qu'il fut crucifié la tête en bas parce qu'il ne s'estimait pas digne de l'être comme le Christ
Le martyre ! Mesurons-nous, mes frères, tout ce qu'il suppose comme force de conviction et d'amour ? N'oublions pas que le témoignage des Apôtres a été signé de leur sang. C'est le cas de rappeler la phrase de Pascal : « Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger. » (cf. Pascal, Pensées, art. XXIV n°46, éd. Havet). Aussi bien – je vous le disais le jour de Pâques devant ce témoignage du martyre – on n'ose plus aujourd'hui mettre en doute la bonne foi des Apôtres.
Et nous, aurions-nous le courage d'encaisser pour le Christ, disons simplement, ces sévices dont parlaient tout à l'heure les Actes des Apôtres ? Devant le simple tribunal de nos camarades d'école, de lycée ou de travail devant lequel nous comparaissons presque journellement, avons-nous assez de courage pour proclamer notre foi et notre amour du Christ sans nous laisser intimider ni par leurs moqueries, ni par leurs menaces, ni par leurs représailles ?... Pierre, pour le Christ, a été jusqu'à accepter, lui aussi, la crucifixion. Jésus ne l'avait-il pas acceptée pour lui ? Oui, les Apôtres n'ont pas cru ni aimé le Christ à la légère. Encore une fois mesurez donc quelle conviction, quelle foi, quel amour il leur a fallu pour endurer pour Lui tout ce qu'ils ont enduré !...
Puisque Pierre proteste ainsi de son amour pour Lui, puisqu'il le Lui montrera – Jésus le sait déjà – par son martyre, le Seigneur peut confier à son Apôtre ce qu'Il a de plus cher ici-bas : ses brebis, son troupeau (St Jean, ch.10, v. 29), cette Eglise qu'Il s'est acquise par son sang (Actes des Apôtres, ch.20, v.28) « Fais paître mes agneaux, fais paître mes brebis ! »... Jésus peut être tranquille, Pierre s'en occupera avec tout l'amour qu'il a pour son Maître. Cet amour, c'est la garantie pour le Christ du souci qu'aura son "vicaire" de rester bien fidèle à son enseignement, de le transmettre scrupuleusement. Quand on admire, quand on aime quelqu'un, tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il a pu demander, c'est sacré ! Celui qui ne serait pas un passionné du Christ risquerait de se substituer au Christ, de conduire les âmes à lui au lieu de les conduire au Christ, de leur inculquer ses propres idées au lieu de celles du Christ, bref il risquerait de les lui voler... La sollicitude que Pierre aura pour ce troupeau que le Christ lui a confié, la sollicitude que Pierre aura pour ce troupeau qui est ce que le Christ a de plus cher ici-bas, cette sollicitude sera encore un moyen pour Pierre de dire son amour à Jésus.
Ici nous noterons deux choses :
D'une part Jésus donne à Pierre la responsabilité, la charge de "son" troupeau, de "ses" agneaux, de "ses" brebis, de ses brebis qui, dit-Il, écoutent sa voix et le suivent (St Jean, ch.10,v.4-5,v.8,v.14). C'est donc bien la charge de ses suiveurs, de ses disciples, de ses chrétiens que Jésus a confiée à Pierre. J'aurai l'occasion de revenir sur cette idée dans les dimanches qui vont suivre ceci à l'encontre de la thèse que l'on cherche à accréditer aujourd'hui et d'après laquelle les prêtres n'auraient pas à s'occuper des chrétiens, des paroissiens, mais seulement de ceux qui sont encore en dehors de l'Eglise ! Ceux-là même, disait le Christ dans sa parabole du Bon Pasteur, il faut que je les amène au bercail ...
L'autre remarque, c'est que ce pouvoir de « paître l'Eglise de Dieu que le Christ s'est acquise au prix de son sang » (Actes des Apôtres, ch.20,v.28), il se transmettra : j'aurai aussi l'occasion de le souligner, textes scripturaires à l'appui, dans les dimanches à venir. Mais notons-le, ce pouvoir, les "presbytres", c'est-à-dire les prêtres auxquels les Apôtres le transmettront, ne l'exerceront que sur la partie du troupeau qui leur sera confiée. Jésus donne à Pierre la responsabilité de tout son troupeau : agneaux et brebis et Il la donne à Pierre seul, et non à Jean qui pourtant était "le disciple que Jésus aimait" et qui était là, le texte que nous avons lu le dit expressément. De même c'est Pierre seul que Jésus avait chargé, une fois converti, d'affermir ses frères (cf. St Luc, ch. 112,v.32). C'est bien du reste ce rôle d'affermissement, de solidification que signifiait le surnom de "Pierre" que Jésus avait donné à Simon. « Je te dis que tu es Pierre – ou Roc – et sur cette pierre, sur ce roc, je bâtirai mon Eglise et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle ! » (St Matthieu, ch.16,v.16)
Comme il est réconfortant, disait dernièrement un pasteur protestant, de savoir que dans la communauté des chrétiens il y a un frère qui reçoit de Dieu le charisme de vérité, afin que nous ayons la garantie de recevoir de lui la pâture authentique du Christ, afin qu'en suivant son enseignement nous soyons sûrs de suivre le Christ, d'être dans son troupeau, afin qu'à travers ce frère nous soyons sûrs d'entendre la voix du Christ : « Mes brebis écoutent ma voix, disait Jésus, elles ne suivront pas un étranger parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » (St Jean, ch.10,v.5 et 16).
Dans le désarroi actuel de l'Eglise, rallions-nous, mes frères, plus que jamais autour de Pierre, autour du Pape : c'est à lui que Jésus a donné la charge et la grâce par conséquent de paître son troupeau... de le conduire vers les bons pâturages, de lui assurer une nourriture saine, de nous transmettre par conséquent son enseignement authentique.
Chaque année, la parabole du Bon Pasteur me donne l'occasion de souligner à l'adresse de tous ceux et celles auxquels le Christ fait l'honneur de confier, à un titre ou à un autre, une partie de son troupeau, comment nous ne devons pas exercer notre ministère en mercenaires, pour notre profit personnel. Par exemple nous ne devons pas nous occuper des enfants de nos catéchismes ou de nos groupements simplement pour avoir la satisfaction de pouvoir savourer l'affection ou la confiance de ces enfants, encore moins pour avoir la satisfaction d'exercer sur eux une certaine autorité.
Saint Pierre lui-même mettait en garde les presbytres qui étaient à la tête des communautés chrétiennes contre ce danger. Il leur écrivait : « Faites paître le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillez sur lui non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur non pas en faisant les grands seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. » (1re Epître de St Pierre, ch. 5, v. 2-4)
Oui, le meilleur test que nous ayons que notre ministère est vraiment commandé par notre amour du Christ, c'est lorsque nous sommes les premiers à faire ce que nous demandons aux autres. Cela prouve, en effet, que nous pactisons pleinement avec ce que le Christ demande, que pour nous, c'est notre règle de vie, notre idéal !