Année C – 7ème dimanche de Pâques


Retour au menu 

 

SOMMAIRE DE L'HOMELIE

 

Les enfants se glorifient de leur père...

 Jésus n'a pas voulu se réserver jalousement sa gloire de Fils de Dieu... Il veut, dans toute la mesure du possible, nous y faire participer...
Quel honneur cela est pour nous ! (Texte de St Augustin).

Comment arriver à cette participation ?

- Dieu nous purifie par le baptême et nous donne son Esprit...
- Aidés par cet Esprit Saint, nous devons calquer nos pensées, nos sentiments et nos actes sur ceux de Jésus, de manière à devenir ses sosies...

 Résultats :

- Dieu nous "englobe" dans l'amour qu'Il a pour son Fils (exemple...)
- Nous aurons le droit d'être là où Il est Lui-même : nous sommes ses cohéritiers...
- Une unité profonde se crée entre nous...

= Du fait que nous nous calquons tous sur le Christ, il y a une physionomie de famille facilement reconnaissable...

= Cette physionomie apparaît comme surhumaine, surnaturelle, et décèle l'origine divine de "l'original", c'est-à-dire du Christ...

 


HOMELIE

 

" MON PAPA A MOI... il est fort ! ... tu verrais ça ! "

" Et le mien, il est très intelligent, très savant... c'est un ingénieur..."

Le troisième : " Le mien, il a plein de décorations ... c'est un officier, un soldat ! "

Vous avez tous entendu, mes frères, ces discussions de gosses où chacun, en parlant de son père, essaie de renchérir sur le copain pour avoir une raison d'être encore plus fier que lui de son père, fier d'être le fils d'un tel père.

Jésus, Lui, vous venez de l'entendre, n'a pas voulu se réserver de façon exclusive sa gloire de Fils de Dieu, la gloire, la fierté d'avoir Dieu Lui-même pour Père : Il a voulu, dans toute la mesure du possible, nous associer à cette gloire, à cette fierté, comme Il veut nous faire communier, vous l'avez entendu également, à l'amour que le Père a pour Lui, comme Il veut que nous communions à la joie qu'Il goûte auprès du Père  : " Je veux que là où Je suis, mes disciples soient avec Moi... Je leur ai donné la Gloire que tu m'as donnée ... Je leur ai révélé ton Nom (ton Nom de Père) pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux !".

Voilà ce que Jésus demande pour nous tous, les croyants, dans cette prière d'action de grâces, après la première de toutes les messes, le Jeudi Saint.

La fierté de notre adoption divine ! Nous glorifier d'avoir pour Père, Dieu Lui-même !... Ecoutez ce que disait St Augustin : " Quel ne serait pas son bonheur si on venait dire à un pauvre exilé qui ne connaît ni sa famille, ni sa race, et qui se trouve dans le dénuement complet, dans la pauvreté, la peine et la misère, quel ne serait pas son bonheur si quelqu'un venait tout à coup lui dire  : " Tu es fils d'un sénateur, ton père dispose en ta faveur d'un riche patrimoine. Viens, Je te ramène à ton père !". Comme il bondirait de joie, ce pauvre homme, s'il était sûr que c'est bien vrai et que celui qui lui fait de si belles promesses lui dit bien la vérité  ! Eh bien ! l'Apôtre du Christ, qui n'est pas un menteur, est venu et il nous a dit : " Pourquoi vous désespérer, pourquoi vous affliger comme ça, pourquoi vous consumer de chagrin, pourquoi tomber dans la misère en suivant vos mauvais instincts ? Vous avez un Père, vous avez une patrie, vous avez un patrimoine, un riche héritage. Quel est donc ce Père ? Mes bien-aimés, nous sommes les fils de Dieu !" (St Augustin, Commentaire sur les psaumes).

Quel honneur ! quelle gloire ! quelle chance : avoir Dieu Lui-même, le Dieu Infini, comme Père C'est la Gloire, la fierté de Jésus-Christ, c'est la notre puisqu'Il a bien voulu nous faire participer à sa divine filiation.

 

Comment cela ?

Eh bien ! nous le savons, tous les textes des apparitions de Pâques nous le rappelaient, Jésus est mort pour obtenir pour nous le pardon de nos fautes.

Ce pardon de Dieu, il nous est signifié et accordé au départ par le baptême. Dieu "passe l'éponge" sur toute notre vie passée parce que Jésus lui a demandé de pardonner à ceux qui voudraient bien le suivre, qui voudraient bien être ses disciples, et que le Père ne pouvait rien lui refuser après cette Passion et ce Calvaire qu'Il avait endurés " pour que le monde sache à quel point Il aimait son Père et à quel point Il lui obéissait." (St Jean, ch.14,v.30).

Mais ce n'est là que l'aspect négatif de notre adoption divine. Dieu ne s'est pas contenté de nous pardonner nos fautes, Il nous a donné "son" Esprit, l'Esprit Saint. C'est encore Jésus qui nous a mérité cet envoi, cet octroi de l'Esprit Saint : Il le dira dans tous les textes que nous lirons au jour de la Pentecôte.

Désormais aidés, conduits par cet Esprit qui est l'Esprit du Père, mais aussi celui du Fils, celui de Jésus, il s'agira pour nous de nous calquer sur Jésus lui-même, sur le propre Fils de Dieu, pour lui ressembler de plus en plus, de mieux en mieux. St Paul nous le dit : " Dieu nous a destinés à être conformes .à l'image de son Fils, pour qu'Il soit un premier-né parmi de nombreux frères !" (Romains, ch.8,v.29). Aussi il demande aux Philippiens d'avoir "les mêmes sentiments qui furent dans le Christ-Jésus (Philippiens, ch.2, v.5). Ainsi on devra retrouver dans chaque chrétien, "un petit quelque chose" de Jésus-Christ, une ressemblance avec Jésus-Christ et, dans la mesure où nous ressemblerons au Christ, dans la mesure où nous deviendrons ses sosies, Dieu nous "englobera" dans l'amour qu'Il a pour son propre Fils. Ainsi se réalisera la prière de Jésus à son Père : "Que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux  !" (St Jean, ch.17, v.26).

Je crois bien vous avoir déjà parlé de Madame Chapuis ... Madame Chapuis, c'était la cuisinière d'une de nos colonies de vacances. Or, j'avais remarqué que cette brave maman avait un petit faible pour l'un de nos moniteurs qui s'appelait "frère Placide"... La taquinant un jour, je lui dis : " Madame Chapuis, hein frère Placide, c'est un peu votre chouchou !" Et la brave maman me répondit  : " Oh ! mon Père, si vous saviez comme il ressemble à mon fils  !" Son fils ? pauvre maman ! à la fin de la guerre, il avait été abattu sauvagement sous ses yeux ! Alors, frère Placide ressemblant à son fils, elle l'aimait du même amour de prédilection...

La réaction de cette maman, c'est la réaction même de Dieu ! Dieu nous enveloppe de la même tendresse infinie dont Il entoure son propre Fils dans la mesure où nous lui ressemblons  ! C'est inouï, formidable !...

Et dès lors se réalisera aussi cette autre demande du Christ Ceux que Tu m'as donnés, mes disciples, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi (St Jean, ch.17,v.24). Comme je vous le disais le jour de l'Ascension, disciples, sosies du Christ, nous auront droit à partager son propre héritage. Comme le dit St Paul, toujours dans ce même chapitre de l'Epître aux Romains (ch.8,v.17) : " Nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ." Avec Lui nous partagerons le même héritage, la même gloire, le même bonheur infini !

Et voici une troisième conséquence de ce souci que doivent avoir tous les enfants adoptifs de Dieu de reproduire le plus parfaitement possible l'image du Fils de Dieu Lui-même : cela va créer entre nous une unité que Jésus compare à celle qui existe entre son Père et Lui. Oui ! ce qui doit nous souder entre nous au point de ne faire qu'un, qu'un seul corps, c'est non seulement, comme on le dit souvent à très juste titre du reste, l'amour, l'amitié qui nous unit, mais aussi notre idéal commun. Et quel est cet idéal vers lequel doivent être tendus tous les chrétiens, tous les disciples du Christ ? reproduire dans notre vie les traits de Jésus-Christ, être conformes au "Premier-Né".

De même que le Père se retrouve en son Fils qui est son image substantielle (cf. lère aux Corinthiens, ch.11,v.7 - Colossiens, ch.l, v.15), de même, sans prétendre toutefois, c'est évident, à une identité de nature, on devra dans les chrétiens retrouver le Christ Toi en Moi et Moi en eux." disait Jésus.

Essayant de nous calquer tous sur ce même "prototype", si je puis ainsi dire, essayant de ressembler de plus en plus au Christ, il v aura entre nous tous une certaine "physionomie de famille"... Tous, nous nous construirons sur le même gabarit...

Or il n'est pas possible que ce groupe de gens qui cherchent à se calquer sur le Christ passe inaperçu... Ce dénominateur commun devra lever les yeux... et créer entre eux une homogénéité... une homogénéité surnaturelle ... C'est-à-dire que, dans la mesure où les chrétiens essaieront d'être d'autres Christs, sosies de Jésus-Christ de mieux en mieux réussis, ces gens-là trancheront nécessairement sur le commun des mortels... Ils ne seront pas comme les autres et les gens qui les verront, qui les fréquenteront, seront bien obligés de se demander : " Comment se fait-il qu'ils soient si différents des autres, comment se fait-il que chez eux on trouve un tout autre esprit ?" Alors on sera obligé de remonter à l'épure, au gabarit... et de reconnaître une fois de plus que ce Christ dépasse, transcende l'humain... Ainsi se réalisera une autre demande du Christ, en ce soir du Jeudi Saint : " Que tous les croyants (à la prédication des Apôtres) soient un comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi... afin que le monde croie que Tu m'as envoyé ... Moi en eux et Toi en Moi pour qu'ils soient parfaitement un et que le monde sache que Tu m'as envoyé..." (St Jean, ch.17, v.21-23).

En sommes-nous là, mes frères ?

L'amitié qui nous unit est-elle si forte, si extraordinaire qu'elle soit comme une réplique humaine à la tendresse infinie qui existe entre le Père et le Fils ? L'amitié qui existe entre nous est-elle si forte, si extraordinaire qu'elle oblige ceux qui en sont les témoins à se demander si notre fondateur, qui a su susciter une telle charité, ne serait pas l'Envoyé de Dieu ? ...

Notre souci d'imiter, de copier le Christ, est-il si fort qu'il crève les . ,eux de tous ceux qui nous voient et est-ce que ce souci aboutit à une façon de vivre, a une physionomie de famille si peu ordinaire, si belle, qu'elle donne à penser que ce Christ, sur lequel visiblement nous essayons de nous calquer, doit être l'Envoyé de Dieu ?

Aujourd'hui, si vous le voulez bien, restons sur ces questions  : qu'elles nous poursuivent tout au moins au cours du Saint Sacrifice...

 

Haut de la page