Année C – Assomption de la Vierge Marie


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

La Vierge a détruit tous les préjugés qui empêchent de vivre à fond notre religion = l'union à Dieu...

Beauté de la Vierge Marie
reconnue par l'ange...
par Bernadette...
par nous tous...

D'où lui vient cette beauté inégalable ?
De la présence de Dieu : "Le Seigneur est avec Toi !"

Cette présence de Dieu, nous pouvons le constater  :

- transfigure même les corps... toute la vie...
- épanouit et exalte toutes nos facultés  : intelligence et coeur...

Cette présence de Dieu, loin de nous recroqueviller sur nous, nous ouvre aux autres, nous rend attentionnée à eux.

Exemple de la Vierge :

- Malgré tout ce qui a pu lui en coûter, elle a accepté de nous donner "Le" Sauveur...
- Elle pense que sa cousine a besoin d'aide et ... elle part.
- A Cana, elle devine l'embarras des mariée et intervient.

Ces exemples nous montrent aussi que la Présence de Dieu ne rend pas irréalistes et "planeurs"...

- La Vierge à la fontaine...
- Marthe et Marie...
- La Visitation...
- Cana...

La présence de Dieu, la présence de la religion dans la vie ne rend pas triste :

"Réjouis-Toi, Marie", dit l'Ange...
Le "Magnificat'... "Mon cœur bondit de joie  !"

La Vierge apporte cette joie aux autres :
Jean-Baptiste dans le sein de sa mère...
Cana...

Conclusions :

- Demandons à la Très Sainte Vierge de nous enlever cette sotte de peur de mettre trop de religion dans notre vie...
- C'est avant tout à vous toutes femmes et jeunes filles chrétiennes maintenir dans notre mondé toutes les valeurs chrétiennes...


HOMELIE

REJOUIS-TOI, VIERGE MARIE ! A Toi seule tu as détruit toutes les hérésies dans le monde entier !

C'est un des refrains de l'office de la Sainte Vierge. Aujourd'hui je dirais volontiers : " Réjouis-Toi, Vierge Marie, à Toi seule tu as réduit à néant tous les préjugés contre notre foi, contre la pratique de notre religion chrétienne !"

A 19 siècles de distance, c'est le même ébahissement, le même cri d'admiration : " Tu es pleine de grâce, pleine de charme - avait dit l'Ange à la Vierge Marie au jour de son Annonciation - Tu es plus belle, plus bénie de Dieu que toutes les autres femmes du monde !

Et en 1854 : " Elle est plus belle que toutes les dames que je connais " disait Bernadette au Commissaire Jacquomet...

Et nous, nous répétons encore aujourd'hui : "Tu es toute belle, ô Marie ".

D'où vient donc cette beauté inégalée de la Vierge Marie, cette beauté de son corps et de son âme ?

L'Ange l'a dit : " Le Seigneur est avec Toi  !"

Assurément personne au monde n'a été si plongé en Dieu, si uni à Dieu, si imprégné de Dieu, si porteur de Dieu, que la Très Sainte Vierge Marie. C'était vrai déjà avant qu'elle ne conçut le corps du Fils de Dieu  : elle était unie à Dieu comme personne et, par la grâce qui en elle ne rencontrait aucun obstacle, elle était intimement unie à Dieu puisqu'elle Lui avait consacré, puisqu'elle Lui avait donné exclusivement tout son cœur, tout son être, toute sa vie, par son vœu de virginité. Et voici que par l'Incarnation, le Fils de Dieu vient habiter jusque dans son corps : elle devient l'Arche d'Alliance, le Temple même de Dieu ! Oui, aucune créature, ni au ciel ni sur terre, n'a jamais été aussi intimement unie à Dieu !

Eh ! bien, vous tous qui avez peur de vous unir trop étroitement à Dieu, vous tous qui avez peur de mettre dans votre vie trop de religion, c'est-à-dire selon le sens étymologique du mot trop de lien avec Dieu - " de la religion ! pas trop n’en faut !" - voyez Marie, notre maman du ciel : simplement par son attitude, par sa vie, elle fait tomber tous les prétextes de votre peur ... Voyez, regardez Marie : le premier effet, chez elle, de cette présence de Dieu, de cette union à Dieu, c'est sa beauté, sa beauté inégalée et inégalable, parce que cette union au Seigneur n'a jamais été égalée !

Que de fois, mes frères, je vous ai invités à comparer la physionomie d'une personne à l'âme pure et limpide avec celle du débauché ou de la fille dévoyée. Des deux, quelle est donc la plus belle ? quelle est la physionomie plus fraîche, plus jeune, plus rayonnante, plus épanouie ? Et alors, quand Dieu Lui-même entre dans cette âme limpide et claire, vous voyez ce que cela peut donner  ? Faites entrer le soleil dans un vase d'opaline et vous verrez comme ce vase s'illumine !

Cette présence de Dieu, elle rendait déjà lumineux le visage des saints et c’est cela que symbolise l'auréole dont nous les nimbons. Que dire alors de la sainte parmi les saints ?

Que de fois je vous ai parlé aussi de la beauté qu'introduisait dans notre vie la présence de Dieu ! Oui, quand Dieu entre dans une vie, cette vie en est toute transfigurée  ! Elle a un but, un but exaltant : monter de plus en plus haut, accroître de plus en plus notre ressemblance avec Dieu pour pouvoir un jour participer davantage à son propre bonheur, à son bonheur infini ! Notre devoir d'état quotidien n'est plus corvée fastidieuse, mais réalisation de la volonté du Père du ciel. Notre prochain devient pour nous image de Dieu. Nous intéressant avant tout à Dieu, nous sommes portés à relever davantage en Lui tout ce qui est reflet, rappel de la beauté divine, plutôt que ses limites et ses défauts  !

Toutes nos facultés en sont irradiés  : notre intelligence s'épanouit dans la foi qui lui permet de dépasser ses limites naturelles pour pénétrer dans le mystère même de Dieu !

Notre cœur s'élargit : comment un cœur dans lequel Dieu est entré pourrait-il rester étroit, recroquevillé sur lui-même ?

Encore une fois voyez les saints, voyez la Vierge Marie :

Unie si profondément à son Seigneur, elle sort totalement d'elle-même. Si elle a accepté, malgré tout, ce que Dieu a du lui faire entrevoir de ce qui lui en coûterait. ( "un glaive de douleur transpercera ton âme ", lui dira le vieillard Siméon au jour de la Présentation !), si elle a accepté d'être la Mère du Christ, c'est parce que cela l'emballait de donner un Sauveur, le vrai, le seul, à la terre ! " Tu concevras et mettras au monde un enfant, lui a dit l'Ange, et tu l'appelleras : "Jésus", c'est-à-dire "le Sauveur"...

Et à peine l'a-t-elle conçu, ce Sauveur, qu'elle s'empresse - l'Evangile de tout à l'heure nous le disait - d'aller aider sa cousine qui, l'Ange venait de le lui apprendre, attendait elle aussi un enfant ...

A Cana, elle usera de son pouvoir de maman pour dépanner les pauvres mariés qui n'ont pas prévu assez largement le vin pour les noces : elle obtiendra pour eux de son Fils qu'il devance l'heure de sa manifestation et fasse pour eux son premier miracle en changeant l'eau en vin.

Et remarquez combien cette Vierge mystique, si intimement unie à Dieu, est réaliste. Cette union au Seigneur ne l'empêche pas d'avoir les pieds sur terre. On vient de lui annoncer que sa cousine Elisabeth en est à son 6ème mois de grossesse. Elle réalise fort bien qu'elle doit être fatiguée et doit avoir besoin qu'on l'aide, et elle se précipite : " Elle partit avec empressement, disait l'Evangile, à travers les montagnes, pour se rendre auprès d'elle et - note encore l'Evangile - elle y restera jusqu'à la réalisation de l'heureux événement !"...

Voyez à Cana : ne dirait-on pas une vraie maîtresse de maison qui a l'œil ouvert sur tout, qui s'aperçoit immédiatement de ce qui va ou ne va pas ? Et, là encore, à peine a-t-elle deviné la cause de l'embarras qu'elle a tout de suite lu sur la physionomie des mariés, qu'elle agit pour les dépanner...

Ah ! non, que l'on vienne pas nous dire que l'union authentique à Dieu fait de nous des "planeurs", des gens qui n'ont pas les pieds sur terre, qui vivent dans un autre monde et en oublient les vicissitudes de cette terre ! J'ai dans ma chambre une petite statuette de la Très Sainte Vierge à laquelle je tiens beaucoup, non seulement parce que ce sont "mes" jeunes qui me l'ont offerte, mais parce qu'elle symbolise ce réalisme de la Vierge Marie : elle la représente, en effet, sous les traits d'une humble femme en tenue de travail, tenant d'une main une cruche et de l'autre la main de son petit enfant. Oui, elle est assurément souvent partie ainsi, la Sainte Vierge, à la fontaine du village de Nazareth, avec sa cruche et tenant la main de l'Enfant-Jésus, bavardant avec Lui, comme le fait une vraie maman, tout au long du chemin !

C'est ainsi qu'autrefois on nous faisait lire pour cette fête de l'Assomption, l'Evangile de Marthe et Marie, pour bien souligner que la Sainte Vierge, tout en étant intérieurement en conversation constante avec Dieu, comme Marie, s’adonnait avec ardeur, comme Marthe, aux multiples occupations du ménage, soucieuse de préparer pour Jésus et Joseph le meilleur des repas malgré les modiques ressources du ménage. Alors non ! qu'on ne vienne pas nous dire que l'union à Dieu nous fait nous évader de ce monde, en oublier les réalités et oublier ceux qui nous entourent ... Cet exemple de la Vierge Marie, nous le retrouvons toutes proportions gardées, chez tous les saints. Les grands bienfaiteurs de l'humanité, les inventeurs de bien des institutions humanitaires, n'ont-ils pas été des saints, de grands saints intimement unis à Dieu ?

Nous-mêmes, mes frères, n'en avons-nous pas fait l'expérience : quand nous sommes davantage sous cette emprise divine, après quelques instants de recueillement plus intense après une messe ou une communion plus fervente, n'avons-nous pas été plus attentifs aux autres, plus patients, plus dévoués ? ...

Et qu'on ne vient ne pas non plus nous dire (c'est encore là pour beaucoup un prétexte pour se tenir à l'écart de la religion), qu'on ne vienne pas nous dire que l'union à Dieu, sa présence dans nos vies les assombrit en nous sevrant des pauvres plaisirs de cette terre !

Est-elle triste, la Vierge Marie ? Au contraire, l'Ange lui demande de se réjouir : " Réjouis-toi, Marie !" J'ai déjà eu, je crois, l'occasion de vous le dire : c'est une traduction de la salutation de l'Ange lors de l'Annonciation plus exacte que "Je te salue, Marie !"

Cette joie, elle la laissera éclater dans son "Magnificat". "Mon âme, dit-elle, bondit de joie en Dieu mon Sauveur !" et elle s'extasie devant toutes les merveilles que Dieu a faites en elle...

Cette joie de la Vierge, elle est communicative  ! L'Evangile de ce jour nous le montre. Elle rayonne tellement qu'elle atteint même le petit Jean-Baptiste jusque dans le sein de sa maman. Lui aussi, il tressaille , il bondit de joie, à cause de la présence de Dieu qui transpire à travers la Sainte Vierge...

Elle ne peut, la Vierge bénie, la Vierge si unie au Seigneur, elle ne peut supporter la tristesse. Témoin, son attitude à Cana. Elle a vu tout de suite la triste mine que faisaient ces mariés et elle a tout fait pour effacer ce nuage et leur faire retrouver la joie : ça, c'est une maman !

Oh oui, comment peut-on écarter la religion de sa vie parce qu'on croit qu'elle va l'assombrir ou parce qu'on pense qu'elle nous empêcherait d'être réaliste, qu'elle nous ferait nous évader des réalités, oublier les besoins de notre entourage  ? Ceux qui pensent de la sorte n'ont jamais vu sans doute la religion de Jésus-Christ qu'à travers la triste caricature de la bigote acariâtre, tout de noir habillée... Puissent-ils en ce jour la contempler dans toute son authenticité , dans la Vierge si belle ! si dévouée, si réaliste, si joyeuse ! Notre-Dame de la Joie !

Oh ! demandons à notre maman du ciel, en ce jour de son triomphe, d'enlever de nos cœurs cette sotte peur de mettre trop de religion dans notre vie, cette sotte peur de vivre trop unis au Seigneur. Pour Elle, c’est de cette union intime, profonde, que découle sa beauté, son dévouement, son attention envers les autres, son réalisme, sa joie ! Cette joie qui a amorcé, dès cette terre, la joie ineffable qu'elle goûte maintenant pleinement au ciel...

Et permettez qu’en finale je m'adresse en ce jour de fête de la Femme bénie entre toutes les femmes, à vous toutes, mamans et épouses chrétiennes, à vous toutes, jeunes filles chrétiennes. Votre rôle dans le monde ressemble étrangement à celui de la Très Sainte Vierge. De même qu'elle nous a donné le Fils de Dieu, de même c'est le rôle, la charge, la mission de la femme de garder dans notre monde toutes les valeurs chrétiennes, d'y garder cette religion, cette foi, cet idéal de Jésus-Christ.

Si l'homme l'emporte sur la femme par la force physique et peut-être par le raisonnement, la femme, c'est incontestable, l'emporte, elle, par cette sensibilité à l'idéal, à la beauté, par ce fait qu'elle semble être de plein pied avec le monde divin. Nous le constatons nous-mêmes chacun dans notre vie : si nous avons une foi profonde, à qui le devons-nous après Dieu, si ce n'est à notre mère ? Ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir une maman qui leur a donné ce goût de Dieu, cet amour, cette tendresse pour Dieu, souffriront toujours d'un manque à ce point de vue-là. Ceux, au contraire, qui ont eu la veine d'avoir une maman profondément imprégnée de cet esprit religieux, possédée par cet idéal, possédée par cette beauté, possédée par cet élan, par cette foi, ceux-là sont marqués de façon indélébile. Il pourra peut-être y avoir, hélas, des éclipses dans leur vie, mais c'est ineffaçable, il restera toujours une trace de cette emprise de leur maman, je dirais, de cette emprise de Dieu par l'entremise d'une mère.

Et alors, voyez-vous, je souffre presque physiquement quand je vois aujourd'hui tant de jeunes filles qui s'acharnent à démolir, qui s'ingénient à détruire en elles tout idéal, et qui veulent même, dans leurs expressions, vivre d'une façon vulgaire, grossière ! Quelle catastrophe ! Si la femme, si la jeune fille, se démolissent comme cela, qu'est-ce qui apportera à notre terre un peu d'humanité, un peu de tendresse, un peu de bonté, un peu de joie, de pureté, de clarté, d'idéal, de foi ? Qu'est-ce qui y conservera toutes les valeurs chrétiennes ? Tout cela disparaîtra... Comme il faut être bête pour qu'une femme, une jeune fille, n'ait pas plus conscience de sa valeur ! Oui, encore une fois, cet attrait vers l'idéal, ce désir de monter, ce désir de faire quelque chose qui soit au dessus, au delà de la matière, c'est bien la femme qui doit l'apporter, et l'homme ne pourra l'avoir qu'en regardant son épouse, le jeune homme en regardant cette jeune fille qui est un symbole de clarté, de beauté, de limpidité et qui répand cette atmosphère autour d'elle  : ça, c'est extraordinaire.

Je vous avoue qu'en cette fête de la Vierge Marie, je ne puis ne pas me rappeler ma propre maman. Elle portait son nom et je sais que, tout gosse que j'étais, je la regardais bien souvent pour l'admirer ! Je la trouvais belle elle était très belle physiquement - mais quelle âme et quel cœur ! C'était ma maman !

Eh bien ! je vous en supplie, vous les femmes, les épouses chrétiennes, vous les jeunes filles et nous aussi les hommes, faisons l'impossible pour que cette beauté qui trouve sa source en Dieu ne soit pas détruite aujourd'hui : le monde en a besoin  ; il crève parce qu'il s'enlise dans la matière et que nous sommes autre chose que la matière. On est fier, à juste titre d'ailleurs, de ce que l'intelligence humaine, de ce que l'esprit humain puisse s'imposer à la matière dans la technique : toutes les réussites techniques proviennent de ce que l'intelligence est passée par là et a su plier toutes ces lois de la nature à son service. on se réjouit de cela, mais on dirait que, dans le domaine moral, on est presque honteux quand c'est l'esprit qui domine les instincts : c'est tout de même bête, cela...

Alors il ne faudrait pas que nous tombions dans cette bêtise, mais qu'au contraire nous demandions à notre Maman du ciel de nous donner ce souci d'apporter à notre monde d'aujourd'hui son âme, une âme possédée par cette soif de beauté et cette soif d'infini ...

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