Année C – La Sainte Famille


Retour au menu 

 

SOMMAIRE DE L'HOMELIE

Délinquance… criminalité croissante…

On pense l'arrêter par la sévérité des sanctions... on construit des prisons... Mais on ne fait rien, bien au contraire, pour en tarir la source principale : les familles désunies...
On a voulu envoyer promener les lois de Dieu sur la famille ... ça nous retombe sur les reins...
Entrons donc dans les associations catholiques qui luttent pour sauver la famille.. telle que Dieu l'a voulue...
Une famille se construit à longue échéance, dès l'enfance par l'éducation…

L'éducation actuelle tend à faire de l'enfant :

- un capricieux...
- un révolté... (un ordre, une loi est présentée comme quelque chose d'extérieur, d'arbitraire…)
- un obsédé sexuel… qui reste au stade de l'amour égoïste...

Comment avec de telles bases faire plus tard des foyers solides !

On ne peut faire un foyer uni et solide sans une dose d'esprit chrétien :

- Il faut en effet une bonne dose d'humilité pour :

§ Reconnaître que l'autre a quelque chose à apporter…
§ Reconnaître ses torts… ses imperfections

- Il faut avoir le désir de s'améliorer et employer les moyens pour y arriver…
- Il faut l'exemple de Jésus et de ses parents, chercher à comprendre le pourquoi de telle ou telle attitude
- Il faut que les " affaires de Dieu ", la loi de Dieu passent en premier… encore faut-il que ce Dieu apparaisse comme " le " Père…

Prions pour nos familles... qu'elles puissent être des prototypes…


HOMELIE

17 ANS DE RECLUSION CRIMINELLE pour Jean-Pierre, 12 pour son frère Francis, 8 pour son épouse, 5 pour son beau-frère !... Vous vous rappelez peut-être ce verdict qui a frappé tous les membres d'une famille dont les membres, pour couvrir leur fuite après un hold-up manqué, avaient pris comme otages une maman et ses six enfants...

Ils s'étaient fait attacher avec de grosses chaînes, Monsieur le Maire et son adjoint, devant la porte de la mairie, pour protester contre la construction d'une prison sur le territoire de leur commune... ceci s'est passé non loin d'ici, il n'y a pas si longtemps !...

Des prisons ! Cela nous donne des frissons dans le dos ! Cela évoque tant de choses qui font trembler... On est donc obligé de construire de nouvelles prisons parce qu'augmente le nombre des délinquants, le nombre des criminels !

Des sanctions plus sévères pour arrêter cette recrudescence ?

Ne faudrait-il pas, au moins, conjointement, et peut-être même avant tout, songer à attaquer le mal à sa racine...

Et cette racine, quelle est-elle ?

Tous les criminalistes répondront dans l'immense majorité des cas, c'est le milieu, notamment le milieu familial. La cause la plus fréquente de la délinquance juvénile, il faut la chercher dans la désunion des foyers, dans le manque d'affection dont a souffert ce jeune, dans les brimades qu'il a parfois dû "encaisser"... La révolte est venue... C'était fatal, et la fugue a suivi, la fugue avec tous ses avatars... Pauvres victimes, bien souvent, que ces délinquants ! Où trouver les vrais coupables ? les responsables ? Qu'a-t-on fait pour susciter des familles équilibrées, de vrais foyers où il fasse chaud, où il fasse bon vivre ?

Hélas ! on veut combattre la délinquance, la criminalité, et on a tout fait pour détruire la cellule familiale !... Illogisme ?... Hypocrisie !... On a voulu envoyer promener les lois de Dieu sur la famille et l'on semble s'étonner que des foyers dissociés sortent des enfants pervertis. On s'effraie de l'augmentation galopante de la délinquance et de la criminalité ! Comme si ce n'était pas là un juste retour des choses qui montre, une fois de plus, que dès que l'on s'écarte de la loi du Seigneur, "ça nous retombe sur les reins" parce que les commandements de Dieu ne sont pas arbitraires mais inspirés uniquement par le souci de notre plus grand bien et de celui de la société toute entière !…

Pour arrêter ce fléau, nous, chrétiens, entrons dans ces associations qui luttent pour défendre la famille. Au passage, sans vouloir faire, de la propagande, je me permets de signaler en particulier les Associations Familiales Catholiques (A.F.C.) dont le siège est 28, place Saint-Georges à Paris, dans le IXe arrondissement.

Pour construire des foyers solides, cela suppose des fondations en profondeur. Aussi bien, un foyer, cela se construit à longue échéance, cela se construit dès l'enfance. Il y a là tout un problème d'éducation.

Or dans le système d'éducation actuel, je soulignerai trois erreurs fondamentales :

Les parents qui veulent être dans le vent et suivre les idées à la mode risquent fort de former des "capricieux". Sous prétexte de ne pas "traumatiser", de "respecter sa personnalité" ou sa liberté, on lui laisse "suivre" ses instincts, toutes ses envies, toutes ses passions, sans les juger, comme si elles ne pouvaient qu'être bonnes ! Dès lors, il devient facilement, je ne dirai pas le "petit roi" — ce qui impliquerait une certaine dignité — mais le petit despote, pour ne pas dire le tyran devant lequel tout le monde doit s'incliner !... Comment voulez-vous qu'ensuite ce jeune garçon, cette jeune fille, devenus grands, puissent fonder un foyer solide ? On ne peut construire une vie commune à partir d'un égoïsme, d'un égocentrisme...

D'autres parents tombent dans l'erreur opposée et forment des "révoltés". Je m'explique. Sous prétexte de ne pas céder aux caprices de l'enfant, sous prétexte de lui forger une volonté, ils vont employer à outrance commandements et défenses : « Fais ceci ne fais pas cela ! », si bien que le pauvre gosse aura l'impression d'être un simple exécutant de la volonté de papa et de maman. Cela peut ne pas se passer trop mal tant que l'enfant est petit. Mais dès qu'il aura acquis un peu de personnalité, il va se révolter, surtout s'il détecte que ces commandements ou ces défenses sont arbitraires, inspirées bien souvent aux parents par le souci que l'enfant "leur fiche la paix", ou par tout autre intérêt personnel, comme par exemple le souci de pouvoir être fiers des succès scolaires de leur enfant... A partir de là, l'enfant sera porté à considérer tout commandement, toute loi, comme quelque chose qui s'impose à lui de l'extérieur, au nom d'un intérêt qui ne lui semble pas du tout correspondre avec le sien : la loi lui apparaîtra comme une brimade... et il aspirera au moment où il pourra s'en affranchir ! Il deviendra anarchiste. Que de fois j'ai eu l'occasion de vous le dire : si l'on ne veut pas faire de l'enfant un révolté, si on ne veut pas qu'il envoie un jour planer toute la morale qu'on a pu lui inculquer, il faut toujours motiver à ses yeux de façon adaptée au niveau de son intelligence le commandement ou la défense qu'on lui fait. Lui expliquer brièvement certes, mais, lui expliquer tout de même, que le seul motif qui nous pousse à lui demander ceci ou à lui défendre cela, c'est son vrai bien à lui. Lui présenter la morale, non pas comme une loi extérieure à lui, mais comme un mode d'emploi de sa vie qui lui permet d'épanouir ce qu'il y a de meilleur en lui. Insister sur cette correspondance entre les aspirations les meilleures qu'il porte en lui et cette règle de conduite. Bref, lui présenter cette morale comme un idéal !

C'est un fait que, lorsqu'on fait appel aux bons sentiments de l'enfant, lorsqu'on a besoin de souligner et d'encourager ce qu'il a fait de bien plutôt que de souligner sans cesse ses moindres défaillances, l'enfant s'épanouit... Quand on sait souligner que dans telle ou telle circonstance, par exemple ; il a agit "en homme", "comme un grand ou une grande", de façon réfléchie, courageuse, sérieuse... cela encourage l'enfant à continuer... ça stimule sa fierté, sa personnalité, cette fois dans le bon sens.

Attention aussi à la "façon" de commander, disons plutôt de demander. Il y a en effet une façon cassante qui braque souvent l'enfant, surtout, surtout l'adolescent et l'adolescente. A cet âge un « voudrais-tu me rendre tel service... ne crois-tu pas que.. serais-tu capable de... », etc. obtiendra un bien meilleur résultat qu'un sec « fais ceci, ne fais pas cela ». Je souligne chaque année la recommandation que faisait tout à l'heure Paul aux parents. « N'exaspérez pas vos enfants ! »... Pour cela, pas de sermons à n'en plus finir, pas d'arbitraire, pas de formule cassante, mais fermeté calme. Que le jeune sente que l'on veut être le tuteur — un tuteur, cela doit être ferme et solide — sur lequel la volonté encore en herbe puisse s'appuyer pour réaliser ce que souhaite le meilleur de lui-même…

Un autre point important dans la préparation à longue portée des futurs foyers, c'est l'éducation sexuelle de l'enfant et de l'adolescent. Dans notre monde érotique, tout tend à faire de nos jeunes et ce de très bonne heure, des "obsédés sexuels"… car tout semble tourner autour de cette recherche du plaisir sexuel : tout ce qu'ils entendent dans les conversations, dans les chansons, tout ce qu'ils voient au cinéma, à la télévision, dans la rue !

Or tous les psychologues sincères qu'ils soient chrétiens ou qu'il ne le soient pas, vous diront que la recherche presque exclusive de ce plaisir produit l'égoïsme. Je vous ai dit qu'il était facile de se rendre compte qu'un jeune se laisse entraîner de ce côté-là de la mesure où il devient dur, brutal, dénué de tout sentiment noble, replié sur lui-même...

Aujourd'hui, contrairement à tout ce que nous enseignait la recherche de ce plaisir passait comme un droit pour les jeunes ! Dès lors, comment s'étonner que l'on fabrique des égoïstes, des gens matérialistes, sans cœur, sans idéal ?... Comment pourra-t-on construire là-dessus des foyers solides ? Cela fait trembler pour l'avenir ! Comment voulez-vous qu'un garçon qui s'est habitué à jouer avec le corps et le cœur des filles respecte ensuite celle qui sera son épouse ? Et comment voulez-vous que la fille qui ne se respecte pas inspire plus tard quelque respect à son mari ? Non ! Non ! ce n'est pas possible ! Voilà comment on prépare des foyers qui seront des fabriques de délinquants !...

Du reste il suffit de fréquenter un peu les jeunes pour se rendre compte que, imprégné de cette ambiance, ils envisagent souvent, trop souvent hélas, le mariage presque exclusivement comme un moyen de se procurer ce plaisir plus facilement. D'où vient cette hâte pour se marier, d'où ces mariages prématurés, je veux dire à l'époque où les partenaires, le garçon surtout en sont encore à une conception égoïste de l'amour, à une époque où — pour parler le langage des psychologues d'aujourd'hui — ils en sont encore au stade de l'amour captatif, possessif, instinctif, passionnel où l'on tâche de profiter de l'autre... et non au stade de l'amour oblatif, de l'amour d'adoration où on estime tellement l'autre, où on le met tellement au dessus de soi, qu'on est prêt à se dévouer, à se sacrifier pour lui ! Comment voulez-vous qu'à partir de là un foyer puisse tenir ?... Oh ! mes frères, quel travail nous avons à faire, nous chrétiens pour réagir là contre ! Pour donner à nos jeunes une grande idée de l'amour jusque dans son expression corporelle ! Quel travail pour revaloriser à leurs yeux "l'acte d'amour" pour ne pas souffrir qu'il soit animalisé, banalisé, colporté !... Remarquez que chaque fois qu'on présente à ces jeunes l'idéal chrétien sur ce point, on est frappé de voir l'écho que cela éveille dans leur cœur ! Puissions-nous, puissent-ils se liguer pour le défendre ! Cela devient urgent si on ne veut pas voir s'écrouler la famille, le foyer, et voir se propager toutes les conséquences épouvantables que cela entraîne...

-o0o-

Ainsi, nous le voyons, impossible de donner aux enfants une éducation solide, impossible de donner aux foyers futurs des fondations solides, sans revenir à l'esprit et à l'idéal chrétiens...

Impossible aussi, sans cet esprit, d'avoir dans un foyer la bonne entente et la chaleur sans lesquelles l'enfant ne trouvera pas le milieu favorable pour s'épanouir.

Comment un foyer pourra-t-il tenir si chacun des conjoints ne reconnaît pas que, comme l'indique la Bible, l'autre lui est complémentaire, que l'autre a des qualités et que par conséquent il a besoin de l'autre, que chacun a à exercer un rôle spécifique répondant à ces qualités respectives dont Dieu a doué l'homme et la femme ? Comment un foyer pourra-t-il tenir si les conjoints ne savent pas reconnaître leurs supériorités mutuelles ? Cela suppose, comme le disait saint Paul tout à l'heure, un minimum d'humilité, un souci de vérité…

Cette humilité, disons plutôt ce souci de vérité, il est encore nécessaire pour reconnaître ses torts, ses manques, ses imperfections, et qui n'en n'a pas ? Si on est assez infatué de soi-même, je dirais même si on est assez bête pour se croire parfait, donc inattaquable, contrairement à ce que recommandait l'Apôtre, on ne pourra supporter que l'autre ait des défauts ! Après une dispute, on ne voudra jamais revenir, pardonner… Ce sera toujours l'autre qui aura tort ! Comme nous voilà loin du véritable esprit chrétien qui devrait inspirer à chacun des époux le désir de corriger ses défauts pour ne pas être à charge à l'autre, le désir de se dépasser sans cesse pour mériter de mieux en mieux l'estime, le dévouement, l'adoration de l'autre !

Bref, comment voulez-vous qu'un foyer tienne, que les époux y soient de plus en plus heureux, s'ils n'ont pas ce souci de s'améliorer et s'ils n'emploient pas les moyens pour y arriver ? Ce qui suppose des moments de silence, de recueillement pour se retrouver en face de soi-même, en face l'un de l'autre, en face de son idéal, surtout en face de Dieu. Ce qui suppose aussi, pour des chrétiens, le souci de se ressourcer, de ré-attiser leur flamme pour les sacrements…

Enfin, pour terminer, deux remarques qui me sont inspirées par l'Evangile de ce jour.

Tout d'abord quand l'attitude d'un des membres de la famille, que ce soit votre conjoint ou l'un de vos enfants vous choque, vous peine même peut-être, cherchez à comprendre le "pourquoi" de cette façon d'agir. « Pourquoi, dit la Vierge Marie à son Fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? » Et Jésus répond lui aussi par un "pourquoi" : « Pourquoi me cherchiez-vous ainsi ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » Oui ! cherchez à comprendre, c'est-à-dire à savoir le "pourquoi", la raison qui a fait agir de la sorte, afin d'approuver si la raison est bonne et juste ou de pouvoir redresser si la raison est mauvaise. Et si, malgré tout, vous n'arrivez pas à comprendre complètement, si vous n'arrivez pas à faire notre la raison qui a fait agir ainsi, que l'amour n'en soit pas entamé pour autant ! Marie et Joseph ont accepté de ne pas comprendre pleinement la réponse de Jésus… Quant à Jésus, on dirait que son obéissance n'en a été que plus empressée : « Il descendit avec eux à Nazareth, dit saint Luc, et il leur était soumis. »

L'autre remarque, la voici. Jésus, par cette petite escapade voulut montrer que l'amour de son Père, les affaires de son Père, pour lui, cela passait avant tout, avant l'affection inouïe qu'il avait pour ses parents. Cette affection du reste est d'autant plus profonde, d'autant plus forte, qu'elle découle en droite ligne de l'amour de Dieu, le Père par excellence, « d'où découle toute paternité » comme le dit saint Paul (Ephésiens, ch.3, v.15). Que dans votre foyer Dieu ait vraiment la première place, mais que ce soit le vrai Dieu, le Dieu révélé par Jésus-Christ, donc pas un Dieu despote, mais le Dieu qui est "le" Père !...

Quand vous demandez quelque chose à vos enfants, que ce soit toujours en accord avec la volonté du Père du ciel ; alors vous pouvez être sûrs que ce sera pour leur plein épanouissement, car c'est cela que ce Père veut avant tout et, Lui, Il ne peut se tromper !

Mais, encore une fois, ce Dieu, il vous faut le leur révéler, plus par votre vie que par vos paroles, comme "le Père" plein de sollicitude et de tendresse, non pas certes d'une tendresse doucereuse, mais d'une tendresse virile énergique en leur faisant comme expérimenter que ce qu'Il veut avant tout c'est notre "vrai" bien. Surtout n'oubliez pas que c'est à travers vous que vos enfants découvriront ce qu'est la sollicitude, ce qu'est un Père : ostensoirs de la sollicitude et de la paternité divines, voilà que vous devez être... Rappelez-vous sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus : si elle a basé toute sa vie sur une confiance illimitée en la tendresse de son Père du ciel, c'est parce qu'elle avait expérimenté dans la personne son papa et ce que c'était qu'un Père ! Dire qu'il y a des enfants — nous en avons parfois au catéchisme — qui n'osent pas employer ce mot pour désigner Dieu, tant, hélas ! la conduite de leur pauvre père leur donne une piètre idée de la paternité !... Grâce à Dieu, vos chers enfants n'en sont pas là !

Et je termine sur cette magnifique image de la famille chrétienne où, selon la recommandation de saint Paul « On chante spontanément à Dieu des hymnes, des psaumes et même des cantiques improvisés »... Quelle ambiance cela en ce temps de Noël, entrant dans un foyer, on entend fredonner de Noël ! C'est donc que Noël a marqué cette famille au point que la joie s'y exprime instinctivement, par tous ces chants qui reviennent automatiquement en mémoire…

J'ai eu la chance de connaître la joie de vivre dans une telle famille. Je vous la souhaite à tous.

 

Haut de la page