Année C – Toussaint


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SOMMAIRE DE L'HOMELIE

31,5% des gens veulent vieillir...

"Quand j'aurai tel ou tel âge..."
"Vivement ce soir... "

Où va notre vie ?... quel en est le sens ?
Question de l'enfant de 8 ans...
Question de beaucoup de jeunes...
Question de quiconque veut réfléchir...

Même : on ne peut se contenter d'un horizon purement matériel...

Les jeunes de 68.
Le "Petit Prince" "l’essentiel est invisible"...
Nous le constatons

Que nous dit notre foi ?

Nous sommes faits pour partager le bonheur même de Dieu...

Ce bonheur n'appartient qu'à Dieu et à ceux qui lui ressemblent...
Créatures libres, il nous appartient de conserver et d'accentuer cette divine ressemblance..
C'est la condition pour que ce bonheur soit "nôtre"...
C'est le but de notre vie sur terre...

L'expérience nous montre que ces reflets divine que sont les vertus prônées dans le sermon sur la montagne nous apportent la joie...

A l'échelon du monde...
A l'échelon de nos groupements de jeunesse...
A l'échelon de la paroisse...

Nous sommes heureux de nous être purifiés par la confession pour célébrer dignement les saints...

Ce culte ne s'oppose pas à celui de Dieu puisqu'ils sont reflets de sa beauté...
Les portraits des ancêtres... les photos de famille...

Dieu Lui-même "célèbre" les saints.

Conclusion : on repart on s'y remet sans se laisser intimider...

Vous, les jeunes...
Nous, mes frères...


HOMELIE

 

TRENTE ET UN, VIRGULE, CINQ POUR CENT ... des Français désirent, souhaitent vieillir, si nous en croyons les statistiques... !

Et, lorsque nous écoutons ce que l'on dit autour de nous, c'est bien cela. L'enfant dit souvent : " Quand je serai grand... " L'adolescent, l'adolescente : " Quand je serai émancipé..." ou maintenant : "Quand j'aurai atteint ma majorité..." Le garçon  : " Quand je serai au service militaire..." ou " Quand je serai revenu du service militaire..." " Quand j'aurai trouvé une situation !" " Quand je me serai marié !"... Et tous les jours nous entendons dire dans les bureaux, dans les usines, dans les milieux de travail : " Vivement ce soir qu'on se couche  !" - " Vivement les vacances !" - " Vivement la retraite !", et quand on est à la retraite on dit : ".........."

Voilà : on avance, on veut avancer dans la vie, et le bonheur est toujours devant nous, et jamais on ne le saisit, jamais on ne l'attrape.

Où va donc notre vie ? ... Quel est le sens de la vie ?...

C'était la question que se posait un petit garçon qu'une maman nous amenait tout dernièrement pour l'inscrire au catéchisme. Elle nous disait, cette maman : " Mon Père, si j'inscris mon enfant au catéchisme, ce n'est pas seulement pour qu'il fasse sa communion, sa Profession de Foi, c'est pour qu'il soit un vrai chrétien car son grand père était un chrétien convaincu..." mais elle ajoutait : " Si je l'inscris au catéchisme, c'est parce qu'il se pose déjà des questions, des questions sur le sens de la vie et je pense que vous pourrez y répondre !"... L'enfant avait à peine 8 ans. Où va ma vie, quel est le sens de ma vie ?" demandait ce gosse de 8 ans !

Ah ! qu'on ne vienne pas nous raconter après ça que les problèmes métaphysiques ne sont plus des problèmes d'aujourd'hui puisque ces problèmes travaillent, préoccupent l'esprit et le cœur d'un gosse de 8 ans !... Beaucoup de gens les escamotent, c'est vrai, beaucoup s'étourdissent ou sont étourdis par la vie fébrile qu'ils mènent, c'est vrai, mais ceux qui prennent le temps de réfléchir un peu ne peuvent esquiver le problème ! Ce n'est pas vous, nos grands et nos grandes, qui me démentirez ... Dans vos écoles, dans vos lycées, ce sont bien des problèmes de cet ordre-là que viennent vous poser ou même dont discutent entre eux vos camarades : " D'où vient le monde ? Où va-t-il ? Pourquoi vivre ? ... La vie vaut-elle la peine d'être vécue ? ... Sommes-nous libres ?..." Il faut se boucher les oreilles pour nier que ce sont là problèmes contemporains qui hantent même la jeunesse quand elle veut réfléchir un tant soit peu... Oui, quiconque veut être un homme, c’est-à-dire quelqu'un qui réfléchit, est bien obligé de se poser la question de ce gosse de 8 ans : " Où va ma vie ? Qu'est-ce que je fais sur la terre ? Quel est le sens de ma vie ?..."

Nous pouvons même aller plus loin : quiconque veut être un homme, quiconque veut réfléchir un tant soit peu, ne peut se contenter d'un vie bornée à un horizon purement matériel.

Le célèbre slogan "Métro - boulot - dodo !" donné comme résumant toute une vie humaine révoltait déjà la jeunesse de 68. En cela, au moins, elle n'avait pas tort !

Vous connaissez tous la réflexion du renard que, dans cette merveilleuse parabole du grand aviateur et écrivain Saint-Exupéry, le Petit Prince répète pour se souvenir et ne pas risquer de l'oublier : "L'essentiel est invisible !"... Tant que cet "essentiel" de la vie humaine n'aura pas été remis en valeur, l'homme ne pourra se comprendre, il souffrira d'être tronqué, il souffrira que soit étouffé en lui ce qu'il a de meilleur, ce qui le fait être humain.

Déjà, nous pouvons le constater, je l'ai dit bien des fois, dans notre vie quotidienne, l'essentiel est invisible ! Supposez quelqu'un qui soit obligé de vivre toute sa vie sans rencontrer une affection, une amitié vraie ... il serait malheureux comme les pierres, sa vie serait un enfer ! Supposez quelqu'un qui ne puisse jamais échanger ses pensées, ses désirs, ses jugements ... ce serait trop dur pour lui ! L'essentiel est invisible !

Supposez que l'on supprime sur notre terre toutes ces valeurs spirituelles et morales pour lesquelles tant d'âmes généreuses n'ont pas hésité à sacrifier leur vie temporelle, pour lesquelles elles n'ont pas hésité à verser leur sang, mais la vie ne serait plus humaine !

Au niveau même de notre simple petite expérience, nous pouvons l'affirmer, le but de la vie humaine, l'horizon de notre vie, ne peut se borner à un horizon matériel, temporel ... Notre cœur est trop grand pour être rassasié par des "nourritures simplement terrestres, matérielles". Quiconque accepte de réfléchir s'en rend bien vite compte !

L'expérience elle-même nous montre déjà que ce bonheur après lequel nous courons toujours et qui nous donne l'impression de fuir devant nous, ce bonheur ne peut pas être simplement matériel.

Mais que nous dit notre foi sur notre destinée  ? A quoi, d'après l'enseignement du Christ, sommes-nous destinés  ? Quel est le but vers lequel notre vie doit être tendue ? Pourquoi vivons-nous ici-bas ?

Notre foi, notre foi chrétienne nous dit qu'en effet nous ne sommes pas faits pour un bonheur simplement matériel. Nous sommes destinés, nous sommes faits, nous sommes créés pour partager le bonheur même de Dieu et ce, durant l'éternité  !

Mais ce bonheur, ce bonheur infini, il ne peut appartenir qu'à Dieu et à ceux qui Lui ressemblent et dans la mesure même où ils Lui ressemblent. Nous sommes sur terre pour accroître librement cette ressemblance divine.

Certes Dieu nous a créés à son image - la Bible nous le dit - et cette ressemblance divine est encore accentuée par la grâce que Dieu nous donne en nous adoptant comme ses enfants par le baptême. Mais cette ressemblance divine qui nous vaudra de partager le bonheur divin, il nous appartient, aidés, stimulés par la grâce du Seigneur, de la conserver, de l'entretenir et même de la parachever librement. " Soyez parfaits ", nous dit le Christ résumant en finale ce discours-programme dont nous avons entendu tout à l'heure le début, " Soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait !" (St Matthieu, ch.5,v.48).

Créatures libres, cette participation au bonheur divin, étroitement liée à notre ressemblance avec Dieu, ne serait pas aussi plénière, aussi nôtre si, dans toute la mesure du possible, cette divine ressemblance qui en est la condition ne dépendait pas que de nous !...

Voyez comme un enfant est plus heureux quand il a fabriqué lui-même son jouet, même si on lui en fournit les éléments!... Voyez comme un jeune foyer apprécie mieux son logement quand il l'a aménagé lui-même !...

Oui, Dieu, pour que notre participation à son bonheur soit vraiment "notre", a voulu que, dans toute la mesure du possible, nous en soyons les artisans et que donc, avec l'aide de sa grâce, nous puissions librement conserver, entretenir, accentuer notre ressemblance avec Lui en nous parant de toutes ces vertus qui sont autant de reflets de sa beauté  !...

Voilà le but de notre vie sur cette terre  : nous embellir de plus en plus, accentuer de plus en plus notre ressemblance avec le Seigneur par la pratique de toutes ces vertus dont Jésus nous parle dans son sermon sur la montagne, afin de mériter un participation plus grande au bonheur divin.

Là encore nous pouvons faire l'expérience qu'en effet, dès ici-bas, nous sommes heureux, épanouis, dans la mesure où nous nous parons de ces reflets divins que sont toutes ces vertus prônées par Jésus dans ce discours-programme.

Si tous, nous avons l'horreur de l'égoïsme, de l'avarice du "type" qui vit replié sur lui-même.

Si tous, nous avons l'horreur de l'orgueil, du "type qui se gobe", qui se vante, qui se met toujours en avant, du potentat, du tyran qui veut écraser tous les autres,

Si tous, nous avons l'horreur de la méchanceté, des "petits coups par derrière", de la calomnie, de la médisance, de l'injustice, de l'oppression, de l'exploitation,

Si tous, nous avons une répulsion profonde pour tout ce qui vient salir l'amour, pour tout ce qui le dégrade, qui l'animalise, si nous avons l'horreur du vice, de la débauche,

Si tous, nous avons horreur de la moutonnerie, du type qui est un numéro, qu'on pousse, qu'on fait aller en avant, et si nous rêvons au contraire de personnalité,

Si tous ces sentiments-là nous animaient - et cela, c'est tout le sermon sur la montagne, c'est le discours des Béatitudes - ne croyez-vous pas que la terre ,deviendrait plus vivable pour des êtres vraiment humains ? que notre vie serait plus humaine, plus épanouie  ?

Si nous comprenions à quel point ce côté spirituel de l'homme lui est essentiel et que nous ne puissions pas supporter ce matérialisme qui aujourd'hui nous broie et veut nous mettre "à plat ventre et à quatre pattes" ...

Si nous voulions sauver cette étincelle divine qu'il y a en nous,

Si nous comprenions que l'on ne pourra jamais épanouir un être humain tant que sa personne elle-même ne se sera pas retrouvée ...

Cela changerait beaucoup...

J'ai essayé de me rappeler ce que je vous disais l'an dernier à pareil jour. Je vous disais, il me semble  : " La sainteté fait peur ! Elle déclenche la panique ! parce qu'on se figure quitte saint, c'est être un peu niais, une sainte nitouche, ou alors que, pour être saint, il faut renoncer à toutes les pauvres joies que la terre peut nous donner ... Est-ce que c'est ça, un saint  ?!" Je vous disais " Un saint, c'est un "Possédé de Dieu", un "possédé d'idéal", un "possédé d'amour" quelqu'un qui a par conséquent en lui une vitalité extraordinaire."

Et alors, ce qui me fait plaisir cette année, mes frères, c'est que nous en avons fait l'expérience. L'année dernière je vous disais : il suffit que l'on sache que dans nos groupements de jeunesse nous cherchons à remettre l'idéal chrétien, à remettre la loi à l'honneur, pour que ce soit la panique : " On ne va plus « se marrer » "..eh ! eh ! dans ces groupement, puisqu'il va y avoir un idéal. Et, malgré les abandons, nous avons tenté l'expérience. Comment se fait-il que cette année-ci, un an plus tard, ces groupements se développent à un rythme que nous avons peine à suivre ? Comment se fait-il que les membres de ces groupements sont beaucoup plus joyeux, sont beaucoup plus emballés du fait que maintenant leur loi, ils la connaissent, qu'ils la prennent au sérieux et qu'ils essaient, avec des hauts et des bas certes, mais qu'ils essaient tout de même de la réaliser ? Cela a changé du tout au tout  : c'est un fait... Il s'est passé chez nous ce fait. Et pour la communauté chrétienne, n'est-ce pas pareil, mes frères, depuis que nous avons pris au sérieux notre évangile, que nous voulons vraiment le vivre et que ce souci-là passe dans toutes les têtes, dans tous les cœurs qui sont là ? Ne sentons-nous pas que cette communauté devient de plus en plus attrayante et que notre église, au lieu de se vider, se remplit ? Pourquoi ? ... C'est un fait ! Est-ce que hier soir lorsqu'il y avait tout ce groupe de chrétiens ici qui tous ensemble venaient demander pardon au Seigneur, se purifier en recevant chacun l'absolution pour qu'aujourd'hui ce soit l'enthousiasme pour fêter tous nos saints, ah eh bien ! à la sortie de cette petite liturgie - elle n'a pas été bien longue - comme tout le monde était heureux, rayonnant ! et aujourd'hui vous êtes heureux parce que vous venez avec un cœur léger chanter le Seigneur, chanter tous ces reflets de Dieu que sont les saints ! Et il y en a "en pagaille", des millions et nous en connaissons... Il y en avait dans notre famille, il y en avait dans notre entourage, il y en avait dans notre paroisse, il y en avait dans notre milieu de travail : ces âmes qui étaient travaillées par l'idéal, qui peut-être ne connaissaient pas parfaitement le Seigneur, mais qui se sentaient attirées, happées par tous ces reflets divins que sont les vertus chrétiennes ; tous ceux-là, .nous les fêtons aujourd'hui !

Ah ! qu'on ne vienne pas nous dire, comme auraient parfois tendance à le faire nos frères séparés, les protestants, que ce culte des saints porte préjudice au culte du Seigneur puisque, encore une fois, ce sont les reflets de la beauté même de Dieu que nous admirons et célébrons en eux. Qu'on ne vienne pas nous dire que nous n'aurions pas le droit chez nous, chrétiens, de fêter ces héros qui font notre fierté ! Est-ce que dans toutes vos maisons, sur la cheminée ou accrochée au mur, il n'y a pas la photo de tous ceux que vous avez aimés, de tous ceux qui sont partis, de tous ceux qui vous ont laissé un exemple ? Et nous, chrétiens, qui en avons par millions, nous ne chanterions pas tous ceux-là ? Nous ne serions pas fiers de ces martyrs qui ont versé leur sang plutôt que de lâcher Jésus-Christ ? Nous ne serions pas fiers de ces confesseurs de la foi qui par toute leur vie ont montré la conviction profonde qui les animait ? Nous ne serions pas fiers de tous ceux qui ont lancé sur ce monde tout ce qu'il peut y avoir de charité, d'amour, de dévouement, de soulagement du prochain, de pureté...nous n'en serions pas fiers, nous ? Nous n'en serions pas fiers de ces gens qui ont eu une sacrée personnalité et qui ont tranché sur tout leur entourage ?

Oui, aujourd'hui c'est tous ceux-là que nous fêtons. Dieu les applaudit car c’est cela la gloire du ciel, Dieu qui leur dit : " Bravo ! bons et fidèles serviteurs, entrez dans la joie de votre Maître !" C'est la phrase même de Jésus dans l'Evangile (St Matthieu, ch.25,v.21 et 23).

Et nous, aujourd'hui, nous nous unissons à cet applaudissement divin, à cette gloire divine pour féliciter et chanter tous ces saints !

Et alors, prenons comme conclusion ce que nous dit St Paul dans l'épître aux Hébreux et qui nous sera rappelé tout à l'heure dans la préface de cette messe : après avoir énuméré toutes ces gloires du peuple d'Israël, tous ces ancêtres depuis Abraham, Jacob, David et tous les autres (il y avait des pécheurs parmi eux mais des pécheurs repentants qui s'étaient relevés), St Paul nous dit : " Regardez cette nuée de témoins, de spectateurs, de supporters qui sont là qui nous observent et nous encouragent. Nous sommes dans le ring, nous. Il s'agit de se battre il s'agit de lutter contre le mal sous toutes ses formes et où qu'il soit ; il ne s’agit pas de se laisser écraser, il s'agit de lutter ! Regardez - dit St Paul ayez les yeux fixés sur le Chef de votre foi, sur votre entraîneur, le Christ-Jésus il n'y en a pas un encore parmi vous qui ait résisté au mal jusqu'au sang comme Lui, il l'a fait (Epître aux Hébreux, ch.12, v.1 ... 4).

Alors on repart, mes frères, on s'y met "à bloc".

Pour vous, nos jeunes : votre idéal, votre loi, c'est sacré ! Et vous foncez "brides abattues" derrière le Christ Sauveur ! Eh eh ! ne vous laissez pas intimider par les imbéciles qui vont se moquer de vous regardez les de haut : ils sont "à quatre pattes" ! Vous, vous avez la tête haute et le cœur aussi !

Et nous, mes frères, qui essayons dans cette paroisse de redonner cet élan au moment justement où l'on voudrait nous enlever tout, ce qui est l'essentiel de la vie, tout ce qui est l'essentiel du vrai bonheur, relevons aussi la tête et portons ce témoignage partout où nous sommes ! Ne nous laissons pas intimider par quiconque, sachons répondre à tous ceux qui viennent avec leurs pauvres élucubrations et qui voudraient nous persuader que l'homme n'est qu'un animal ! Non !... Jésus-Christ nous a révélé que nous devions être de plus en plus images de Dieu pour partager davantage son propre bonheur. C'est, ce doit être le but même de notre vie.

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